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#412 | 22 Janvier
 
 
 
Rien n’est grave
 

Affaire Théo, récit d’audience



Le 9 janvier 2024 s’est ouvert le procès pour « violences volontaires » des trois policiers de la BST responsables de l’agression de Théo Luhaka, le 2 février 2017 lors d’un contrôle d’identité à la cité des 3000 à Aulnay-Sous-Bois.
Récit d’une semaine, qui aura permis à la vérité judiciaire d’éclore : « Pour eux, rien n’est grave. »

 
 
 
 
 
Le retour du monde magique
 

Magnétisme et paradoxes de la modernité
Un lundisoir avec la sociologue Fanny Charrasse



Comment expliquer l’actuel « retour du monde magique » et de quoi est-il l’indice ? Résurgence de temps anciens, de croyances oubliées, lutte contre le désenchantement du monde ? A l’aide une boîte à outils conceptuelle nourrie entre autres d’Ernesto de Martino - à l’œuvre duquel le titre est un hommage -, de la démarche symétrique latourienne, des ontologies plurielles de Philippe Descola, et surtout d’une enquête de terrain de plusieurs années auprès de magnétiseurs et de leur patients, Fanny Charasse montre au contraire comment, loin de faire signe vers une anti-modernité ces pratiques et croyances participent au contraire activement à la modernité elle-même : « la remise en cause contemporaine des fondements de la société industrielle constitue moins un "retour en arrière" qu’un pas supplémentaire dans l’accomplissement du projet moderne. » - en témoignent d’une part le discours que les magnétiseurs eux-mêmes tiennent sur leur propre pratique, mais également l’intégration au sein même des institutions de soin de certaines pratiques magico-traditionnelles.

 
 
 
 
 
L’air dense de l’utopie réelle zapatiste
 

Au Chiapas, 30 ans après l’insurrection zapatiste, la lucha sigue



Ce très beau reportage ne constitue pas le bilan ni même le point d’étape de 30 années de zapatisme. Il jette un bref regard sur le devenir de cette expérimentation trentenaire en lutte contre l’économie, la propriété privée, les mégaprojets du capital, et ses avatars du narcotrafic. Nous connaissons ce réflexe mondain consistant à nier du monde toutes ses alternatives. Car, dit-on : rien de ce qui s’essaie n’est pur parfait. L’utopie réelle n’en est jamais totalement une, définitive, achevée, elle n’est donc pas du tout. Contre ce vieux sophisme flatteur d’inerties fatiguées, ce texte a la justesse de nous faire entrer dans « l’air dense » de « l’utopie réelle ». Et celui-ci ne se respire qu’accompagné de questions.

 
 
 
 
 
Théories du fascisme allemand
 

« Que voient-ils dans ses flammes ? »
Walter Benjamin



L’articulation de la technique, de la nature, de la nation et de la guerre - leur mystification réciproque où l’une devient l’expression de la grandeur des autres - n’a pas fini de rejouer le vieux piège bourgeois par lequel la Guerre doit s’entendre plutôt comme une initiation métaphysique et un art absurdiste où brûler toutes énergies récalcitrantes que comme l’enjeu même, dans sa définition, de l’antagonisme effectif : de quel antagonisme la guerre est-elle la déclaration ? La bellicosité sera-t-elle de celles qui jettent les fictions identitaires stato-nationales les unes contre les autres sous l’œil olympien demeuré intact d’un Capital indifférent ? Sera-t-elle, au contraire, de celles qui, par la magie du vieux « truc » marxiste, dévoilera pour nous sous « la-guerre » une guerre bien moins extatique, et bien plus sobre, la bonne vieille lutte des classes du quotidien, la guerre civile des formes de vie dressées contre l’économie et son désastre ? Il va sans dire que si la seconde n’est pas affirmée rapidement contre la première, la première risque de venir bientôt remplacer la seconde.
Quoi qu’il en soit, le vocabulaire omniprésent de la martialité (et du « réarmement »), qui hante le macronisme comme un mauvais désir, exige peut-être de nous des vigilances sémantiques que la désarmante rigueur de Walter Benjamin nous permet de réapprendre.

 
 
 
 
 
RESTER CROYANT.E
 

Leila Chaïx



En novembre dernier, paraissait OK Chaos, le premier recueil de textes et poèmes de Leïla Chaix aux éditions lundimatin. Nous publions ici un inédit, présenté par l’autrice vendredi dernier lors d’une présentation dans l’excellente librairie marseillaise, L’hydre aux mille têtes. Ajoutons que Leïla sera présente à la toute aussi excellente librairie Libertalia de Montreuil, ce jeudi 25 janvier.

 
 
 
 
 
Pondre des gamins et des mesures
 

Matériaux préliminaires pour un désarmement démographique



Mardi 16 janvier, à l’occasion d’une conférence de presse à laquelle il nous avait « donné rendez-vous » sur toutes sortes de chaines TV, de réseaux sociaux et de bandes passantes, Emmanuel Macron a sorti l’artillerie lourde. Ce texte vient répondre à ce qui s’est alors présenté comme une des nouvelles obsessions des prochaines années du gouvernement Macron-Attal : l’intimité des couples de la nation, et la capacité des ménages français à offrir au pays des gamins.

