Voir en ligne
   
 
 
 
#395 | 18 septembre
 
 
 
Pièges et principes de l’horizontalité
 

Considérations sur les dynamiques d’organisation
Hanane al-Jouri



Depuis la Loi Travail et Nuit Debout (2016) en passant par le soulèvement des Gilets Jaunes (2018) et le mouvement contre la réforme de retraites (2023) jusqu’à la montée en puissance des Soulèvements de la terre(2023) et la révolte suite à l’assassinnat de Nahel (2023), la France vit un niveau de conflictualité politique assez impressionnant et presque sans interruption : 5 mouvements plus ou moins massifs et offensifs (blocs, émeutes, grèves, blocages et sabotages) d’ampleur nationale en 7 ans et cela malgré une pandémie et trois périodes de confinement.
Dans ce qui suit, quelques considérations afin de reprendre, continuer et rouvrir des conversations. Certaines réflexions présentes ici pourraient être perçues comme sacrilèges, au mieux hétérodoxes. D’autres ne sont peut-être que des redites avec d’autres mots. Bref, ceci est une invitation à réfléchir et à discuter de comment nous pourrions faire mieux.

 
 
 
 
 
Comprendre l’usage des lois RICO contre le mouvement pour la défense de la forêt d’Atlanta
 

61 militants écologistes poursuivis grâce à l’arsenal judiciaire du grand banditisme
[CrimethInc.]



L’Etat de Géorgie menaçait depuis le début de l’année de mettre en examen les activistes s’opposant à la Cop City, centre d’entrainement de la police et capitale future de sa militarisation, à Atlanta. La menace ne venait pas de nulle part : les militants auraient enfreint les Lois sur les organisations motivées par le racket et la corruption (Racketeer Influenced and Corupt Organizations Act, ou RICO Act, principalement déployé pour lutter contre le grand banditisme aux Etats Unis). A la fin du mois d’Août 2023, Chris Carr, le Procureur général de Géorgie, a utilisé ces lois pour inculper 61 personnes dans le comté de Fulton. 61 personnes, dont la plupart ne s’étaient jamais rencontrées auparavant, ont donc été interpellées pour association de malfaiteurs, dans une tentative supplémentaire de criminalisation du mouvement de contestation. Pour davantage d’éléments de contexte sur le mouvement de défense de la forêts, les lecteurs de lundiMatin peuvent retrouver notre entretien en deux parties réalisé l’automne dernier, ici et .

 
 
 
 
 
Les sanglantes moissons de l’Holodomor
 

ou
La précédente tentative d’extermination du peuple ukrainien
[CARNETS DE GUERRE #11]
Jean-Marc Royer



La guerre totale menée par Poutine, cette violence générale et planifiée contre la population ukrainienne qui s’accompagne d’un discours publiquement exterminateur, rappelle inévitablement la grande famine organisée par l’appareil stalinien en 1933 [1]. Bien que le discours et les moyens employés ne soient pas identiques, c’est l’existence même de ce « peuple » [2] qui est de nouveau mise en péril.

 
 
 
 
 
Des luttes sociales aux luttes contre les incendies
 

En Grèce, les activistes s’organisent



À Stayiatès, à 240km au nord d’Athènes, Elefthéria et sa famille profitent d’une journée de repos dans la cours de leur maison. Le café frappé, servit par son compagnon Yannis, rafraîchit une atmosphère qui atteint ce jour-là les 35°. « Il y a du vent », remarque-t-il, « c’est un temps à incendies ». Le village, niché au cœur des montagnes verdoyantes de la région de Péléo, surplombe la ville de Volos où les terribles feux du mois de juillet dernier ont provoqué la destruction de plus de 5000 hectares de forêts et l’explosion d’un entrepôt de munitions. Leur fils Aaron, 27 ans, me montre l’horizon : une vue imprenable sur la mer et les chaînes de montagnes caractéristiques du paysage grec continental. « D’ici, on voyait toutes les collines brûler. La fumée recouvrait toute la vallée », explique-t-il.

 
 
 
 
 
Je est un autre
 

Ghassan Salhab



Depuis Beyrouth et la crise ouverte et permanente que connait le Liban, Ghassan Salhab évoque dans ce texte la marée d’homophobie et de transphobie qui vient recouvrir, continuer et prolonger le désastre en cours.

