« Les opinions sont pour le gigantesque appareil de la vie sociale ce que l’huile est pour les machines : on ne se place pas en face d’une turbine pour ensuite l’asperger d’huile mécanique. On en injecte en petites quantités sur des rivets et des joints secrets – qu’il faut connaître. »
Walter Benjamin, Sens unique, 1927
« verborgen Adj. Gang Tür dérobé(e) ; Hebel caché(e) ; Falltür secret (ète) »
Dictionnaire Allemand/Français, Harraps Universal, 2008, p. 662
1.
On raconte que le tout jeune Hebbel, à quinze ans, fabriqua l’un des premiers récits de sa carrière d’écrivain en pillant Hebel. Il fit de « Retrouvailles inespérées » un décalque, sous le titre d’« Amour fidèle » ; et le publia en 1828 sans mention du nom du prédécesseur, mort deux ans plus tôt. Mais Hebel, vivant, avait-il jamais rien fait lui-même, pour nourrir son almanach, que de piller ? Même « Retrouvailles inespérées » n’avait été en 1811 que le démarquage du texte d’un autre – un certain G. H. Schubert –, donné en volume en 1808, et que plusieurs journaux et revues avaient déjà repris. La question devient alors : savoir piller (c’est-à-dire transcrire ; écrire).
Et la littérature d’almanach était depuis trois siècles en Allemagne une littérature de « reprise ». Tous les ans, la Terre repasse par le même endroit – ou presque [2].
2.
Lorsque peu après Noël 1933 Kurt Tucholsky, depuis la Suède, recommandait à un ami la lecture de Hebel, la notoriété de l’autre, avec deux b, n’ayant cessé de croître, il précisait : « Hebel mit einem b ». Cet ami – Hasenclever, écrivain, et juif – passait alors en France son premier Noël en exil. Il est remarquable qu’au même moment, et pour ce même premier Noël, Walter Benjamin, depuis Paris, recommandait lui aussi Hebel aux Allemands, dans un bref article – qui paraissait à Vienne et Prague [3].
Hebel nota plusieurs rêves qu’il fit. « On m’arrêtait à Paris, comme espion, je niais mon origine. On demanda aux différents états provinciaux d’Allemagne de procéder à un recensement afin de déterminer où un homme manquait. Il manquait dans le Bade. On trouva dans mon sac une mousse. Un botaniste, qu’on fit chercher, jugea que cette mousse poussait près de Carlsruhe, vers Gottesaue. On fit venir un tailleur qui avait travaillé à Carlsruhe. Celui-ci déclara que ma veste était l’œuvre du tailleur Crecelius. On voulut quérir celui-ci pour procéder à ma rekognition-identification ; alors je passai aux aveux [4]. »
3.
Hebel était lié d’amitié à Gmelin, botaniste ; et il était son collègue au lycée de Carlsruhe. Il lui arrivait d’accompagner l’ami dans les excursions que celui-ci entreprenait alentour. Gmelin avait depuis 1785 la charge du Jardin botanique et du Cabinet d’histoire naturelle du Margrave ; surtout, il préparait une Flore pour le Bade, la première qui fût. En 1795, l’herbier de Hebel comptait déjà plus de sept ou huit cents entrées [5]. Lui-même parle, non sans défiance peut-être, ou crainte, de « rage botanique [6] ». Dans sa Flora Badensis, qu’il fit paraître quelques années plus tard, Gmelin introduisit deux nouvelles espèces – fleurs délicates de terrains pauvres – qu’il nomma « Hebelia », du nom de son ami : l’Hébélie des collines et l’Hébélie alémanique. (Mais les nomenclatures ultérieures ne retinrent pas ces noms [7].)
En 1794, par crainte d’une occupation de la ville – les armées révolutionnaires françaises s’apprêtant à passer le Rhin –, Gmelin avait été chargé par les autorités à Carlsruhe d’évacuer une partie des collections du cabinet d’histoire naturelle : quatre-vingt-six caisses remplies de spécimens et de livres furent ainsi chargées à la hâte, et attelées en direction d’Ansbach. Gmelin ne rentra à Carlsruhe qu’en 1797. C’est Hebel qui au lycée, pendant toute son absence, se chargea, en plus des trois langues anciennes (latin, grec et hébreu), et en plus de la géographie et du calcul élémentaire et appliqué qui étaient déjà à son emploi du temps, de remplacer son ami en botanique, zoologie, minéralogie [8].
4.
