« L’indignation étant souvent valorisée indépendamment de son contenu, les polémiques sont de plus en plus rapides, sans que les œuvres soient traitées en tant que telles. »
Ces dernières semaines, les scandales à propos de différentes œuvres d’art se sont multipliés. À la Sorbonne, une représentation des Suppliantes d’Eschyle a été empêchée, Philippe Brunet, le metteur en scène, étant accusé de pratiquer le « blackface » pour s’être inspiré des mises en scènes antiques et avoir représenté les Danaïdes grâce à de la peinture foncée sur le corps des acteurs, qui portaient par ailleurs des masques à la couleur cuivrée. Hervé Di Rosa, peintre contemporain, est quant à lui la cible d’une pétition l’accusant de verser dans une « imagerie hésitant entre Banania et ’Tintin au Congo’ » pour avoir, sur une toile consacrée à l’abolition de l’esclavage, représenté un homme noir avec une grande bouche. L’artiste a beau faire remarquer que tous les personnages de l’exposition sont représentés avec cette même bouche, quel que soit leur couleur de peau, et qu’il s’agit d’un style, d’une marque de fabrique, rien n’y fait.
|