Hebel. Le levier

Frédéric Metz

paru dans lundimatin#308, le 11 octobre 2021

Hebel est un écrivain en Allemagne admiré de Kafka, Benjamin, Bloch, Wittgenstein, Canetti, Sebald – et en France presque entièrement inconnu... Depuis mai 2016, le Hebel-Kolportage diffuse par de nombreux et variés canaux (dont lundimatin : ici, et ) des traductions inédites d’historiettes de Hebel.

Ici, Frédéric Metz propose sous forme de petits paragraphes montés une présentation de Hebel en « levier ». Après tout, Hebel ne veut rien dire d’autre que levier en allemand... [1]

« Les opinions sont pour le gigantesque appareil de la vie sociale ce que l’huile est pour les machines : on ne se place pas en face d’une turbine pour ensuite l’asperger d’huile mécanique. On en injecte en petites quantités sur des rivets et des joints secrets – qu’il faut connaître. »

Walter Benjamin, Sens unique, 1927

« verborgen Adj. Gang Tür dérobé(e) ; Hebel caché(e) ; Falltür secret (ète) »

Dictionnaire Allemand/Français, Harraps Universal, 2008, p. 662

1.
On raconte que le tout jeune Hebbel, à quinze ans, fabriqua l’un des premiers récits de sa carrière d’écrivain en pillant Hebel. Il fit de « Retrouvailles inespérées » un décalque, sous le titre d’« Amour fidèle » ; et le publia en 1828 sans mention du nom du prédécesseur, mort deux ans plus tôt. Mais Hebel, vivant, avait-il jamais rien fait lui-même, pour nourrir son almanach, que de piller ? Même « Retrouvailles inespérées » n’avait été en 1811 que le démarquage du texte d’un autre – un certain G. H. Schubert –, donné en volume en 1808, et que plusieurs journaux et revues avaient déjà repris. La question devient alors : savoir piller (c’est-à-dire transcrire ; écrire).

Et la littérature d’almanach était depuis trois siècles en Allemagne une littérature de « reprise ». Tous les ans, la Terre repasse par le même endroit – ou presque  [2].

2.
Lorsque peu après Noël 1933 Kurt Tucholsky, depuis la Suède, recommandait à un ami la lecture de Hebel, la notoriété de l’autre, avec deux b, n’ayant cessé de croître, il précisait : « Hebel mit einem b ». Cet ami – Hasenclever, écrivain, et juif – passait alors en France son premier Noël en exil. Il est remarquable qu’au même moment, et pour ce même premier Noël, Walter Benjamin, depuis Paris, recommandait lui aussi Hebel aux Allemands, dans un bref article – qui paraissait à Vienne et Prague [3].

Hebel nota plusieurs rêves qu’il fit. « On m’arrêtait à Paris, comme espion, je niais mon origine. On demanda aux différents états provinciaux d’Allemagne de procéder à un recensement afin de déterminer où un homme manquait. Il manquait dans le Bade. On trouva dans mon sac une mousse. Un botaniste, qu’on fit chercher, jugea que cette mousse poussait près de Carlsruhe, vers Gottesaue. On fit venir un tailleur qui avait travaillé à Carlsruhe. Celui-ci déclara que ma veste était l’œuvre du tailleur Crecelius. On voulut quérir celui-ci pour procéder à ma rekognition-identification ; alors je passai aux aveux [4]. »

3.
Hebel était lié d’amitié à Gmelin, botaniste ; et il était son collègue au lycée de Carlsruhe. Il lui arrivait d’accompagner l’ami dans les excursions que celui-ci entreprenait alentour. Gmelin avait depuis 1785 la charge du Jardin botanique et du Cabinet d’histoire naturelle du Margrave ; surtout, il préparait une Flore pour le Bade, la première qui fût. En 1795, l’herbier de Hebel comptait déjà plus de sept ou huit cents entrées  [5]. Lui-même parle, non sans défiance peut-être, ou crainte, de « rage botanique  [6] ». Dans sa Flora Badensis, qu’il fit paraître quelques années plus tard, Gmelin introduisit deux nouvelles espèces – fleurs délicates de terrains pauvres – qu’il nomma « Hebelia », du nom de son ami : l’Hébélie des collines et l’Hébélie alémanique. (Mais les nomenclatures ultérieures ne retinrent pas ces noms [7].)

En 1794, par crainte d’une occupation de la ville – les armées révolutionnaires françaises s’apprêtant à passer le Rhin –, Gmelin avait été chargé par les autorités à Carlsruhe d’évacuer une partie des collections du cabinet d’histoire naturelle : quatre-vingt-six caisses remplies de spécimens et de livres furent ainsi chargées à la hâte, et attelées en direction d’Ansbach. Gmelin ne rentra à Carlsruhe qu’en 1797. C’est Hebel qui au lycée, pendant toute son absence, se chargea, en plus des trois langues anciennes (latin, grec et hébreu), et en plus de la géographie et du calcul élémentaire et appliqué qui étaient déjà à son emploi du temps, de remplacer son ami en botanique, zoologie, minéralogie [8].