On ne compte pas, dans l’almanach alémanique de Hebel, les historiettes qu’il est possible de prendre pour de plus ou moins explicites leçons pour jeunes voleurs ou contrebandiers débutants. Certaines de ces histoires enseignent des méthodes ; des stratagèmes ; des bourdes ; des ruses ; d’admirables tissus de parole – destinés à tromper en des situations fort précises un pouvoir, une puissance, une autorité (un gendarme ; un bourgeois ; un douanier ; un gros marchand [9]). Le petit doigt levé par le narrateur à la fin du texte, en guise de morale (merke !), peut bien dénoncer toutes ces ruses – langagières, mathématiques, géométriques – comme officiellement répréhensibles, à la répétition ; les déclarer prudemment impossibles à imiter, ou invraisemblables « en notre pays » ; il ne peut plus empêcher que la ruse (la bourde, dans le sens ancien du mot) ait été dite, entendue, offerte (à la reproduction ; au décalque ; à la réitération ; à la variation [10]). Walter Benjamin remarquait en 1929 : « ... mais le tempérament de l’escroc et du vagabond, de Frédéric l’Allumette (Zundelfrieder), de Petit-Henri (Heiner) et de Thierry le Rouge (der rote Dieter), ce fut le sien. Jeune garçon, il était connu pour ses mauvais tours, et on raconte à propos de l’adulte que lorsque Gall, le célèbre fondateur de la phrénologie, était venu au pays de Bade, on lui avait présenté Hebel. On attendait son avis, mais, marmonnant quelque chose d’indistinct, Gall, après l’avoir touché, n’aurait dit que deux mots : “extraordinairement développé”. Hebel lui aurait demandé : “l’organe du chapardeur ?” [11] »
5.
Kölle, un ami de Hebel à Carlsruhe, raconte : « Un jour qu’il rentrait chez lui, je crois que c’était la fois où il allait commencer sa vie bourgeoise [12], on le prit à Segringen, à l’époque poste-frontière de la principauté d’Ansbach [13], pour un Israélite, et on lui réclama alors son laissez-passer, ou une taxe de corps [14], ou quelque chose de ce genre [15]. » Ce serait la raison, indique par ailleurs Kölle, pour laquelle mainte historiette écrite ensuite par Hebel se passerait à Segringen : ainsi « Une curieuse ardoise » (1808), « L’apprenti barbier de Segringen » (1809), « Le sansonnet de Segringen » (1810) ou « Les deux postillons » (1811) [16].
6.
Sur le vaste continent de la rouerie et de la ruse, illicite ou non, outre les questions de la chaparde simple – ou vol – (faire passer tel objet du champ de A au champ de B, malgré la résistance qu’il faut escompter que A opposera à ce transfert...) –, il y a cette autre, qu’à plusieurs reprises, dans les historiettes, Hebel se pose, très concrètement, voire matériellement : où glisser un message, un mot, un salut, afin que celui-ci soit à la fois visible et invisible ? C’est-à-dire visible pour celui à qui il s’adresse ; invisible pour qui risquerait d’en prendre ombrage. (Afficher le message X pour A – sans qu’X soit visible pour B, que possiblement X étrille, ou berne.) Dans « Annonce de victoire à Brassenheim en l’an 1813 » [#34], la nouvelle de la victoire sur les Français à Leipzig ne peut être communiquée publiquement, ni surtout être désignée ouvertement comme « victoire » ; les autorités, dans le Grand-Duché de Bade, dont le prince est l’allié des Français, s’y opposeraient : le message est alors caché à l’intérieur d’une mise en scène de théâtre. En criant « Victoire ! », « Victoire ! », le personnage sur scène ne fait qu’appeler sa femme à l’aide, qui, dans la pièce représentée, porte ce prénom. Mais dans le même temps, pour la salle, il crie victoire – à la barbe de la censure, et des édiles. Dans « Le libelle » [#1], le message est collé dans le dos de celui qui ne doit pas le voir ; et qui en marchant le porte ainsi partout aux regards de ceux, dans son plus proche entourage, qui doivent le voir [17]. Dans « Le dernier mot » [#31], un jeu d’ajouts et d’effacements de mots écrits à la craie sur la surface d’une porte agit sur un public, tandis que le déformateur du message reste masqué : il utilise cependant le support de l’adversaire, les moyens de communication de celui-ci, qu’il renverse. « Hebel écrit un jour à Justinus Kerner (20 juillet 1817, Correspondance, p. 565) : “Vous savez à quoi cela engage lorsque l’on veut faire passer ce qu’il faut dire à un public déterminé dans la vérité et l’évidence de sa vie”… et, pouvons-nous ajouter, lorsqu’on veut le faire “sans être aperçu ni interpellé” (10 août 1817, Correspondance, p. 567). Car tel est le style de l’ami de la maison [18]. »
7.
Nous avons dit qu’en décembre 1933 Benjamin avait recommandé Hebel, dans la presse même. À la vérité il se garda bien d’employer jamais un tel mot. En 1926, tandis qu’on célébrait le centenaire de la mort de l’écrivain, il était intervenu par deux fois publiquement, dans les journaux. Dans le deuxième de ces articles, il avait prévenu en ce sens : « Il ne sied pas à tout écrivain qu’on le recommande. Déjà, parler de Hebel est difficile ; le recommander est inutile ; et le “servir” au peuple, comme on le voit faire, très critiquable [19]. » Benjamin refusait le portrait adouci et fade qu’autour de ces célébrations de 1926 on commençait à donner de l’écrivain ; c’est très explicitement contre son appropriation par la culture bourgeoise et weimarienne que le critique entreprenait de le défendre. « Jamais il ne rejoindra le rang des grenadiers de la culture que l’instituteur allemand fait défiler au pas devant ses petits francs-tireurs de l’ABC [20]. » Peu après ces festivités, en 1929, parut une nouveau livre sur Hebel, par Hanns Bürgisser : Benjamin réagit, tout aussi vite et vivement, par une recension assassine ; or c’est à nouveau contre un Hebel inoffensif et affadi qu’il s’insurgeait : « Et en voilà un qui une fois de plus nous façonne un petit Hebel en bibelot, d’une suavité toute thorvaldsenienne – statuette en biscuit sortie du four de la culture universelle [21]. »
8.
