Jeudi 23 juin, Appel à nasser les nasseurs

« Que nous soyons en si grand nombre que le riquiqui espace autour du bassin ne puisse nous contenir, que nous occupions les rues alentour, sur l’arrière du dispositif sécuritaire, que des manifs spontanées partent dans tous les sens... »

paru dans lundimatin#66, le 22 juin 2016

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Manif semi-statique ou complètement enfermée ? Mes poules protestent

Ainsi donc, après un pesant feuilleton d’une journée, alors que s’annonçait ce qui aurait été la plus importante atteinte au droit de manifestation depuis la guerre d’Algérie, après l’interdiction de la manif de demain par la préfecture, syndicats et gouvernement se sont entendus sur une « marche » d’un kilomètre autour du bassin de l’Arsenal, entre la place de la Bastille et la Seine.

Cette mascarade n’est pas une reculade du gouvernement, mais de l’intersyndicale. Des députés « de gauche » avaient des malaises, la LDH annonçait qu’elle viendrait si l’interdiction était maintenue, l’indignation montait sur le Net, des structures syndicales de tous niveaux faisaient savoir qu’« évidemment » elles viendraient si l’interdiction était maintenue, le gouvernement se trouvait placé devant cette alternative : ou il cognait directement sur des syndicalistes et M. et Mme Toutlemonde pour empêcher la manif, ou elle se déroulait et il perdrait encore quelques-unes des miettes de crédibilité qui lui restent. Bref toutes les conditions étaient réunies pour un affrontement décisif. En fait, nous aurons toutes les conditions pour une « manif » statique et encagée de manière encore pire qu’au 14 juin. Certes, on peut toujours se consoler en se disant que si certains ont envie de symboles capitalistes sur quoi passer leurs nerfs, certains yachts et péniches de luxe amarrés là pourraient faire l’affaire.

Il n’en demeure pas moins cette constatation : mes poules sont beaucoup mieux traitées. Comme le prouve la photo ci-contre, la porte de leur abri anti-renards est, suivant un usage fort répandu en nos contrées, toujours ouverte dans la journée et elles peuvent aller se promener en forêt. Après tant d’yeux crevés, de membres cassés, de poumons gazés, ce gouvernement de la post-gauche aura donc réussi à franchir un nouveau seuil : il s’apprête à traiter les gens moins bien que les poules d’un élevage familial moyen.

Comment ne pas souhaiter que, les gallinacées se transformant en renards, nous soyons très nombreux demain à lui jouer un bon tour ? Car il y aurait un moyen très simple de déjouer le piège tragi-comique à quoi veulent nous condamner l’acharnement réactionnaire des hollando-vallsiens et les capitulations des confédérations : c’est que, chasubles oranges ou k-way noirs, encravatés ou casual, jeunes et vieux, déchaînées ou respectueuses des formes de la démocratie représentatives, nous soyons en si grand nombre que le riquiqui espace autour du bassin ne puisse nous contenir, que nous occupions les rues alentour, sur l’arrière du dispositif sécuritaire, que des manifs spontanées partent dans tous les sens, bref que la volaille devienne incontrôlable et qu’enfin, il arrive, il arrive, ce jour où les poules auront des dents.

Extrait du blog de Serge Quadruppani

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