4.
On ne compte pas, dans l’almanach alémanique de Hebel, les historiettes qu’il est possible de prendre pour de plus ou moins explicites leçons pour jeunes voleurs ou contrebandiers débutants. Certaines de ces histoires enseignent des méthodes ; des stratagèmes ; des bourdes ; des ruses ; d’admirables tissus de parole – destinés à tromper en des situations fort précises un pouvoir, une puissance, une autorité (un gendarme ; un bourgeois ; un douanier ; un gros marchand [9]). Le petit doigt levé par le narrateur à la fin du texte, en guise de morale (merke !), peut bien dénoncer toutes ces ruses – langagières, mathématiques, géométriques – comme officiellement répréhensibles, à la répétition ; les déclarer prudemment impossibles à imiter, ou invraisemblables « en notre pays » ; il ne peut plus empêcher que la ruse (la bourde, dans le sens ancien du mot) ait été dite, entendue, offerte (à la reproduction ; au décalque ; à la réitération ; à la variation  [10]). Walter Benjamin remarquait en 1929 : « ... mais le tempérament de l’escroc et du vagabond, de Frédéric l’Allumette (Zundelfrieder), de Petit-Henri (Heiner) et de Thierry le Rouge (der rote Dieter), ce fut le sien. Jeune garçon, il était connu pour ses mauvais tours, et on raconte à propos de l’adulte que lorsque Gall, le célèbre fondateur de la phrénologie, était venu au pays de Bade, on lui avait présenté Hebel. On attendait son avis, mais, marmonnant quelque chose d’indistinct, Gall, après l’avoir touché, n’aurait dit que deux mots : “extraordinairement développé”. Hebel lui aurait demandé : “l’organe du chapardeur ?”  [11] »

5.
Kölle, un ami de Hebel à Carlsruhe, raconte : « Un jour qu’il rentrait chez lui, je crois que c’était la fois où il allait commencer sa vie bourgeoise  [12], on le prit à Segringen, à l’époque poste-frontière de la principauté d’Ansbach  [13], pour un Israélite, et on lui réclama alors son laissez-passer, ou une taxe de corps [14], ou quelque chose de ce genre [15]. » Ce serait la raison, indique par ailleurs Kölle, pour laquelle mainte historiette écrite ensuite par Hebel se passerait à Segringen : ainsi « Une curieuse ardoise » (1808), « L’apprenti barbier de Segringen » (1809), « Le sansonnet de Segringen » (1810) ou « Les deux postillons » (1811)  [16].

6.
Sur le vaste continent de la rouerie et de la ruse, illicite ou non, outre les questions de la chaparde simple – ou vol – (faire passer tel objet du champ de A au champ de B, malgré la résistance qu’il faut escompter que A opposera à ce transfert...) –, il y a cette autre, qu’à plusieurs reprises, dans les historiettes, Hebel se pose, très concrètement, voire matériellement : où glisser un message, un mot, un salut, afin que celui-ci soit à la fois visible et invisible ? C’est-à-dire visible pour celui à qui il s’adresse ; invisible pour qui risquerait d’en prendre ombrage. (Afficher le message X pour A – sans qu’X soit visible pour B, que possiblement X étrille, ou berne.) Dans « Annonce de victoire à Brassenheim en l’an 1813 » [#34], la nouvelle de la victoire sur les Français à Leipzig ne peut être communiquée publiquement, ni surtout être désignée ouvertement comme « victoire » ; les autorités, dans le Grand-Duché de Bade, dont le prince est l’allié des Français, s’y opposeraient : le message est alors caché à l’intérieur d’une mise en scène de théâtre. En criant « Victoire ! », « Victoire ! », le personnage sur scène ne fait qu’appeler sa femme à l’aide, qui, dans la pièce représentée, porte ce prénom. Mais dans le même temps, pour la salle, il crie victoire – à la barbe de la censure, et des édiles. Dans « Le libelle » [#1], le message est collé dans le dos de celui qui ne doit pas le voir ; et qui en marchant le porte ainsi partout aux regards de ceux, dans son plus proche entourage, qui doivent le voir  [17]. Dans « Le dernier mot » [#31], un jeu d’ajouts et d’effacements de mots écrits à la craie sur la surface d’une porte agit sur un public, tandis que le déformateur du message reste masqué : il utilise cependant le support de l’adversaire, les moyens de communication de celui-ci, qu’il renverse. « Hebel écrit un jour à Justinus Kerner (20 juillet 1817, Correspondance, p. 565) : “Vous savez à quoi cela engage lorsque l’on veut faire passer ce qu’il faut dire à un public déterminé dans la vérité et l’évidence de sa vie”… et, pouvons-nous ajouter, lorsqu’on veut le faire “sans être aperçu ni interpellé” (10 août 1817, Correspondance, p. 567). Car tel est le style de l’ami de la maison  [18]. »

7.
Nous avons dit qu’en décembre 1933 Benjamin avait recommandé Hebel, dans la presse même. À la vérité il se garda bien d’employer jamais un tel mot. En 1926, tandis qu’on célébrait le centenaire de la mort de l’écrivain, il était intervenu par deux fois publiquement, dans les journaux. Dans le deuxième de ces articles, il avait prévenu en ce sens : « Il ne sied pas à tout écrivain qu’on le recommande. Déjà, parler de Hebel est difficile ; le recommander est inutile ; et le “servir” au peuple, comme on le voit faire, très critiquable  [19]. » Benjamin refusait le portrait adouci et fade qu’autour de ces célébrations de 1926 on commençait à donner de l’écrivain ; c’est très explicitement contre son appropriation par la culture bourgeoise et weimarienne que le critique entreprenait de le défendre. « Jamais il ne rejoindra le rang des grenadiers de la culture que l’instituteur allemand fait défiler au pas devant ses petits francs-tireurs de l’ABC  [20]. » Peu après ces festivités, en 1929, parut une nouveau livre sur Hebel, par Hanns Bürgisser : Benjamin réagit, tout aussi vite et vivement, par une recension assassine ; or c’est à nouveau contre un Hebel inoffensif et affadi qu’il s’insurgeait : « Et en voilà un qui une fois de plus nous façonne un petit Hebel en bibelot, d’une suavité toute thorvaldsenienne – statuette en biscuit sortie du four de la culture universelle  [21]. »

8.
« Un jour Hebel avait oublié de se faire raser, et il alla dans le Hardtwald [22] pour ne laisser voir à personne sa barbe inconvenante. Comme cela lui arrivait fréquemment, il se plongea dans des pensées de toutes sortes et ne songeait plus à cela qu’il n’était point rasé. C’est alors qu’il rencontra le margrave et celui-ci aimablement lui demanda s’il s’en revenait de voyage. Hebel le nie et tandis qu’après qu’on l’a courtoisement congédié il reprend sa flânerie, il réfléchit à ce qui a pu faire croire au margrave qu’il rentrait d’un voyage. C’est alors qu’il passe la main dans sa barbe, comme on a coutume de le faire quand on médite, et il comprit alors la question [….]. » (Kölle [23])

9.

