Appel à dons #7 – point d’étape

Perspectives, stratégies et auto-critiques

paru dans lundimatin#411, le 15 janvier 2024

Chères lectrices, chers lecteurs,

Comme nous l’avions annoncé début décembre, notre comité de pilotage « finance et extorsion » a décidé de tester plusieurs modalités d’appel à dons afin de diversifier notre activité éditoriale florissante, mieux rémunérer nos collaborateurs et consolider notre ancrage dans le paysage médiatique.

Force est de constater que ces diverses tentatives ont abouti à un résultat plutôt mitigé. Nous sommes loin d’être parvenus à obtenir les 900 000 euros dont nous aurions besoin pour améliorer notre produit et accéder aux classes sociales supérieures. Pour l’heure, aucun milliardaire n’a dépêché de limousine pour nous transporter jusqu’à un entretien secret où nous aurions pu sceller quelques accords crapuleux quant à leur avenir et au notre.

Néanmoins, nous avons posté plus de 350 calendriers aux 4 coins du monde, accumulé largement suffisamment d’argent pour couvrir nos besoins de caféine pour les 20 ans à venir, nous avons reçu des centaines de mails tous plus touchants et encourageant les uns que les autres. Et, malgré la crise, l’inflation, l’intensification de l’accaparement capitaliste et de l’exploitation, nous avons reçu des dons – trop peu nombreux – dignes de l’époque du plein emploi.

Après 6 semaines, entrecoupées d’une trêve des confiseurs, petit point d’étape quant à cette levée de fond :

L’appel à dons #0, postulait qu’une large part de notre lectorat avait établi un lien de confiance suffisant avec notre travail et les besoins matériels afférents pour qu’aucun discours de surplomb ne soit nécessaire pour qu’ils nous renouvellent leur confiance financière.

Pour l’appel à dons #1, nous avons au contraire pris soin d’enrober notre requête de nombreux gages de probité et pertinence. Il s’agissait d’apporter les arguments rationnels et imparables qui mèneraient nos lectrices et lecteurs à se délester d’une somme qu’ils choisissent en échange de ce que lundimatin leur apporte chaque semaine. Nous y soulignions le travail accompli ces 9 dernières années et remémorions certains de nos articles les plus lus, les plus amusants ou incongrus.

Dans l’appel à dons #2, sobrement intitulé « Les JO 2024 deviennent LUNDIMATIN 2024 », nous proposions, une fois la somme nécessaire levée, de substituer nos propres jeux aux jeux olympiques et paralympiques de Paris. Pour preuve de notre détermination, nous listions 9 autres et très bonnes raisons de nous soutenir financièrement.

Le #3, intitulé « Rejetez vos institutions, préparez-vous à la lutte », s’adressait à nos camarades pris dans les rets de l’institution éducative et universitaire. Il s’agissait de les rassurer, si nous envions leurs salaires et leurs gigantesques vacances estivales, nous les considérons comme des alliés de choix pour dynamiter le monde institutionnel et le monde tout court.

Dans le #4, nous mettions davantage en valeur le contre-don réalisé pour l’occasion. Il ne s’agissait pas d’un vulgaire calendrier que l’on accroche au fond d’un garage mais bien d’une œuvre non-marchande à part entière, conçue avec l’aide de 14 artistes épatants et qui se vendra des milliers d’euros chez Drouot d’ici 20 ans [1].

Pour la 5e variation, en s’adressant directement aux mécènes milliardaires, nous revenions à la base : récupérer l’argent auprès des plus riches pour alléger les plus modestes. Là encore, une batterie d’arguments devait les convaincre d’investir en nous.

Ajoutons que cette stratégie d’adresses variées, ne fut pas purement aléatoire. Bien au contraire, un certain nombre de techniques vous ont été sciemment épargné par notre comité de pilotage :

• Vous harceler de mails en vous proposant des abonnements à tarifs réduits ou en soldes. Plus que 24h pour bénéficier du black monday !

• Multiplier les pop-ups gigantesques en plein milieu de nos articles et qui fuient le curseur quand on essaie de les fermer.

• La démagogie consistant à faire croire qu’il s’agirait de défendre la liberté et la diversité de la presse, la démocratie, l’école publique et les frites à la cantine.

• Simuler une mort imminente pour susciter la pitié et quémander le sauvetage in extremis d’une entreprise vertueuse mais dans la détresse.

• Solliciter nos amis les plus connus pour qu’ils se filment avec leur webcam en train de vous conseiller de devenir aussi cool qu’eux en nous donnant de l’argent.

• L’auto-promotion éhontée qui aurait consisté à expliquer et démontrer que nos articles aussi ardus et exigeant soient-ils, sont lus par des centaines de milliers de lecteurs et que les prolétaires qui font lundimatin accomplissent chaque semaine 17,4 fois ce que font leurs confrères vendus à la concurrence marchande pour des salaires 7,6 fois inférieurs.

En attendant l’appel à dons #7 [2], il vous est toujours possible de participer :

Pour soutenir lundimatin : rendez-vous sur notre plateforme helloasso

[1Ce n’est pas une blague, vous verrez !

[2Nous avons convenu que si aucun milliardaire ou millionnaire ne nous contactait au bout du 8e appel, la campagne prendrait fin.

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