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#192 | 20 mai
 

Edition en cours

 
 
Procès France Telecom : coup de pression à la barre
 

« Il n’est pas indifférent que le premier grand procès du management moderne se tienne alors que persiste le mouvement des gilets jaunes, qui en défie le représentant accompli, parvenu à la tête de l’État. »



C’est le premier procès du management moderne. Du 6 mai au au 12 juillet, France Telecom et ses dirigeants de la période 2005-2009 passent devant le juge pour le harcèlement moral de leur propres salariés. Sous couvert de modernisation de l’entreprise, Didier Lombard et son gang s’étaient jurés de faire partir « d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte » 22 000 employés, soit un employé sur cinq, entre 2007 et 2009. Et cela sans les licencier, par la seule grâce de techniques de management aussi innovantes que meurtrières. La mise en place de la « nouvelle organisation » a entraîné des dizaines de suicides, des centaines de dépression et, en effet, plus de 22 000 départs. Tout au long du procès, le syndicat Solidaires, qui est à l’origine de la plainte contre les patrons, publie des compte-rendus d’audience réalisés, jour après jour, par divers intervenants. Voici celui du 6e jour du procès. Ce jour-là, c’est un rescapé de l’antiterrorisme qui avait été sollicité pour retourner au TGI de Paris. Dans l’ambiance inhumainement feutrée de la salle d’audience, c’est à un gros coup de pression qu’il a assisté. La Justice peut-elle quelque chose contre le management ?

 
 
 
 
 
Désordre - Discussion avec Leslie Kaplan
 

« Ça suffit la connerie ! »



Leslie Kaplan vient de publier Désordre aux éditions P.O.L.. C’est un petit comte très drôle, peut-être pas pour les enfants mais en tous cas pour aujourd’hui. Tout commence un printemps, une vague de crimes inédite et a priori incompréhensible se répand sur tout le territoire. Un instituteur étouffe son inspecteur avec l’éponge du tableau, un employé de banque balance un coffre sur la tête de son directeur, un chauffeur de maître envoie le PDG qu’il conduit dans le décor. Des dizaines, puis des centaines, des milliers d’homicides incongrus commis par des assassins qui ne prennent pas la fuite et ne se connaissent pas. Des meurtres sans phrase, sans préméditation, sans explications ou presque ; après avoir poussé un député sous un autobus (il proposait de voter une loi pour recalculer les heures supplémentaires), un fraiseur commente son geste : « Ça suffit la connerie ! ». Les médias, les sociologues, les commentateurs n’y comprennent rien pendant que la population se divise entre celles et ceux qui sont pour ou contre les assassins.

Aussi enthousiaste du Désordre que nous, Nathalie Quintane s’est entretenue avec Leslie Kaplan.

 
 
 
 
 
La part de la plèbe - Alexandre Costanzo
 

Pier Paolo Pasolini, Walter Benjamin, Michel Foucault



Au travers du regard de Pasolini sur Rome et de Benjamin et Lacis sur Naples, A. Costanzo essaye ici de tracer les contours de ce que Michel Foucault appelait la « part de la plèbe » : ce sur quoi le pouvoir s’exerce mais qui n’a de cesse de lui échapper. « Cette part de la plèbe, c’est moins l’extérieur par rapport aux relations de pouvoir, que leur limite, leur envers, leur contre-coup ; c’est ce qui répond à toute avancée du pouvoir par un mouvement pour s’en dégager ; c’est donc ce qui motive tout nouveau développement des réseaux de pouvoir. » (Foucault).

 
 
 
 
 
Introduction au vol par les archives
 

La vie fragile à Nantes pendant le Directoire (1795 – 1799) : le vol comme stratégie de survie, la répression comme guerre sociale ?



Nous reproduisons ici le premier texte du nouveau numéro de la revue Parades intitulé « Introduction au vol par les archives. La vie fragile à Nantes pendant le Directoire (1795 – 1799) : le vol comme stratégie de survie, la répression comme guerre sociale ? ». Le numéro en entier sortira la semaine prochaine dans le cadre d’un cycle de discussion et de réflexion sur la politique du soin, la psychiatrie et ses alternatives qui se tiendra à La Dérive, à Nantes. Intitulé « Truander le réel », il est question dans ce numéro de légalité, de vols, de masques, de folie, des différentes manières de prendre soin et du rapport à adopter avec les institutions en général et en particulier les institutions psychiatriques. On y parle aussi de guerre civile, de gilets jaunes et d’une multiplicité d’actes relevant de la truanderie.
Ce texte propose, à partir des archives carcérales nantaises, de peindre une image – inévitablement floue et mobile – de ce que pouvaient être les pratiques du vol durant le Directoire, gouvernement de propriétaires qui, en quelques années, « broie toutes les idées sociales, progressistes, émancipatrices et égalitaires de la Révolution française". Les nombreuses références à la Révolution française faites depuis novembre lui donnent une actualité particulière.