Portrait de Carl Chr. Gmelin, vers 1800. [détail ; peintre inconnu]

10.
Hebel fut aux yeux de Benjamin « l’un des plus grands moralistes de tous les temps » (WB-Heb5-33, p. 628). Il importe d’essayer de comprendre en quel sens. Car si l’on a affaire en son cas à une morale qui ne dérive pas de principes intangibles et généraux, ni catégoriques – mais qui toujours dépend des situations où elle s’inscrit, alors le moraliste est au sens précis un « casuiste » ; et la justice est toujours chez lui « justice appliquée  [24] ». Mais cela, pour au moins deux raisons : 1° d’abord parce que faiseur d’almanachs et écrivain Hebel raconte des histoires, chacune singulière, dont l’un des traits le plus frappant est de nous transporter en effet en « situation », en un « ici et maintenant ». La morale n’est donc pas extérieure ou étrangère à l’histoire, comme elle l’est chez les auteurs traditionnellement et médiocrement moralistes : quand elle vient après-coup, « du dehors », c’est-à-dire en réalité précède abstraitement l’histoire – dont la tâche n’est que de l’exemplifier  [25]. Chez Hebel à l’inverse, la morale n’est au mieux que « continuation du récit par d’autres moyens  [26] ». C’est alors dans le beau milieu du récit, ou dans l’axe donné par celui-ci, et qu’on prolonge, qu’il faut aller la chercher. Cela tient à ce que Hebel, raconteur d’histoires, sait installer son lecteur dans un « ici et maintenant » d’une intensité redoutable. Benjamin, enfonçant ici son coin, appelle Hebel « ein Vergegenwärtiger ohnegleichen » : quelqu’un qui n’a pas son pareil pour vous rendre présent quelque chose  [27]. « D’où le puissant “ici” du théâtre de ses histoires  [28] ». Benjamin fait remarquer ce qu’il en est quand entendant le récit d’un fait divers, à la radio par exemple, on s’imagine transporté sur les lieux, ou plutôt, précise-t-il : quand les lieux, à l’inverse, soudain se trouvent transportés jusqu’à nous. Et il ajoute : « À cette affaire spectaculaire, abstraite et quelconque, vous avez d’un seul coup, conféré un “ici et maintenant”, et nul ne sait jusqu’où cela peut vous conduire  [29]. » 2° L’autre raison qui fait parler Benjamin d’une justice appliquée est qu’une telle morale « en situation » ne traite pas tous à la même enseigne  [30]. Cela veut dire aussi que ses représentants changent, d’une situation l’autre ; et que le juste ne saurait être le juste de toute éternité : il n’y a d’ailleurs de « juste » que d’une situation, d’une histoire [31]. C’est aussi qu’il y aurait quelque folie à imaginer une morale universelle qui vaudrait pour tous également, quand précisément les conditions initiales – les conditions « présentes », l’« ici et maintenant » – divergent pour l’un et pour l’autre, et parfois cruellement. Or dans la logique de répétition (matérielle, quotidienne), logique mathématique des « suites » qui est celle de Hebel, les « conditions initiales » d’un problème – son « ici et maintenant » – sont absolument déterminantes  [32]. Hebel, contemporain du kantisme et des Lumières, s’en fait d’emblée une idée beaucoup plus appliquée – ce qui veut dire aussi plus matérielle. Il faut partir de l’ici et du maintenant (Gegenwart), de la situation très matérielle où l’on se trouve plongée, en ce présent. Quand le hussard rencontre sur le chemin ce gros paysan rentrant du marché, le premier n’a pas un sou en poche ; le second n’en a que trop. Quand le petit mendiant demande un sou à ce monsieur qui passe, en bel habit, il n’est pas sûr qu’il ait de quoi assouvir sa faim ce jour-là (or la faim revient tous les jours, en ce monde  [33]). « L’ici et le maintenant de la vertu n’est pas pour lui une action abstraite commandée par des maximes, mais relève de la présence d’esprit [kein abgezogenes Handeln nach Maximen sondern Geistesgegenwart.] » Une action morale est une « action dont la maxime est cachée  [34] ».

11.
Les biographes récents de Hebel indiquent qu’on peut mettre en doute l’authenticité du voyage jusqu’au Rigi, en Suisse, que l’écrivain entreprit – et qu’il n’acheva pas. « Il n’en reste pas moins, précise l’un d’eux, que l’épisode, comme histoire d’un échec, est révélateur : il illustre avec une clarté toute mathématique une corrélation entre argent et liberté de mouvement  [35]. » Chez Hebel, la morale, la liberté, même la plus simple liberté d’aller de A à B, ne flotte pas en l’air, dans le ciel des principes et des idées générales. Nüßlin donne du voyage interrompu le récit suivant. « Il arriva en effet qu’après un an [Hebel] eut en sa possession un reste de 40 florins, somme aussitôt dévolue à un voyage en Suisse, avec le but d’aller voir la vue merveilleuse dont on jouit au sommet du Mont Rigi. Il mit alors 20 florins pour le voyage aller dans la poche droite de sa veste, et 20 florins pour le voyage retour dans la gauche, se mit en chemin le cœur gai, et parvint à Zoug et au lac de Zoug ; mais quand pour payer le bac il mit la main dans la poche droite, celle-ci était vide et la somme épuisée ; et il se vit dans l’obligation de s’en retourner immédiatement, par le bateau même qui venait de le porter au pied de la montagne désirée  [36]. »

