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#411 | 15 janvier
 
 
 
Contre la littérature politique
 

Discussion avec Nathalie Quintane et Leslie Kaplan



En ce début d’année, les mots « politique » et « littérature » semblent accolés sur la couverture de plusieurs ouvrages importants [1], avec quelques variations. Les liens entre poésie et révolution sont de nouveau l’objet de vœux fervents, la littérature l’objet d’une demande de plus en plus explicite de puissances et de lumières pour soutenir nos aspirations politiques.
Que dit cet espoir, semble-t-il renouvelé, dans les pouvoirs de la littérature ? Et qu’attend t-on d’elle au juste ? La littérature qu’on disait engagée, pour dire claire dans ses thèses et ses affiliations a fait long feu. On admet que ce que la littérature a à dire du politique est plus indirect, plus sensible, plus pluriel.
Mais les rêves d’action directe des fictions et du jeu qui consiste à laisser l’initiative aux mots n’ont pas pour autant disparu et c’est dans cet écart que se situe toute son exploration. C’est en tout cas ces lieux que nous avons arpenté avec Leslie Kaplan et Nathalie Quintane, autour du recueil Contre la littérature politique et de sa collection de textes à laquelle elles ont participé. Défaire la fausse évidence des liens entre littérature et politique pour raviver la tension qui les noue, l’électricité qui peut en surgir, c’est vital.

 
 
 
 
 
La résurrection qui vient
 

(ou Prière nouvelle pour la résurrection prochaine des damnés de Gaza)



On est envahi de haine jusqu’aux entrailles. Et pourtant, on n’a jamais eu autant de désir de révolution. Chaque fois qu’on ouvre les yeux, la dégueulasserie du monde dépasse les pires cauchemars jamais imaginés : ce corps de femme, rampant, réduit à rien qu’un demi-corps à demi déchiqueté, le sang perdu en un marais naissant, rouge, vivant, qui la poursuit et la rattrape, mêlé à la terre poussiéreuse de Gaza, et qui implore encore sur l’écran noir de ta misère... graisseuse de vie ! Mais qui ne t’implore pas toi, qui as déjà détourné le regard parce qu’il faut bien vivre ! Ce corps de Palestine n’attend plus rien du monde.

 
 
 
 
 
Une journée particulière à Buenos Aires
 

« Merci pour votre sacrifice »
Carnet #2
Jérémy Rubenstein



Deuxième volet du carnet de Jérémy Rubenstein ; exploration de la vie mutilée sous régime libéral libertarien. Peut-on encore faire un barbecue (asado) en temps d’inflation, de dette massive et de proto-famine ? Récit d’un sacrifice argentin à l’argent libéré.

 
 
 
 
 
Appel à dons #7 – point d’étape
 

Perspectives, stratégies et auto-critiques



Chères lectrices, chers lecteurs,

Comme nous l’avions annoncé début décembre, notre comité de pilotage « finance et extorsion » a décidé de tester plusieurs modalités d’appel à dons afin de diversifier notre activité éditoriale florissante, mieux rémunérer nos collaborateurs et consolider notre ancrage dans le paysage médiatique.

 
 
 
 
 
Des immigrés aux migrants
 

À propos de la loi immigration
[Temps critiques]



Sans revenir ici sur l’histoire de la nationalité en France, il n’est pas inutile de rappeler quelques données historiques à ce sujet.
En France, la nationalité n’existe pas jusqu’en 1797. Il n’y a que le titre de citoyen qui peut être donné à quiconque participe au fait de révolution avant que le droit ne vienne donner les règles de naturalité révolutionnaire, avoir passé 5 ans sur le territoire, avoir bien mérité et payé des impôts correspondant à ceux des citoyens actifs, être majeur. La générosité s’accentue en 1792 : on ne doit avoir passé qu’un an et avoir bien mérité de la patrie.

 
 
 
 
 
Rockwool dégage !
 

Le soissonnais se soulève pour préserver le vivant !



Sur le plateau de Soissons, dans l’Aisne, l’entreprise danoise Rockwell souhaite installer une usine de laine de roche. Au programme : 950 tonnes de polluants toxiques et 22 000 tonnes de CO2 à l’année et en bonus, 200 poids lourds en rotation au quotidien. Étonnement, les riverains se mobilisent pour empêcher que ce projet n’aboutisse. Le comité des Soulèvements de la Terre de Laon, nous a transmis un point d’étape quant à cette mobilisation locale. On y apprend notamment que le terrain sur lequel souhaite s’installer le géant danois se nomme : Le bras de fer !

