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#267 | 14 décembre
 
 
 
Avec les ados de la M.E.C.S
 

« Ils sont tous rentrés au Pav’, sauf Messina qui est toujours en fugue »



Dans une Maison d’Enfants à Caractère Social du 95, comme tant d’autres en France vivent une cinquantaine de jeunes de 13 à 21 ans. Certains ont fui leur pays, d’autres ont été retirés de leur famille par la justice, d’autres y ont été envoyés par des parents dépassés. Répartis dans quatre pavillons, en chambre simple ou double, ils s’installent pour une période allant de 3mois à 3ans. Là, en huis-clos, ils macèrent, s’élèvent, s’effondrent sous le regard bienveillant mais éprouvé d’éducateurs oscillant entre une distance professionnelle et un lien affectif nécessaire.

Une vie quotidienne cachée de tous dont voici quelques bribes.

 
 
 
 
 
La justice pénale à l’épreuve de l’affaire Vincenzo Vecchi
 

Eric Vuillard



À deux reprises, la justice française a refusé que Vincenzo Vecchi soit livré à l’Italie où l’ancien activiste avait été condamné à douze ans et six mois de prison, en vertu d’une loi datant de la période fasciste, pour sa participation à deux manifestations [1]. Mouché, le ministère public a néanmoins décidé de s’acharner et de saisir la cour de cassation. En attendant cette audience et peut-être une quatrième si le parquet parvient à ses fins et provoque un troisième jugement, notre ami Éric Vuillard nous a confié ainsi qu’à nos confères de L’Obs, cette brillante tribune dans laquelle il évoque la dissymétrie des forces et de moyens entre l’accusateur public et celui qu’il faut par tous les moyens clouer au pilori.

 
 
 
 
 
« On est là » le premier album de Claustinto
 

Pour en finir avec 2020, notre coup de coeur musical en libre écoute



Si vous aimez la musique, la poésie et la subversion, On est là le premier album de Claustinto est fait pour vous. Et comme il est fait pour vous, nous avons demandé au label Foudrage de nous autoriser à le diffuser gratuitement cette semaine, auprès de nos lectrices et lecteurs. Mélangez PNL, Anne Sylvestre et Atari Teenage Riot, projetez-les au milieu des lacrymogènes, de tous les espoirs et désespoirs de notre temps et vous obtenez ce disque. « Feu aux prisons, aux banques, aux flics et aux rois ». Bonne écoute.

 
 
 
 
 
Prison dehors ?
 

« Nous sommes la santé qui se défend contre l’économie »
Fred Bozzi



Voici un article qui essaye de préciser l’idée terrifiante selon laquelle nous pourions nous trouver "en prison dehors". Autrement dit, que notre univers quotidien se mue, insidieusement, en une entreprise de contrôle permanent, via la peur du virus et les technologies de l’information. Comme l’écrit Mark Weiser, théorisant le rôle de l’informatique en 1990 : "Les technologies les plus abouties sont celles qui disparaissent". Disparaissant, elles n’en configurent pas moins notre vie puisqu’elles « se tissent dans la trame de notre quotidien jusqu’à s’y fondre complètement ». D’où l’intérêt de cet article : penser la pandémie tout en restant attentifs à ces opérations technologiques qui finissent par devenir naturelles.

 
 
 
 
 
Sur la prise en charge de la violence des dernières manifestations parisiennes et la prochaine
 

« Ferme ta putain de gueule »



Tout le monde commente les récentes manifestations contre la loi Sécurité Globale. D’un côté la police, de l’autre les « casseurs », comme si on pouvait les mettre sur un même plan, comme s’ils combattaient à armes égales et qu’à chaque week-end un nouveau match les opposait. On se demande plus rarement pourquoi des gens viennent en manifestation pour « tout casser ». Quelques sociologues et journalistes s’y essayent maladroitement et révèlent à chaque fois la distance abyssale qui les sépare de la réalité. D’où l’intérêt de ce court texte, plein de fougue et de colère écrit par des lilloises en route pour rejoindre les émeutes parisiennes. On connaît la suite : les émeutes espérées n’ont pas eu lieu, la police a encore une fois nassé le cortège et chargé les manifestants sans raison apparente. Cette séquence invite clairement à des réflexions stratégiques plus poussées. Elle n’enlève rien à la détermination qui s’exprime ici.

 
 
 
 
 
Adieu la banque !
 