12.
En vue d’un article à écrire sur Hebel (ou en vue de ce qui est destiné à devenir plus tard un livre ?), Benjamin recopie (à Berlin vers 1929 ? 1930 ?) plusieurs longs passages du livre d’Auerbach intitulé Schrift und Volk. En particulier, il recopie cette page :

De quelle façon un écrit est-il le plus souvent lu parmi le peuple [in den Volkskreisen] ? La journée de travail accomplie, le soir, la famille est assise à table, réunie ; la conversation s’est tarie ; voilà alors le père qui va chercher un livre ou l’almanach, qui le tend peut-être à l’un de ses enfants qui fréquente encore l’école ou le catéchisme, et qui dit : “Lis, mes yeux n’y sont plus accoutumés, etc.” Par la bouche de l’enfant, dans la communauté de ceux qui habitent cette maison, est donné à entendre ce que l’écrivain offre ; il n’est pas nécessaire que l’enfant comprenne tout (et les enfants lisent d’ailleurs volontiers de tels écrits contenant beaucoup qui ne leur est pas aussitôt compréhensible) ; mais tout ce qui dans la matière ou la forme n’est pas approprié [ungehörig], après être passé par la bouche de l’enfant ressort d’une manière d’autant plus frappante  [37].

13.
Quasi aliud agendo...

Hébélie alémanique, Hebelia allemannica : racine, rosette basilaire, inflorescence ; par Gmelin, in Flora Badensis, Carlsruhe, in officina aul. Mülleriana, 1806, tome 2, p. 719.  [38]

14.
Il se peut qu’on aille de préférence chercher Hebel dans les moments de débâcle, devant un adversaire supérieur en force, qui contraint à abandonner une place ; lorsqu’une bataille a été perdue ; et qu’on est forcé au recul. Benjamin, en ce sens, le nomme un « général du repli ». Et la formule est frappante, assez sans doute pour que Bloch, l’ayant entendu de la bouche de Benjamin, s’en souvînt, beaucoup plus tard : il la cite en 1965 – alors qu’elle n’avait été pourtant encore nulle part publiée. Il faut supposer que Benjamin, outre la note qu’il en fit dans ses papiers, pour lui-même (dans les années 1929-1930, en préparation du livre), l’avait aussi employée à l’occasion d’une conversation entre amis – en Allemagne, en France ? [39] Pour lui-même, Benjamin développait l’image ainsi : « S’il existait une armée où les règlements prescrivent que dans le moment-augenblick où les troupes seraient battues et entameraient leur repli, ce soient d’autres commandants en chef qui aient à prendre le relais des précédents – des spécialistes du repli en quelque sorte – et qui seraient tenus en réserve dans ce but –, alors Hebel serait un tel “général du repli”. Car il dirige toujours toutes les choses, laisse toujours le dernier mot à la vérité et donne toujours à la vérité la place d’honneur [die Ehre]. Et pourtant : on ne saurait le faire de façon plus martiale que lui  [40]. »

15.

« ... ce qu’il nous rend présent ce ne sont pas des histoires de brigands, de drames familiaux, de naufrages ou d’événements survenus dans le Far West (bien que cela puisse arriver), mais les puissances suprêmes de sa région et de son temps. »
WB-Heb4-29b, p. 636, trad. fr., p. 163.

Si Hebel est le moraliste qu’on a dit, et si la morale pose très fondamentalement, comme on sait, la question de l’agir en ce monde (handeln), eh bien en ce monde où règnent les « puissances suprêmes » que l’on sait, l’action, ce sera avant tout le marchandage (das Handeln) : l’échange âprement, ardemment débattu. Or dans le monde hébélien en effet, on est constamment en affaires, jeté au milieu des palabres et ruses de la négociation : pour le prix d’un œuf à la coque, d’une course... Et les rapports entre les personnages sont des rapports d’emblée pris dans une lutte pour s’en sortir, au mieux (au meilleur prix), ou le moins mal possible (avec en poche, pour finir, quelques thalers de plus [41]). Alors, tout se compte et se négocie, se monnaye : les marchandises et les repas, aussi bien que les gifles ; le travail, aussi bien que les insultes et les coups, etc. Tout cherche sa valeur d’échange  [42]. Est ainsi dévoilé, en maintes histoires, à quel point ce qui fixe le prix, à la fin, n’est pas tant une juste comptabilité, un calcul spécialiste et valable de toute éternité – qu’un rapport de force présent et donné par des conditions initiales (et que seule une ruse – une présence d’esprit – est en mesure de très exceptionnellement renverser). Benjamin indique ouvertement que la morale hébélienne ne saurait en aucun cas être « la morale que procure la vie d’affaires de la grande bourgeoisie » (WB-Heb2-26b, p. 281). C’est même une morale qui vient miner cette autre morale-là, chaque fois, et en situation. « Car ce pasteur qui savait décrire le marchandage [das Handeln] comme nul autre écrivain allemand, et du trafic le plus sordide jusqu’à la générosité donatrice, tirer tous les registres, n’était pas homme à méconnaître le côté démoniaque de la vie professionnelle bourgeoise [43] ». Aussi rural et paysan que puisse paraître le monde de Hebel, les historiettes le montrent en permanence traversé par ces mêmes puissances démoniaques de l’échange et de la transaction qui, sur les bords plus ou moins paisibles du Rhin, naissent à la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle : celles de la transformation magique des choses et du travail en marchandises ; celles de l’échange incessant des marchandises entre elles ou contre argent sonnant, etc. Si Hebel peut être le moraliste qu’on a dit, c’est parce que contrairement à ce que feront ses successeurs, dans le champ de l’Heimatliteratur promise elle aussi au XIXe siècle à un grand avenir, il n’efface pas – magiquement, par les pouvoirs du poétique – la réalité brutale, économique, matérielle, de la vie des paysans qu’il décrit ; et à qui il écrit [44].

