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#277 | 1er mars
 
 
 
Jours Gras aux Antilles françaises
 

« Covid pa ka mofwazé nou an ko vid »



Voir débouler un cortège de milliers de personnes au rythme des tambours, des ti-bois et des chas-chas pour rendre hommage aux ancêtres qui se sont reappropriés une tradition religieuse coloniale consistant à se préparer à l’abstinence du Carême, pour en faire un moyen d’expression des coutumes africaines de leurs ascendants est une sorte de jaillissement du passé dans le présent d’autant plus impressionnant que le diktat des mesures de distanciation sociale – covid oblige – ressemblent à s’y méprendre à une tentative de museler ces moments de liberté tolérées jadis par les colons et trop souvent considérées comme des pratiques folkloriques festives appréhendée par le touriste sans considérer toute l’intrication historique et culturelle qu’elles portent en elles.
Dans ce reportage en direct de Pointe-à-Pitre, Julien Sartre nous fait saisir combien il est important de se dissocier d’une culture orthonormée, insidieusement instillée sous prétexte de protocoles sanitaires draconiens.

 
 
 
 
 
Étrange période - Un photoreportage dans les bars parisiens
 

« La complaisance n’est plus suffisante, elle n’est plus acceptable : l’heure est au soutien inconditionnel et à l’émeute »



On sait le sort réservé aux bars et restaurants depuis plusieurs mois parce qu’il s’agit de zones à risque du point de vue de l’État et de la pandémie de Covid. On sait aussi les mesures censées les soutenir. Mais tout cela, on le sait en surface, parce que ce sont les mots que l’on entend répétés à longueur de journée. Cet article exprime ce que beaucoup savent d’une autre manière : à travers ce reportage photo autour de quelques bars parisiens, on comprend très sensiblement que c’est une certaine idée de la vie, de la fête et des liens qui a été mis en suspend pour une durée indéterminée. Que le monde des bars et de la nuit soit le nôtre ou non, force est d’admettre qu’il ne s’agit pas de commerces comme les autres. « Chacun est concerné aujourd’hui : personne ne peut nier qu’une tristesse banale s’est immiscée dans notre monde. Et on ne doit pas sous-estimer la tristesse, elle fait des ravages. » Face à cette situation, « La complaisance n’est plus suffisante, elle n’est plus acceptable : l’heure est au soutien inconditionnel et à l’émeute »

 
 
 
 
 
Mais où est passé le téton d’Olivier Véran ?
 

Chronique sur le mystère d’un organe disparu



Ignace Fambeaux, chroniqueur chez nos concurrents de Trou Noir découvre chaque mois le sens de l’univers dans les plus petits détails. Il se penche aujourd’hui sur un fait divers brûlant : la disparition du téton d’un ministre [1].

 
 
 
 
 
« PAN ! PAN ! Les touristes débarquent ! »
 

D-DAY Land in Normandy
Critique d’un grand projet inutile



Un parc d’attraction consacré au jour le plus long, celui du débarquement allié sur les côtes normandes, 600 000 visiteur.se.s par saison, 40 hectares de terres agricoles aménagées et bétonnées, pour la modique somme de 225 millions d’euros. C’est le projet fou qu’aurait pondu Hervé Morin, l’ancien ministre de la Guerre lorsque François Fillon officiait comme premier ministre de Nicolas Sarkozy.
Pour Morin, « On ne peut pas se contenter de faire l’évènement tous les cinq ans. L’objectif est de pouvoir retenir chaque année les touristes quelques jours de plus ». en rejouant le sauvetage du soldat Ryan en permanence au détriment de tout le reste : le ravage des écosystèmes, la précarisation des emplois, la marchandisation de la culture, le développement de la technopolice...

 
 
 
 
 
Radiations, pandémie, insurrection
 

Sabu Kohso



Des villages côtiers emportés par un tsunami, des réacteurs qui crachent des champignons atomiques, des populations déplacées par milliers, un quotidien hanté par la peur du becquerel : voilà ce que fut le désastre nucléaire de Fukushima au Japon, il y a maintenant 10 ans. Radiations et révolution de Sabu Kohso s’intéresse à la portée à la fois nationale, géopolitique et historique de cet événement et replace la catastrophe dans le contexte d’un conflit entre la marche destructrice de l’économie mondiale, et les forces humaines et terrestres qui tentent de survivre et vivre. L’écrivain japonais réussit le tour de force de porter les mémoires de ces « vies-en-lutte », tout en retraçant les dynamiques politiques qui ont lié le destin du pays à l’énergie atomique dans les années d’après-guerre. Selon lui, l’Anthropocène est l’âge de la radiation : radiations nucléaires et irradiation des luttes. Un âge où il ne s’agit plus seulement de savoir Que faire ? mais aussi Comment vivre ?

 
 
 
 
 
Longue vie à la ZAD de Gonesse
 

« Si un quart des marcheurs pour le climat rejoignait la ZAD, on construirait une ville et on ferait plier le projet »



Mardi 23 février, une impressionnante opération de police venait déloger la ZAD du triangle de Gonesse installée sur les terres les plus fertiles d’Ile-de-France mais vouées à être bétonnées. Des habitants reviennent sur l’occupation, l’expulsion et l’inéluctable riposte qu’elle appelle.

