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#406 | 4 décembre
 
 
 
Boxe et lutte des classes
 

Un lundisoir avec Selim Derkaoui



Selim Derkaoui vient de publier Rendre les coups. Boxe et lutte des classes aux éditions Le passager clandestin. Dans cette enquête, le journaliste nous emmène à la rencontre de boxeurs et de boxeuses en France pour essayer de comprendre le rapport de classe à la fois complexe et évident qui traverse ce sport, ceux qui le pratiquent, ceux qui se passionnent pour lui devant leur écran. Dans cet entretien, Selim Derkaoui raconte l’expérience charnelle et la douleur de la rencontre entre deux corps, ce que cette pratique dit des rapports de domination et comment les politiques publiques tentent de la récupérer afin de calmer les nerfs et canaliser les rages. Le ring comme lieu d’inscription de classe et de résistances, la boxe comme pratique politique.

 
 
 
 
 
A·mour bé·ton
 

Pourquoi s’organiser contre le béton ?



Le béton de ciment est depuis un moment reconnu dans l’imaginaire collectif comme un élément négatif, c’est celui des villes grises.
Pourtant il a été à une époque une révolution constructive qui permit de construire vite et pas cher, d’« éponger » les bidonvilles et d’imaginer des solutions pour le logement. Il a séduit nombre d’architectes, de constructeurs, de maçons, d’entreprises, de ministères, d’adjoints à l’urbanisme, de propriétaires, et même d’auto-constructeurs, dans de multiples pays. Aujourd’hui il est notre paysage. Une amie disait « c’est la pierre liquide du XXe siècle ». Le béton est intrinsèquement lié à nos vies et pourtant comme le clame l’appel aux journées d’action du 9 au 12 décembre, il nous asphyxie, littéralement.

 
 
 
 
 
Barbieland et la Terre brûlée
 

Bernard Aspe



Il peut paraître dérisoire, dans un monde en proie aux flammes (celles des guerres, celles du « réchauffement » climatique) de prendre pour objet d’analyse cette opération lucrative réussie qu’est le phénomène « Barbenheimer ». Pourtant cet objet, comme peut-être tout autre aujourd’hui pour un esprit lucide, nous reconduit inévitablement à ce monde. Et il a ce mérite particulier de nous dire quelque chose de ce qui est attendu de nous, pour ce qui concerne notre manière d’articuler le désir et le réel.

 
 
 
 
 
KAPT’AL
 

« Sois libre d’adorer tout ce qu’il te soumet »
Léo Morange



« Un luxe authentique exige le mépris achevé des richesses, la sombre indifférence de qui refuse le travail et fait de sa vie, d’une part une splendeur infiniment ruinée, d’autre part une insulte silencieuse au mensonge laborieux des riches. »

G. Bataille, La part maudite

 
 
 
 
 
Fuir le Château des Vampires
 

« Plus il y a de culpabilité, mieux c’est. »
Mark Fisher



Nous publions ce lundi la traduction d’un excellent texte de Mark Fisher datant de novembre 2013 [1]. S’il n’est plus rare, désormais, d’entendre des gens exprimer leur dénuement et leur fatigue devant les mille et un petits tracas et autres atermoiements illimités constitutifs des cercles militants petits bourgeois – obsessionnellement organisés comme des cours de récréation, peuplées de cool-kids primaires, dont l’unique soin est de surajouter, comme pour l’approfondir, une couche de bacs à sables sur le désert –, dans les années 2000, ce mode sacerdotal, éminemment moralisateur et individualisant, de « politisation » des identités était, en quelque sorte, en gestation. Alors que, de toute évidence, le plus grand progrès politique du contexte postmarxiste, autonome et néo-anarchiste aura été, justement, de politiser nos relations personnelles et de poser les politiques de l’amitié comme éléments d’une éthique politique viscérale ; il ne faudrait pas replier l’éthique politique – la politisation de nos relations personnelles – sur la morale, la moralisation et les modes de contritions de type chrétien. Politiser nos relations, c’est probablement, justement, surmonter la logique culpabilisatrice pour nouer, anarchiquement, éthique et politique – vécus personnels de classe, race et de genre. Surmonter cette logique-là, c’est d’abord sortir du Château des Vampires et, pour cela, il faut en connaître les règles. Avec Fisher, c’est chose faite. [2]

 
 
 
 
 
Alors, ça baigne ?
 

« On a rarement vu des naufrageurs fournir à leurs victimes des canots de survie. »



« Les services de l’État estiment que 18,4 millions de français (plus d’un quart de la population) habitent dans une zone exposée à des inondations d’ampleur exceptionnelle. » Ouest France, 24 novembre 2023.

Souvenez vous. C’était hier. Les plus tonitruands de nos « premiers de cordée » se bidonnaient en chœur : Le dérèglement climatique ? Une grosse fable ! Les scientifiques sonneurs d’alerte ? Des charlatans ! On veut bien faire une COP, ou 28 clopinettes, pour calmer vos inquiétudes mais n’attendez pas que ça soit autre chose que de la poudre aux yeux. On ne va tout même pas freiner notre très lucratif saccage de la planète parce que le déluge ne s’est pas plié à notre souhait cynique qu’il passe après nous. D’ailleurs, vous mêmes avez tout à gagner à notre détermination : plus nous entasserons de pognon et plus une portion en redescendra vers vous, par ruissellement.

 
 
 
 
 
Relire À travers les murs d’Eyal Weizman
 

Alain Barthélémy



Initialement paru en 2006 dans la revue Radical Philosophy [3], puis en 2007 au sein de Hollow Land : Israel’s Architecture of Occupation [4], À travers les murs [5], de l’architecte et activiste israélien Eyal Weizman, est un texte troublant, explicitant l’abolition des frontières entre espaces publics et privés pratiquée par l’armée israélienne lors de l’opération Rempart en 2002, au moment de la seconde intifada. Consistant en l’infiltration de territoires palestiniens de la Cisjordanie afin d’en éliminer les factions armées, l’opération Rempart représente pour Tsahal l’opportunité de mettre pour la première fois en pratique une stratégie de progression dans les espaces urbains de villes telles que Ramallah, Naplouse, Bethléem ou encore Jénine, en procédant à une réinterprétation des espaces qui s’appuie sur les concepts postmodernes de déconstruction, de déterritorialisation, de disjonction ou encore sur la pratique situationniste de la dérive [6].

 
 
 
 
 
L’Afrique intellectuelle francophone est mal partie
 

Jean-Loup Amselle



En 1960, à l’époque des indépendances, l’agronome René Dumont publiait un essai fracassant « L’Afrique noire est mal partie » dans lequel il fustigeait de manière caricaturale le comportement des nouvelles élites africaines, en lesquelles il ne voyait que les continuatrices des pouvoirs coloniaux [7].

 
 
 
 
 
Ce son
 

Ghassan Salhab



Sky like lead

shouts echoing in the vacancy

small figures one two a line of them
moving across not for apart
picked out against the white

Geoffrey Squires, Landscapes and Silences

vous l’entendez, vous aussi, ce son ?
il n’avait nul besoin de préciser lequel, nous le connaissions
même si nous le subissions infiniment moins ici
il suffisait de se brancher sur cette chaîne de télévision constamment en direct

 
 
 
 
 
 
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