Il paraît que le communisme ne fait plus rêver. La faute en reviendrait tout à la fois à l’austérité triste du matérialisme et, à l’autre bout du spectre de nos élans, à son romantisme utopique et déconnecté. On le déplore mais on le constate : seule l’extrême droite saurait faire rêver. Se rendre désirable, lever les libidos. Qu’ils s’agirait donc (pour concurrencer le désir de l’extrême droite) de capter en l’état pour les dériver vers le communisme qu’on sait être l’issue comme toute personne qui pense. En s’adressant à elles de manière stratégique, sans pudibonderie, y compris donc à leurs affects les plus bas, et sans craindre leur lexique - des signifiants comme patrie ou national seraient ainsi possiblement à réhabiliter en vue de l’horizon communiste
1. Rêve communiste, rêve d’extrême droite. Voilà que le même nom pourrait indifféremment caractériser ce qui nous meut ici ou là
2. Rêve serait donc un signifiant vide. Dont l’action purement mécanique consisterait à convoquer nos affects et élans, peu importe leur visée. Ainsi en use la langue des publicitaires qui cherchent à vendre du rêve. De leur point de vue le constat serait en effet sans appel : sur le marché du rêve, le communisme est archi-dévalué. Dévoyé, ringard, idéaliste, diabolisé - en vrac
3. Rêve est d’abord le nom d’une formation symbolique inconsciente. Qu’on pourrait à première vue dire sans visée éthique : le désir y parle contre la censure, quitte à mener aux plus terribles des cauchemars
4. Ce serait toutefois ne pas avoir appris à aimer le rêve. Ne pas avoir noué avec lui alliance en vue du sens. Dont il sait pourtant quelque chose en propre. C’est qu’on peut comme en rien faire confiance en nos rêves : ils parlent vrai. S’ils jouent et déplacent, s’ils avancent masqués - ce n’est pas pour tromper mais parce qu’ils ont du tact. Ils s’adressent à nous comme on est en mesure d’entendre ce qu’ils ont à dire de nos désirs pris dans le monde. Comme on est en mesure d’entendre ce qu’on a à dire. Ils disent je, nos rêves. Mais un je vaste. Décrispé. Un je diurne qui refuserait de tendre l’oreille au je nocturne dont il se couperait pour s’hypostasier tout conscient comme on dit tout puissant : il se passe à côté. Le rêve est notre premier accès à la langue symbolique qui en sait plus long que nous
5. Nous sommes des fabrications symboliques. Les signifiants nous parlent. Dans les deux sens. Ils font notre histoire - ils s’adressent à nous. Ils nous ouvrent accès à l’histoire qui ne nous a pas attendus pour s’écrire
6. Le rêve perce ainsi à même nos consciences une brèche au possible. Sans lui elles seraient rivées au réel sans nom et à l’imaginaire sans clôture, où les mots flottent désamarrés jusqu’à pouvoir être retournés contre eux mêmes, surtout les plus beaux d’entre eux
7. De nombreuses langues le savent. Malgré le risque cauchemardesque elles ont laissé le signifiant rêve se donner la plus désirable des connotations. I have a dream : c’est ce que je peux de plus beau. C’est ce qu’on peut de plus beau : rêver ensemble. Travailler au rêve, chacun depuis ses coordonnées propres
8. Il n’y a pas de rêve d’extrême droite, ni même de cauchemar - il y a des fantasmes, une perversion. Il n’y a pas de rêve d’extrême droite comme il n’y a pas de pensée d’extrême droite comme il n’y a pas de vérité d’extrême droite
9. L’offensive réactionnaire et fascistoïde planétaire procède partout et quelles que soient ses nuances et modalités par une attaque perverse à la langue - ça qui fait continuité entre tous ceux qu’on hait à raison, ici et là : ils disent n’importe quoi. Comme s’il s’agissait de travailler l’élasticité maximale à l’égard du vrai ou de son éthique. Pas par hasard qu’ils tiennent comme à un os à ce qu’ils nomment liberté d’expression. Dont ils ont fait, en pervers chevronnés, un droit de s’en prendre aux mots mêmes. Comme s’ils ne voulaient rien dire
