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#383 | 15 mai
 
 
 
France Inter : dans les coulisses d’une douce machinerie néolibérale
 

Témoignage d’un attaché de production



Avec près de cinq millions d’auditeurs quotidiens, France Inter caracole en tête des audiences radio du pays. Maxime Cochelin y a effectue des remplacements en tant qu’attaché de production, un métier méconnu qui offre une vue panoramique sur la fabrique de l’actualité. Une fois passés les portiques de sécurité, il nous emmène dans les couloirs labyrinthiques de Radio France. Il y a bien sûr, les hiérarchies rigides, les contrats flex, les fiches de paie incompréhensibles, les bureaux en bordel, et les étages en travaux – mais aussi, un certain rapport à la production d’information  : faire de l’actualité, ce n’est pas exactement la même chose que de raconter la vérité. Des choix éditoriaux à la composition de répertoires d’experts polyvalents disponibles pour décliner leurs analyses à toutes les sauces, il nous détaille les mécanismes et le fonctionnement de cette gigantesque machine parfaitement huilée, au point que jamais la logique à l’oeuvre ne soit questionnée.

 
 
 
 
 
Mayotte, l’impossibilité d’une île
 

Dénètem Touam Bona



Alors que l’opération Wuambushu se poursuit à Mayotte, l’écrivain et philosophe Dénètem Touam Bona nous a confié ce texte éclairant et important pour comprendre et saisir les évènements en cours. Il est issu de son recueil Fugitive, where are you running ?. Bonne lecture.

 
 
 
 
 
Vers une anthropologie Métaphysique
 

Entretien avec Mohamed Amer Meziane



Pour ce lundisoir, on prend le réel par ses marges. A l’occasion de la parution d’Au bord des mondes, dont nous avons publié un extrait la semaine dernière, Mohamed Amer Meziane est venu nous présenter les propositions qu’il déploie dans ce travail. Prenant pour point de départ l’idée selon laquelle le développement des technosciences et le colonialisme vont de paire avec un désenchantement du monde, et face aux insuffisances des approches du tournant ontologique en anthropologie, le philosophe explore les pistes que pourrait ouvrir une métaphysique qui s’appuie sur l’étude minutieuse des traditions, des mythes, des rêves et des croyances.
Si ce qui préside à l’extraction, c’est une ontologie « anti-métaphysique », que peut permettre une anthropologie métaphysique ?

 
 
 
 
 
Pino Musi : l’art contre le spectacle
 

[Portrait]



Jérôme Benarroch, photographe et philosophe, poursuit ici une série de quelques portraits d’artistes vivants qu’il considère parmi les artistes importants de notre temps et pourtant trop peu connus. Ces artistes se trouvent de fait dans une position de lutte par rapport à notre monde dominé par, disons, le capitalisme, le mauvais spectacle, la bêtise, le nihilisme, etc. Ils savent que l’art, au sens le plus créatif et intelligent (et par opposition aux nullités insignifiantes à la mode), comme la pensée et l’intellectualité, à l’instar de la philosophie opposée à la sophistique (qui est comme le rapt et l’instrumentalisation de la pensée en vue du pouvoir social), ne sont pas des pratiques bourgeoises mais sont, en tant que tels, étant donné ce monde sous emprise, d’emblée révolutionnaires. Cette semaine, il se penche sur l’oeuvre du photographe italien, Pino Musi.

 
 
 
 
 
LGV SUD-OUEST ?
 

Histoires et critiques des Lignes à Grande Vitesse
[La Grappe]



Après être revenus l’automne dernier en détail sur le déroulement du printemps 68 à Bordeaux, l’équipe du site La Grappe nous partage cette semaine une nouvelle enquête, qui s’attaque à ce qui est à la fois une fierté nationale et l’une des meilleures élèves du capitalisme vert : la LGV. Elle fait de nouveau parler d’elle : la SNCF a en effet été autorisée à réaliser des analyses topographiques à l’intérieur des propriétés privées situées sur le tracé de la prochaine ligne Bordeaux-Toulouse. La Grappe propose ici de faire un saut dans le temps pour retracer l’histoire de cette catastrophique idée qu’est « la grande vitesse ».