 
 
 
 
 
Marche pour le climat
 

« Ils chantent quoi maintenant ? "On est bouillant comme des tisanes au miel ?" »



Quelques nouvelles planches d’ Alessandro Pignocchi dont vous retrouverez l’interview ici cette semaine ainsi que des bonnes feuilles par là ou encore les souvenirs d’une nuit à Rungis juste là.

 
 
 
 
 
Politique et pratique
 

par Lia Cigarini et Luisa Muraro de la Librairie des femmes de Milan (1992)



À l’occasion de la réédition de Ne crois pas avoir de droits par les éditions La Tempête, nous publions ici un article traduit de l’italien (l’orginal est disponible ici) et écrit par Lia Cigarini et Luisa Muraro qui furent parmi les fondatrices de la Librairie des femmes de Milan en 1975. Cet article, écrit en 1992 et paru dans la revue « Critique Marxiste », fait un écho singulier au temps présent au travers d’une critique de la pratique politique de l’organisation, en particulier dans la tradition de la gauche, ou encore de la tentative de redéfinir la place de la politique dans la vie. Surtout, quelques années seulement après l’effondrement du Bloc de l’Est, ces femmes préfèrent le mot de « communisme » pour parler de leur pratique plutôt que celui de « féminisme » : par là, elles entendent entre autre le fait de « partir de soi » pour faire de la politique à partir d’une réalité vécue et de relations réelles.

 
 
 
 
 
« ARTISTES 2 MERDE - POLITISEZ VOUS »
 

(La coupure, journal mural)



Ces dernières semaines, un journal mural est apparu aux environs aux environs des galeries, musées et écoles d’art de Paris. Un premier numéro avait était aperçu l’an passé aux mêmes endroits. Nous reproduisons ici le contenu de ce mystérieux collage.

 
 
 
 
 
Une institution révolutionnaire de la musique
 

Ou comment renouveler le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris ?



Le Ministère de la Culture compile actuellement les différents dossiers des postulants à la direction du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, haute institution française de l’enseignement artistique. Nul doute qu’on y trouvera des intrigants forts de longues années d’expérience à la tête de conservatoires où ils y ont conduit des « projets pédagogiques », ont su chacun y imposer une « vision marquée par l’exigence de l’excellence et de l’innovation », « valoriser les interactions entre la recherche et l’acte artistique », « instituer de féconds dialogues entre disciplines, répertoire patrimonial et création », tout en « favorisant de nouvelles formes d’expression interdisciplinaires ancrées dans la création contemporaine. »

 
 
 
 
 
Lettre à un curé de campagne
 

André Bernold



Alors que l’incendie de Notre-Dame déclenchait toutes sortes de polémiques, nous avions publié l’émouvante lettre d’un curé de campagne qui en appelait à un autre usage de la cathédrale. Cette semaine, l’écrivain André Bernold, ami de Samuel Beckett et Gilles Deleuze lui répond dans nos pages.

 
 
 
 
 
L’insurrection des Gilets Jaunes et La révolution de la révolution.
 

« Les GJs vont-ils nous aider à sortir du paradigme de l’efficacité ? » par Jacques Fradin



Le soulèvement des Gilets Jaunes peut être interprété comme une résurgence des plus anciens mouvements de révoltes – une émotion ou une jacquerie, résurgence symptomatique de l’état de despotisme éclairé (à l’économie) retrouvé, résurgence caractéristique de l’ancien régime finissant configuré en technocratie libérale (Physiocrate, Thermidorienne ou Versaillaise) et ramené à la vie par une suite de contre-révolutions.

Ou, plutôt, ce soulèvement peut être aussi bien interprété comme la première insurrection d’une nouvelle ère révolutionnaire, l’ère de la révolution de la révolution – symptomatique d’une nouvelle époque politique qui surgit en dissolvant ou destituant l’hégémonie libérale.

 
 
 
 
 
« Ici, si tu cognes, tu gagnes. ici à Mulhouse, même les mémés aiment la castagne »
 

Olivier LONG



J’ai cinq beaux-enfants qui travaillent dur à PSA Mulhouse, dans des petits boulots, dans des hôtels, mais aussi infirmiers, charpentiers, au chômage, souvent sans le bac. Ils sont courageux, les hasards de l’existence m’ont amené à les fréquenter depuis une quinzaine d’années, on s’aime bien. Leur monde, c’est celui de la débrouille et des astuces pour s’en sortir : garderie pas cher pour les gosses, appartements retapés en famille et avec les copains pendant cinq ans que dure le chantier.