« Un jour Hebel avait oublié de se faire raser, et il alla dans le Hardtwald [22] pour ne laisser voir à personne sa barbe inconvenante. Comme cela lui arrivait fréquemment, il se plongea dans des pensées de toutes sortes et ne songeait plus à cela qu’il n’était point rasé. C’est alors qu’il rencontra le margrave et celui-ci aimablement lui demanda s’il s’en revenait de voyage. Hebel le nie et tandis qu’après qu’on l’a courtoisement congédié il reprend sa flânerie, il réfléchit à ce qui a pu faire croire au margrave qu’il rentrait d’un voyage. C’est alors qu’il passe la main dans sa barbe, comme on a coutume de le faire quand on médite, et il comprit alors la question [….]. » (Kölle [23])
9.
Portrait de Carl Chr. Gmelin, vers 1800. [détail ; peintre inconnu]
10.
Hebel fut aux yeux de Benjamin « l’un des plus grands moralistes de tous les temps » (WB-Heb5-33, p. 628). Il importe d’essayer de comprendre en quel sens. Car si l’on a affaire en son cas à une morale qui ne dérive pas de principes intangibles et généraux, ni catégoriques – mais qui toujours dépend des situations où elle s’inscrit, alors le moraliste est au sens précis un « casuiste » ; et la justice est toujours chez lui « justice appliquée [24] ». Mais cela, pour au moins deux raisons : 1° d’abord parce que faiseur d’almanachs et écrivain Hebel raconte des histoires, chacune singulière, dont l’un des traits le plus frappant est de nous transporter en effet en « situation », en un « ici et maintenant ». La morale n’est donc pas extérieure ou étrangère à l’histoire, comme elle l’est chez les auteurs traditionnellement et médiocrement moralistes : quand elle vient après-coup, « du dehors », c’est-à-dire en réalité précède abstraitement l’histoire – dont la tâche n’est que de l’exemplifier [25]. Chez Hebel à l’inverse, la morale n’est au mieux que « continuation du récit par d’autres moyens [26] ». C’est alors dans le beau milieu du récit, ou dans l’axe donné par celui-ci, et qu’on prolonge, qu’il faut aller la chercher. Cela tient à ce que Hebel, raconteur d’histoires, sait installer son lecteur dans un « ici et maintenant » d’une intensité redoutable. Benjamin, enfonçant ici son coin, appelle Hebel « ein Vergegenwärtiger ohnegleichen » : quelqu’un qui n’a pas son pareil pour vous rendre présent quelque chose [27]. « D’où le puissant “ici” du théâtre de ses histoires [28] ». Benjamin fait remarquer ce qu’il en est quand entendant le récit d’un fait divers, à la radio par exemple, on s’imagine transporté sur les lieux, ou plutôt, précise-t-il : quand les lieux, à l’inverse, soudain se trouvent transportés jusqu’à nous. Et il ajoute : « À cette affaire spectaculaire, abstraite et quelconque, vous avez d’un seul coup, conféré un “ici et maintenant”, et nul ne sait jusqu’où cela peut vous conduire [29]. » 2° L’autre raison qui fait parler Benjamin d’une justice appliquée est qu’une telle morale « en situation » ne traite pas tous à la même enseigne [30]. Cela veut dire aussi que ses représentants changent, d’une situation l’autre ; et que le juste ne saurait être le juste de toute éternité : il n’y a d’ailleurs de « juste » que d’une situation, d’une histoire [31]. C’est aussi qu’il y aurait quelque folie à imaginer une morale universelle qui vaudrait pour tous également, quand précisément les conditions initiales – les conditions « présentes », l’« ici et maintenant » – divergent pour l’un et pour l’autre, et parfois cruellement. Or dans la logique de répétition (matérielle, quotidienne), logique mathématique des « suites » qui est celle de Hebel, les « conditions initiales » d’un problème – son « ici et maintenant » – sont absolument déterminantes [32]. Hebel, contemporain du kantisme et des Lumières, s’en fait d’emblée une idée beaucoup plus appliquée – ce qui veut dire aussi plus matérielle. Il faut partir de l’ici et du maintenant (Gegenwart), de la situation très matérielle où l’on se trouve plongée, en ce présent. Quand le hussard rencontre sur le chemin ce gros paysan rentrant du marché, le premier n’a pas un sou en poche ; le second n’en a que trop. Quand le petit mendiant demande un sou à ce monsieur qui passe, en bel habit, il n’est pas sûr qu’il ait de quoi assouvir sa faim ce jour-là (or la faim revient tous les jours, en ce monde [33]). « L’ici et le maintenant de la vertu n’est pas pour lui une action abstraite commandée par des maximes, mais relève de la présence d’esprit [kein abgezogenes Handeln nach Maximen sondern Geistesgegenwart.] » Une action morale est une « action dont la maxime est cachée [34] ».