 
 
 
 
 
Assigné à résidence depuis 14 ans, la CEDH refuse d’examiner le cas de Kamel Daoudi
 

Sa femme entame une grève de la faim et de la soif



Nos lectrices et lecteurs connaissent déjà la situation kafkaienne de Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis 2008 [3]. En 2018, M. Daoudi et ses conseils avaient saisi la Cour Européenne des Droits de l’Homme afin qu’elle statue sur la légalité des arrêtés portant atteinte à sa liberté de circulation sans délimitation dans le temps ainsi qu’à sa vie privée et familiale. Jeudi 14 septembre, la CEDH a annoncé que la requête était rejetée}], non pas parce que la situation de M. Daoudi respecterait les libertés fondamentales mais parce que ce dernier n’aurait pas épuisé toutes les voies de recours en France. En l’occurrence, une décision de la cour administrative d’appel de 2019 n’a pas été contestée jusqu’en cassation et une seconde d’avril 2023 est en attente d’être examinée par le Conseil d’État. Ce qui pourrait apparaître comme un détail insignifiant dans une situation qualifiée d’acharnement par la Ligue des Droits de l’Homme et qui dure depuis 15 ans permet en tous cas à la juridiction européenne de ne pas statuer sur le fond et la réalité de cette restriction inédite de liberté. À l’annonce de cette décision, la femme de M. Daoudi et la mère de leurs 4 enfants a annoncé débuter une grève de la faim et de la soif. Nous publions ici le communiqué de presse qu’elle a rédigé et dans lequel elle expose ses raisons et son épuisement.

 
 
 
 
 
Ailleurs
 

Daniel Pozner
[Poésie]



C’est ailleurs
Ailleurs que ça se passe
Autre histoire qu’il faut lire

Voyages imaginaires
Sont les plus réussis

Les détails sonnent faux

 
 
 
 
 
Eloge de la colère
 

Variations sur une lecture d’Audre Lorde
Sébastien Charbonnier



La puissance de la colère est de nous permettre de créer autrement les relations à venir. Mais nous avons souvent été traumatisé·es par la manière dont elle s’exprime sous le régime des rapports de pouvoirs : un jugement de haine, l’expression « d’une aversion et d’une volonté de nuire » [4] (Figure archétypique : le courroux patriarcal). Avec Audre Lorde, nommons « haine » cette pulsion destructrice pour ne pas se méprendre sur les puissances de la colère.

 
 
 
 
 
Éthique superstitieuse : écrire la catastrophe
 

François Tison



Sur Une histoire du vertige, Camille de Toledo, Verdier, janvier 2023,
adapté de la thèse Histoire du vertige, de Cervantes à Sebald, 2019.

Face aux emballements en cours, la littérature est de plus en plus souvent sommée, de l’intérieur et de l’extérieur, par les sciences humaines, par la presse ou par elle-même, de rendre un fier service écosystémique : empêcher que le monde se défasse. « La littérature peut » à loisir dissoudre la dissolution néolibérale de la langue, ressusciter les morts au travail, porter haut des imaginaires désirables, précipiter l’avènement d’une résistance archipélagique. Elle peut, donc elle doit. Injonction à la fois naïve et machiavélique, qui se la figure comme un soft power pouvant servir l’empire aussi bien que travailler à le saper. Il y a du vrai : une littérature qui ne part pas de ce préalable, le constat de la catastrophe, et n’en déduit pas la nécessité, d’une manière ou d’une autre, de s’incorporer la lutte, peut n’être considérée que comme un produit, un rebut ou une nuisance ajoutée. Mais il ne lui suffit pas de dire agir pour agir.

 
 
 
 
 
Metacarpes
 

[Musique]



« On fait partie des gens qui pensent qu’il n’y a aucune raison de ne pas être en colère et qu’on voit pas pourquoi on se calmerait. Comme on se dit que c’est un peu pareil de votre côté, y a moyen que ça vous parle. » C’est avec ces quelques mots que Métacarpes nous ont transmis ces quatre morceaux d’électro-punk. Après écoute, il nous est apparu évident que non seulement leur musique nous parlait mais qu’elle parlerait aussi à nos lectrices et lecteurs.

 
 
 
 
 
Atelier Panique - Antoine Jobard
 

Les meilleures feuilles de la rentrée littéraire



Comme chaque année, c’est la rentrée littéraire. Vu qu’on est sympa, on a décidé d’éviter à nos lecteurs la peine de devoir naviguer à vue entre les étalages des libraires, et finir avec une soupe insipide dans leur sac à dos. Cette semaine, on vous présente les premières pages du premier roman d’Antoine Jobard, éditeur, auteur et imprimeur pour les sympathiques éditions du Sabot, dont on a relayé ici bon nombre de publications. Pensé comme un cercueil pour le nihilisme de son auteur (sic), Atelier Panique raconte la rencontre/cohabitation/confrontation entre un jeune perdu, courbaturé et pas hyper joyeux et un peintre antipathique, alcoolique et mythomane. Le roman déplie sous la forme d’une genèse à rebours les sept derniers jours de ce dernier. Spoiler : ça finit mal.

 
 
 
 
 
 
m'inscrire / me désinscrire