Journées contre le béton [temps additionnel]

Intrusions collectives et désarmements en Alsace et en Haute-Garonne

paru dans lundimatin#408, le 18 décembre 2023

Temps additionnel ou troisième mi-temps ? Alors que les journées d’actions contre Lafarge et le monde du béton devaient se tenaient du 9 au 12 décembre (voir notre bilan presque complet des actions menées ici, deux actions collectives d’intrusion et de désarmement se sont déroulées en Alsace et en Haute-Garonne jeudi 14 et samedi 16.

Dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15, ce sont des militant.es d’Extinction Rebellion Toulouse, « déjà mobilisés contre le projet de l’autoroute A69 » qui se sont rendus dans une usine de la multinationale du béton près du lac de Sesquières au nord de Toulouse. Ils ont désarmé une douzaine de camions du cimentier, décoré le site de messages « Less Béton », « Pompes funèbres Lafarge, Ici on enterre le vivant » et annoncé dans leur communiqué « Nous ne nous sommes pas trompé.es de dates, nous ne leur laisserons simplement aucun répit ».

Samedi 16 décembre, à l’heure des courses de noël, ce sont des dizaines de personnes en combinaisons blanches qui se sont introduites dans la cimenterie Lafarge-Holcim d’Altkirch en Alasce. L’usine a été temporairement mise à l’arrêt en neutralisant des engins et installations. Dans leur communiqué, les intrus expliquent cette cimenterie « fournit le béton pour le projet du Grand-Paris et contribue ainsi à artificialiser encore d’avantage l’Île-de-France » et qu’« elle doit aussi alimenter les centrales à béton de Stocamine à Wittelsheim pour noyer les galeries de cette mine sous 130 000 mètres cubes de béton – alors que s’y trouvent toujours 42 000 tonnes de déchets toxiques. Ces déchets constituent un grave danger de pollution de la nappe phréatique rhénane, la plus grande d’Europe, au-dessus de laquelle vivent sept millions de personnes. »

Illes précisent que cette intrusion est une « manière de fêter l’anniversaire des un an de l’action contre la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air » et l’inscrivent « en soutien aux mises en examen dans cette affaire et dans la campagne d’action des journées contre le béton des 9 au 12 décembre » tandis que les militant.es de XR toulouse affirment à ce sujet : « nous voici dans la dystopie capitaliste où les défenseur·euse·s du vivant sont plus sévèrement puni·e·s que les complices du terrorisme. », avant de conclure : « nous nous cacherons derrière chaque arbre, chaque forêt, derrière chacun de vos projets et nous n’abandonnerons jamais ».

Nous reproduisons ci-dessous les deux communiqués sus-cités.

Opération Écologie Punitive

Près du lac de Sesquières, d’un côté du rivage les enfants jouent, de l’autre la mort s’active. Le béton prend de plus en plus de place dans notre société et le bitume ne cesse de couler tout autour de nous. Extinction Rebellion Toulouse le sait bien puisque le collectif se mobilise déjà contre le projet mortifère de l’autoroute A69. Le bitume se répand comme une maladie dans nos vies. Pris au piège, sans pouvoir dire un mot face à ce troc infernal entre nature et béton, nous étouffons. Nous n’avons d’autre choix que de nous rebeller.

Dans la nuit du jeudi au vendredi 15 décembre des membres du groupe d’Extinction Rebellion Toulouse ont participé à une action contre une usine du groupe Lafarge-Holcim, en réponse à l’appel des Soulèvements de la Terre contre le monde du béton du 9 au 12 décembre 2023. Nous ne nous sommes pas trompés de date, nous ne leur laisserons simplement aucun répit. Les rebelles ont rendu justice en crevant les pneus et brisant les pares-brise d’une douzaine de camions du cimentier. Le site a également été décoré de différents messages comme par exemple « Less Béton », « No Macadam » ou « Pompes funèbres Lafarge, ici on enterre le vivant ».

