La fête des lanternes n’aura(it) pas (dû avoir) lieu !

"Cette fête insinue beaucoup de choses, sur l’imaginaire collectif qu’elle crée, sur la « culture » qu’elle propose, sur les mécanismes de corruption régulière qu’elle met à jour, sur les montants des contrats en jeux, sur la manière dont sont gouvernés les espaces publics, sur la marchandisation du monde etc."

paru dans lundimatin#125, le 4 décembre 2017

Du 1er décembre au 31 janvier se tient à Gaillac la « fête des lanternes ». Malgré la profusion de moyens, de lumières et d’investisseurs, certains habitants ne sont pas d’humeur festive. Ils viennent de créer un petit journal pour l’occasion que nous mettons à disposition cette semaine.

Nous pouvons contempler le spectacle, une fois de plus. Nous pouvons nous indigner, râler, et puis oublier lorsque la fête des lanternes sera passée. Nous pouvons faire comme d’habitude, regarder ça de loin et nous dire « mais que pouvons-nous faire ? » sur un air défaitiste. Mais ce train-train quotidien ne nous distrait plus. Nous voyons tous les jours comment des politiciens, à toutes les échelles, jouent avec nous. Il suffit d’écouter quelques minutes la radio pour nous en rappeler. Et cette fête des lanternes nous rappelle que même les politiciens les plus proches de nous le peuvent.

Mais nous pouvons aussi choisir d’ arrêter cette folie, d’agir pour affirmer notre existence, ne pas nous laisser faire par des politiciens avides de relations financières internationales et de contrôle. Nos représentants ne représentent qu’eux-mêmes, s’appuyant sur nous pour justifier leurs agissements. Montrons leur, mais cessons cette agonie qui soustrait à la vie son sens.

Nous voulons saisir l’opportunité qui se présente. Aujourd’hui, c’est ce dont il est question, ne pas se laisser faire, riposter, s’organiser ensemble, agir. Car nous estimons que la fête des lanternes ne doit pas avoir lieu. Ou au moins, ne doit pas se dérouler sans travers. Pour donner une limite. Et ce n’est pas leurs arguments qui nous feront changer d’avis. Nous ne les connaissons que trop bien. Nous avons vu bien trop souvent que cela ne se vérifiait pas.

Que l’argent ne ruisselle pas du haut vers le bas, au contraire.

Que le désert urbain ne se résoudra pas avec quelques emplois précaires de plus, au contraire.

Que « économie Gaillacoise » est un euphémisme pour désigner « monde financier, vénal et sécuritaire de Gaillac », et que cela n’a rien à voir avec nous.

Que toutes les subventions publiques pour un événement privé finiront dans les poches de quelques uns. Ces quelques uns qui font la politique réelle.

Nous ne voulons pas faire semblant et attendre encore de redécouvrir l’effroyable monde dans lequel nous vivons.

Peut-être n’y a-t-il rien à lui reprocher en tant qu’individu, à M GAUSSERAND. Après tout, il évolue dans des institutions qui permettent cela, et dans un monde économique qui le favorise. Peut-être n’y a-t-il rien à lui reprocher, aussi car ce qu’il fait, ne fait qu’accélérer ce qui aura de toute façon lieu à Gaillac tôt ou tard, si nous continuons à avoir si peu de prise avec le réel : aménagement des espaces urbains, contrôle des populations, privatisations, misère affective, perte de prise sur l’espace public.

Cette fête insinue beaucoup de choses, sur l’imaginaire collectif qu’elle crée, sur la « culture » qu’elle propose, sur les mécanismes de corruption régulière qu’elle met à jour, sur les montants des contrats en jeux, sur la manière dont sont gouvernés les espaces publics, sur la marchandisation du monde etc. Autant de sujets qui s’offrent à nous pour ce journal, que vous découvrez présentement.

Ce journal paraîtra chaque semaine, pendant le festival, il sera distribué par nos petites mains, au marché, dans la rue. Il sera laissé à des endroits familiers, cafés associatifs, bars culturels. Qui voudra le lire le trouvera. Nous vous communiquerons une adresse, un lieu, où vous pourrez laisser des avis, des insultes, ou des suggestions ; si le besoin s’en fait ressentir.
Des Gaillacois.e.s, mais pas que.

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