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#212 | 14 octobre
 
 
 
La commune de Quito : crise et insurrection en Équateur
 

Depuis le début du mois d’octobre, un ample mouvement social secoue l’Équateur suite au retrait, par le gouvernement de l’actuel président Lenin Moreno, de subventions permettant de stabiliser le prix de l’essence, provoquant une forte inflation. Le mouvement s’est vite transformé en la plus grande révolte que le pays a connu ces dernières années. Des indiens venus de toutes les régions du pays ont investi la capitale, Quito, et ont occupé le Parlement. Le gouvernement a décrété l’État d’urgence et a (...)



Depuis le début du mois d’octobre, un ample mouvement social secoue l’Équateur suite au retrait, par le gouvernement de l’actuel président Lenin Moreno, de subventions permettant de stabiliser le prix de l’essence, provoquant une forte inflation. Le mouvement s’est vite transformé en la plus grande révolte que le pays a connu ces dernières années. Des indiens venus de toutes les régions du pays ont investi la capitale, Quito, et ont occupé le Parlement. Le gouvernement a décrété l’État d’urgence et a quitté la capitale, se réfugiant à Guayaquil, sur la côte, où il siège actuellement. En réponse, la Confédération des Nationalités Indiennes de l’Équateur (CONAIE) a décrété à son tour l’État d’urgence sur les territoires indiens, annonçant que tout représentant de l’État qui y pénétrerait serait arrêté. Jusqu’à aujourd’hui, la répression du mouvement par l’armée et la police a déjà fait près de 554 blessés, 929 prisonniers et 5 morts.

 
 
 
 
 
La bataille du Rojava
 

« Nous étions déjà mobilisés depuis une petite semaine »



Au moment où nous finnissons cet article, les Kurdes viennent de trouver un accord avec le régime syrien afin d’éviter un massacre. Les conséquences de cette avancée du régime en territoire kurde sont énormes.

Depuis mercredi 09 octobre, la Turquie pilonne des villes du nord-est de la Syrie. Le lancement de cette opération militaire baptisée « Printemps de la Paix » intervient à la suite d’un revirement de Trump sur les précédents accords concernant la stabilité de cette zone frontalière. Alors qu’ils avaient garanti une protection aux forces kurdes, les américains ont finalement livré ce territoire à la Turquie.

Nous avons pris contact avec des personnes actuellement présentes au Rojava, afin qu’elles nous exposent la situation. Certaines font partie des internationaux qui se battent courageusement sans appui aérien à Sere Kaniye aux côtés des FDS [1], d’autres sont des observateurs à Kobané. Depuis que nous nous sommes entretenus avec eux, la situation sur place s’est empirée. Nous n’avons plus de nouvelles de nos amis au front.

Nous revenons, à travers cet article, sur le contexte dans lequel ce nouveau front s’est ouvert : mise à mal d’un travail de stabilisation de la zone, retour des cellules dormantes de Daesh, politique anti-terroriste américaine sur le territoire syrien, présence du PKK dans les zones arabes.

Les kurdes avaient annoncé depuis plusieurs mois l’imminence d’une intervention turque sur leurs territoires, ils avaient notamment lancé une campagne de soutien internationale que vous pouvez retrouver ici.

Nous tenons à rappeler que l’offensive turque ne doit pas faire oublier qu’au même moment Bachar Al Assad, appuyé par les russes et les milices iraniennes, continue de bombarder lourdement la province d’Idlib, dernière poche syrienne tenue par l’opposition et protégée par les Turcs.

 
 
 
 
 
L’hôpital fera-t-il plier le gouvernement ?
 

Lors d’une assemblée générale à la Pitié Salpêtrière, médecins et personnels hospitaliers annoncent qu’ils vont passer à l’action.



Jeudi 10 octobre, un collectif de médecins, le CIH (Collectif-Inter Hôpitaux), organisait une grande assemblée générale dans un amphithéâtre de la Pitié Salpêtrière. Plus de 500 personnes ont répondu à l’appel afin d’évoquer un potentiel mouvement de grève national lié à la situation désastreuse de l’hôpital et du vote à venir du "Projet de loi de financement de la Sécurité sociale" qui fixe un "objectif national des dépenses d’assurance maladie" (ONDAM [2]) à 2,8 %, c’est à dire de quoi nous foutre dans une merde incommensurable. Le collectif inter-urgences était également présent. Récit.