10. La trahison du rêve d’égalité par le devenir bourgeois du citoyen révolutionnaire avait transformé le rêve en slogan publicitaire et le monde en organisation psychotique qui ne sait plus parler que tohu bohu. La langue sociale-démocrate a fini par s’y fracasser et le bout de nos crédulités avec, ouf
11. Il n’empêche : le monde est toujours macro-configuré par une privatisation de la langue faite arme de guerre (commerciale, idéologique). Publicité n’est plus la possibilité de rendre public ce qui mérite de l’être mais le permis de dire n’importe quoi en vue du profit (capitaliste et de commandement, c’est pareil), qui est le ressort de la langue tohu bohu
12. Urgence donc à remettre les mots à l’endroit. À chercher la parole droite, celle que tout le monde peut vouloir entendre. Comme le rêve, tiens
13. En disant Eichmann ne pense pas Arendt n’est venue à bout de rien mais elle a sauvé la pensée
14. Penser dit Arendt, n’est pas une forme vide sans visée éthique. Penser c’est travailler en vue du sens. Qu’il ne s’agit pas de délester d’une partie de son sens pour en faire une nouvelle forme vide. Si sens n’a pas de sens alors. Dans sens il y a direction. Sans direction sens se fait explication - les formes vides n’engendrant que de nouvelles formes vides. Sans direction sens perd sa vastitude, ce qu’il veut dire
15. Un mot n’a pas plusieurs sens comme si on pouvait choisir. Un mot vient avec tous ses sens même si on l’en croit amputé. Quand on s’en prend à sens on s’en prend au sens. Qui, c’est bien fait, va dans le bon sens
16. La prééminence de la dénotation est une fixation qui ravage le sens, mot épinglé comme papillon embaumé dans le dictionnaire. On a fantasmé leur lettre morte pour pouvoir les scruter comme on dissèque, mais ce n’est pas à cette échelle là que les mots parlent, qu’ils disent ce qu’ils veulent dire
17. Tous les énoncés, sauf sur le marché publicitaire, ne se valent pas. Non du point de vue d’une vérité exclusive qui se fantasmerait ontologiquement fondée. Le sens aujourd’hui se sait pluriel, vivant, à tel point que : horizon asymptotique toujours différé. Si la vérité n’est plus à établir elle n’en devient pas pour autant relative. Au contraire : c’est de l’éthique qu’elle relève et avec elle toute parole
18. En refusant que penser se conjugue à Eichmann, Arendt a pris penser en garde. Il ne s’agissait pas pour elle de dresser un diagnostic mais de nous offrir à jamais une issue au désastre : il nous reste à penser. Ou à penser mieux. Ou à penser encore, et plus. Activement. Tout le temps. Avec urgence ajoute Anders, et peu importe ceux qui se soucient d’Aristote plus que d’Hiroshima après Auschwitz
19. A l’opposé du pseudo-désintéressement - penser devient une urgence vitale. A mettre en oeuvre quelque part entre l’action et la langue, la langue faite action et l’action faite langue, toutes deux en vue du bien. Seul le bien est radical dit Arendt, et il demande du travail
20. Arendt a choisi de renoncer à la philosophie. Parce que les philosophes avaient choisi de renoncer à la politique. C’est à dire : à la direction (aussi commune que le sens), qui (sauf dans la langue privatisée) n’est pas prise du pouvoir mais vecteur au possible
21. Si l’éthique ne peut pas se démontrer c’est la démonstration qui se périme, pas l’éthique - a suggéré Lacoue Labarthe
22. Avoir raison : dit bien l’ambition de celle là. Mue par un élan plus agonistique que réparateur. Ne se veut qu’au singulier, impérative, totalitaire. Jusque là : avoir raison de
23. Le possible éthique dit Spinoza, c’est la vie bonne pour tous ensemble
24. Pouvoir et puissance ont aliéné le radical possible qu’ils retiennent captif
25. On n’est pas - on vit, on peut
26. Le possible connaît son coeur - le possible du possible, le possible que le possible veut en propre