11.
Les biographes récents de Hebel indiquent qu’on peut mettre en doute l’authenticité du voyage jusqu’au Rigi, en Suisse, que l’écrivain entreprit – et qu’il n’acheva pas. « Il n’en reste pas moins, précise l’un d’eux, que l’épisode, comme histoire d’un échec, est révélateur : il illustre avec une clarté toute mathématique une corrélation entre argent et liberté de mouvement [35]. » Chez Hebel, la morale, la liberté, même la plus simple liberté d’aller de A à B, ne flotte pas en l’air, dans le ciel des principes et des idées générales. Nüßlin donne du voyage interrompu le récit suivant. « Il arriva en effet qu’après un an [Hebel] eut en sa possession un reste de 40 florins, somme aussitôt dévolue à un voyage en Suisse, avec le but d’aller voir la vue merveilleuse dont on jouit au sommet du Mont Rigi. Il mit alors 20 florins pour le voyage aller dans la poche droite de sa veste, et 20 florins pour le voyage retour dans la gauche, se mit en chemin le cœur gai, et parvint à Zoug et au lac de Zoug ; mais quand pour payer le bac il mit la main dans la poche droite, celle-ci était vide et la somme épuisée ; et il se vit dans l’obligation de s’en retourner immédiatement, par le bateau même qui venait de le porter au pied de la montagne désirée [36]. »
12.
En vue d’un article à écrire sur Hebel (ou en vue de ce qui est destiné à devenir plus tard un livre ?), Benjamin recopie (à Berlin vers 1929 ? 1930 ?) plusieurs longs passages du livre d’Auerbach intitulé Schrift und Volk. En particulier, il recopie cette page :
De quelle façon un écrit est-il le plus souvent lu parmi le peuple [in den Volkskreisen] ? La journée de travail accomplie, le soir, la famille est assise à table, réunie ; la conversation s’est tarie ; voilà alors le père qui va chercher un livre ou l’almanach, qui le tend peut-être à l’un de ses enfants qui fréquente encore l’école ou le catéchisme, et qui dit : “Lis, mes yeux n’y sont plus accoutumés, etc.” Par la bouche de l’enfant, dans la communauté de ceux qui habitent cette maison, est donné à entendre ce que l’écrivain offre ; il n’est pas nécessaire que l’enfant comprenne tout (et les enfants lisent d’ailleurs volontiers de tels écrits contenant beaucoup qui ne leur est pas aussitôt compréhensible) ; mais tout ce qui dans la matière ou la forme n’est pas approprié [ungehörig], après être passé par la bouche de l’enfant ressort d’une manière d’autant plus frappante [37].
13.
Quasi aliud agendo...
Hébélie alémanique, Hebelia allemannica : racine, rosette basilaire, inflorescence ; par Gmelin, in Flora Badensis, Carlsruhe, in officina aul. Mülleriana, 1806, tome 2, p. 719. [38]
14.
Il se peut qu’on aille de préférence chercher Hebel dans les moments de débâcle, devant un adversaire supérieur en force, qui contraint à abandonner une place ; lorsqu’une bataille a été perdue ; et qu’on est forcé au recul. Benjamin, en ce sens, le nomme un « général du repli ». Et la formule est frappante, assez sans doute pour que Bloch, l’ayant entendu de la bouche de Benjamin, s’en souvînt, beaucoup plus tard : il la cite en 1965 – alors qu’elle n’avait été pourtant encore nulle part publiée. Il faut supposer que Benjamin, outre la note qu’il en fit dans ses papiers, pour lui-même (dans les années 1929-1930, en préparation du livre), l’avait aussi employée à l’occasion d’une conversation entre amis – en Allemagne, en France ? [39] Pour lui-même, Benjamin développait l’image ainsi : « S’il existait une armée où les règlements prescrivent que dans le moment-augenblick où les troupes seraient battues et entameraient leur repli, ce soient d’autres commandants en chef qui aient à prendre le relais des précédents – des spécialistes du repli en quelque sorte – et qui seraient tenus en réserve dans ce but –, alors Hebel serait un tel “général du repli”. Car il dirige toujours toutes les choses, laisse toujours le dernier mot à la vérité et donne toujours à la vérité la place d’honneur [die Ehre]. Et pourtant : on ne saurait le faire de façon plus martiale que lui [40]. »
15.
« ... ce qu’il nous rend présent ce ne sont pas des histoires de brigands, de drames familiaux, de naufrages ou d’événements survenus dans le Far West (bien que cela puisse arriver), mais les puissances suprêmes de sa région et de son temps. »
WB-Heb4-29b, p. 636, trad. fr., p. 163.