[Sumbolon]



Si la banque a tout pouvoir sur nos vies, c’est parce qu’elle tient entre ses griffes le coeur de ce qui lie — et qu’elle le fait valoir ! [2]

 
 
 
 
 
La droite maréchaliste et Gramsci
 

A propos de vessies et de lanternes



Mme Maréchal-Le Pen aime à dire qu’elle s’inspire du célèbre premier secrétaire du Parti Communiste Italien, Antonio Gramsci qui a passé bonne partie de sa vie dans les geôles de Mussolini. Cela n’est guère surprenant, dans la mesure où depuis quelques années des politiciens des plus variés font de même par un effet de mode focalisé sur quelques termes –effectivement très parlant aujourd’hui- extraits du vocabulaire de Gramsci (“bataille culturelle” et “hégémonie” surtout).

Néanmoins, s’agissant de Mme Maréchal-Le Pen le cas est un petit peu plus intéressant car elle reproduit une rhétorique parfaitement identifiable, provenant du monde militaire, que Gabriel Périès a nommé la “stratégie de la fausse citation” [3].

 
 
 
 
 
Le soulèvement de Shaheen Bagh
 

Une lettre de Kolhata, en Inde



Voici la première partie d’une lettre que Liaisonsa reçu. Elle met en lumière la montée du BJP (Bharatiya Janata Party), la détresse de populations musulmanes et les atrocités commises par l’État Indien. Cela afin de mettre en contexte le soulèvement des femmes à Shaheen Bagh, qui s’est rapidement propagé dans le pays entre décembre 2019 et mars 2020 contre la loi sur la citoyenneté votée fin 2019. Une seconde lettre à venir se penchera plus en détail sur les politiques du confinement (appuyé par la Loi sur les Épidémies datant de l’époque coloniale) et sur le rôle des médias dans la montée en puissance du BJP.

 
 
 
 
 
Viralité
 

« La question de la révolution est maintenant une question d’évolution »
Sonali Gupta & June Elliott



Cet article nous vient des États-Unis et tente un exercice périlleux mais réussi : il effectue une étude poussée de la viralité au sens biologique pour en tirer des analyses politiques en lien avec le soulèvement qui a suivi l’assassinat de Georges Floyd. En prenant le virus « par delà le bien et le mal », par le biais de la biologie, il montre comment le parcours d’un virus se rapproche de celui de la contagion politique. Avec une intuition, au coeur du texte, selon laquelle « La question de la révolution est maintenant une question d’évolution ». Bonne lecture.

 
 
 
 
 
« Ces gens-là »
 

Gilets-Jaunes : Récit d’un procès ordinaire



« Les gens les plus intelligents ne sont pas forcément ceux qui parlent le mieux »
Orelsan, Simple, basique

Ce vendredi 4 décembre 2020, au Tribunal de Grande Instance de Paris, trois membres du collectif Les Réfractaires du 80 (dont je fais partie) sont venus soutenir Aurélien, Jérémy et trois autres prévenus qui passaient collectivement en jugement pour violences en réunion et (pour l’un d’entre eux), attroupement en vue de commettre des violences lors de la manifestation du 14 juillet 2020.

 
 
 
 
 
Un monde hostile
 

A propos de la menace « islamo-gauchiste »
Par Ivan Segré



« En résumé, j’aimerais avoir un message un peu positif à vous transmettre. Je n’en ai pas… Est-ce que deux messages négatifs, ça vous irait ? »
Woody Allen

Depuis l’abominable attentat perpétré contre Samuel Paty par un criminel fanatisé, un certain nombre de micro-événements s’amoncellent, formant une sorte de tas. On est d’abord tenté de passer son chemin. Un minimum d’analyse permet toutefois d’identifier une structure. A condition de porter sur ce tas un regard instruit, objectif et analytique, on repère en effet au moins quatre forces en présence.

 
 
 
 
 
Le crocodile
 

« mais merde, vous parlez à un homme qui parle depuis un crocodile, vous êtes fous ou quoi ? »



« — Mon ami, mais, et la liberté ? demandai-je, cherchant à connaître pleinement son opinion. Tu es, pour ainsi dire, comme au fond d’une prison, alors que l’homme doit jouir de la liberté.
— Tu es bête, répondit-il. Ce sont les sauvages qui aiment l’indépendance, les sages aiment l’ordre, et l’ordre manque… »
Le crocodile Dostoievski

 
 
 
 
 
Nous dépeupler c’est non !
 