 
 
 
 
 
La plus austère des machines
 

Ou pourquoi pensons-nous désormais en termes de conspiration ?
[Documentaire]



Suite à la parution d’un nouveau numéro de « philosophie magazine » sur le thème du complot, quelques ami.es se sont penché.es sur la question. Une fois n’est pas coutume, nous partageons, avec ce court texte, une vidéo très dense et pas trop mal, qui nous change de l’éternel debunking et qui, parle, entre autres, de Staline, Sherlock Holmes, Tiqqun et Jacques Fradin. Nous savons que ce genre de sujet suscite chez certain.es l’entêtante obsession d’en faire tout un schisme. Pas d’inquiétude, il n’est rien qui ne soit ici tout à fait politiquement correct.

 
 
 
 
 
Un été en Cisjordanie
 

Récit



Le conflit israelo-palestinien fait partie des évenements politiques avec lesquels on grandit et dont on ne voit pas une résolution rapide. Je suis né en 1993, l’année des accords d’Oslo, j’ai vu au 20h les images de la 2e intifada et ma post-adolescence a traversé l’année 2014, sa guerre entre Israël et Gaza, ses manifestations parfois spectaculaires et ses photos chocs. L’année dernière a été l’une des plus meurtrières pour les Palestiniens. Elle nous ramène à un niveau de violence semblable à celui de 2005, pic de violence et conclusion de la 2e intifada. Alors quand on m’a proposé de rencontrer la société civile de Cisjordanie j’ai dit oui. Retour en mots et en photos sur 5 semaines passées en Palestine lors de l’été 2022.

 
 
 
 
 
La Nakba
 

Ce passé-présent-futur immédiat
Philippe Tancelin



À l’aube de la commémoration du déplacement forcé de 700.000 palestiniens de leur terre, de leur maison, de leur village en 1948, lors de la création d’Israël, il paraît juste de rappeler le sens premier de ce concept « Nakba ». À l’époque, devant l’ampleur des événements, il fut créé par l’intellectuel Syrien Constantin Zureiq. Ce qu’on traduit en français par « la catastrophe » et désignerait un événement suprême qui viendrait en dénouement d’une série de « péripéties » au sens de la tragédie grecque, signifiait dans l’esprit de C. Zureiq non pas une fin, mais au contraire, le début d’un processus dont depuis 75 ans on ne cesse de constater la véracité et les effets dévastateurs.

 
 
 
 
 
D’un geste virtuose
 

Éloge de la fuite fondatrice
Sébastien Hoët



À l’heure où l’État se recroqueville sur la lettre de la loi et met à mort, ce faisant, l’esprit de la loi, à l’heure où la Police manifeste matériellement, c’est-à-dire par la violence, que l’État vit séparé de la société comme il vit séparé de l’esprit de la loi, il n’est pas mauvais de prendre la fuite. Non pas ailleurs, mais ici. Où l’on ne nous attend pas. Pour cette fuite à l’intérieur (et non plus face à, ni devant), quelques gestes doivent être appris, ou mieux : ré-appris. D’autres, désappris, ou réhabités. C’est de cette réincorporation nécessaire que nous parle la destitution, en quoi elle montre son actualité toujours aussi vive.

 
 
 
 
 
Guerre généralisée au vivant et biotechnologies [3/4]
 

Les petits monstres de la biologie moderne



Chimère humain-porc, clonage humain, souche militarisée, virus à gain de fonction, vaccin codant, ciseaux moléculaires, etc. Il est temps de s’attaquer franchement à tous les petits monstres de la biologie moderne et de comprendre en quoi cette discipline est un des fronts de conquête les plus prometteurs du technocapitalisme sur les humains et la nature. Grands cycles de capitalisation et montée en puissance technologique, il sera ici question de la Guerre-qui-ne-dit-pas-son-nom, la guerre généralisée à toute condition de génération et d’épanouissement de cette mince, mais ô combien précieuse, couche de matière grouillante à la surface de la croûte terrestre. Celle qui fait que nous pouvons, en tant qu’espèce, espérer et aimer, sentir, jouir et mourir. Il sera ici question de la guerre généralisée au vivant.

