Paola Tubaro, sociologue, à propos du mythe de l’automatisation et la réalité du « travail du clic ».
Lundimatin est sensible à tout ce qui dans le confinement d’aujourd’hui préfigure le désormais fameux « jour d’après ». Et ne compte pas l’imaginer à partir des seules déclarations d’intentions - dont la courbe est exponentielle. Nous débutons donc une série d’entretiens avec quelques personnes dont nous pensons qu’elles ont depuis leur point de vue une bonne appréciation des dynamiques qui étaient déjà en cours en terme de mutation du travail, de l’économie, de l’informatique, du droit, de l’environnement, etc. Il s’agira à chaque de fois de partir de la situation de l’épidémie et du confinement, et de dérouler le fil.
Ainsi, dans cette interview avec Paola Tubaro, chercheuse au laboratoire Apprentissage et Optimisation du CNRS (et co-autrice d’un rapport intitulé Le Micro-travail en France. Derrière l’automatisation, de nouvelles précarités au travail) nous sommes partis de l’usage, décuplé en temps de confinement, des services en ligne et sur la perception qui en découle d’une société automatisée. A partir de là nous avons exploré le travail invisible qui se cache derrière les pseudos intelligence artificielle censées répondre à nos commandes et à nos questions. On apprendra ici que des gens, en France, sont payés pour entourer (avec leur souris) des tomates sur des photos de salades, ou pour répéter dans leur micro et avec leur accent régional la phrase "quel temps fera-t-il demain ?" On discutera si le marché du "travail du clic" est pérenne, s’il n’est qu’une parenthèse avant notre remplacement par des machines, ou s’il dessine des formes de travail humain destinées à se généraliser.
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