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#313 | 15 novembre
 
 
 
Passe Sanitaire, conspirationnisme et luttes sociales
 

Dans le miroir italien
Un entretien avec Wu Ming



Les lecteurs de Lundimatin connaissent déjà Wu Ming [1], auteur collectif (actuellement ils sont trois) bolognais, qui publie des récits et des essais et mènent une intense activité politico-culturelle, notamment à travers leur blog. Sur ce dernier est paru le récit d’un des acteurs du mouvement collectif anti-pass de Trieste, dont on lira par ailleurs le premier épisode, parfaitement complémentaire de cette interview. Outre qu’ils nous renseignent sur l’état des luttes outre-alpines, les réflexions des camarades italiens nous fournissent d’excellents points d’appui pour une réflexion que nous comptons livrer bientôt, en revenant sur la crise sanitaire, qui fut une occasion rêvée pour les chefs du monde, confrontés aux soulèvements de la dernière décennie, de se doter de toujours davantage de moyens de contrôler des populations. Force est de constater que, pour l’instant, après l’urgence antiterroriste, l’urgence sanitaire, nouveau visage de la politique de la peur, leur a plutôt bien réussi. Mais comme l’Italie l’a depuis longtemps expérimenté, Arx tarpeia Capitoli proxima. Ce qui, pour nos jeunes lecteurs privés de références classiques, peut se traduire par : « L’Elysée triomphant n’est jamais loin du Fouquet’s en flammes ».

S.Q.

 
 
 
 
 
Jours étranges à Trieste contre le pass sanitaire
 

Récit d’une lutte étonnante. Premier épisode
Andrea Olivieri



Trieste est une ville mal connue, y compris en Italie. Elle a du sa fortune au fait d’avoir été le port principal de l’Empire austro-hongrois. Devenue italienne, elle se trouva condamnée à végéter, à la marge de l’Italie, jusqu’à ce que l’unification européenne en fasse une desserte de la mittel Europa, laquelle commence à quelques kms de là avec la Slovénie…

Une ruse de l’histoire aura voulu que dans cette ville à part ait surgi la protestation à ce jour la plus avancée contre le pass sanitaire, à l’initiative d’un collectif autonome de dockers.

 
 
 
 
 
Quand l’humain rêve d’IA
 

« La question de l’IA s’incarne par la fonction recherche qui s’installe dans nos têtes à force d’utiliser google »
Rubrique cyber-philo-technique



Pour le cinquième épisode de notre rubrique cyber—philosophique, voici une réflexion sur le lien entre humanisme et intelligence artificielle. Derrière les promesses ou les menaces d’intelligences sur-humaines tantôt bienveillantes (le Watson d’IBM), tantôt hostiles (Terminator), le texte propose d’envisager les effets présents et concrets des technologies numériques. Et de fait, les drônes tuent, les algorithmes mettent au travail et google imprègne nos modes d’existence toujours plus profondément.

 
 
 
 
 
Mèmes sans fin [1/2]
 

Adrian Wohlleben



Ce qui compte, ce n’est plus l’énoncé du vent, c’est le vent.
Georges Bataille

La révolte contre le pouvoir policier au lendemain du meurtre de George Floyd constitue l’horizon infranchissable de notre temps. Les limites auxquelles elle s’est heurtée définissent aujourd’hui nos possibilités politiques et vitales. Les réflexions que nous livrons ici se proposent de revenir sur une partie de ces écueils. Elles viennent de notes griffonnées à la volée, de conversations entre amis déclenchées par les feux et la fumée d’un long, hot summer [2].