 
 
 
 
 
Halimi/Traoré Sur le mélange des genres
 

Ivan Segré



A l’occasion de l’anniversaire de la mort d’Ilan Halimi, assassiné par le « gang des barbares » en 2006, plusieurs rassemblements ont eu lieu en France le dimanche 14 février afin d’honorer sa mémoire, dont deux à Paris.

 
 
 
 
 
L’onde
 

Arcadio Wang



L’Onde est une cité née lors de l’extinction de notre monde et les huit nouvelles qui seront ici publiées racontent les mille ans de son histoire et les menaces qui pèsent sur son modèle égalitaire. Vous retrouverez les Ondins et leurs aventures tous les quinze jours [2].

 
 
 
 
 
PUNK anarchism
 

Éléments de PUNK philosophie
Miettes N°1



Le pouvoir corrompt. Le pouvoir stable, durable, « parfait », supposé apporter « l’harmonie », ce pouvoir fixé transforme la corruption en architecture, pour un despotisme établi.
« La véritable démocratie » ne peut se suffire de se déployer contre l’État, ne saurait se suffire d’être anarchie.
« La véritable démocratie », non seulement doit déconstruire l’État, mais doit déconstruire tout état, toute position de stabilité ou toute institution installée, se prétend-elle « la plus parfaite ».
La véritable démocratie » est l’an-archie, le combat permanent contre toutes les institutions supposées « les meilleures » et posées irrévocables, le combat permanent contre les utopies merveilleuses et supposées éternelles. Y compris « les institutions anarchistes ».
Le seul chemin, pour éviter la dégradation de tout rêve en cauchemar, est d’empêcher tout « arrêt », toute stabilité établie, toute fantasmagorie d’une harmonie réalisable.
Le militant de l’an-archie ou du PUNK anarchisme est celui qui s’engage, sans effroi, dans le mouvement de la destitution des institutions, mouvement qu’il faudra, sans cesse, recommencer, sans halte ni fin.
NO FUTURE : tout Empire harmonieux de mille ans, que l’on tenterait de réaliser, puis de stabiliser, engage sur un chemin de corruption ; tout Empire sera désastré.

 
 
 
 
 
Capital et mode de connaissance scientifique moderne : un imaginaire en partage
 

Carnets de réclusion #5



Dans cet article extrait d’un manuscrit en cours d’écriture, Jean-Marc Royer nous livre sa réflexion sur la façon dont l’Imaginaire occidental s’est structuré autour d’une rationalité calculatrice qui a participé de la cristallisation du mode de connaissance scientifique moderne. Il explique ensuite en quoi cette manière d’appréhender le monde est, à l’instar de la marchandisation du vivant, triplement transgressive et enfin comment ce mode de connaissance scientifique fut mis à la place d’un nouvel avatar du religieux. Il conclue enfin par la nécessité d’analyser l’Imaginaire du Capital pour avoir des chances de le désinstituer un jour, le plus tôt étant le mieux, d’après l’auteur.

 
 
 
 
 
150e anniversaire de la Commune
 

Un appel des Gilets Jaunes de Montreuil
[Vidéo]



1871 - 2021 : c’est le 150e anniversaire de la Commune. Certains veulent la commémorer, d’autre la célébrer. Tout le monde a bien saisi l’enjeu politique.
Comment ne pas laisser le monopole du cœur aux barons du moribond Parti Socialiste qui veulent planter des araucarias, en hommage à la Vierge Rouge, Louise Michel condamnée au bagne en Nouvelle-Calédonie où pousse cet arbre communément nommé – ironie du sort – « désespoir des singes » à cause de ses feuilles en forme d’écailles coriaces ?
Comment faire la nique à certains édiles de droite du Conseil de Paris qui ne veulent surtout pas réveiller un imaginaire révolutionnaire bien confiné et qui ne demande qu’à reprendre de la vigueur après moult couvre-feux ?
Ce collectif de Gilets Jaunes de Montreuil la Rouge a peut-être trouvé, le ton juste ou tout du moins, l’air le plus populaire pour souffler les 150 bougies de cette vieille dame qui n’aspire qu’à une nouvelle jeunesse.

 
 
 
 
 
C’est l’hiver dans le train
 

Mathilde Girard



Il y a toujours des gens pour prendre le train. Même au pire moment de l’histoire du monde, toujours des gens pour prendre le train et partir en vacances.

 
 
 
 
 
Basculements - Mondes émergents, possibles désirables
 

Jérôme Baschet



Dénonçant la notion d’effondrement, qui dépolitise les enjeux en postulant une trajectoire unique et comme jouée d’avance, Jérôme Baschet, enseignant à l’Universidad Autonoma de Chiapas, à San Cristobal de Las Casas, propose celle de « basculements » qui fait place, au contraire, à l’imprévisibilité croissante de notre temps et au rôle central de la mobilisation politique. Alors qu’ « un microscopique fragment de l’à peine-vivant » a provoqué « la paralysie d’une machinerie aussi ample et ramifiée que l’économie mondiale », supposant la reproduction d’autres crises systémiques du capitalisme, il esquisse plusieurs scénarios, dont celui d’une ouverture des possibles qui nous engagerait vers des manières de vivre échappant aux logiques du système-monde capitaliste. [3]

 
 
 
 
 
 
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