Si Hebel est le moraliste qu’on a dit, et si la morale pose très fondamentalement, comme on sait, la question de l’agir en ce monde (handeln), eh bien en ce monde où règnent les « puissances suprêmes » que l’on sait, l’action, ce sera avant tout le marchandage (das Handeln) : l’échange âprement, ardemment débattu. Or dans le monde hébélien en effet, on est constamment en affaires, jeté au milieu des palabres et ruses de la négociation : pour le prix d’un œuf à la coque, d’une course... Et les rapports entre les personnages sont des rapports d’emblée pris dans une lutte pour s’en sortir, au mieux (au meilleur prix), ou le moins mal possible (avec en poche, pour finir, quelques thalers de plus [41]). Alors, tout se compte et se négocie, se monnaye : les marchandises et les repas, aussi bien que les gifles ; le travail, aussi bien que les insultes et les coups, etc. Tout cherche sa valeur d’échange [42]. Est ainsi dévoilé, en maintes histoires, à quel point ce qui fixe le prix, à la fin, n’est pas tant une juste comptabilité, un calcul spécialiste et valable de toute éternité – qu’un rapport de force présent et donné par des conditions initiales (et que seule une ruse – une présence d’esprit – est en mesure de très exceptionnellement renverser). Benjamin indique ouvertement que la morale hébélienne ne saurait en aucun cas être « la morale que procure la vie d’affaires de la grande bourgeoisie » (WB-Heb2-26b, p. 281). C’est même une morale qui vient miner cette autre morale-là, chaque fois, et en situation. « Car ce pasteur qui savait décrire le marchandage [das Handeln] comme nul autre écrivain allemand, et du trafic le plus sordide jusqu’à la générosité donatrice, tirer tous les registres, n’était pas homme à méconnaître le côté démoniaque de la vie professionnelle bourgeoise [43] ». Aussi rural et paysan que puisse paraître le monde de Hebel, les historiettes le montrent en permanence traversé par ces mêmes puissances démoniaques de l’échange et de la transaction qui, sur les bords plus ou moins paisibles du Rhin, naissent à la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle : celles de la transformation magique des choses et du travail en marchandises ; celles de l’échange incessant des marchandises entre elles ou contre argent sonnant, etc. Si Hebel peut être le moraliste qu’on a dit, c’est parce que contrairement à ce que feront ses successeurs, dans le champ de l’Heimatliteratur promise elle aussi au XIXe siècle à un grand avenir, il n’efface pas – magiquement, par les pouvoirs du poétique – la réalité brutale, économique, matérielle, de la vie des paysans qu’il décrit ; et à qui il écrit [44].
16.
« ... dessen Inhalt so weltweit wie handgreiflich... »
WB-Heb5-33, p. 628
Il y a quelque part une phrase de Benjamin sur les écrivains qui n’oublient jamais que la Terre est une planète qui va ; et qui chaque année repasse par les mêmes endroits, ou presque [45]. Hebel, comme faiseur d’almanach (Kalendermacher), se plaît à se présenter aussi en astronome : la série des « Considérations sur l’édifice de l’univers » a en ce sens une fonction structurante pour l’almanach lui-même : puisque année après année Hebel expose dans cette série, pédagogiquement, l’un après l’autre, les objets de l’astronomie : le Soleil, la Terre, la Lune, les planètes, les étoiles, les comètes, etc. – et la série une fois terminée il la reprend aussitôt depuis le début [46]. Exactement comme il sut, à rebours exact de l’Heimatliteratur [47], replacer le village au milieu d’un pays, le pays au milieu d’un continent entier (l’Europe alors secouée par la révolution, par la guerre), puis ce continent au milieu d’un monde plus vaste encore, il est celui capable d’aller replacer la planète entière, énorme ou minuscule – comme la prenant sous son bras –, à sa place au milieu de l’univers. Cette place, ainsi que l’explique l’almanach de 1809, est au numéro 12 exactement – soit : sur le douzième des cent petits points d’une ligne qu’il faut tracer en imagination pour s’y retrouver dans cet espace immense [48]. On s’est plu à l’envi, à l’appui du passage de « Retrouvailles inespérées » si souvent cité [49], à localiser la puissance poétique de la prose hébélienne dans cette capacité à ramasser dans une phrase unique un village perdu de la Forêt Noire et l’Amérique ; un fait d’histoire récente et un autre pris à la guerre des Zoulous ; une fleur minuscule, aperçue sur le chemin, et une étoile.
Or il est possible d’y voir aussi un refus intransigeant de distinguer entre le grand et le petit. Et c’est tout aussi bien, alors, un pouvoir – une volonté – de « combler le vide immense et béant qui pour tout petit-bourgeois existe entre histoire et vie privée [50] ». Et contre l’historien chargé d’écrire l’histoire –, Hebel en simple « chroniste [51] »...
17.
Dambacher, illustration pour : Hebel, « Le Libelle » [#1]. [52]
18.
