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#326 | 14 février
 
 
 
La vie en plastique
 

Une anthropologie des déchets avec Mikaëla Le Meur
[lundisoir]



« La poubelle jaune ? C’est pour le plastique ! La bleue ? Les déchets papiers ! » Depuis quelques années, on nous a beaucoup appris à trier. Il s’agissait de nous inculquer les « bons réflexes », de nous « sensibiliser » à ces petits gestes du quotidien qui, mis bout-à-bout, font le plus grand bien à la planète. On jette au bon endroit et dans le bon ordre avec la satisfaction morale de commettre le bien, de prendre à bras-le-corps la responsabilité de cette transition écologique sans laquelle nous pourrions nous-mêmes finir dans la mauvaise poubelle. Par-delà cette politique d’invidualisation d’une culpabilité que l’on aurait plutôt envie de faire peser sur les responsables et bénéficiaires de siècles de destruction de la planète, il y a le monde dans lequel nous vivons. Ce lundisoir, nous accueillons l’anthropologue Mikaëla Le Meur, autrice de l’excellent Le mythe du recyclage paru aux éditions Premier Parallèle. Dans « ce carnet de terrain », la chercheuse a suivi la route du plastique au Vietnam. Elle y décrit l’économie et la vie dans des « villes plastiques » submergées de détritus, du sol au plafond. Arrivés par conteneurs depuis l’Occident, les déchets redeviennent une matière dite première. Des travailleurs vietnamiens trient, à leur tour, compactent et refont du plastique avec du plastique.

 
 
 
 
 
De la democratie à la liberte
 

La différence entre gouvernement et autodétermination
CrimethInc.



La démocratie est l’idéal politique le plus universel de notre époque. George Bush l’a invoquée pour justifier l’invasion de l’Irak ; Obama a félicité les rebelles de la place Tahrir pour l’avoir amenée en Egypte ; Occupy Wall Street a prétendu en avoir distillé la forme pure. De la République populaire démocratique de Corée du Nord à la région autonome du Rojava, pratiquement tous les gouvernements et mouvements populaires se disent démocratiques.

Alors que nous nous trouvons ensevelis sous les discours d’une campagne électorale qui bat tous les records d’indécence, que faut-il attendre de la démocratie ? Nous publions cette semaine la traduction d’une longue et passionnante analyse de nos amis de CrimethInc..

 
 
 
 
 
Programme 2022
 

Alessandro Pignocchi
[Bande dessinée]



À quoi sert encore l’élection présidentielle, avec ses promesses creuses et ses illusions qui ne trompent plus grand monde ? Peut-être simplement à nous divertir et suspendre notre attention au réel. On peut néanmoins constater l’un de ses effets les plus retors : saper et tarir, un temps, les imaginaires politiques. A rebours, l’anthropologue et dessinateur Alessandro Pignocchi, nous propose un tout autre programme.

 
 
 
 
 
Loos : L’oraison funèbre de Bayer-Monsanto
 

#LesSoulèvementsDeLaTerre



La saison 2 des soulèvements des Soulèvements de la Terre touche à sa fin. Pour son épisode final, un ultimatum a été lancé contre l’entreprise Bayer-Monsanto, si son siège social n’a pas quitté la ville de Lyon d’ici le 5 mars, les manifestants l’assiègeront jusqu’à son départ. En attendant, un appel à une campagne d’actions décentralisées semble avoir été entendu. Ce samedi 12 février, 130 activistes se sont retrouvés à Loos pour bloquer l’accès à l’entreprise. Nous publions ci-dessous l’oraison funèbre qui a été lue sur place. [1]

 
 
 
 
 
#SoulèvementsDeLaTerre : Carbon Bee, on venait te chercher chez toi
 

Les promesses de l’agritech, entre néant et prophétie réalisatrice



La saison 2 des soulèvements des Soulèvements de la Terre touche à sa fin. Pour son épisode final, un ultimatum a été lancé contre l’entreprise Bayer-Monsanto, si son siège social n’a pas quitté la ville de Lyon d’ici le 5 mars, les manifestants l’assiègeront jusqu’à son départ. En attendant, un appel à une campagne d’actions décentralisées semble avoir été entendu. Le 9 février dernier, des activistes ont voulu rendre visite à Carbon Bee, une jeune pousse de l’“AgroTech", en vain. Récit d’une journée d’action étonnante. [2]

 
 
 
 
 
Bagnoles, émeutes et libération noire
 

Quelques leçons motorisées des soulèvements outre-atlantique



Des milliers de personnes en provenance des quatre coins du pays, qui convergent vers Paris pour manifester contre les restrictions sanitaires et la flambée des prix de l’essence et de l’énergie. 7200 policiers mobilisés pour sécuriser la capitale et éviter le blocage des flux. Des barrages, des blindés, des dépaneuses, des hélicoptères et un président qui appelle « au plus grand calme » des manifestant-es en camping-car. Autant dire que ce samedi, une certaine inquiétude s’est propagée au sommet du gouvernement et à la Préfecture de police de Paris.

