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#322 | 17 janvier
 
 
 
Effondrement, résistance et solidarité au Liban
 

Entretien avec Serge Harfouche et Jean Kassir [1/2]



Que se passe-t-il au Liban ? Depuis le soulèvement de masse de 2019, depuis l’explosion de Beyrouth en 2020, depuis la contre-insurrection et la terrible « guerre économique » ? Nous publions cette semaine le premier volet d’un long et passionnant entretien croisé avec Jean Kassir, activiste et co-fondateur du média indépendant Megaphone basé à Beyrouth et Serge Harfouch, lui aussi activiste et co-fondateur de la ferme-école Buzuruna Juzuruna au cœur de la vallée de Bekka.

 
 
 
 
 
Afropessimisme, fin du monde et communisme noir
 

Rencontre avec Norman Ajari
[lundisoir]



Dans son poème The second coming, William B. Yeats décrit la fin de notre temps. Le faucon n’entend plus le fauconnier, le centre ne tient plus, tout se disloque. La vague teintée de sang se répand et partout, la cérémonie de l’innocence se noie. Les meilleurs ne croient plus en rien, pendant que les pires se gonflent de l’ardeur des passions mauvaises. Norman Ajari n’est pas poète, il est philosophe, mais il parle dans le fond de la même chose que Yeats. Les polémiques suscitées avec beaucoup d’entrain par la réaction française autour du « wokisme », de la pensée « décoloniale » et de « l’indigénisme » sont généralement considérées pour ce qu’elles sont : des démonstrations de bêtise un peu gênantes qui font néanmoins et efficacement office de diversion politique autant que de passerelle vers l’électorat faisandé de l’extrême droite. Mais elles ne sont peut-être pas que cela. Il faut concéder une intuition juste aux réactionnaires : leur monde s’échappe, le centre ne tient plus et tout le petit cirque de l’innocence touche à sa fin. À la suite de La dignité ou la mort (La Découverte), Norman Ajari vient de publier Noirceur (Divergences), livre dans lequel il se fait le passeur d’un courant de pensée et des débats qui l’animent : l’afropessimisme. Essentiellement présente aux États-Unis et encore très peu traduite en français, cette « pensée » est peut-être d’abord une stratégie : ne rien attendre. Parce que la dette de l’esclavage et de ce qui en perdure est inexpugnable, parce que la civilisation ne sera jamais autre chose que sa domination propre, ne plus y croire, sauf à sa fin. Noirceur tente de tracer une ligne, du refus de l’intégration et de la reconnaissance identitaire, fonder l’autonomie et viser le communisme. De l’un à l’autre un seul obstacle : le monde tel qu’il s’effondre. C’est ce dont nous discutons ce lundisoir.

 
 
 
 
 
Ômicro-onde
 

Leïla Chaix



J’ai le Covid, le Omicron, et E.Macron vient d’annoncer « j’veux pas emmerder les français, mais les non-vacciné.es ça par contre oui, je compte bien les emmerder ». Comme si les non-vax n’étaient pas : de vrai.e.s français.es. Comme si Marcon réinventait une sorte de fléodéchéance de néonationalité. L’état d’urgence sanitaire est prolongé, infinié ; des décrets passent sans être votés, les députés s’entr’égosillent, sont épuisé.es, freinent (pour certain.es) des quatre fers pour dire non au passe vaccinal, apogée du tri sélectif anti-social, idéal pour la division, divine vision restocratique.

 
 
 
 
 
Nouvelles du notoire et autres éminences…
 

Patricia Farazzi



Un quotidien notoire du soir, présumé de centre-gauche, si cela signifie encore quelque chose, ce dont je doute, rapporte les paroles d’une éminente sociologue spécialisée dans l’art, et l’on sait que dans l’art, désormais, depuis que le commerce du luxe l’a mis en vitrine, tout est bon comme dans le cochon. Voici donc ce que l’éminente et gente dame surdiplômée et percevant comme un gallois les subsides de plusieurs institutions publiques et gouvernementales, dit en plein colloque à la Sorbonne, un week-end d’hiver et devant un parterre d’autres spécialistes et de non-spécialistes ou spécialisés hors université ou en voie de spécialisation, voici donc ce qu’elle demande aux hautes instances des institutions universitaires : « Un meilleur contrôle scientifique des productions fortement politisées pour qu’un enseignant ne puisse proférer que la Terre est plate ou qu’il existe un racisme d’État ». Elle ajoute que « l’arène académique devrait rester imperméable à la société civile » et qu’il faut « s’abstenir d’inviter des professionnels, des militants, des artistes dans les cours et séminaires universitaires », en vue de les « protéger de l’envahissement idéologique ».

 
 
 
 
 
À quoi comparer cela ?
 

Réflexions sur la démence du monde
Stéphane Zagdanski



À partir d’une lettre ouverte de Mehdi Belhaj Kacem datée du 3 novembre dernier et de quelques réactions qu’elle a suscitée, Stéphane Zagdanski revient sur la situation actuelle en essayant de comprendre les causes de la folie qui s’empare d’individus comme elle s’empare du monde entier. Avec une intuition : "Il y a bien une entité qui prolifère et varie sans cesse depuis déjà longtemps, une entité qui traverse les frontières les mieux gardées, n’épargne personne, se modifie en permanence par mutations délétères, et dont l’influence virale n’est plus à démontrer...Retour ligne automatique
Cettte entité n’est pas le covid : c’est la cybernétique."

