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#258 | 12 octobre
 
 
 
Conspiration et fantasmagorie à l’ère de Trump et du Covid [1/2]
 

Le monde selon QAnon - une enquête



Depuis l’assassinat de JFK, une mystérieuse « cabale » a pris le contrôle du « gouvernement mondial ». Cette conspiration capture et viole des enfants dans des bases souterraines pour extraire de l’« adrenochrome » de leur sang. Les enfants en question sont vendus par des entreprises d’ameublement qui dissimulent leur commerce en donnant à des armoires des noms de petites filles disparues. Au cœur de Central Park, un hôpital militaire installé pour tester l’infection des habitants par le covid-19 dissimule en réalité une opération militaire ordonnée par Donald Trump qui a permis de libérer des milliers d’enfants innocents et difformes des griffes de la cabale en question.
Si tout cela ne vous semble avoir aucun sens, il s’agit pourtant et seulement de quelques bribes du discours fantasmagorique et complotiste de Qanon, le nouveau « mouvement » mondial qui soutient Donald Trump. Nous publions cette semaine la traduction de cette incroyable enquête du célèbre collectif d’écrivain italien Wu Ming 1 [1] à propos d’un phénomène qui pourrait susciter l’hilarité si ses thèses paranoïaques, délirantes et fascisantes n’étaient en train d’infuser dans des pans entiers de la société. L’une des hypothèses de l’auteur retient toute notre attention : les conditions psychiques imposées par le confinement ont favorisé la propagation d’une forme de conspirationnisme inédite dans son ampleur autant que dans son décollement de la réalité. L’enquête est longue et la traduction pas toujours fluide mais c’est un travail important qui mérite que nos lectrices et lecteurs s’y attardent.

 
 
 
 
 
Conspiration et fantasmagorie à l’ère de Trump et du Covid [2/2]
 

Le monde selon QAnon - une enquête



Second volet d’une longue enquête qui commence ici.

 
 
 
 
 
Emmanuel Macron, le triton et la réintoxification du monde - #17novembre
 

Allessandro Pignocchi



Mardi dernier, nous publiions un appel à agir contre la réintoxication du monde le 17 novembre prochain signé par de nombreux collectifs écologistes déterminés à repasser à l’action après la journée du 17 juin dernier. Cette semaine, Allessandro Pignocchi a réussi à convaincre Macron de participer à la journée, moyennant un dispositif un peu particulier...

 
 
 
 
 
Appel à une seconde vague d’action contre la réintoxication du monde
 

17 novembre 2020 : écologistes, ZAD et syndicalistes appellent à l’action



En mai dernier, en plein déconfinement, nous publiions un appel à « Agir contre la réintoxication du monde le 17 juin » émanant de plusieurs collectifs, syndicats, associations et territoires en luttes en France et en Europe. Rappellez-vous, c’était quand l’économie tournait encore au ralenti pour cause de Covid-19 : les signataires voulaient alors prolonger l’arrêt des machines dans les secteurs les plus polluants (agro-industriels, aéronautiques, chimiques ou nucléaires) et toxiques en général (des gaz et grenades de la police aux entreprises qui numérisent toujours plus l’existence). Si la journée du 17 juin n’avait pas été particulièrement médiatisée, des actions ont quand même eu lieu un peu partout et les collectifs qui en sont à l’initiative n’ont pas l’intention d’en rester là : ils appellent donc ici à une « seconde vague », comme on dit aujourd’hui, le 17 novembre prochain (voir la page facebook par ici).

 
 
 
 
 
Chasse à la chasse : récentes mises en acte de la souveraineté anishinabée
 

« Image simultanée d’un présent catastrophique et d’un avenir décolonial »



En février 2020, les principales lignes de chemin de fer entre Toronto et l’océan Atlantique ont été bloquées pendant plusieurs semaines en soutien à la lutte des Wet’suewet’en de la côte ouest contre le pipeline de Coastal Gaslink. Par -30 degrés Celsius, des Mohawks de Tyendinaga et Kahnawake, des Mi’kmaqs de Listiguj et tant d’autres traditionalistes autochtones à travers le continent ont paralysé la quasi entièreté du trafic ferroviaire dans le pays.

 
 
 
 
 
Il faut ouvrir la pizzeria
 

Nathalie Quintane à propos de la republication de Chaosmogonie de Nanni Balestrini



Nathalie Quintane revient sur la parution, aux éditions La Tempête, du livre de Nanni Balestrini (1935-2019) Chaosmogonie et sur ses enjeux pour aujourd’hui.

Il faut ouvrir la pizzeria

 
 
 
 
 
Un virus très économique
 

Qu’est-ce qu’un trump ? - Par Jacques Fradin



Nommons « trump » (un trump, traduction française : un macron) l’expression aboutie du déploiement de la logique économique et de la subjection subjectivisation qu’elle induit. Un trump est un agent économique, un agent smith, un cyborg ou un androïde [2] de nouvelle génération ; l’effet de « la libération » libérale libertarienne impulsée par les baby-boomers avec leur volonté d’éducation bienveillante, bouddhiste occidentale, TOUT en maintenant l’objectif de l’enrichissement économique, avec les contraintes, contradictoires, de malveillance, que cela implique.