 
 
 
 
 
❤️Trans power / Mon corps mon choix
 

Réflexions sur les machines à faire taire en psychanalyse et ailleurs
Silvia Lippi & Patrice Maniglier



Le 20 septembre 2021 paraissait, dans la revue Lundimatin, un article de l’une d’entre nous, Silvia Lippi, intitulé « Le corps DIY (do-it-yourself) : symptôme et bricolage dans les expériences trans » [3]. Comme il est d’usage dans la revue, le texte était accompagné d’images qui illustrent le propos de l’article. L’une d’entre elles est une photo prise pendant la manifestation du 1er mai 2021, qui représente une affiche publicitaire du dernier livre d’Elisabeth Roudinesco, Soi-même comme un roi. Essai sur les dérives identitaires, couverte d’un tag, « ❤️ Trans power », écrit au feutre noir léger sur l’image du livre, ainsi que de deux affichettes collées sur le visage d’Elisabeth Roudinesco, portant l’inscription du fameux slogan féministe « Mon corps mon choix ». La reproduction de cette image a indigné non seulement l’auteure de Soi-même comme un roi, mais aussi les organisateurs du colloque Sexualité(s), qui aura lieu les 20 et 21 novembre prochain à Paris, sous le patronage de deux associations psychanalytiques, « Psychanalyse en extension » et « Espace analytique », et du laboratoire CRPMS de l’Université de Paris 7. L’organisateur principal de ce colloque, Pierre Marie, a ainsi informé Silvia Lippi qu’elle était déprogrammée, car selon lui la photo qui accompagne l’article est une attaque « à l’image et au nom » d’Elisabeth Roudinesco qu’elle a sciemment relayée, attaque qu’il se croit en devoir de sanctionner en ne la laissant pas parler lors du congrès.

 
 
 
 
 
Le 17 octobre 1961 : 60 ans après, un crime d’Etat toujours inavouable
 

Fabrice Riceputi



L’Elysée l’avait annoncé, un « acte symbolique » serait fait à l’occasion du 60e anniversaire du 17 octobre 1961. Il se produisit le 16 octobre : le président Macron se rendit en compagnie d’un petit groupe d’officiels et d’invités au Pont de Bezons, près de Nanterre, et y accomplit une courte cérémonie durant laquelle il déposa une gerbe et observa, seul face à la Seine, une minute de silence.

 
 
 
 
 
Quelques réflexions à l’adresse du milieu de la musique indépendante, et des autres
 

« Le "mal" pourrait bien n’être au fond qu’une absence d’actions de bien, comme le silence est absence de son – ou l’obscurité, absence de lumière. »



La vague #metoo poursuit son cours. Et pas un milieu, évidemment, n’échappera à cette mise à l’amende inédite. Nous avons reçu cette adresse au milieu de la musique indépendante, il y est question de silence, de complicité, de parole et de salut. Si nous ne sommes pas convaincus par l’injonction finale à l’humanisme et à la lecture, — ce qu’il nous manque ce n’est pas d’accumuler du savoir mais de produire et déceler les bifurcations intimes et collectives capables de défaire l’éternel retour des violences sexuelles —, la finesse et la justesse du propos lui donne une force et une urgence évidentes.

 
 
 
 
 
La Cybernétique à l’assaut de l’Homme
 

Stéphane Zagdanski



Ce texte, remanié pour lundimatin, est tiré de la séance 33 du Séminaire La Gestion Génocidaire du Globe, intitulée « Les animaux malades de la Cybernétique » et animé par Stéphane Zagdanski. Il revient sur l’opposition entre l’animal et la raison qui fait de l’homme un animal rationnel depuis Descartes afin d’expliquer l’origine de la cybernétique au sein des conférences Macy (1942-1953) comme une tentative d’en finir avec la part animale pour tout résoudre dans la raison. Il présente au passage la bande de savants fous responsables du mouvement cybernétique (Wiener, Von Neuman, McCulloch, etc) et leurs descendants plus ou moins lointains (Minsky).

