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#316 | 6 décembre
 
 
 
Nous ne voulons pas de votre « mesure »
 

Monchoachi



Depuis le 15 novembre dernier, la Guadeloupe, la Martinique ainsi que la Guyane se sont soulevées. D’une grève générale contre l’obligation vaccinale des soignants, le mouvement s’est vite élargit dans ses pratiques - blocages généralisés, manifestations, affrontements avec la police, pillages - et dans sa portée politique. La « métropole » n’a pas tardé à envoyer des renforts policiers ainsi que le GIGN et le RAID pour mater la révolte, qui n’a fait que s’amplifier. La plupart de ces événements ont été largement rapportés par la presse, mais peu de voix nous sont parvenues depuis l’intérieur du soulèvement. Nous avons donc sollicité Monchoachi, sans nul doute le plus grand poète antillais contemporain, dont la voix calme et résolue résonne au travers de cette analyse puissante : « il s’agit de rien moins qu’en un lieu-charnière, les Antilles, intérieur/extérieur de l’Occident, là où s’ouvrent les fentes, les fissures, se fasse jour un mouvement massif poussant à récuser une mainmise millénaire sur la terre entière. Car ici c’est la pensée même et le projet même formant fondement de l’Occident, sa mesure qui est récusée. »

 
 
 
 
 
De si violentes fatigues
 

Les devenirs politiques de l’épuisement quotidien
Entretien avec Romain Huët



Le fardeau qui pèse sur les épaules, l’épuisement dans lequel certains ont le sentiment de traîner leur vie « comme un landau sous l’eau », la tristesse et l’abattement même dans lesquels nous pouvons nous trouver, toutes ces sensations de fatigue et de vides modernes sont-elles condamnées à une lecture et un traitement individuels ? Les dispositifs qui écoutent, soutiennent, aident ne privent-ils pas d’une mise en collectif de ces souffrances et de leur devenir politique ? Ne faut-il pas entendre dans nos intenses fatigues modernes qui semble avoir cédé sur tout désir le bouillonnement de la révolte à bas bruit ? C’est ce qu’essaie de penser Romain Huët dans l’excellent De si violentes fatigues, Les devenirs politiques de l’épuisement quotidien, à partir d’une enquête ethnographique et sociologique au long cours au sein d’une association de prévention contre le suicide. Nous en avons discuté avec lui.

 
 
 
 
 
Appel à dons
 

Si vous souhaitez soutenir lundimatin, c’est maintenant !



2021 touche déjà à sa fin et tout semble indiquer que 2022 aura malheureusement bien lieu.
Les temps sont mauvais, la bêtise règne. En surface à tout le moins. Il nous faut trancher dans la confusion, produire de l’intelligence commune et tracer des chemins. C’est en tous cas le pari de cette étrange machine collective qu’est lundimatin. De moins en moins sidérant, le désastre s’épuise, pas nous.

 
 
 
 
 
Non, Kenosha, je ne veux pas mourir
 

Storytelling & conflits armés dans l’Amérique du début du XXIe siècle



Le 19 novembre dernier, le jeune Kyle Rittenhouse est acquitté par un tribunal de l’état du Wisconsin. Il était poursuivi pour un double homicide commis dans la nuit du 25 au 26 aout 2020.
Petit retour en arrière : le 23 aout 2020, à Kenosha, Jacob Blake, un afro-américain de vingt-neuf ans, se fait tirer dessus à sept reprises par un policier alors qu’il rentre dans sa voiture (il est depuis paralysé à vie). En réponse à cet acte, des manifestations s’organisent et des émeutes éclatent dans cette petite ville dortoir au Nord de Chicago. L’Amérique est alors alors secouée depuis plusieurs mois par un incroyable mouvement contre la police et le racisme suite à l’assassinat de George Floyd. Kyle Rittenhouse, dix-sept ans à l’époque, se rend sur place dans la nuit muni d’un fusil d’assaut et abat deux manifestants lors d’une altercation.

 
 
 
 
 
Lyon : un herboriste en procès pour de multiples agressions sexuelles
 

Une plaignante décrit les rouages du silence



Demain s’ouvrira le procès d’un heboriste lyonnais qui comparaît pour agressions sexuelles aggravées, commises dans le cadre de son activité professionnelle. Depuis 2017, plus de dix plaintes se sont accumulées pour des agressions commises au le prétexte de massages lymphatiques.