27. Spinoza qui avait à s’adresser à un monde féru de démonstrations et peu disposé à l’entendre a voulu démontrer que le possible du possible c’est la vie bonne pour tous ensemble. S’il a repris l’ontologie c’est pour la mener à l’éthique (la fondre dans)
28. Reprendre à zéro. En tête, à l’entame. Rien, puis quelque chose. Quelque chose vit. Ça part de là. On part tous de là. On aurait peut-être pu ne pas
29. Voir en pleins plutôt qu’en creux. Le verre à moitié. Aimer vivre plutôt que déplorer qu’on y meurt, ça vient avec - chercher l’accord avec notre condition
30. Fonder ontologiquement l’éthique c’est dire : on peut rejoindre notre condition. On peut prendre ensemble le sens d’ensemble. Le rêve n’est ni folie ni niaiserie molle, il est tentative de se retrouver, de faire corps, de s’accorder
31. La pluralité dit Arendt, est notre condition. On vient au monde parmi les autres. Après les autres et avant d’autres
32. Contre le ressentiment nihiliste qui va jusqu’à s’en prendre à notre condition, Arendt en appelle politiquement à la reconnaissance à l’égard de la vie, qui nous est commune et au delà de nous
33. S’en prendre à une vie c’est s’en prendre à la vie. La destruction est toujours aussi autodestruction. Je est emporté avec. La terre est en train de nous faire la démonstration qu’on réclame
34. Le communisme est le rêve est le possible est l’humanité accordée réconciliée avec la vie
35. Communisme fait rêver bien sûr. Avec amour, il est l’autre nom du rêve
36. Badiou préfère parler d’hypothèse que de rêve. Si Badiou nous a légué quelque chose ce n’est pas son goût inconséquent pour le nom France mais ça : il a repêché l’hypothèse communiste, il a extirpé le nom communisme de la gangue ravageuse dans laquelle les hommes l’avait fourré
37. Le processus est en cours. Libérer un nom - c’est long. Et celui là est désirable et agissant comme aucun, il a donc eu son lot de prédateurs et de jaloux saboteurs aux yeux de crocodiles. Libérer un nom, réapprendre à l’entendre et pour ça le laisser s’ébrouer, devenir, féconder, tisser alliances et affinités. Le laisser guider. Lui faire confiance. Il a tant été tenu à l’oeil : lui lâcher la bride, qu’il s’aventure et comme une taupe creuse tunnel pour entamer le mur qui barre le sens. Ne pas être tenté de le réencager. Le communisme de parti est une relique brinquebalante, pas une actualité
38. L’actualité du communisme est vivace, foisonnante, explosive, multiforme, à la fois discrète et pas
39. Pour le voir il faut envisager le communisme du point de vue du communisme, et non depuis la langue tordue de ceux qui veulent en avoir raison
40. Le communisme pas plus que le rêve ou le possible n’est jaloux de son nom. Il ne se fétichise pas - il ne fait propriété de rien. Ainsi il peut se glisser, s’entendre et se reconnaître à d’autres
41. Communisme et anarchie par exemple ont fait leur coming out on sait maintenant qu’ils marchent ensemble. Qu’ils disent ce qu’ils veulent dire quand ils se font mutuellement place - quand ils s’accordent
42. Pas pour aller roucouler tous les deux : ils sont ouverts par nature, toujours à l’affût des alliances justes. Avec la terre, la vie, le temps, les corps dont ils se savent les fruits en langue. Avec autonomie, lieu, histoire. Avec hospitalité. Avec démocratie. Avec déconstruction. Avec assemblée. Depuis 2016-2019 tout le monde ici ou presque sait prendre part à une assemblée. Ici et pas qu’ici. A entrevu la possibilité d’une démocratie réelle. Tout le monde (notre monde, celui qui prend part aux assemblées à l’air libre parce qu’il les espère sans nombre) sait que le corps de l’autre est foutu à peu près comme le sien. Et à défaut, qu’il a commencé son histoire lui aussi dans la chair chaude et sans manque au creux de quelqu’une. L’universel n’est pas qu’un mot, il le sait