Écrire l’almanach « pour les paysans » (et, très explicitement, pour le leur vendre), cela ne voulut jamais dire pour Hebel les enfermer dans les limites, supposées étroites, de la vie paysanne, comme le faisaient tous les almanachs concurrents de l’époque, et comme le fera toute l’Heimatliteratur, et son équivalent français au XIXe siècle, mais au contraire : replacer leur vie dans le plein milieu de l’univers, qui a ses lois (astronomiques, météorologiques, économiques...) ; et leur donner ces lois quasi aliud agendo [53]... Sur la manière dont, au commencement, Hebel envisagea très explicitement la tâche qui allait lui être confiée (la rédaction de l’almanach), voir les rapports, conservés, qu’il écrivit pour le consistoire en 1806-1807 (il expose ses remarques avec lucidité, pragmatisme, parfaitement au clair sur les contraintes, impératifs et enjeux qui sous-tendent une telle production) ; et voir la lecture, encore très vigoureuse, que donna de ces textes Maria Lypp, en 1970 [54]. « Le dialogue avec le lecteur, au cours duquel le faiseur d’almanach bavarde sur son métier (Handwerk), est une vieille tradition des almanachs : on la trouve aussi chez Grimmelshausen. La manière dont ce dialogue est manié dépend en revanche des intentions de l’auteur [55]. »
19.
Passage d’un colporteur [1766]. Détail [56].
20.
« En contrebas de Bühl je parvins sur la grand-route de l’Oberland [57]. Ah ! Quel sentiment m’envahit alors ! Toutes les joies de l’Oberland se réveillèrent en mon âme ! Mais à quoi me pouvait servir de me trouver sur cette route : mon chemin, lui, se poursuivait, en contrebas. Lourdement chargé de quatre sacs remplis de minerai, de charbon de pierre et de graviers, je revins chez moi et sentis alors à nouveau, et pour la première fois à ce point, la malédiction que le Ciel avait fait tomber sur moi en m’envoyant ici à Carlsruhe. Ah, comme tout était agréable, familier, calme, dans ces vallées cachées, et comme tout apparaissait libre et majestueux sur les hauteurs, où j’escaladais à l’aventure, et si semblable à l’Oberland. Maintenant me voilà de nouveau à traîner au milieu des bruits de la ville partout entouré de maisons et de murs qui ont au moins le mérite de masquer à ma vue l’ennuyeuse et peu aimable étendue sableuse, la vide et morte existence de toute cette contrée. » (Hebel, à son amie Gustave Fecht, octobre 1793, in GW, t. V, p. 29)
21.
Studio de la Südwestdeutscher Rundfunk [Radio du Sud-Ouest allemand], à Francfort-sur-le-Main. Walter Benjamin y lut son « Hebel » pour les auditeurs le 20 octobre 1929, entre 18 heures et 18 heures 20 [58].
22.
Benjamin, dans Sens unique, en 1928, relevait cet écriteau – fréquent dans l’espace public et urbain de son époque : « Interdit aux mendiants et aux colporteurs [59] ». Si Hanns Bürgisser avait pu représenter pour lui dans les années 20 la récupération bourgeoise, weimarienne et affadissante de la figure de Hebel – le petit bibelot de porcelaine inoffensif et thorvaldsenien, universitaire, contre lequel il avait déjà violemment réagi –, on se demande si quelques années plus tard, depuis son exil parisien cette fois, il eut vent de l’accent nouveau qu’on commençait à prendre en Allemagne pour parler de l’auteur du Schatzkästlein ; qu’on prit par exemple au Congrès alémanique qui se tint à Fribourg en octobre 1936 – auquel Heidegger assista [60] – et à l’occasion duquel Hermann Burte, l’écrivain régionaliste, mais déjà célèbre et influent au-delà des frontières de son seul Bade natal, tout juste rentré au parti, prononça – en vers, en strophes – un long éloge de Hebel en inventeur de l’idée alémanique ; en promoteur de ce « sang alémanique » qui coule dans les veines des « paysans aryens », de part et d’autre du Rhin ; faisant très explicitement de l’écrivain le vecteur d’un pangermanisme « local », qui depuis le Bade lorgnait sur l’Alsace, aussi bien que la Suisse [61]. Hermann Burte, le premier, venait de recevoir en mai le prix Hebel, tout nouvellement créé [62].
Et Benjamin put-il encore apprendre, par quelque journal ou quelque correspondant resté en Allemagne, en 1939, qu’un certain Heinrich Herrmann, depuis Königsberg republiait une sélection des historiettes de Hebel, avec les gravures de Dambacher, qu’il admirait, et les republiait exactement sous ce titre que Hebel en son temps, face à Cotta, avait expressément refusé pour la parution de l’Écrin en 1811 : Der deutsche Hausfreund ? (Où l’adjectif « allemand » se substituait en son sens évidemment national à l’adjectif défendu par Hebel : « rheinländisch [63] ».)