16.

« ... dessen Inhalt so weltweit wie handgreiflich... »
WB-Heb5-33, p. 628

Il y a quelque part une phrase de Benjamin sur les écrivains qui n’oublient jamais que la Terre est une planète qui va ; et qui chaque année repasse par les mêmes endroits, ou presque  [45]. Hebel, comme faiseur d’almanach (Kalendermacher), se plaît à se présenter aussi en astronome : la série des « Considérations sur l’édifice de l’univers » a en ce sens une fonction structurante pour l’almanach lui-même : puisque année après année Hebel expose dans cette série, pédagogiquement, l’un après l’autre, les objets de l’astronomie : le Soleil, la Terre, la Lune, les planètes, les étoiles, les comètes, etc. – et la série une fois terminée il la reprend aussitôt depuis le début [46]. Exactement comme il sut, à rebours exact de l’Heimatliteratur  [47], replacer le village au milieu d’un pays, le pays au milieu d’un continent entier (l’Europe alors secouée par la révolution, par la guerre), puis ce continent au milieu d’un monde plus vaste encore, il est celui capable d’aller replacer la planète entière, énorme ou minuscule – comme la prenant sous son bras –, à sa place au milieu de l’univers. Cette place, ainsi que l’explique l’almanach de 1809, est au numéro 12 exactement – soit : sur le douzième des cent petits points d’une ligne qu’il faut tracer en imagination pour s’y retrouver dans cet espace immense [48]. On s’est plu à l’envi, à l’appui du passage de « Retrouvailles inespérées » si souvent cité [49], à localiser la puissance poétique de la prose hébélienne dans cette capacité à ramasser dans une phrase unique un village perdu de la Forêt Noire et l’Amérique ; un fait d’histoire récente et un autre pris à la guerre des Zoulous ; une fleur minuscule, aperçue sur le chemin, et une étoile.

Or il est possible d’y voir aussi un refus intransigeant de distinguer entre le grand et le petit. Et c’est tout aussi bien, alors, un pouvoir – une volonté – de « combler le vide immense et béant qui pour tout petit-bourgeois existe entre histoire et vie privée  [50] ». Et contre l’historien chargé d’écrire l’histoire –, Hebel en simple « chroniste [51] »...

17.

Dambacher, illustration pour : Hebel, « Le Libelle » [#1].  [52]

18.
Écrire l’almanach « pour les paysans » (et, très explicitement, pour le leur vendre), cela ne voulut jamais dire pour Hebel les enfermer dans les limites, supposées étroites, de la vie paysanne, comme le faisaient tous les almanachs concurrents de l’époque, et comme le fera toute l’Heimatliteratur, et son équivalent français au XIXe siècle, mais au contraire : replacer leur vie dans le plein milieu de l’univers, qui a ses lois (astronomiques, météorologiques, économiques...) ; et leur donner ces lois quasi aliud agendo  [53]... Sur la manière dont, au commencement, Hebel envisagea très explicitement la tâche qui allait lui être confiée (la rédaction de l’almanach), voir les rapports, conservés, qu’il écrivit pour le consistoire en 1806-1807 (il expose ses remarques avec lucidité, pragmatisme, parfaitement au clair sur les contraintes, impératifs et enjeux qui sous-tendent une telle production) ; et voir la lecture, encore très vigoureuse, que donna de ces textes Maria Lypp, en 1970  [54]. « Le dialogue avec le lecteur, au cours duquel le faiseur d’almanach bavarde sur son métier (Handwerk), est une vieille tradition des almanachs : on la trouve aussi chez Grimmelshausen. La manière dont ce dialogue est manié dépend en revanche des intentions de l’auteur  [55]. »

19.

Passage d’un colporteur [1766]. Détail  [56].

20.
« En contrebas de Bühl je parvins sur la grand-route de l’Oberland [57]. Ah ! Quel sentiment m’envahit alors ! Toutes les joies de l’Oberland se réveillèrent en mon âme ! Mais à quoi me pouvait servir de me trouver sur cette route : mon chemin, lui, se poursuivait, en contrebas. Lourdement chargé de quatre sacs remplis de minerai, de charbon de pierre et de graviers, je revins chez moi et sentis alors à nouveau, et pour la première fois à ce point, la malédiction que le Ciel avait fait tomber sur moi en m’envoyant ici à Carlsruhe. Ah, comme tout était agréable, familier, calme, dans ces vallées cachées, et comme tout apparaissait libre et majestueux sur les hauteurs, où j’escaladais à l’aventure, et si semblable à l’Oberland. Maintenant me voilà de nouveau à traîner au milieu des bruits de la ville partout entouré de maisons et de murs qui ont au moins le mérite de masquer à ma vue l’ennuyeuse et peu aimable étendue sableuse, la vide et morte existence de toute cette contrée. » (Hebel, à son amie Gustave Fecht, octobre 1793, in GW, t. V, p. 29)

21.

Studio de la Südwestdeutscher Rundfunk [Radio du Sud-Ouest allemand], à Francfort-sur-le-Main. Walter Benjamin y lut son « Hebel » pour les auditeurs le 20 octobre 1929, entre 18 heures et 18 heures 20  [58].

