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#415 | 12 février
 
 
 
DU NAZISME ZOMBIE
 

Un lundisoir avec Johann Chapoutot



Nous poursuivons notre série de Lundisoirs sur la fascisation d’atmosphère qui, jour après jour, pulvérise la prétendue évidence du jamais plus.
Après le portrait des droites radicales magistralement exécuté par Pablo Stéfanoni et Marc Saint Upéry, l’examen des linéaments de l’hypothèse écofasciste par Pierre Madelin et plusieurs heures de débats publics intitulés Fascisme ou révolution nous accueillons aujourd’hui l’historien Johann Chapoutot.
Le problème que nous essayons de suivre avec lui, c’est celui qui pourrait être résumé par la question suivante : les années 30 sont-elles derrière ou devant nous ? Soit : Que faire du sentiment viscéral que nous vivons une « récidive » de l’entre-deux-guerres ?

 
 
 
 
 
Le visible et l’invisible
 

Réflexions sur La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer
Alain Parrau



Depuis La Dernière Etape, toute première fiction sur Auschwitz tournée en 1947 dans le camp lui-même par Wanda Jakubowska [1], jusqu’au Fils de Saul de Laszlo Nemes en 20l5, et La Conférence de Matti Geschonneck en 2023, le cinéma n’a cessé d’affronter l’événement des camps et du génocide, de construire et de diffuser les images d’une réalité en grande partie privée d’images [2]. Ignorant l’interdit fondé sur le motif métaphysique de l’irreprésentable, dont Claude Lanzmann s’était fait le gardien sourcilleux, de nombreux réalisateurs ont délibérément choisi de répondre à un désir de voir dont le caractère problématique, et les questions qu’il soulève, se trouvent au cœur de toute réflexion sur les rapports entre cinéma et histoire.

 
 
 
 
 
Comment construire l’actualité pour légitimer la mort ?
 

Maxime Cochelin



A la rentrée dernière, Maxime Cochelin racontait dans nos pages sur son passage en tant que producteur au sein de la matinale la plus écoutée du pays. Alors que la guerre menée par Tsahal depuis octobre, lacère la bande de Gaza et harcèle sans relâche ses habitants, l’auteur note, et il ne doit pas être le seul, que les grands médias semblent avoir choisi leur camp, et ce depuis bien longtemps.
Dans ce nouvel article, Maxime Cochelin décortique l’histoire récente des titres et fréquences principales du pays afin de faire ressortir les ressorts marchands et politiques de leurs choix éditoriaux.

 
 
 
 
 
Une journée particulière à Buenos Aires
 

De Mi Ley à Ni Ley
Carnet #6
Jérémy Rubenstein



Étonnante semaine durant laquelle la fameuse loi « omnibus », qui déléguait notamment les pouvoirs du parlement au président, s’est écroulée dans un confus épisode parlementaire. De Mi Ley (« ma loi » se prononçant comme Milei), nous sommes passé à Ni Ley (qui pourrait se traduire par « pas même une loi »). Cette semaine nous a appris à ne pas faire le moindre pronostic sur l’avenir -même à très court terme- mais la bande à Milei semble se recroqueviller et s’isoler à l’intérieur de pouvoirs qui la dépassent. Sa fragilité l’oblige à fusionner avec le parti de droite plus traditionnelle. Est-ce à dire que ce parti s’extrême-droitise ou que la bande à Milei apprend les bonnes manières pour rester à la table des puissants ?

 
 
 
 
 
Gauchir la pensée du vivant
 

(essai de gnoséosophie 6)
Fred Bozzi



A ma gauche, Andréas malmène Baptiste [3]. Il porte des coups au Capital qui nuit à la Nature pendant que son adversaire se contente d’infléchir de pauvres Pensées. La preuve en est que les forces anti-écologiques s’enquièrent de savoir qui lit Malm, et ignorent Morizot. Devons-nous donc applaudir l’activiste contre le penseur du vivant ? Encourager le premier à renvoyer celui-ci à ses chères études – là où il s’agit de « pleurnicher » avec Latour, comme l’a prétendu Lordon il y a deux ans [4] ?

 
 
 
 
 
Ça sent le fascisme, non ?
 

Exercice de théorie-fiction sur le fascisme atmosphérique, les nuages virtuels, et l’intellectualité
Frédéric Neyrat



On passa du fascisme fossile au fascisme atmosphérique. L’alliage de l’extractivisme et de la droite dure se diffusa partout, au fur et à mesure que les gaz à effets de serre se répandaient, infectant jusqu’à l’informatique en nuage. Les intelligences artificielles déversèrent une pluie de farces qui sentaient l’ozone. Tout le monde - ou presque - inhala le composé hybride, qui mêlait nombres et dioxyde de carbone, suggestions d’achats et fumées d’incendie. Quelque chose de grotesque apparut.

 
 
 
 
 
Cinq lettres au-dessus de l’abîme
 

(tombeau pour TOTAL)
Olivier Chiran & Pierre Muzin



per nomen tuum vinceris

En 1954, soit neuf ans après la capitulation de l’Allemagne nazie et trois seulement après la publication de la première version anglaise des Origines du totalitarisme de la philosophe Hannah Arendt, la Compagnie française des pétroles (CFP) lançait pour ses activités grand public (stations-service, huile, produits dérivés…) la marque « TOTAL ».
Entendez-nous bien : neuf ans après la capitulation de l’Allemagne nazie, trois après la parution des Origines du totalitarisme de Hannah Arendt – la marque TOTAL ! Pour justifier le choix de ce nom, a priori inconcevable dans un contexte mondial si lourdement chargé, on nous rapporte les deux arguments suivants : 1° TOTAL est un nom court, donc simple à retenir et identifier ; 2° l’entreprise ayant des ambitions internationales, le nom a une signification et une prononciation identiques dans de nombreuses langues  [5].

 
 
 
 
 
Jangal– جنگل
 

(sous-bois de Calais)
Laurent Thinès



De quelle jungle parles-tu
toi l’oublieux d’humanité
celle où tu crois parquer l’âme animale des migrants
celle où tu voudrais faire appliquer la sentence au désespoir
celle où tu laisses s’organiser le chaos du froid de la boue et de la violence
pour consacrer toutes les jungles auxquelles tu aspires

Et toi dans quelle jungle respires-tu déjà à pleins poumons

 
 
 
 
 
« Éco-sabotage »
 

Retour sur l’enquête de la revue Écologie en 1975



Au lendemain des sabotages de la centrale de Fessenheim et de celle de Framatone en 1975, la revue Ecologie publie dans son deuxième numéro une enquête consacrée à « l’éco-sabotage ». Rassemblant les communiqués de revendication et les réactions de divers collectifs anti-nucléaires de l’époque, on retrouve à travers ces textes les débats internes au milieu contestataire, comme le traitement médiatique de ces actions qui résonnent aujourd’hui avec une éclatante actualité. [6]

 
 
 
 
 
 
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