Les écrivains d’alors, pour justifier les relectures et réinterprétations qu’ils faisaient de Hebel (car il est frappant de les voir tous très soucieux de justification), disaient – au conditionnel – que Hebel aurait été lui aussi un esprit politique, eût-il vécu dans le temps qui était le leur, ce temps de renouveau en Allemagne ; et que s’il ne l’avait pas été, écrivaient-ils, alors simplement parce qu’il avait vécu en un temps apolitique et paisible, et qu’il avait vécu et écrit, comme eux, conformément à son temps [64]...
23.
Portrait de Hermann Burte, Prix Hebel 1936.
24.
Portrait de Hermann Eris Busse, Prix Hebel 1939.
25.
Kurt Tuchoslky, à son ami Hasenclever, janvier 1934, depuis la Suède :
Ne dites pas que vous travaillez dans un espace dénué d’air. Vous ne le feriez que si vous lâchiez « présentement » la bonde. Ce sage Kracauer a écrit quelque part : « Qui se commet trop profondément avec le temps, vieillit vite [65]. » Voilà ce que vous ne faites plus depuis longtemps – et sans lui tourner le dos. De la prose ? Très bien. Si je puis me permettre de recommander en guise de bain purifiant, pour l’âme : beaucoup de Hebel (avec un b), Kleist et Schopenhauer – ça fait le ménage dans les coins.
Frédéric Metz
Berlin, mai-juillet 2021
Sources et abréviations utilisées pour les textes de Walter Benjamin sur Hebel :
1) WB-Heb1-26a : „Johann Peter Hebel (1). Zu seinem 100. Todestage“ [1926], in GS [=Gesammelte Schriften], t. II, 1, p. 277-280. [Texte paru dans divers journaux en 1926, dont la Magdeburgische Zeitung et le Berliner Börsencourier].
2) WB-Heb2-26b : „Johann Peter Hebel (2). Ein Bilderrätsel zum 100. Todestage des Dichters.“, in GS, II, 1, p. 280-283 [Texte paru dans : Literarische Welt, 24 septembre 1926].
3) WB-Heb3-29a : „Hebel gegen einen neuen Bewunderer verteidigt“, in GS III, p. 203-206, paru le 6 octobre 1929, dans le Literaturblatt der Frankfurter Zeitung. [Recension par Benjamin du livre : Hanns Bürgisser, Johann Peter Hebel als Erzähler, Horgen-Zurich, 1929.] (cf. traduction française par Philippe Ivernel, in Benjamin, Œuvres et inédits, t. 13 : « Critiques et recensions », Klincksieck, 2018.)
4) WB-Heb4-29b : „Johann Peter Hebel (3)“, in GS II, 2, p. 635-640, exposé pour la radio, lu à la „Bücherstunde“ du Südwestdeutscher Rundfunk (à Francfort-sur-le-Main), le 20 octobre 1929, à 18 heures [d’après WuN, IX, 2, p. 458]. Traduction en français par Rainer Rochlitz, in Œuvres, Gallimard, coll. Folio, 2000, t. II, p. 167-168.
5) WB-Heb5-33 : „J. P. Hebels Schatzkästlein des rheinischen Hausfreundes“, in GS II, 2, p. 628. Texte paru dans Die Welt im Wort (journal publié à Prague et à Vienne), le 14 décembre 1933. Enquête du journal à laquelle répondirent aussi Th. Mann, H. Broch, Max Brod, etc. „Was soll man zu Weihnachten schenken ?“
6) WB-Heb6-Ms : Pages manuscrites de Benjamin sur Hebel. Archives W. Benjamin, Berlin. (Ms 841v, Ms 842, Ms 843, Ms 844, Ms 846, Ms 847.) Reproduites in GS II, 2 : « Aufzeichnungsmaterial zu Hebel », p. 1444-1449.
Autres sources sur Hebel avec sigles :
1) GW : J. P. Hebel, Gesammelte Werke, éd. Jan Knopf, Franz Littmann et Hansgeorg Schmidt-Bergmann, en six volumes, Göttingen, Wallenstein Verlag, 2019.
2) KG : Johann Peter Hebel, Die Kalendergeschichten, éd. Hannelore Schlaffer et Harald Zils, Munich, Deutscher Taschenbuch Verlag, 2010 (1re éd. 1999).
3) Mar-Siegman : Maren Siegman, « Geschliffene Worte, poliertes Gestein. Johann Peter Hebel, die Erforschung der Natur und der Markgräfler Jaspis », Catalogue d’exposition, Efringen-Kirchen, 2010.
4) Wizisla-WBHeb : Erdmunt Wizisla, „Zu Johann Peter Hebel“, in Benjamin-Handbuch, dir. B. Lindner, Stuttgart et Weimar, J. B. Metzler, 2006, p. 493-501
5) JPHeb-Preis36-88 : Der Johann Peter-Hebel-Preis 1936-1988. [Catalogue d’exposition], dir. Manfred Bosch], publication du Oberrheinisches Museum Karlsruhe, Waldkircher Verlag, 1988.