 
 
 
 
 
Pass convivialité
 

une presque fiction
Stéphanie Chanvallon



Dans ce texte très drôle au sujet d’une idée sinistre, on nous conduit d’un monde de QRcodes et de « pass » à un petit bivouac convivial sous les étoiles. Saurons-nous discerner ce qui est fictif de ce qui ne l’est pas ?

 
 
 
 
 
La danse des morts de Hans Holbein
 

Gravures macabres pendant la guerre des paysans



À la réception de notre magnifique calendrier 2024, un lecteur nous a transmis en guise de contre-contre-don, cette superbe collection de gravures sérigraphiées. Les originaux, vraisemblablement dessinés entre 1523 et 1525 n’ont été publiés qu’en 1538 à Lyon. Comme l’expose le petit livret accompagnant cette danse, la mort, y apparaît comme vengeance contre les riches et les puissants, « elle arrache le chapeau du cardinal vendant ses indulgences, prend les traits d’un paysan rebelle pour frapper le comte qui tente de fuir, vient éteindre la bougie brûlant près de la nonne alors que son amant assis sur le lit joue de la musique... »
Flattés par cet épatant cadeau, nous avons jugé utile de le partager ici.

 
 
 
 
 
Génocide en Palestine : ce qui se joue à la Cour Internationale de Justice.
 

« La relation entre la nature de l’arme et la destination du coup indique la dimension intentionnelle du crime. »
Yazid Ben Hounet



Le court texte de Yazid Ben Hounet revient sur la qualification juridique des horreurs perpétrées depuis trois mois à Gaza : l’intention génocidaire ne se déduit pas seulement des déclarations avouées, mais de la matérialité effective du crime. C’est là ce qu’il s’est joué, le 11 et le 12 janvier, à la Cour Internationale de Justice.

 
 
 
 
 
Deux poèmes pour la Palestine
 

Tom Nisse



 
 
 
 
 
Michel de Montaigne : Artisan de la laïcité diversitaire.
 

« L’approche transversale, plurale, diversitaire, s’oppose à la logique pyramidale, exclusive, dissociative, meurtrière. »
Mustapha Saha



Un bronze souvent frotté ou caressé finit par se dépouiller de sa couche oxydée. Il y a un pied de bronze que les étudiant•es du quartier latin parisien viennent effleurer pour se porter chance aux examens. C’est pourquoi ce pied-là n’est pas vert sombre mais reste éclatant. Ce pied, c’est celui d’une statue de Montaigne. Si la bourgeoisie et la petite bourgeoisie envoient leur jeunesse s’agenouiller devant des fétiches en métal - Mustapha Saha, dans ce texte, nous propose d’en caresser l’esprit animateur. Montaigne est un sceptique heureux qui, sans prendre de parti dogmatique a priori, sans chercher à systématiser un propos d’ensemble, a pu critiquer d’une manière exceptionnellement rigoureuse et radicale toutes les médiocrités sanguinaires de son temps : l’asservissement de l’animal, la cruauté des tyrans, l’européocentrisme colonial au nouveau monde, ou les horreurs de l’Inquisition. C’est pourquoi Mustapha Saha y voit un allié « diversitaire » pour repenser une politique vraiment « laïque », c’est-à-dire populaire, dépouillée des prétendus « pacifismes métaphysiques » qui semblent n’avoir de consistance qu’à mesure du sang versé en leur nom.

 
 
 
 
 
La Révolution française et les colonies
 

Marc Belissa



L’autoproclamé « pays des Droits de l’homme » est encore loin d’avoir liquidé son passé esclavagiste et colonial, qui resurgit sans cesse. Le Rassemblement national, dont on ne se demande plus, paraît-il, s’il accédera, oui ou non, au pouvoir, mais quand il y parviendra (entendu sur une radio du service public, par un commentateur « autorisé », comme il se doit), a été, faut-il le rappeler (manifestement oui, au moins à l’intention des Renaissants et autres soi-disant Républicains), comme Front tout aussi national, non seulement par d’anciens collabos, mais aussi et surtout par des tortionnaires en Algérie, et qui se revendiquaient comme tels. Pis, ils ont réussi à inoculer leur venin suprémaciste à une bonne partie de la dite « classe politique ». C’est pourquoi les ouvrages comme celui dont je parle aujourd’hui sont importants : parce qu’ils éclairent « l’archéologie du présent », comme aurait dit Foucault.

 
 
 
 
 
 
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