« Plus il y a de culpabilité, mieux c’est. »
Mark Fisher
Nous publions ce lundi la traduction d’un excellent texte de Mark Fisher datant de novembre 2013 [1]. S’il n’est plus rare, désormais, d’entendre des gens exprimer leur dénuement et leur fatigue devant les mille et un petits tracas et autres atermoiements illimités constitutifs des cercles militants petits bourgeois – obsessionnellement organisés comme des cours de récréation, peuplées de cool-kids primaires, dont l’unique soin est de surajouter, comme pour l’approfondir, une couche de bacs à sables sur le désert –, dans les années 2000, ce mode sacerdotal, éminemment moralisateur et individualisant, de « politisation » des identités était, en quelque sorte, en gestation. Alors que, de toute évidence, le plus grand progrès politique du contexte postmarxiste, autonome et néo-anarchiste aura été, justement, de politiser nos relations personnelles et de poser les politiques de l’amitié comme éléments d’une éthique politique viscérale ; il ne faudrait pas replier l’éthique politique – la politisation de nos relations personnelles – sur la morale, la moralisation et les modes de contritions de type chrétien. Politiser nos relations, c’est probablement, justement, surmonter la logique culpabilisatrice pour nouer, anarchiquement, éthique et politique – vécus personnels de classe, race et de genre. Surmonter cette logique-là, c’est d’abord sortir du Château des Vampires et, pour cela, il faut en connaître les règles. Avec Fisher, c’est chose faite. [2]
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