43. Communisme qui est le nom du rêve a aussi poussé contre, comme toute création. Patrie (le pays des pères) est le nom publicitaire contre lequel s’est levé le communisme parce qu’il (patrie) fétichise (hypostasie) ce qui ferait distinction, au lieu vouloir ce qui est commun(e). Pour ceux qui ne l’avaient pas compris ça devrait aujourd’hui être clair. On en est là : c’est l’état qu’il s’agit de mettre en question. On n’a plus le temps de s’occuper de patrie qui est périmé depuis longtemps. Il devrait se savoir irrecevable et ne plus oser comparaître. Les frontières n’appartiennent qu’à l’histoire des vainqueurs. C’est celle des vaincus qu’on veut reprendre
44. Godard qui ne craignait pas les accents messianiques disait la joie de savoir qu’à tout instant un film est projeté quelque part. Notre devoir est que le bruit du projecteur ne s’arrête jamais. Depuis deux siècles et demi - pour faire court - ça frémit ça bouillonne toujours à un coin du monde ou à un autre, ça crépite en échos et répliques qui contre-maillent la surface du globe
45. Le communisme veut le communisme. Il ne se contemple pas au miroir abject que lui tend l’ennemi. Il ne se laisse pas prendre à la faille narcissique qu’induit la domination. Il a confiance en lui. Parce qu’il sait qu’il a de quoi. Il est l’issue, il le sait. Il connaît son histoire. Celle de ses tentatives et percées, celle de ses accomplissements, celle de sa langue qui ne cesse d’apprendre à se parler encore, d’apprendre à se parler mieux. Il est optimiste de nature. Il ne se pense pas depuis la défaite (les affects tristes), mais en vue du possible
46. C’est cette disposition qui le tient prêt à repérer la moindre étincelle de possible pour actualiser le rêve et faire pousser son histoire
47. Prêt à repérer aussi les plus manifestes ouvertures. Il sait ainsi que l’impérialisme a fabriqué malgré lui le contre-poison (le pharmakon de Stiegler). L’internationale est aujourd’hui bien plus à portée qu’à l’époque de Marx. Des humains se lient, circulent, vivent des expériences similaires, parlent la même langue. Ils peuvent échanger sans délai. De partout à partout. Il sait, le communisme, que l’universel aujourd’hui est en mesure de se penser à l’échelle qu’il demande. Ça ne l’étonne pas : il sait que l’histoire, quoi qu’en disent les réactionnaires armés, est de son côté
48. Badiou est universaliste et il aime la France. Il déteste et méprise tout particularisme mais français ne serait pas un particularisme puisque France est un signifiant universaliste nous dit Badiou. C’est que Badiou est né en France au coeur même d’elle, fils de notables universalistes. Il prend donc son histoire pour l’universel. Et en passant il jette le bébé histoire avec l’eau des particularismes. Mon père qui est né la même année que Badiou et était aussi communiste d’une vie a dû penser son histoire : elle ne se fondait pas délicieusement dans l’universel. Il avait à porter des corps ravagés et des corps incendiés. Il a fini anarchiste tendance poète
49. On appartient tous à un (plusieurs même) groupe minoritaire : c’est l’échelle à laquelle nous existons, parce que l’universel c’est un peu grand. On habite quelque part. On parle une langue ou plusieurs. On est malades comme d’autres, on souffre comme d’autres, nos désirs se ressemblent. L’expérience minoritaire est notre joyeuse condition. C’est l’autre nom de la pluralité. On n’est jamais qu’un lieu du monde, à nous d’entendre en quoi il s’y joue
50. La France était jusqu’au début du XXe siècle le pays d’Europe où étaient parlées le plus grands nombres de langues et dialectes
51. Nos histoires sont toutes marquées par l’exil d’une façon ou d’une autre
52. Le communisme connaît son histoire. Il sait qu’avant de se retrouver captif de la langue totalitaire il avait eu le temps de penser dans une autre langue