 
 
 
 
 
Les soulèvements de la mer
 

Brest, 4-5-6 février : Face au One Ocean summit



Les lectrices et lecteurs de lundimatin connaissent déjà la campagne des soulèvements de la terre et ses actions que nous couvrons régulièrement. Voici maintenant les soulèvements de la mer dont l’acte inaugural se tiendra à Brest du 4 au 6 février prochain. Nous en publions ici la présentation et le programme.

 
 
 
 
 
Le tournant néocolonial de l’anthropologie
 

Les Yuqui d’Amazonie : un cas d’école
Ivan Segré



« Nous sommes tous des Yuqui ». C’est apparemment le mot d’ordre d’Ivan Segré dans l’article qu’il consacre à ce qu’il qualifie de tournant néocolonial de l’anthropologie contemporaine. Pour celles et ceux qui auraient raté les épisodes précédents, ce débat s’est engagé à partir d’une recension d’Ivan Segré du recueil « Les mondes de l’esclavage » publié récemment au Seuil, réflexions auxquelles a répondu l’anthropologue Philippe Erikson. Ni une, ni deux, Ivan Segré s’est fendu d’un cours élémentaire d’anthropologie auquel David Jabin et Philippe Erikson ont à leur tour répondu. Nous en sommes donc à la réponse de la réponse à la réponse de la réponse... Si l’on peut craindre une épidémie de torticolis parmi nos lectrices et lecteurs les plus assidus, le débat se poursuit avec un sérieux et une documentation très riche qui a le grand mérite de permettre d’entrer à pieds joins dans les problématiques anthropologiques. Au reste, que cette science souvent considérée comme subalterne et gentiment exotique se retrouve chargée des enjeux politiques contemporains ne peut que nous réjouir.

 
 
 
 
 
Liquider l’or
 

Victor Taranne



Liquider l’Or nous raconte ce qui se passe « ailleurs » mais nous arrive partout. Vouloir jeter des pierres sur son patron, dégueuler dans un sac et sur ses propres pompes, marcher dans la boue, fréquenter le vide, rencontrer des gens. Et bouffer du mercure.
C’est le premier roman de Victor Taranne que nous connaissions jusqu’à présent sous une autre appellation dans les pages de lundimatin. Il a paru en octobre aux éditions Dynastes et nous vous le recommandons tellement qu’en voici les bonnes feuilles.

 
 
 
 
 
Contre-pouvoirs habitants en Métropole
 

G.R.A.P.E.
[Podcast]



Le 23 janvier 2021 à la Parole Errante à Montreuil, une centaine de personnes sont venues regarder La Bataille de la Plaine (film de Primitivi), écouter et prendre part à la table ronde qui s’en est suivie (sur les luttes urbaines et la métropole), puis boire un verre et discuter avec des ami.e.s, des inconnu.e.s. Cela, en plein couvre-feu.

Ce reportage est une archive sonore de ce rassemblement organisé par le GRAPE [1], et des débats qui s’y sont tenus.

 
 
 
 
 
Une audience de justice vaut bien dix cours de philo
 

Au procès du 13 novembre avec des lycéens



Une poignée de lycéens est agglutinée aux premiers rangs de la 23e Chambre du Palais de justice de l’Ile de la Cité. De quelques têtes dégringolent de longs cheveux blonds, bruns, bouclés que les doigts de camarades tressent sous le regard bienveillant de leur prof de philosophie. Dans un silence quasi cérémoniel les auditeurs attendent le début de l’audience. À ras du plafond, entre les boiseries, de hautes fenêtres font tomber en plaque diffuse, la lumière d’un soleil d’hiver. Nous sommes le 15 décembre. Il est 13H32.

 
 
 
 
 
Payer le mal à tempérament (sur Sade et Fourier)
 

Simone Debout
[Note de lecture]



Simone Debout, née Devouassoux en mai 1919 à Paris, avait choisi ce pseudo pendant la Résistance. Elle le porta fièrement jusqu’à sa mort en 2020, toujours à Paris. Oui, à 101 ans. Qui en douterait pourra toujours aller la voir ou l’entendre dans des entretiens consacrés à Charles Fourier dont elle fut l’impeccable exégète [2] et, en quelque sorte, la porte-parole, puisqu’elle exhuma des manuscrits avant elle inédits du « rêveur sublime », entretiens datant respectivement de 2017 (elle n’avait alors « que » 98 ans) sur France Culture et de 2019 (100 tout rond) avec Mediapart et que l’on trouve facilement sur la Toile.

 
 
 
 
 
Appel à dons
 

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2021 touche déjà à sa fin et tout semble indiquer que 2022 aura malheureusement bien lieu.
Les temps sont mauvais, la bêtise règne. En surface à tout le moins. Il nous faut trancher dans la confusion, produire de l’intelligence commune et tracer des chemins. C’est en tous cas le pari de cette étrange machine collective qu’est lundimatin. De moins en moins sidérant, le désastre s’épuise, pas nous.

 
 
 
 
 
 
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