22.
Benjamin, dans Sens unique, en 1928, relevait cet écriteau – fréquent dans l’espace public et urbain de son époque : « Interdit aux mendiants et aux colporteurs  [59] ». Si Hanns Bürgisser avait pu représenter pour lui dans les années 20 la récupération bourgeoise, weimarienne et affadissante de la figure de Hebel – le petit bibelot de porcelaine inoffensif et thorvaldsenien, universitaire, contre lequel il avait déjà violemment réagi –, on se demande si quelques années plus tard, depuis son exil parisien cette fois, il eut vent de l’accent nouveau qu’on commençait à prendre en Allemagne pour parler de l’auteur du Schatzkästlein ; qu’on prit par exemple au Congrès alémanique qui se tint à Fribourg en octobre 1936 – auquel Heidegger assista  [60] – et à l’occasion duquel Hermann Burte, l’écrivain régionaliste, mais déjà célèbre et influent au-delà des frontières de son seul Bade natal, tout juste rentré au parti, prononça – en vers, en strophes – un long éloge de Hebel en inventeur de l’idée alémanique ; en promoteur de ce « sang alémanique » qui coule dans les veines des « paysans aryens », de part et d’autre du Rhin ; faisant très explicitement de l’écrivain le vecteur d’un pangermanisme « local », qui depuis le Bade lorgnait sur l’Alsace, aussi bien que la Suisse [61]. Hermann Burte, le premier, venait de recevoir en mai le prix Hebel, tout nouvellement créé  [62].

Et Benjamin put-il encore apprendre, par quelque journal ou quelque correspondant resté en Allemagne, en 1939, qu’un certain Heinrich Herrmann, depuis Königsberg republiait une sélection des historiettes de Hebel, avec les gravures de Dambacher, qu’il admirait, et les republiait exactement sous ce titre que Hebel en son temps, face à Cotta, avait expressément refusé pour la parution de l’Écrin en 1811 : Der deutsche Hausfreund ? (Où l’adjectif « allemand » se substituait en son sens évidemment national à l’adjectif défendu par Hebel : « rheinländisch [63] ».)

Les écrivains d’alors, pour justifier les relectures et réinterprétations qu’ils faisaient de Hebel (car il est frappant de les voir tous très soucieux de justification), disaient – au conditionnel – que Hebel aurait été lui aussi un esprit politique, eût-il vécu dans le temps qui était le leur, ce temps de renouveau en Allemagne ; et que s’il ne l’avait pas été, écrivaient-ils, alors simplement parce qu’il avait vécu en un temps apolitique et paisible, et qu’il avait vécu et écrit, comme eux, conformément à son temps  [64]...

23.
Portrait de Hermann Burte, Prix Hebel 1936.

24.

Portrait de Hermann Eris Busse, Prix Hebel 1939.

25.
Kurt Tuchoslky, à son ami Hasenclever, janvier 1934, depuis la Suède :

Ne dites pas que vous travaillez dans un espace dénué d’air. Vous ne le feriez que si vous lâchiez « présentement » la bonde. Ce sage Kracauer a écrit quelque part : « Qui se commet trop profondément avec le temps, vieillit vite  [65]. » Voilà ce que vous ne faites plus depuis longtemps – et sans lui tourner le dos. De la prose ? Très bien. Si je puis me permettre de recommander en guise de bain purifiant, pour l’âme : beaucoup de Hebel (avec un b), Kleist et Schopenhauer – ça fait le ménage dans les coins.

Frédéric Metz

Berlin, mai-juillet 2021

Sources et abréviations utilisées pour les textes de Walter Benjamin sur Hebel :

1) WB-Heb1-26a : „Johann Peter Hebel (1). Zu seinem 100. Todestage“ [1926], in GS [=Gesammelte Schriften], t. II, 1, p. 277-280. [Texte paru dans divers journaux en 1926, dont la Magdeburgische Zeitung et le Berliner Börsencourier].

2) WB-Heb2-26b : „Johann Peter Hebel (2). Ein Bilderrätsel zum 100. Todestage des Dichters.“, in GS, II, 1, p. 280-283 [Texte paru dans : Literarische Welt, 24 septembre 1926].

3) WB-Heb3-29a : „Hebel gegen einen neuen Bewunderer verteidigt“, in GS III, p. 203-206, paru le 6 octobre 1929, dans le Literaturblatt der Frankfurter Zeitung. [Recension par Benjamin du livre : Hanns Bürgisser, Johann Peter Hebel als Erzähler, Horgen-Zurich, 1929.] (cf. traduction française par Philippe Ivernel, in Benjamin, Œuvres et inédits, t. 13 : « Critiques et recensions », Klincksieck, 2018.)

4) WB-Heb4-29b : „Johann Peter Hebel (3)“, in GS II, 2, p. 635-640, exposé pour la radio, lu à la „Bücherstunde“ du Südwestdeutscher Rundfunk (à Francfort-sur-le-Main), le 20 octobre 1929, à 18 heures [d’après WuN, IX, 2, p. 458]. Traduction en français par Rainer Rochlitz, in Œuvres, Gallimard, coll. Folio, 2000, t. II, p. 167-168.

5) WB-Heb5-33  : „J. P. Hebels Schatzkästlein des rheinischen Hausfreundes“, in GS II, 2, p. 628. Texte paru dans Die Welt im Wort (journal publié à Prague et à Vienne), le 14 décembre 1933. Enquête du journal à laquelle répondirent aussi Th. Mann, H. Broch, Max Brod, etc. „Was soll man zu Weihnachten schenken ?

6) WB-Heb6-Ms : Pages manuscrites de Benjamin sur Hebel. Archives W. Benjamin, Berlin. (Ms 841v, Ms 842, Ms 843, Ms 844, Ms 846, Ms 847.) Reproduites in GS II, 2 : « Aufzeichnungsmaterial zu Hebel », p. 1444-1449.

Autres sources sur Hebel avec sigles :

1) GW : J. P. Hebel, Gesammelte Werke, éd. Jan Knopf, Franz Littmann et Hansgeorg Schmidt-Bergmann, en six volumes, Göttingen, Wallenstein Verlag, 2019.