53. Le bund est le premier parti ouvrier russe. C’est lui qui a appelé à la création d’un parti de tous les travailleurs. Qui mènera moins de dix ans après à la première révolution du nouveau siècle
54. Le bund rêvait d’un parti-fédération. Il tenait à disposition une langue qui savait parler l’universel et le propre à la fois. Il ouvrait la possibilité d’une langue commune qui ne vienne pas en offensive au propre ni au singulier mais adossée à lui, tout contre lui. Dont elle voulait au contraire comme on veut d’un allié, d’une condition de possibilité. La proposition du bund était celle là : depuis le réel de nos existences minoritaires, locales, ancrées en langue et en histoire, depuis le réel de nos existences en groupes, nous pouvons travailler au rêve ensemble. Qui ne demande pas sacrifice, sinon quel rêve ce serait ? Il ne demande pas de renoncer à soi et à ce qu’on veut nommer les siens. Mais de mettre en oeuvre le rêve avec eux, depuis notre savoir collectif propre
55. Ils n’ont pas été exterminés pour rien. Ou parce que les européens suprémacistes auraient une tendance naturelle au préjugé de race. Attention à ne pas penser le racisme dans les termes du racisme. Il y a toujours un minerais ou un gisement à accaparer, derrière l’attaque à mort
56. En 1939 en Pologne : triomphe électoral du bund et de ses alliés
57. La pensée, le rêve, le communisme, la langue, la terre, le ventre qui est le lieu de l’universel : nos trésors à choyer
58. Pour ça : déclarer définitivement caduque l’arnaque sociale démocrate. Fini le beurre et l’argent du. Porte ton choix si les couilles t’intéressent encore. Cesser en tous cas de faire mine de croire que la consistance européenne ne puise pas comme un vampire aux corps qui meurent en mer. Nos corps puisent à ceux là leur consistance. Ne plus s’abriter derrière la langue torve. Travailler à rendre sens aux mots. Egalité, fraternité : la question est là
59. S’en remettre aux bons soins de quelques filles pirates pour nous racheter collectivement : c’est un peu court, même si chez toi ce n’est pas très grand et que tu n’as pas le temps
60. La force l’emporte, par définition. La seule issue à elle : le nombre et le lien, qu’elle tombe caduque de la force de nos liens
61. Le communisme veut qu’on pense tous. Il a confiance en la pensée, et en tous
62. A travers la planète qui hurle c’est l’universel qui se manifeste, appelle
63. Il fallait se méfier de l’amitié Terre-Mère, ce mariage mystique, charnel, du groupe et du cosmos. Le sacrifice avait servi de moyen terme entre la création et moi – je retrouvais non plus les origines, mais l’Origine. C’est que le corps pour nous n’est pas opposé à ce que vous appelez l’esprit. Nous sommes dans le monde. J’épouse le monde je suis le monde. Le Blanc veut le monde ; il le veut pour lui tout seul. Il s’établit entre le monde et lui un rapport appropriatif. Il l’asservit, se découvre le maître prédestiné de ce monde. Mais il existe des valeurs qui ne s’accommodent qu’à ma sauce. En magicien, je vole au Blanc « un certain monde » perdu pour lui et les siens. C’est que, au-dessus du monde objectif des terres, j’avais délicatement institué le véritable monde. L’essence du monde était mon bien. Entre le monde et moi s’établissait un rapport de co-existence. J’avais retrouvé l’Un primordial. Le Blanc eut l’impression pénible que je lui échappais, et que j’emmenais quelque chose avec moi. Il me fouilla les poches. Passa la sonde dans la moins dessinée de mes circonvolutions. Partout, c’était du connu. Or, c’était évident, je possédais un secret a écrit Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs paru en 1952
64. Tabler sur la contagion du rêve comme sur celle des désirs. Prendre part à la création continue, où qu’on soit. Lui faire confiance : de son point de vue, le rêve est en chemin
Natacha Samuel
Ce texte puise son lexique et certaines de ses phrases à un livre en cours d’écriture.