 
 
 
 
 
chaque témoin
 

Ghassan Salhab



Si je perds ma voix, la tienne restera

 
 
 
 
 
Le Bon, la Brute et le Militant : un hommage à Toni Negri
 

« Mais il n’y a, en réalité, pas d’opposition entre le Negri cagoulé et le Negri citoyen. »



Nos camarades d’Ill Will ont publié, le 1er Janvier 2024, un bel et lucide hommage à Toni Negri [1] écrit par Luhuna Carvalho. Nous en publions ce lundi une traduction française [2].

 
 
 
 
 
Une journée particulière à Buenos Aires
 

Un complot, des qomplots
Carnet #3
Jérémy Rubenstein



A chaque fois qu’un énergumène tel que Milei arrive à la tête d’un État, on se demande : mais, enfin, comment est-ce possible ? Et les raisons invoquées sont si nombreuses et diverses qu’elles se noient dans un flou artistique savamment entretenu. Pourtant, c’est simple : l’extrême-droite arrive au pouvoir avec le soutien de la droite. Cette droite, qui ici se dit « raisonnable », là « antitotalitaire » ou encore « républicaine », appelle à voter l’extrême-droite. C’était vrai hier en Allemagne, ce le sera demain en France. La séquence de Milei a l’avantage de l’explicite. Il n’y a pas la moindre ambiguïté. Macri, l’enfant chéri du FMI de madame Lagarde, a tout simplement appelé à voter Milei. Sans ce soutien, des millions d’indécis auraient voté blanc. Par anti-péronisme, ceux-là ne pouvaient voter Sergio Massa mais, effrayés par les outrances de l’ultra-libéral, ils hésitaient à embrasser le cinglé. Macri les a convaincus de l’absence de danger.

 
 
 
 
 
Thèses sur le concept de compétence (3/3)
 

Jacques-Alain Marie



Jacques-Alain Marie, dans ces Thèses, établit la nécessité de prendre la compétence très au sérieux : il la traite comme un concept. Après la publication en novembre dernier des thèses n° 1 et 3 (voir ici ) et des thèses n° 4, 5, 6, et 7 (voir là ) – nous faisons paraître aujourd’hui les thèses n° 8, 9, 10 et 11, après un petit rappel de la « situation ».

Signalons qu’un « Appel contre les compétences » est actuellement lancé. [3]

 
 
 
 
 
Enfants de Gaza et de Cisjordanie, où la neige est si rare
 

Patrick Condé



« Les bottes neuves la pénétraient vigoureusement. Une couche fine, profonde, que forçait le poids du corps. Le cuir glissait dans cette blancheur pour la première fois ouverte. Il se plaisait à défoncer, avec un élan machinal, ne rencontrant aucune résistance. »

(Michel Vacher, La Snow)

 
 
 
 
 
Une dangereuse réactualisation du conte Le Petit Chaperon Rouge
 

ou Florence Au Bois Dormant a dormi 25 ans



Mardi 21 novembre 2023, le théâtre de St Brieuc La Passerelle programme "Un Chaperon Rouge" écrit et mis en scène par Florence Lavaud. Le spectacle, créé il y a 24 ans, est accueilli sur la scène nationale briochine à l’initiative du festival Jeune Public « De Beaux Lendemains ». Il est présenté comme « un conte revisité, ayant perdu sa naïveté. Un chaperon rouge parle d’initiation, du passage à l’âge adulte et de cruauté. Il suggère sans mots et avec des images, une histoire d’émancipation féminine, belle, brutale et inoubliable. Ne devons-nous pas continuer à transmettre les contes qui nous font grandir ? » [4]

Le spectacle que nous avons vu ne ressemble en rien à une histoire d’émancipation féminine. Nous avons assisté à une proposition artistique dangereuse tant elle vient nourrir nos imaginaires de la culture du viol. [5] La programmation de cette pièce est incompréhensible, nous la dénonçons.

 
 
 
 
 
Épiméthée
 

La voie orphique de l’anarchie
Alain Santacreu



« Pourquoi ne pas appeler ces frères et ces sœurs,
porteurs de notre espoir, les Épiméthéens ? »
 – Ivan Illitch

Parce que les dieux ont toujours occulté l’homme, nous n’avons jamais su qui nous étions, notre nature nous est demeurée cachée : « Que l’homme s’arrache d’abord lui-même à ce qui “occulte” sa nature [6]. »
En quoi l’espèce humaine se différencierait-elle des autres espèces ? La réponse se découvre à nous “a posteriori” : l’humanité seule, parmi toutes les espèces vivantes, s’est appropriée la nature, inaugurant l’anthropocène. Avec les êtres humains, la domination sur la nature et l’élévation de la productivité se sont démesurément développées en détruisant l’environnement biotique. Cette appropriation “pléonectique” [7] a séparé l’homme du vivant : en s’appropriant le monde, il s’est exproprié de la vie.

 
 
 
 
 
Milliardaires, millionnaires, sortez du bois, investissez dans lundimatin !
 

[Rappel]



[Les destinataires de cet appel n’ayant toujours pas jugé utile d’y répondre, nous nous permettons d’insister. Toutes nos excuses auprès de nos lectrices et lecteurs non-millionnaires pour cette redite.]

On le sait, les médias n’existent aujourd’hui que sous une double perfusion. Perfusion des aides de l’État [8], perfusion d’investisseurs privés. Si Daniel Kretinsky ou Vincent Bolloré investissent dans les médias, c’est pas pour gagner de l’argent, toute la presse est déficitaire ; c’est pour rigoler, s’acheter une conscience, une image ou influer politiquement sur l’ordre du monde. Milliardaire, futur mécène, nous nous adressons à toi.

 
 
 
 
 
 
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