 
 
 
 
 
Dupes de quoi  ?
 

« Nous qui pensions le débordement « camarade-artiste », nous nous sommes fait.e.s débordé.e.s »



Le 4 mai dernier, après 5 mois de mouvement des Gilets jaunes, 1400 « personnalités du monde de la culture » signaient une tribune intitulée Nous ne sommes pas dupes dans le journal Libération. Des artistes, sans que nous sachions s’il s’agit des mêmes ou d’autres, nous ont transmis cette autre tribune qui se veut complémentaire.

 
 
 
 
 
Lettre à un camarade [Vidéo]
 

Il y a un an à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Maxime 21 ans perdait sa main droite, arrachée par une grenade GLI F4 de la gendarmerie



Le 22 mai 2018 à la ZAD de Notre Dame des Landes, Maxime 21 ans perdait sa main droite, arrachée par une grenade GLI F4 de la gendarmerie. [Relire notre article à l’époque.]. Les cinéastes de la BAC nous ont envoyé cette lettre adressée au blessé, sous la forme d’un court-métrage accompagné d’un court texte.

 
 
 
 
 
Il n’y a plus de raisons sérieuses
 

De frapper à la porte plutôt que de mettre le pied dedans.



Il n’y a plus de raisons sérieuses

De payer les factures, le loyer et les pots cassés.
D’aller au travail le matin, quand il nous assombrit.
De continuer de ramper alors que tout s’est déjà effondré.

 
 
 
 
 
La recomposition des mondes
 

Entretien avec Alessandro Pignocchi



Nous remercions nos amis de la bibliothèque fahrenheit de nous avoir transmis cet entretien avec A. Pignocchi à propos de sa récente bande dessinée sur la ZAD de Notre-Dames-des-Landes intitulée La recomposition des mondes paru le mois dernier au Seuil (et dont nous publiions les Bonnes planches il y a peu sur lundimatin). De la Zad aux Gilets jaunes, Pignocchi livre ici quelques éléments pour construire une nouvelle approche de l’écologie politique.

 
 
 
 
 
CITROUILLAGE (IMMINENT) D’UN PRINCE
 

« À vous ! Pontcerq lance le plus grand concours de satire ménippée jamais organisé de ce côté des Alpes »



Pontcerq, en ce mois de mai, publie L’Apocoloquintose de Sénèque, pamphlet très-comique faisant suite à l’élimination physique d’un prince (le divin Claude), dans une traduction de J.-J. Rousseau – et à cette occasion lance un appel au citrouillage (imminent) d’un prince (ou d’un autre). Nous relayons ci-dessous le texte de cet appel.

 
 
 
 
 
Gilets jaunes : un assaut contre la société
 

lundimatinpapier #4 en librairie le 4 avril



Nous sommes heureux d’annoncer la publication du 5e volume de lundimatinpapier [1].
Sans surprise, c’est un numéro thématique qui revient sur les quatre premiers mois du mouvement des gilets jaunes. Nous avons sélectionné et condensé en 224 pages la trentaine d’articles qui nous semblaient le plus à même de restituer et de comprendre ce soulèvement inédit. Beaucoup de textes d’analyses donc, mais aussi des témoignages, des entretiens, des photographies et de la poésie.
Comme toujours, les plumes connues se mélangent à autant de pseudonymes ou d’anonymes, et les angles d’appréhension du sujet sont aussi divers que possibles : des appels au soulèvement, des gloses sur Hanouka, le détournement d’une chanson célèbre de Sabine Paturel, un hommage à Christophe Dettinger, une critique brutale de la violence médiatique, une discussion sur la guerre et la langue avec Eric Vuillard, etc.

 
 
 
 
 
Chères lectrices, chers lecteurs,
 

lundimatin a besoin d’argent



Nous ne savons jamais trop comment vous en demander, notamment parce que nous imaginons que la grande majorité d’entre vous n’en jette pas tous les matins par les fenêtres. C’est aussi lié à notre ligne éditoriale un peu atypique et que vous commencez à connaître. Ce que nous cherchons à produire c’est de l’intelligence collective, une perception partagée du monde qui nous entoure ; nous parions donc sur le contenu des articles que nous publions, la façon de les agencer, la manière de les signer ou non, plutôt que sur l’identité réelle ou supposée de notre petite équipe. Lorsque des confrères d’autres médias nous sollicitent pour parler de « nous », nous refusons systématiquement, non pas par fausse pudeur ou goût du secret mais parce que notre fonctionnement comme nos biographies nous paraissent sans intérêt. La meilleur manière de savoir ce qu’est lundimatin reste de nous lire.

 
 
 
 
 
 
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