Il y a quasiment un an jour pour jour près de Marseille, sur le site de Bouc-Bel-Air, une usine Lafarge avait été prise pour cible afin de dénoncer la vision des grands bétonniers de ce monde. Suite à cette action de désarmement, c’est un acharnement répressif qui s’est abattu sur nos camarades. Des enquêtes, des perquisitions, des gardes à vue de 96h sont menées par la Sous-Direction Anti-Terroriste de la police (SDAT) qui se saisit du dossier. Un comble quand on sait que Lafarge a plaidé coupable devant la Cour américaine pour avoir financé le groupe terroriste Daesh en Syrie. Nous voici dans la dystopie capitaliste où les défenseur·euse·s du vivant sont plus sévèrement puni·e·s que les complices du terrorisme.

En solidarité avec nos camarades nous avons décidé de marquer le coup et de souhaiter un bon anniversaire à Lafarge puisque devinez quoi, le béton, nous n’en voulons toujours pas ! Les bétonneurs courent les rues et couvrent les routes. Ce sont autant de Lafarge, Denjean, Vinci ou NGE qui saccagent nos terres, imposent leur vision du monde au détriment de la démocratie et compromettent notre futur pour répondre à des intérêts financiers. Face à ces injustices, sachez que nous nous cacherons derrière chaque arbre, chaque forêt, derrière chacun de vos projets et que nous n’abandonnerons jamais. Nous nous ferons entendre jusqu’à l’intérieur de vos édifices mortuaires. Nous sommes plus résilient·e·s que le béton.

Cher Lafarge Holcim, encore joyeux anniversaire et peut-être à l’année prochaine 😉

Amour et Rage

Extinction Rebellion Toulouse

Anniversaire à Altkirch

Ce samedi 16 décembre nous nous sommes introduits dans la cimenterie d’Altkirch et l’avons mise temporairement à l’arrêt !

C’est notre manière de fêter l’anniversaire des un an de l’action contre la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air. Elle s’inscrit en soutien aux mises en examen de cette même affaire et de la campagne d’action des journées contre le béton des 9 au 12 décembre.

Le groupe Lafarge/Holcim, en plus d’être impliqué dans le bouleversement écologique en cours, dans la pollution de l’eau et dans l’artificialisation des sols, a été condamné pour son financement de l’État islamique en Syrie. De plus, la production de béton est à l’origine de 8 % des émissions de CO2 de la France.

L’an passé, deux cent personnes avaient envahi le site de Bouc-Bel-Air dans les bouches du Rhône et avaient procédé à son désarmement, ces images avaient alors illuminé nos réveillons.
Mais pour doucher de similaires ardeurs l’État a fait mener l’enquête par la Sous-Direction à l’AntiTerrorisme, qui n’a pas tardé à mener deux vagues d’arrestations tonitruantes. Parmi les 31 personnes qui ont subi 96 heures de garde-à-vue, deux sont actuellement mises en examen.

Pour notre part nous avons choisi le site d’Altkirch.
Cette cimenterie fournit du béton pour le Grand-Paris et contribue ainsi à artificialiser encore d’avantage l’Île-de-France. Mais elle doit aussi alimenter les centrales à béton de Stocamine à Wittelsheim pour noyer les galeries de cette mine sous 130 000 mètres cubes de béton – alors que s’y trouvent toujours 42 000 tonnes de déchets toxiques. Ces déchets constituent un grave danger de pollution de la nappe phréatique rhénane, la plus grande d’Europe, au-dessus de laquelle vivent sept millions de personnes.

Nous affirmons qu’il faut évacuer ces déchets sans plus attendre !

Il est inadmissible que des entreprises puissent encore prospérer sur la dévastation du vivant, de notre habitat et en mettant en danger notre bien le plus vital, l’eau. Nous envoyons ainsi un message aux bétonneurs de la Région, aux porteurs de projets et autres entrepreneurs qui pourrissent notre écosystème : Vinci, Bouygues, Lingenheld, Lithium de France, nous ne vous oublierons pas.


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