Nous avons interrogé l’un des plaignantes. Elle raconte avec précision et justesse les mécanismes qui produisent le silence et insiste sur la manière dont la justice peut s’en faire le relais voire y contribuer. Elle évoque aussi la façon dont la justice enferme les victimes dans un rôle passif, ce qu’elle considère comme allant à contre-courant d’un processus de réparation.

 
 
 
 
 
« Chauffeur de salle dans chambre froide »
 

Entretien avec Frédo Roman de Nonstop



Nonstop est apparu comme une fulgurance en 2005 avec Road movie en béquilles, puis il est reparti aussi sec après avoir largué J’ai rien compris mais je suis d’accord en 2009. Deux classiques remplis de traits d’esprit, de visions hallucinatoires et de slogans absurdes, qui rappellent le meilleur de ce qu’on a pu voir écrit sur les murs ces dernières années dans les temps de révolte. Seul à bord de cette machine musicale délirante, Frédo Roman est sans doute l’un des meilleurs portraitistes de l’époque, qu’il décrit avec l’agressivité et la folie requises, sans oublier ce qu’il faut d’humour et de poésie pour ajouter un peu d’agrément au cauchemar.

 
 
 
 
 
La honte !
 

(à Villepinte ce dimanche)
Olivier Long



Reportage à Villepinte.
On sort d’une pandémie où le pays a été porté à plus de 75 % par des femmes, les gens ont tous soufferts psychologiquement, financièrement, moralement, et voilà que ce dimanche 5 décembre, un caudillo de plateau télé vient à Villepinte pour rajouter une louche de haine et de peur acide sur des plaies encore vives.

 
 
 
 
 
Experts et Repentis
 

(essai de gnoséosophie 2)
Fred Bozzi



Seule la confession du repenti semble pouvoir interrompre la leçon continuelle de l’expert. Déployée au sortir d’un système voué à porter la parole scientifique, elle en révèle volontiers les erreurs et les vices. L’ironie du sort, c’est pourtant que le repenti est écouté en tant qu’il en sait un peu plus : il est valorisé pour son expertise contraire. Faut-il alors penser qu’il est le dernier apôtre de la religion du connaitre ?

Faisant suite à Répondre à la science, ce deuxième essai de gnoséosophie s’intéresse à la façon dont la subjectivité proprement scientifique participe à la mise en cohérence du système d’expertise. Il souhaite aussi montrer l’importance de suspendre la volonté de savoir pour laisser une place à l’inconnu. Et que vivent les conceptions, par-delà les flux d’informations qui assaillent nos existences.

 
 
 
 
 
Ceci n’est pas une dystopie
 

Comment l’Université se vend à l’Entreprise. Immersion dans l’enfer ludique d’un hackathon



 
 
 
 
 
La société contre l’Université
 

Cours élémentaire d’anthropologie
Ivan Segré



Dans la seconde partie de ses « Réflexions sur Les Mondes de l’esclavage », ouvrage collectif paru au Seuil, Ivan Segré a mis en cause la contribution de l’ethnologue David Jabin au sujet des Yuqui, des chasseurs-cueilleurs de la forêt amazonienne qui, bien loin de correspondre à l’image qu’en avait donné Pierre Clastres dans La Société contre l’Etat, auraient développé, de manière endogène, une formation sociale esclavagiste composée de maîtres blancs et d’esclaves noirs. Segré a jugé « grotesque » la prétendue découverte de Jabin. Dans un article paru dans LM, le Professeur d’anthropologie Philippe Erikson a répondu que, n’en déplaisent aux « gardiens du temple de l’anthropologie anarchiste et/ou mystique », la thèse de Jabin est « fondée sur des données dont l’impressionnante solidité a été unanimement saluée par un prestigieux jury d’experts internationaux ». Segré, apparemment peu impressionné, lui répond aujourd’hui par un « cours élémentaire d’anthropologie ». La discussion est décidément bien ouverte.

 
 
 
 
 
Emilio Scalzo : extradé vers la France et incarcéré pour son soutien aux migrants
 

Emilio Scalzo était visé par un mandat d’arrêt européen émis par le parquet de Gap à la suite d’une manifestation de soutien aux migrants à la frontière franco-italienne au cours de laquelle il aurait bousculé un gendarme français. A la suite d’une procédure pour le moins accélérée, et malgré la mobilisation de la vallée de Susa à ses côtés, du rassemblement permanent devant chez lui, des expressions de solidarité dans les universités en lutte et dans les manifs contre le gouvernement antisocial de Draghi, de la (...)