2) KG : Johann Peter Hebel, Die Kalendergeschichten, éd. Hannelore Schlaffer et Harald Zils, Munich, Deutscher Taschenbuch Verlag, 2010 (1re éd. 1999).

3) Mar-Siegman  : Maren Siegman, « Geschliffene Worte, poliertes Gestein. Johann Peter Hebel, die Erforschung der Natur und der Markgräfler Jaspis », Catalogue d’exposition, Efringen-Kirchen, 2010.

4) Wizisla-WBHeb  : Erdmunt Wizisla, „Zu Johann Peter Hebel“, in Benjamin-Handbuch, dir. B. Lindner, Stuttgart et Weimar, J. B. Metzler, 2006, p. 493-501

5) JPHeb-Preis36-88 : Der Johann Peter-Hebel-Preis 1936-1988. [Catalogue d’exposition], dir. Manfred Bosch], publication du Oberrheinisches Museum Karlsruhe, Waldkircher Verlag, 1988.

Liste des Traductions en français de textes de Hebel donnés depuis 2016 dans le Hebel-Kolportage :
Textes distribués à Rennes sous forme de tracts et lus à la radio de la Maison du peuple, occupée, début mai 2016. Repris dans Pontcerq [revue], n°1, octobre 2016 :

[#1] « Le Libelle »
[#2] « Le Déjeuner dans la cour »
[#3] « L’apprenti barbier de Segringen »
[#4] « Le petit mendiant »
[#5] « Comment l’on se fait raser par charité »
Tract imprimé par Pontcerq, le 11 mai 2017 :
[#6] « La réponse du cordier »
Texte publié in lundimatin, mai 2017. (« Proposition de grève postillonnaire – Bade. ») :
[#7] « Les deux postillons »
Textes publiés in Revue Incise, n° 4, septembre 2017 :
[#9] « Le pendu innocent »
[#10] « Le hussard rusé »
[#11] « Le paysan et l’inspecteur des douanes »
[#12] « Le sage sultan »
[#13] « Première problème d’arithmétique »
[#14] « Le mendiant judicieux »
[#15] « Solution à l’exercice d’arithmétique de l’année dernière – puis un autre par là-dessus »
[#16] « Le ferronnier »
[#17] « L’indulgence l’emporte sur l’outrage »
[#18] « Malheur de la ville de Leyde »
[#19] « Des chenilles processionnaires »
Textes publiés sous forme de tracts in Pontcerq-flugblatt #6, décembre2018 :
[#20] « Des œufs cher payés »
[#21] « Douce croisière pour qui le veut bien croire »
[#22] « Bizarrerie »
[#23] « Comment faire de l’encre bleue »
Textes publiés dans lundimatin, février 2019 :
[#24] « Vengeance déjouée. (Une histoire vraie) »
[#25] « L’apprenti »
[#26] « L’intercesseur. (Une manière de faire la paix). »
[#27] « Décapitation secrète » (Avec une illustration se trouvant page suivante)
[#28] « De ce qui est englouti dans Vienne »
Textes publiés sous forme de tracts : Pontcerq-flugblatt #7, novembre 2019, et distribués à l’hiver 2019-2020 par plusieurs librairies amies de la maison : Myriagone à Angers, McGriffs à Paris, Les Villes invisibles à Clisson, La Fleur qui pousse à l’intérieur à Dijon, L’Hydre aux mille têtes à Marseille, L’Atelier à Paris, L’Odeur du temps à Marseille, Vent d’Ouest à Nantes, Michèle Ignazi à Paris, Texture à Paris, Planète Io et L’Établi des mots à Rennes, Lune et l’Autre à Saint-Étienne, Michèle Firk à Paris.
[#29] « Deux honorables commerçants »
[#30] « Un navire de guerre »
[#31] « Le dernier mot »
Textes publiés sous forme de tracts : in « Contrebande franco-allemande en bord de Rhin et Spree (Bade et Marche) », Pontcerq-flugblatt #10, décembre 2019 ; distribué par Zadig, librairie française de Berlin :
[#32] « Le marchand de gants »
[#33] « L’armée française »
[#34] « Annonce de la victoire à Brassenheim en l’an 1813 »
Textes publiés dans « Pour un certain Noël, Hebel », in lundimatin, 23 décembre 2019 :
[#36] « Le gibet de Thalhausen »
[#37] « Le conscrit »
[#38] « Souvarov »
[#39] « Accommodante juridiction »
[#40] « Un cheval avantageusement vendu »
[#41] « Pieve »
[#42] « Mise à l’épreuve »
[#43] « Un art de maigre profit »
[#44] « Confection rapide »
[#45] « Grand incendie »
Textes lus par Lionel Monier, rezitator-comédien, dans les rues de Rennes en juin 2020, et déposés en fichiers audio quelque part sur internet :
[#46] « Un amour rare »
[#47] « En Turquie »
Textes publiés dans la revue 591, septembre 2020 :
[#48] « Deux histoires »
[#49] « La Taupe »
[#50] « Nuit sans sommeil d’une noble femme »
Texte publié par Pontcerq in « Vœux 2021. – Hebel-Kolportage (suite) », janvier 2021 :
[#51] « L’Ami de la maison s’adresse au bienveillant lecteur pour la troisième fois et lui souhaite la bonne année. » [Avant-propos de l’Almanach de l’année 1813]
Textes publiés par Pontcerq dans « De la science naturelle, de la raison et des ruses. [Un peu de Hebel pour l’été 2021] » :
[#52] « Suite des considérations sur l’édifice de l’univers (1809) »
[#53] « Des petits et des grands »
[#54] « Poissons volants »
[#55] « Monsieur Wunderlich »
[#56] « Les trois voleurs »
[#57] « La tabatière »
[#58] « Comment Fredo l’Allumette se fit donner une monture »
[#59] « Le Trompe-l’œil »

Nota Bene : Toute traduction du Hebel-Kolportage peut être demandée en écrivant à Pontcerq, par voie postale ou électronique. Demandez simplement « le Hebel-Kolportage [#4], [#13], [#22], [#x] », selon votre choix. Vous pouvez aussi demander « Retrouvailles inespérées » : pour cela, demandez le numéro [#1001].