Sandrine Deloche



Le télétravail partout et pour tous s’étend jusqu’au cœur des universités. Sur ordre politique, la suprématie numérique amplifie un mal être sans précédant d’une jeunesse emmurée : Jusqu’où accepter de la savoir souffrir de se vivre dépeuplée ? De Sandrine Deloche, pedopsychiatre.

 
 
 
 
 
Visite guidée de la maison d’arrêt de Lyon-Corbas : Souvenirs
 

Kamel Daoudi



Comme nous l’avions annoncé dans nos pages, Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis plus de 12 ans, a écopé d’une peine de 12 mois de prison ferme à la suite d’un retard de 30 minutes sur son couvre-feu quotidien. Plutôt que de s’indigner du traitement judiciaire et extrajudiciaire ahurissant que M. Daoudi et sa famille subissent depuis bientôt 20 ans, il nous apparaît plus opportun de laisser place au témoignage et à l’enquête. Après nous avoir fait visiter sa cellule, la promenade, évoqué ce temps qui ne passe pas, et fait goûter la gamelle, M. Daoudi revient cette semaine sur un souvenir.

 
 
 
 
 
Peter Rambauseck (1934-2016)
 

et l’histoire de la gauche radicale en Allemagne dans l’après-guerre



La semaine dernière, nous évoquions l’histoire de la gauche antiautoritaire allemande d’après-guerre à travers la figure de Hans-Jürgen Krahl et de ses rapports houleux avec Adorno. Cela a motivé un ami à nous transmettre cette autre bribe de l’histoire subversive allemande, soit un portrait de Peter Rambauseck
 [4], ami de Rudy Dutschke, échappé de la RDA et cible de la Stasi.

 
 
 
 
 
Charlie ? Non merci !
 

La liberté d’expression, arme contre la liberté d’expression - par Ron Augustin



Chaque fois qu’il y est question des fameuses caricatures de Mahomet, on veut nous faire croire que l’enjeu ne serait que la vache sacrée de la liberté d’expression. Depuis peu, s’y ajoute l’invention d’un “droit au blasphème”. Parmi “nos valeurs” si chères aux occidentaux, les sensibilités réligieuses et autres s’évaporent comme au temps des huguenots. Alors que le 2 septembre s’ouvrait le procès des attentats de Paris, un numéro spécial de Charlie Hebdo reprenait les dessins danois sur sa une sous le titre “Tout ça pour ça”. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’un journal satirique comme Charlie Hebdo s’interroge sur sa ligne rédactionnelle. La provoque gratuite est son métier et sa mission. Pour les conséquences, allez voir les autres.

 
 
 
 
 
13’12 contre les violences policières
 

[Chanson française]



13 minutes et 12 seconde. 33 rappeurs et rappeuses. Contre les violences policières.

 
 
 
 
 
Manifeste pour la suppression générale de la police nationale
 

Finalement, le débat se sera imposé dans l’espace public, « faut-il en finir avec la police ? » ou plutôt, « comment l’abolir ? ». C’est la question que pose le mouvement mondial déclenché par l’assassinat de George Floyd aux Etats-Unis et qui en entraîne de nombreuses autres. Que la fonction sociale de la police soit de maintenir un certain ordre du monde, un certain régime de domination, c’est désormais une affaire entendue. Reste le plus gros mensonge anthropologique sur lequel son existence repose : (...)



Finalement, le débat se sera imposé dans l’espace public, « faut-il en finir avec la police ? » ou plutôt, « comment l’abolir ? ». C’est la question que pose le mouvement mondial déclenché par l’assassinat de George Floyd aux Etats-Unis et qui en entraîne de nombreuses autres. Que la fonction sociale de la police soit de maintenir un certain ordre du monde, un certain régime de domination, c’est désormais une affaire entendue. Reste le plus gros mensonge anthropologique sur lequel son existence repose : sans son exercice de la violence « légitime » nous serions incapables de nous donner des règles de vie communes et nous entretuerions à la première occasion. En finir avec la police, c’est d’abord et aussi se débarrasser de cet infantilisme. Afin d’alimenter ce débat, nous publions ce manifeste anonyme qui propose, entre autres choses, de restaurer pacifiquement l’honneur des policiers en leur offrant la possibilité de changer de métier.

 
 
 
 
 
 
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