Liste des Traductions en français de textes de Hebel donnés depuis 2016 dans le Hebel-Kolportage :
Textes distribués à Rennes sous forme de tracts et lus à la radio de la Maison du peuple, occupée, début mai 2016. Repris dans Pontcerq [revue], n°1, octobre 2016 :
[#1] « Le Libelle »
[#2] « Le Déjeuner dans la cour »
[#3] « L’apprenti barbier de Segringen »
[#4] « Le petit mendiant »
[#5] « Comment l’on se fait raser par charité »
Tract imprimé par Pontcerq, le 11 mai 2017 :
[#6] « La réponse du cordier »
Texte publié in lundimatin, mai 2017. (« Proposition de grève postillonnaire – Bade. ») :
[#7] « Les deux postillons »
Textes publiés in Revue Incise, n° 4, septembre 2017 :
[#9] « Le pendu innocent »
[#10] « Le hussard rusé »
[#11] « Le paysan et l’inspecteur des douanes »
[#12] « Le sage sultan »
[#13] « Première problème d’arithmétique »
[#14] « Le mendiant judicieux »
[#15] « Solution à l’exercice d’arithmétique de l’année dernière – puis un autre par là-dessus »
[#16] « Le ferronnier »
[#17] « L’indulgence l’emporte sur l’outrage »
[#18] « Malheur de la ville de Leyde »
[#19] « Des chenilles processionnaires »
Textes publiés sous forme de tracts in Pontcerq-flugblatt #6, décembre2018 :
[#20] « Des œufs cher payés »
[#21] « Douce croisière pour qui le veut bien croire »
[#22] « Bizarrerie »
[#23] « Comment faire de l’encre bleue »
Textes publiés dans lundimatin, février 2019 :
[#24] « Vengeance déjouée. (Une histoire vraie) »
[#25] « L’apprenti »
[#26] « L’intercesseur. (Une manière de faire la paix). »
[#27] « Décapitation secrète » (Avec une illustration se trouvant page suivante)
[#28] « De ce qui est englouti dans Vienne »
Textes publiés sous forme de tracts : Pontcerq-flugblatt #7, novembre 2019, et distribués à l’hiver 2019-2020 par plusieurs librairies amies de la maison : Myriagone à Angers, McGriffs à Paris, Les Villes invisibles à Clisson, La Fleur qui pousse à l’intérieur à Dijon, L’Hydre aux mille têtes à Marseille, L’Atelier à Paris, L’Odeur du temps à Marseille, Vent d’Ouest à Nantes, Michèle Ignazi à Paris, Texture à Paris, Planète Io et L’Établi des mots à Rennes, Lune et l’Autre à Saint-Étienne, Michèle Firk à Paris.
[#29] « Deux honorables commerçants »
[#30] « Un navire de guerre »
[#31] « Le dernier mot »
Textes publiés sous forme de tracts : in « Contrebande franco-allemande en bord de Rhin et Spree (Bade et Marche) », Pontcerq-flugblatt #10, décembre 2019 ; distribué par Zadig, librairie française de Berlin :
[#32] « Le marchand de gants »
[#33] « L’armée française »
[#34] « Annonce de la victoire à Brassenheim en l’an 1813 »
Textes publiés dans « Pour un certain Noël, Hebel », in lundimatin, 23 décembre 2019 :
[#36] « Le gibet de Thalhausen »
[#37] « Le conscrit »
[#38] « Souvarov »
[#39] « Accommodante juridiction »
[#40] « Un cheval avantageusement vendu »
[#41] « Pieve »
[#42] « Mise à l’épreuve »
[#43] « Un art de maigre profit »
[#44] « Confection rapide »
[#45] « Grand incendie »
Textes lus par Lionel Monier, rezitator-comédien, dans les rues de Rennes en juin 2020, et déposés en fichiers audio quelque part sur internet :
[#46] « Un amour rare »
[#47] « En Turquie »
Textes publiés dans la revue 591, septembre 2020 :
[#48] « Deux histoires »
[#49] « La Taupe »
[#50] « Nuit sans sommeil d’une noble femme »
Texte publié par Pontcerq in « Vœux 2021. – Hebel-Kolportage (suite) », janvier 2021 :
[#51] « L’Ami de la maison s’adresse au bienveillant lecteur pour la troisième fois et lui souhaite la bonne année. » [Avant-propos de l’Almanach de l’année 1813]
Textes publiés par Pontcerq dans « De la science naturelle, de la raison et des ruses. [Un peu de Hebel pour l’été 2021] » :
[#52] « Suite des considérations sur l’édifice de l’univers (1809) »
[#53] « Des petits et des grands »
[#54] « Poissons volants »
[#55] « Monsieur Wunderlich »
[#56] « Les trois voleurs »
[#57] « La tabatière »
[#58] « Comment Fredo l’Allumette se fit donner une monture »
[#59] « Le Trompe-l’œil »
Nota Bene : Toute traduction du Hebel-Kolportage peut être demandée en écrivant à Pontcerq, par voie postale ou électronique. Demandez simplement « le Hebel-Kolportage [#4], [#13], [#22], [#x] », selon votre choix. Vous pouvez aussi demander « Retrouvailles inespérées » : pour cela, demandez le numéro [#1001].