Accrochez-vous car il va falloir un peu de patience pour affûter ensemble nos scalpels de la pensée afin que bientôt, le temps de la critique laisse place à la négation vivante.

 
 
 
 
 
L’émeute, une phénoménologie de la masse
 

Elias Canetti



En écho à l’éloge de l’émeute de Jacques Deschamps que nous interviewions la semaine passée, une lectrice nous a transmis ces extraits du « Flambeau dans l’Oreille » d’Elias Canetti. L’anthropologue y raconte son expérience fondatrice de l’émeute et de la foule, le 15 juillet 1927 à Vienne. Rassemblés à la suite de l’annonce, la veille, de la relaxe des trois miliciens fascistes responsables de la mort d’un ouvrier croate et d’un enfant de huit ans à Shattendorf, les manifestants sont d’abord repoussés des abords de l’Université, puis de ceux du Parlement, vers le palais de Justice de la ville, qui sera incendié. Les forces de police tireront sur la foule, tuant 89 personnes.

 
 
 
 
 
18 heures et 2 minutes
 

Thomas Jusquiame



RER B bondé qui se vide, quai blindé qui s’y engouffre
Pas de places pour les obstacles
Position statique interdite

 
 
 
 
 
Petits fours et bonnes intentions
 

Récit d’une rencontre scandinave pour sauver le climat



S’est récemment tenue, dans le nord de l’Europe, une rencontre internationale visant à mieux comprendre le changement climatique et ses conséquences. Plusieurs jours de réflexions scientifiques pluridisciplinaires pour démontrer l’importance des sciences humaines et sociales dans la résolution des défis climatiques. Entre petits fours, réseautage et temps pluvieux, les débats ont du mal à décoller. Les ennemis sont désignés : l’avion, la viande, l’éco-anxiété. En revanche, l’impossibilité manifeste à prononcer le mot capitalisme renseigne sur les limites des bonnes intentions discutées.

 
 
 
 
 
Où est le bec, où est la queue ?
 

Une vieille girouette grince d’habitude ; là elle pète et elle pue. Les habitudes ne sont plus ce qu’elles étaient.
Pour s’adapter à une demande de plus en plus présente, l’aérodynamisme de ces volatiles de fer blanc fut amélioré avec une symétrie parfaite de l’obstacle présenté au vent. Équilibré par les lois géométriques de son dessin, la prise au vent restant la même de chaque côté, la stabilité momentanée est alors trouvée. Les sautes éoliennes peuvent tournoyer comme dans des phénomènes orageux, somme (...)



Une vieille girouette grince d’habitude ; là elle pète et elle pue. Les habitudes ne sont plus ce qu’elles étaient.

 
 
 
 
 
Apaches de Romain Quirot
 

[Chronique Ciné]



Le 29 mars dernier est sorti en salle le dernier film de Romain Quirot, Apaches. C’est le récit d’une vengeance féminine assez « classique » et consensuelle, comme une ombre qui hante le scénario et l’histoire de l’anarchie : une sorte de fable féministe historisante.

 
 
 
 
 
Artisanat et combat
 

Actes de création et nouvelles militances
Giorgio Passerone
[Note de lecture]



Ce livre affronte la question décisive, à mon avis, de notre époque : la question poétique. Il fut un temps, un temps que Giorgio Passerone connaît car il l’a vécu, où l’on pratiquait la révolution sous forme de poésie. C’était une époque où tout, toute expérience, pouvait être mélangée à tout, parce que rien n’était rejeté en dehors du grand contenant de la rébellion. La parole explosait. Il y avait révolte dans les usines, dans les universités, dans les quartiers, dans les familles et il y avait production artistique, un grand nombre d’actes de création : carnets, journaux intimes, poèmes, peintures, lettres, graffitis, chansons, tracts, films, théâtre, romans, bulletins, déclarations, etc.

 
 
 
 
 
Programme de désordre absolu
 

François Vergès
[Note de lecture]



C’est à une œuvre paradoxale que nous convie Françoise Vergès : en effet, comment « décoloniser » une institution, le musée, qui s’avère, au fil de l’essai, constituer l’un des piliers – et solide ! – de l’ordre colonial ? Elle-même a essayé.

 
 
 
 
 
 
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