 
 
 
 
 
Abandon de poste
 

« Ça devrait être la joie, la liesse, la foire. Car plus rien ne tient. »



Tout a échoué. Le capitalisme, ses réformes, la république, ses normes, le travail, ses syndicats, les collectifs sympas et leurs modes de vie cool. Tout. La citoyenneté, le supermarché, les élections, l’éducation, la police, les éco-villages, les pesticides et les panneaux solaires, logent dans une grande fosse commune dont il y aurait de quoi se réjouir.
Ça devrait être la joie, la liesse, la foire. Car plus rien ne tient.

 
 
 
 
 
Quand la littérature annonçait Lubrizol
 

Relire Somaland d’Eric Chauvier



Si l’on voulait écrire un roman sur la catastrophe de Lubrizol, il serait caustique, peut-être amer et parfois à la limite du comique. Tous les éléments sont là pour que fiction et réalité fusionnent avec panache dans l’immense nuage de fumée noire. Yvon Robert, le maire, qui dès 8h du matin répond aux premiers journalistes qui l’interrogent à quelques centaines de mètres de l’entrepôt en flamme : « Je voudrais commencer par dire que Lubrizol est une entreprise avec laquelle nous avons toujours eu beaucoup de plaisir à travailler ». Le patron américain, Eric Schnur, invité star et en exclusivité dans les bureaux du quotidien local Paris-Normandie, pour nous rassurer (en anglais) : « L’incendie de l’usine n’aura aucun impact sur la santé des habitants ». Et puis évidemment le préfet, Pierre-André Durand, dont chaque allocution pousserait un astronaute à croire que la terre est finalement plate. Lorsqu’un journaliste lui demande de confirmer ou d’infirmer la rumeur qui court en ville, —il aurait envoyé ses enfants à l’abri loin de l’incendie et de la fumée toxique—, il philosophe : « Je ne crois pas que cette question intéresse nos concitoyens. » Tout est là.

Cependant, ce roman n’est peut-être pas à écrire. Ou plutôt il a peut-être déjà été partiellement écrit. Nous publions ci-dessous un extrait de Somaland, un petit livre publié en 2012 aux Editions Allia par Michel Chauvier (dont nous avions déjà parlé du formidable Le revenant dans nos pages ).
Somaland est une ville fictive où une entreprise pétrolière fictive connait un accident fictif : 15 400 m3 de pétrol brut s’est répandu sur le sol puis dans le fleuve. Tout dans Somaland est d’ailleurs tellement fictif que l’on se sent à la lecture immédiatement immergé à Rouen.

 
 
 
 
 
J+19 après l’incendie de l’usine Lubrizol
 

Les gens du voyage de l’aire d’accueil de Petit-Quevilly toujours abandonnés à leur sort par la Métropole



À 500 mètres à peine de l’usine Lubrizol, les habitants de l’aire d’accueil de Petit-Quevilly ont été les premiers à subir les préjudices de l’incendie. Comme ils l’ont dit alors publiquement [3], ils souhaitent que les aires d’accueil ne soient jamais plus localisées en mitoyenneté des usines Seveso. Aucune mesure de protection n’a été prise au moment de l’incendie : nul ordre d’évacuation de l’aire d’accueil n’a été donné et le confinement n’a pas pu être possible dans les caravanes. Livrés à eux-mêmes, les habitants ont essayé tant bien que mal de protéger leurs enfants. Depuis l’accident industriel, l’aire est visiblement très polluée. Dans un courrier adressé à la Métropole de Rouen, les habitant.e.s ont lancé officiellement un appel au secours (voir annexe ci-dessous).

 
 
 
 
 
Expulsion Rebellion : venez passer la Toussaint à Saint-Victor pour enterrer le méga-transformateur
 

Récit d’une semaine de résistance à l’Amassada



Expulsion Rebellion : venez passer la Toussaint à Saint-Victor pour enterrer le méga-transformateur

Depuis cinq ans, la lutte contre le transformateur de Saint-Victor (12) s’incarne dans l’Amassada : une sublime cabane, devenue un hameau habité quotidiennement durant la dernière année. L’expulsion du site ce mardi 8 octobre a engendré une première semaine de résistance au chantier qui s’y est installé. L’Amassada en exil appelle désormais tous ses soutiens à converger à Saint-Victor pour un grand week-end de résistance les 1er, 2 et 3 novembre et nous a envoyé ce récit de la semaine écoulée.

