Voilà que le confus nous contrôle !
Tout est fait pour mater le sensible et à travers lui,
les récits de silence que les anciens nous transmettaient. Aujourd’hui, celui qui a un langage est vu comme un danger...
Le souvenir enfoui du goût des cerises est vu comme un danger,
il contient trop de ramifications, de sensations portées à maturité – brûlot de mémoire-vive et son image plantée en nous !
Quelque chose reste, une saveur, un dépôt de pré-langage.
La perte, l’absence, creusent encore la terre d’une image
où un autre nous attend dans la métamorphose de nous-même. C’est aussi à travers l’oublié que l’on devient libre,
l’oublié d’un soi plus grand que soi, mais dont on porte
tout le possible comme responsabilité intacte.
SURVIVANCE
Dans l’ossature des jours la ligne de tête se fend.
Ici, une écriture court à sa perte, ou se cherche... Grammaire des nappes phréatiques, c’est là que je m’avance dans un silence qui tremble.
Ma conscience tombe dans le regard des mots :
broussailles d’enfance aux mille visages,
fibres lentes du monde vécu – refuge
au toucher de papier...
Sur la page, à contrepoids de l’inerte, la voix
déchire la linéarité du sens.
Je n’ai pas oublié l’infini dans le langage, ni la terre dans mes membres,
ni l’errance pour sortir dans la vie !
La ligne de cœur se fend...
Glacis d’époque en transparence – c’est là que je m’avance, sans lendemains qui chantent.
Livrée à moi-même, excessive et frugale,
je me mets à penser – la vie
en équilibre sur une fleur d’abîme.