 
 
 
 
 
Le problème avec le féminisme hétérosexuel
 

« Le féminisme a besoin des lesbiennes, en a toujours eu besoin, pour faire valoir ses droits »



Le texte qui suit revient sur la parution de Moi les hommes je les déteste de Pauline Harmange (qu’il critique) et Le génie Lesbien d’Alice Coffin (qu’il défend), afin de promouvoir un féminisme lesbien contre un féminisme hétérosexuel. Raisonner avec les catégories d’hommes, de femmes, d’hétéros et de lesbiennes peut mener dans des impasses : la politique ne devrait pas se fonder sur des identités, pour au moins deux raisons. D’une part, elles sont souvent le fruit d’une construction par le pouvoir. À l’inverse, c’est parfois aussi pour obtenir de la visibilité et de la reconnaissance que certains jouent aux jeux des identités, qui s’apparente alors à la grande foire libérale où chacun peut choisir ses préférences au supermarché des catégories. Dans les deux cas, c’est le même problème : la recherche d’une pacification sociale toujours douteuse et le renforcement de l’individu souverain sur ce qu’il est, se définissant par une somme de caractères qui lui conviennent. D’autre part, l’analyse politique en termes d’identité fige le réel en des termes qui nous paraissent le plus souvent inappropriés et semble parfois reconduire ces identités plutôt que les subvertir. Surtout, elle peut mener à une régression vers une politique « de milieu », qui ne parle plus qu’à elle-même et finit par se regarder le nombril. Dans ce texte, par exemple, l’usage d’un vocabulaire spécifique (« cishet », hétéras) constitue en soi une barrière à la réappropriation plus large du propos.
Cependant, s’il est question d’identités ici, ce que l’auteure revendique est avant tout une pratique (le lesbianisme). Sans doute est-il difficile d’éviter la cristallisation d’une pratique dans une identité (les lesbiennes) mais celle-ci peut avoir l’avantage de ne pas chercher la reconnaissance sociale ni l’assentiment du pouvoir. Il ne s’agit pas de se faire accepter, au contraire : il s’agit plutôt de faire sentir le potentiel subversif de certaines affirmations et de certaines pratiques. Notamment, il importe de ne pas jouer le jeux d’un féminisme mainstream qui ne remet pas en cause les fondements de l’ordre social. La partition entre hommes et femmes et leurs rapports de pouvoir (le patriarcat) fait partie de cet ordre social – et ce texte se propose de le faire voler en éclat. Cela passe entre autre par le fait d’inventer un féminisme lesbien qui ne cherche pas le consensus et encore moins l’assentiment des hommes.

 
 
 
 
 
Ces virus qui sont en train de nous tuer
 

Alessandro Stella



Les virus sont en train de nous tuer et nous devons réagir et nous défendre. Il en va non seulement de notre survie personnelle et collective, mais de la survie des êtres vivants, en entendant par-là de toutes les personnes (les autres animaux, comme nous, aussi) qui n’ont pas seulement envie de ne pas mourir mais qui veulent vivre librement, sereinement, sans angoisser du matin au soir, en recherchant au quotidien toute possibilité de vivre heureusement, en confiance, en amitié, en solidarité avec les autres.

 
 
 
 
 
L’utopie véritable
 

Agustín García Calvo



Nous avions publié en février dernier, à l’occasion de la parution de l’essai Histoire contre tradition. Tradition contre Histoire aux éditions La Tempête, un entretien avec son auteur, Agustín García Calvo, intitulé « Contre le Temps et le Pouvoir ». En guise de prolongement, voici un court texte initialement paru dans le numéro 2 de la revue espagnole Tres al cuarto, en mai 1997, et repris dans le recueil Contra la Realidad. Estudios de lenguas y de cosas (Lucina, Zamora, 2002), où il était sobrement précédé de la phrase « Pour ceux qui se posaient des questions sur les utopies ».

 
 
 
 
 
La spirale
 

Épilogue pour l’édition française de Hinterland de Phil A. Neel



En 2018 paraissait aux États-Unis Hinterland. Nouveau paysage de classe et de conflits aux États-Unis, de Phil A. Neel, géographe communiste américain (le pdf du livre en anglais est disponible ici). En plus d’être un succès de librairie, c’est surtout un livre important qui porte sur le rôle moteur joué par les différentes périphéries (urbaines et rurales) au sein des conflits américains, notamment suite aux soulèvements de Ferguson en 2014. Le même livre, traduit en français, vient de paraître aux éditions Grevis. Nous publions ici l’ultime chapitre de l’édition française, paru également en anglais sur le site du Brooklyn Rail et dans lequel Phil A. Neel actualise les analyses de son livre à travers les soulèvements des deux dernières années : des Gilets Jaunes aux soulèvements suite à la mort de George Floyd en passant par Hong Kong. Il met l’accent sur la manière dont ces dernières luttes ont pu briser le cadre sclérosé du « mouvement social » - les disputes idéologiques, identitaires, la soif de contrôle et la fascination du pouvoir - en imposant d’autres manières de prendre la rue et de se battre.

 
 
 
 
 
 
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