 
 
 
 
 
Coups de grâces
 

Du pouvoir symbolique II : appropriations et Destitutions esthétiques



Vous êtes-vous déjà demandé
pourquoi on peut regarder dans les yeux la nuit et non le soleil ?
Chiara Merlo, Coup de grâce, 2016

« Est-il déjà possible de transformer nos énergies en natures mortes ? » demande Samuel Belfond à Anne Imhof suite à sa session de performances à tendance blockbusterdans une institution parisienne : une question sensible à chaud d’il y a déjà une semaine ou deux, soit une éternité pour les temps consommés de nos attentions évènementielles. Un fil brûlant dont les cendres rejoignent avec latence et patience ici les reflets d’eaux politiques glaciales des structures d’influences culturelles et artistiques, de leurs instrumentalisations historiques incessantes et de leurs retournements narcissiques actuels.

 
 
 
 
 
Sur la valeur-travail et le travail comme valeur
 

[Temps critiques]



Partant du récent discours de Macron et de ses propos sur la valeur-travail, nos amis de Temps Critiques s’intéressent aux mouvements récents comme la « grande démission » observée aux États-Unis (voir l’article de Charles Reeve sur lundimatin à ce sujet) et dont ils doutent qu’elle puisse être envisagée comme un réel mouvement contre le travail en général. L’épuisement d’une critique radicale du travail serait à trouver dans la difficulté « d’objectiver les luttes », difficulté qui vient elle-même de la fin de la centralité du travail dans la création de la valeur. L’expérience négative du travail, majoritaire aujourd’hui, incite à se penser d’abord comme individu et non plus comme prolétaire.

 
 
 
 
 
Parole d’un lieu
 

Fred Bozzi



Depuis le confinement et l’exode civil de 2020, en Bretagne comme ailleurs, la nature a été prise d’assaut. Alertés sur les conséquences écologiques de ce regain de verdure, inquiétés même par une surfréquentation des sites, les élus du pays de Saint-Brieuc ont amorcé une réflexion sur l’avenir des vallées qui dessinent le territoire, en particulier celle des mystiques Chaos du Gouët. La presse en fait large écho, et met déjà en scène les préconisations d’un architecte. Quelque chose se trame, et le lieu s’interroge…

 
 
 
 
 
Made in France
 

Julien Tribotté



« Il y a des folies qui se prennent comme les maladies contagieuses. »
Maximes, La Rochefoucauld.

Furies de sang sur les épaules des agneaux
des marchés nationaux remplis de fruits légumes et autres aliments pourrissant
non pas tant sur les étals que dans les encéphales
la viande qui pense y est couverte de mouches
des larves dans les pores explorent les sillons
une odeur de décomposition s’installe dans les narines
la bile remonte à la bouche
l’envie de déglutir

 
 
 
 
 
Réflexions sur « Les Mondes de l’esclavage »
 

1re partie : Splendeurs d’une histoire comparée
Ivan Segré



Ivan Segré rend compte pour LM d’une importante somme sur l’esclavage parue en septembre dernier aux éditions du Seuil. Rendant hommage à un livre de plus d’un millier de pages associant les contributions de plusieurs dizaines d’historiens, il en discute néanmoins certains contenus. Ses notes de lecture, développées, sont divisées en trois parties. Voici la première partie.

 
 
 
 
 
« Un peuple n’a qu’un ennemi dangereux, c’est son gouvernement »
 

Arnaud Maïsetti, Saint-Just & des poussières
[Note de lecture]



Élu, à l’âge de 25 ans, à la Convention nationale, à l’été 1792, le parcours de Louis Antoine de Saint-Just, le plus jeune député, est fulgurant. Non seulement par sa brièveté – il sera guillotiné moins de deux ans plus tard avec Robespierre –, mais aussi par sa radicalité. D’emblée, alors que l’assemblée use de tours et de détours sans oser poser frontalement la question de la possibilité de juger la personne royale (et sacrée), Saint-Just se distingue, fait entendre une voix inédite : « je dis que le roi doit être jugé en ennemi, que nous avons moins à le juger qu’à le combattre ». Et sa conclusion de claquer au vent révolutionnaire, en fixant définitivement l’axe de la discussion : « on ne peut point régner innocemment ».

 
 
 
 
 
 
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