 
 
 
 
 
La suite du monde d’Extinction Rebellion et la mienne
 

« Une suite du monde planifiée, policée et sans spontanéité, propre et sécurisée, consensuelle, sans excès, où chacun a sa place, où on me dit quoi faire. »



Le week-end dernier, Extinction Rebellion (XR) lançait, en partenariat avec divers groupes militants, une occupation du centre commercial Italie 2. L’action avait été considérée objectivement comme un succès, les commerces étant restés fermés toute la journée, les occupants ayant pu momentanément et partiellement se réapproprier l’espace et une tentative d’expulsion policière ayant été repoussée.

Ceci étant, des participants avaient, sur les réseaux sociaux et dans ces colonnes, émis un certain nombre de critiques sur les manières de faire d’XR.

 
 
 
 
 
L’extension de la rébellion londonienne
 

Ou les chemins de traverses d’un gilet jaune.
(Feuilleton satirique et sociographique).



Extinction Rebellion est apparu brutalement dans le champ médiatique et militant français, d’abord avant l’été à la suite de l’occupation/expulsion du Pont de Sully. Et plus récemment (pour ne considérer que les actions parisiennes) avec les blocages d’Italie Deux et de Châtelet.

Il faut avouer que cette irruption a le don pour provoquer des réactions intéressées et qui aident peu à la réflexion...

 
 
 
 
 
Rose Béton, Brique Noire : quand la métropole innove dans la censure
 

[Toulouse] « L’appellation vandale doit retrouver sa vigueur originelle »



La métropole toulousaine première sur la censure. Après de nombreuses campagnes répressives contre l’expression des habitant.es de la ville, elle innove en ayant recours à des mercenaires. Ainsi elle fait d’une pierre deux coup, elle se valorise sur le marché des métropoles branchées et fait taire les voix dissonantes. C’est gagnant-gagnant mais peut-être pas pour tout le monde.

 
 
 
 
 
Bargny, ici commence l’émergence
 

Immersion à 15 km de Dakar où l’on construit le désastre à venir



Sorti en 2018, le webdocumentaire intitulé « Bargny, ici commence l’émergence » propose une immersion dans une commune sénégalaise, Bargny. Celui-ci interroge les impacts environnementaux et sociaux de l’industrialisation et du réaménagement du territoire, promesse de développement et d’émergence. Ce portfolio est une invitation à découvrir ce projet vidéos, textes et photos.

 
 
 
 
 
Le plus difficile, c’est d’habiter
 

On peut avoir quitté physiquement un pays et y résider mentalement pour toujours. On peut être domicilié dans une ville sans pour autant y habiter. On peut passer une vie entière dans une maison sans jamais y avoir vécu. On peut voir le monde comme un écran, ou être forcé d’y camper. On peut acheter une péniche et y aller deux fois par an. On peut choisir de ne pas choisir. On peut ne pas payer de loyer. On peut s’endetter pour acheter. Il en va de même entre êtres humains.
La question de l’avoir nous (...)



On peut avoir quitté physiquement un pays et y résider mentalement pour toujours. On peut être domicilié dans une ville sans pour autant y habiter. On peut passer une vie entière dans une maison sans jamais y avoir vécu. On peut voir le monde comme un écran, ou être forcé d’y camper. On peut acheter une péniche et y aller deux fois par an. On peut choisir de ne pas choisir. On peut ne pas payer de loyer. On peut s’endetter pour acheter. Il en va de même entre êtres humains.

 
 
 
 
 
300 000 ans pour en arriver là (3/3)
 

Une BD dans lundimatin ! #capitalocène #écologie #climat #findumonde



Grégory Jarry et Otto T., déjà auteurs d’une « Petite histoire des colonies françaises » en 5 tomes, viennent de publier « 300 000 ans pour en arriver là » aux éditions FLBLB. En voici la troisième partie, les liens pour les deux précédentes sont accessibles ci-dessous.

 
 
 
 
 
 
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