Le gros nécrotératoplasme extraterrestre [3/4]

Túpac & Micaela, Pérou
(Chants d’utopie, XXXII)
Brice Bonfanti

paru dans lundimatin#344, le 20 juin 2022

Voilà quelques années que les chants d’utopie de Brice Bonfanti, ses personnages et leurs horizons, nous baladent à travers le monde et les époques. Dans la continuité des trois premiers cycles parus chez Sens & Tonka, nous publions ces 32e chants : Le gros nécrotératoplasme extraterrestre. Divisés en 8 parties, illustrées par MajorMinuit, ils se racontent sur 4 publications [1].

V

Le gros nécrotératoplasme, en parties par endroits de son envers totalisé, entendit le conseil des amis, alla se faire foutre, car le suivit.
En parties par endroits de son enfer totalisé reçut beaucoup d’amour d’un coup, en parties par endroits détendu, nu :
des parties sourdes à l’amour en moururent, par son afflux ; des autres se refirent, ouïssantes, je ne dis pas humaines, du moins hominidées, pour commencer.

C’était erreur que d’essayer d’évacuer tous les moustiques de la Terre, sans mettre à sec le marécage où ceux larvaires prolifèrent, et les moustiques revenaient.

Nos cuistots jardiniers se sont faits embaucher dans les cantines du nécrotératoplasme : un cuistot par cantine.
Le même jour au déjeuner, jeûne cassé, les cuistots ont servi une bonne bouillie, Ayahuasca et Chacruna, en quantité, de qualité.

Du gros monstre de mort les suppôts, au Pérou et partout, psychédéliés, ont l’âme manifestée
sans la béquille obstaculaire des pensées barycéphales
qui obstruent la Lumière abyssale.

Du gros monstre de mort des fantômes cœurs fondus, boucliers d’un coup sec éjectés, propulsés, saccageaient pas exprès des magasins chrématistiques ;
transfigurés, au-delà de leurs sales figures, faites bonnes figures, refaits ou faits : jardiniers, des humains mystériques, nécrolytiques.

Les immenses condors, l’aile vaste à menace, rapaces juges des rapaces de la Terre extraterrestres (qui nous extraterrestrent de nos terres),
les condors vers la guerre, les condors nécrophages qui mangent la mort, dévorent : les fantômes du monstre de mort qui demeurent, morts pas refaits parfaits vivants,
et leurs yeux dansent, exorbités aux becs immenses des condors.

Par leur simple présence, les enfants jardiniers peuvent bannir même à distance : les cœurs morts des fantômes servant le gros monstre de mort et servant au gros monstre de mort.
Les cœurs mal accrochés disparaissent des corps aussitôt convulsés et spasmés, tombant morts tout-à-fait, jusqu’ici part-à-fait.
Parfois, les enfants sont surpris de voir choir l’un des leurs révélé faux enfant au cœur mal accroché, et voir droits des fantômes, révélés faux fantômes, se vêler enfants vrais.

Le gros nécrotératoplasme extraterrestre avait tué beaucoup d’Amis. Chaque un de nous Amis comme Un a déterré un autre Ami, tué.
Chaque un de nous a éventré son autre Ami tué
pour dénicher dans l’Est au Mas, l’Orientation de la Maison,
une clef
mais qui ne ferme (rien)
qui ouvre (tout).

Il reste encore, beaucoup, du gros monstre de mort.

Les taupes dialectiques, de concert, aèrent la terre
de leurs galeries d’art,
plus grossières que celles si fines
des amis vers, orfèvres et poètes de la terre, qui l’aèrent
plus en fées qu’en titans,
quand nous taupes, aérant, nous instabilisons même la terre.
Et aveugles, animées de moteur et visée intérieurs,
plus nous creusons, plus nous voyons :
le statique état tremble.

Souterrains des promesses fluviatiles des mains.
Surterrains des promesses volatiles des mains.