 
 
 
 
 
Flux. Comment la pensée logistique gouverne le monde
 

Mathieu Quet
[Note de lecture]



Qu’est-ce que la logistique ? Selon un professeur de marketing cité par Mathieu Quet, ce terme, « dont l’usage est aujourd’hui répandu, trouve son origine dans le domaine militaire et a été plus récemment adopté par le secteur privé de l’économie où il est associé à l’organisation de la distribution physique des biens » (p. 34). Cela se traduit très concrètement par l’usage d’outils qui, s’ils n’ont pas été inventés par les militaires, ont d’abord été massivement utilisés par eux avant de l’être dans le domaine civil : ainsi de la palette et du transpalette (chariot élévateur) durant la Seconde Guerre mondiale – par exemple, avant d’écraser des villes entières sous des tapis de bombes, il fallait bien les acheminer depuis les sites de production jusqu’aux bombardiers – et du container, adopté par l’armée américaine durant la guerre du Vietnam afin d’amener là-bas des armes, munitions et divers matériels militaires, bien sûr, mais aussi tout ce qui était nécessaire à y recréer des enclaves d’American way of life – de véritables petites villes avec tout le confort « moderne » dédiées au repos, aux soins et à l’entretien du moral des guerriers…

 
 
 
 
 
Rencontre internationale anti-Olympique :
 

« Retrouvons-nous en Seine-Saint-Denis les 21 et 22 mai 2022 »



À Londres, nous avons vu la destruction de Clays Lane Estate, le plus grand lotissement de logements sociaux géré par une coopérative au Royaume-Uni, qui comptait 500 locataires. Nous avons vu la destruction des Manor Garden Allotments, des jardins ouvriers remplis de pommes de terre, d’artichauts, de choux-fleurs, etc.

 
 
 
 
 
De la mort à la littérature
 

Parham Shahrjerdi



Le 14 février 1989, Seyyed Ruhollah Khomeini émet une fatwa, invitant les musulmans du monde entier à assassiner Salman Rushdie : « Je voudrais informer les musulmans courageux du monde entier que l’auteur du livre "Les Versets sataniques", qui a été compilé et publié contre l’Islam, le Prophète et le Coran, et les éditeurs qui connaissent son contenu sont tous condamné à mort. J’appelle les musulmans courageux à les exécuter immédiatement, partout où ils se trouvent, afin que personne n’ose insulter la sainteté des musulmans, et quiconque est tué de cette manière est un martyr, si Dieu le veut. De plus, si quelqu’un a accès à l’auteur du livre mais n’a pas le pouvoir de l’exécuter, il doit le présenter au peuple pour qu’il soit puni pour ses actes. »
Quelques mois auparavant, le même Khomeini avait signé la condamnation à mort des milliers de prisonniers politiques en Iran.

 
 
 
 
 
Un bonheur de forcené
 

Notes pour une politique pas même encore inchoative
Frédéric Neyrat



« Que l’Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux, ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie sur la terre ; qu’il y propage l’amour des vertus et le bonheur ! Le bonheur est une idée neuve en Europe ».

Saint-Just

 
 
 
 
 
Petit Manuel à l’usage des conspirant.es
 

Stratagèmes des fraternisations
Ut Talpa



Dans Le Moment Fraternité, publié en 2009, Régis Debray affirme la « viscérale parenté du conspiratif et du fraternel » (284). Et à la fin du Manifeste conspirationniste, publié en 2022, on peut lire : « La joie de conspirer est celle de la rencontre, de se découvrir des frères et des sœurs là même où l’on s’y attendait le moins » (377). Au principe de toute conspiration, il y a, semble-t-il, une fraternisation. Sans elle, sans fraternisation, les conspirateurs ne valent pas plus que l’insipide Comité des Possédés de Dostoïevski. Ce petit groupe terrorisé par Stavrogine et Verkhovenski, dont le seul trait d’union est le meurtre de l’étudiant Chatov. Meurtre qui, d’ailleurs, à peine consommé, accomplira au contraire sa dissolution définitive.

 
 
 
 
 
« Ma maison est en feu » entretien avec Kromah
 

De la prison au centre fermé jusqu’à la grève de la faim



La Brèche est une impressionnante revue d’information et de critique du monde carcéral, publiée par le Genepi Belgique. Pour son 4e numéro [3], intitulé Racisme et criminalisation, Des populations dans le viseur, elle s’attaque au fil de ses 124 pages « aux processus de criminalisation des populations non-blanches ». Nous en publions ici un premier extrait, un entretien avec Kromah dans lequel il raconte la prison, le centre fermé, la grève de la faim, et la persévérance pour survivre sans titre de séjour.

 
 
 
 
 
Soulever le suaire
 

Écrits d’Artistes sur l’Économie, Une Anthologie
[Note de lecture]



Dans la ligne de la critique, à l’ironie désespérée, de Jonathan Swift : Modeste proposition concernant les enfants des classes pauvres [4], quelques « artistes » se sont colletés avec l’économie et, plus précisément, avec l’analyse économique.

 
 
 
 
 
Au coeur du complotisme : le clivage
 

Jacques Fradin



Ces notes complètent notre article sur “complotisme & conspirationnisme”, Hold Up Reloaded, Now Handcuffed, LM 265, 30 novembre 2020 (nous conseillons de relire cet article avant que de lire ces présentes notes).

 
 
 
 
 
NTBLR [9/ ?]
 

Robin Garnier-Wenisch



C’est de la superposition. C’est posé par-dessus quelque chose et du coup ça le cache sur la zone où que c’est venu se superposer. C’est pas de la supposition, c’est un positionnement : quelqu’un est venu ici, sans doute plutôt à la faveur de la nuit, pour donner sa position en superposant. Quelqu’un est venu, à la faveur de la nuit, fouiller dans son sac et en sortir ce que j’imagine être un petit paquet d’une trentaine de vignettes reliées ensemble par un élastique et a posé son positionnement anonymement sur le mur.

 
 
 
 
 
 
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