Emilio Scalzo était visé par un mandat d’arrêt européen émis par le parquet de Gap à la suite d’une manifestation de soutien aux migrants à la frontière franco-italienne au cours de laquelle il aurait bousculé un gendarme français. A la suite d’une procédure pour le moins accélérée, et malgré la mobilisation de la vallée de Susa à ses côtés, du rassemblement permanent devant chez lui, des expressions de solidarité dans les universités en lutte et dans les manifs contre le gouvernement antisocial de Draghi, de la protestation d’une vingtaine de camarades français à la frontière, Emilio a été extradé et se trouve maintenant à la prison de Luynes, près d’Aix en Provence. Nous reviendrons plus en détail sur cette affaire et ce qu’elle dit de l’acharnement des Etats contre les personnes manifestant leur solidarité aux migrants. En attendant, on peut écrire à Emilio des lettres et des cartes postales (voir adresse sur la photo).

 
 
 
 
 
Le plus beau cadeau de Noël : la catastrophe inévitable
 

Jacques Fradin



Tout le monde connaît bien ce dicton russe de l’ère soviétique : plus c’est catastrophique, plus il faut se tordre de rire.
Il ne va donc pas manquer d’occasions de mourir de rire.

Ici je voudrais m’opposer au « catastrophisme éclairé ». Cette doctrine qui prétend que l’annonce de la catastrophe (écologique ou virale, ce qui revient au même) aurait le pouvoir d’empêcher la catastrophe (le grand dénouement du théâtre humain). Et serait capable d’empêcher la catastrophe annoncée (retourner le retournement) par un sursaut « de conscience », par l’éveil (le fameux woke, l’awakening), ou à la manière Jéricho des idées qui font tomber les murailles psychiques, de l’éveil au dessillement.

 
 
 
 
 
Pour sortir de l’impuissance politique de Geoffroy de Lagasnerie
 

Jusqu’à présent, nous ne connaissions personne qui ait lu Geoffroy de Lagasnerie. Peut-être parce que son image médiatique se suffit à elle-même, que sa prétention à endosser le rôle pastiche d’une figure désuète : « l’intellectuel de gauche » prête davantage à rire qu’à lire ou bien parce que ses prises de position contre la jeunesse autonome qui dépossèderait les centrales syndicales s’accorde tellement bien à ses injonctions à voter pour Jean-Luc Mélenchon. Quoi qu’il en soit, un lecteur de lundimatin s’est (...)



Jusqu’à présent, nous ne connaissions personne qui ait lu Geoffroy de Lagasnerie. Peut-être parce que son image médiatique se suffit à elle-même, que sa prétention à endosser le rôle pastiche d’une figure désuète : « l’intellectuel de gauche » prête davantage à rire qu’à lire ou bien parce que ses prises de position contre la jeunesse autonome qui dépossèderait les centrales syndicales s’accorde tellement bien à ses injonctions à voter pour Jean-Luc Mélenchon. Quoi qu’il en soit, un lecteur de lundimatin s’est avéré plus courageux que nous et nous a transmis cette note de lecture. Il y convoque Anders, Giono, Malm et Watkins et tente une analyse critique. Si nous n’en partageons pas certains raisonnements et certaines références, c’est en tous cas une tentative de sortir de l’impasse actuelle — dont Lagasnerie fait partie.

 
 
 
 
 
NTBLR [2/ ?]
 

Mamlamaire est passée aujourd’hui. C’est qu’il devait y avoir une décoration à remettre à je ne sais pas qui au nom de je ne sais pas quoi, un bout de machin vaguement brillant et bien découpé comme un flocon de neige. Un gentil flocon suspendu par un bout qui se balance et se soulève à mesure que bat le cœur du je ne sais pas qui sur qui ce gentil flocon sera venu se poser, c’est donc qu’il y a bien de l’espoir pas vrai ?
Non je dis : « y’a donc de l’espoir pas vrai ? »
Ben si…
Ben si, voyons, pour (...)



Mamlamaire est passée aujourd’hui. C’est qu’il devait y avoir une décoration à remettre à je ne sais pas qui au nom de je ne sais pas quoi, un bout de machin vaguement brillant et bien découpé comme un flocon de neige. Un gentil flocon suspendu par un bout qui se balance et se soulève à mesure que bat le cœur du je ne sais pas qui sur qui ce gentil flocon sera venu se poser, c’est donc qu’il y a bien de l’espoir pas vrai ?

 
 
 
 
 
 
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