VI

L’assassinat, ciblé, et morticide,
assassine l’infect foyer d’assassins secs, factieux aux noms connus,
connaissables sinon, si non connus, qui assassinent | tout vif de Terre.
L’assassinat, ciblé, et vivipare, porté par le bloc noir,
assassine le cœur, pas batteur, du gros nécrotératoplasme. Son cœur
– pas ses bancaille, gouvernaille, patronaille ; pas ses industriaille, agronomaille, et
pharmaceuticaille ; pas son armaille, sa flicaille ; et pas sa journalaille, et pas ses flicurés,
de gauchaille et droitaille ; pas son artisticaille, sa culturaille :
innocents comme esclaves, tous de l’état la racaille
de l’arrêt, l’innocente statique racaille.
L’assassinat, ciblé, du cœur nocent, nuisant
des assassins nid à nocence aux noms connus, connaissables sinon, si non connus :
une poignée, liste fermée du faux un de puissance,
de l’un pour cent, mort-vivant, des vivants
de sur terre, de sous terre, de dans terre, de hors terre.
L’assassinat, ciblé, de la liste ennemie du vrai
UN
et outre et sans et hors puissance.
Liste fermée des morts-vivants aux noms connus, connaissables sinon, si non connus
qui ont dressé la liste ouverte des vivants pour la léser.
L’assassinat de la liste fermée, finie,
la liste la plus courte de l’histoire des assassinés, courte du chiffre du nécrotératoplasme ;
l’assassinat des assassins qui assassinent toutes les vies de terre et mer et air ;
l’assassinat, listé, assassine l’assassinat de la liste, ouverte indéfinie,
des nonante neuf pour cent de sur et sous et dans et hors la terre.

Sans de sang l’effusion, avec la discrétion, chuchotis anonyme, sans revendication,
quand, parmi six cent soixante-six, de la liste fermée, l’assassin prend son bain
HOPLÀ
un méronigrobloc, l’un parmi les trois cent trente-trois du pantonigrobloc,
surgi au bain tient l’assassin, force à boire sa gueule de goule :
la liane à l’âme Ayahuasca, à dose outrée de Brugmansia, celle dorée
(semblable, pas même, au Datura)
la Trompette des anges qui juge au final comme dès l’initial,
mande au vertige, au trou, hors du vertige et hors du trou,
troue le vertige par le pire de ses pores, outre le trou.
Sa bienfaisance en fête faite,
le méronigrobloc indivis, au troisième assassin délivré, univers et conscience fondus,
boit la liane des âmes, trompette outrée, à son tour se retrouve
univers et conscience fondus :
et le sain assassin de ses trois assassins les rejoint dans le vide qui vibre, le vide plein.
Ça finit mal, s’infinit bien.

Pendant ce temps, c’est l’escalade non violente des enfants obéissant à la Présence, par désobéissance des sylvilles.
Le cœur mort du gros monstre de mort à fond mort, il reste encore, un peu, du gros monstre de mort.

Maintenant, c’est la porte. Maintenant est la porte.
Maintenant, c’est le moment qui ouvre, momenternellement. Le mouvement, vulve à moment. Et le moment, seul lieu du mouvement.
Tout le reste – le passé trépassé et les tortures du futur, le futur trépassé et les tortures du passé – est fermé. Sauf si ouvert, car excité, concrétude attirée à partir du moment, l’ondulatoire alpha.
Maintenant est la porte, qui nous porte au-delà : transporte. Qui nous transporte ? C’est la transporte.

Trop de passé, pas de présence. Le Silence s’avance. Trop de futur, pas de présence. La présence ouvre, dès maintenant, demain tenant demaintenant.
La présence dissout le passé, le futur, dissout la peur. La bombe de présence. Dissolution, à la bonne heure ! solution initiale et finale de bonheur.

L’Utopie, la Présence. La Présence est sans lieu, en toute part (toute topie) et nulle part (nulle topie). La Présence heureux lieu est le seul heureux lieu. Notre Utopie ! toute chérie ! ouvre nos cœurs à Ta douceur.

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