[1Nota Bene / Merke : En marge du colloque sur « Expérience et pauvreté » de Walter Benjamin organisé à l’Université de Rennes 2 par Christophe David et Florent Perrier les 14, 15 et 16 octobre prochains, Lionel Monier, le comédien-rezitator du Hebel-Kolportage, proposera une lecture d’historiettes de Hebel inédites.

Cette lecture aura lieu le samedi 16 octobre, à 10 heures 50, amphithéâtre T (Bât. PNRV), Université de Rennes 2, Villejean.

[2Toute reprise ne se vaut pas : le texte d’« Amour fidèle » est très mauvais ; « Retrouvailles inespérées », par Hebel, est « la plus belle histoire du monde » (Ernst Bloch, « Nachwort zu Hebels Schatzkästlein » [1965], in Literarische Aufsätze, Werkausgabe, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, vol. 9, 1985, p. 175). / Voir : Friedrich Hebbel, « Treue Liebe », dans le Ditmarser und Eindstetter Bote, 1828 ; Gotthilf Heinrich Schubert, Ansichten von der Nachtseite der Naturwissenschaft. Dresde, Arnold, 1808 ; repris dans la revue Jason, en 1809 (n° 1) ; et dans le Messager suisse (Schweizer Bote) du 8 mars 1810.

[3Le journal, où ce court texte parut, posait à plusieurs écrivains – autrichiens, suisses, ou allemands en exil – la question : « qu’offrir pour Noël ? » (Die Welt im Wort, 14 décembre 1933). Le texte de Benjamin, intitulé „J. P. Hebels Schatzkästlein des rheinischen Hausfreundes“ a été repris dans GS II, 2, p. 628 [texte noté WB-Heb5-33 dans ce qui suit ; voir à la fin de notre texte la liste des abréviations utilisées pour les cinq textes de Benjamin sur Hebel]. (Cf. « Hebel pour Noël », in lundimatin, 23 décembre 2019). Le texte de Benjamin, qui explicitement articule sa réponse sur les circonstances, s’achève sur cette phrase : « Ce n’est pas pour rien que l’Écrin fut le livre préféré de Franz Kafka. »

[4Hebel, in Gesammelte Werke (=GW), tome IV, p. 307.

[5« Stellen Sie sich nur vor, ich habe ietzt sieben- bis achthalbhundertley natürliche Pflanzen, iede in ihrer Blüthe, zwischen Fliespapir getrocknet, beysammen und bei ieder den Namen und die Heimath. Davon sind viele aus Asia, Afrika und Amerika die aber hier im botanischen Garten gezogen werden, und viele vom Belchen, von Nonnmattweier usw. Und daß Sies wissen, ich hab ohnehin auch noch einen Straus von Ihnen, den ich auf des Schlosser Sehls Bänklein – ich weiß nicht mehr, ob von Ihnen geschenkt bekommen, oder Ihnen heimlich entwendet habe. » (Lettre à son amie Gustave Fecht du 28 septembre 1795, GW, t. V, p. 45-46)

[6«  botanischer Wuth », dans une lettre à Nüßlin (l’ami de Genève), datée du 31 décembre 1803 – 4 janvier 1804 : « Elle [la botanique] vous fait le même effet qu’une jolie fille ; et c’en est fait de votre repos. » (ibid.)

[7Gmelin donne lui-même systématiquement en plus du nom latin (sa Flore est rédigée entièrement en cette langue) un nom vernaculaire, en allemand puis en français. Cf. Flora Badensis, Carlsruhe, Müller, 1806, tome 2, p. 117-119 : « 568. Hebelia collina [...]. / Germ. Hügel-Hebelie. / Gall. Hebelie des collines. » / « 569. Hebelia allemannica [...] / Germ. Allemannische Hebelie. / Gall. Hebelie allemanique. ». (L’hébélie des collines est aujourd’hui nommée Tofieldie à calicule [Tofielda calyculata] ; l’hébélie alémanique est la Tofiedie boréale [Tofielda pusilla]. Les botanistes les regardent comme de fausses asphodèles.)

[8« ... und in Ansehung der übrigen, Botanikus und armer Teufel in Carlsruhe gantz gleichbedeutend seyen, und im Sprichwort schon lange eines für das andere gelte. » (Hebel à Sophie Haufe, fin mai début juin 1805 ; GW, t. V, p. 283) / « Aber was für ein Schatz und Apparat fur die Erinnerungskunst in einem Herbarium steckt, das wissen alle diese Mnemoniker noch nicht. » (Hebel, à Nüßlin, 8 janvier 1805, GW, t. V, p. 256) / « Mais quel trésor et quel appareillage pour l’art de la mémoire contient un herbier, c’est là ce que tous ces mnémotechniciens ignorent encore... »

[9Par exemple, « Das Branntweingläslein » et « Der betrogene Krämer » sont ni plus ni moins des techniques d’arnaque assez directement et universellement applicables. Voir aussi « Le marchand de gants » [Kolportage#32] ; « Le hussard rusé » [#10], etc. [Nous renvoyons sous cette numérotation en [#], le cas échéant, aux traductions données de ces textes dans le Hebel-Kolportage commencé en mai 2016 (voir liste à la fin de ce texte).]

[10Par exemple dans « Un cheval avantageusement vendu » [Kolportage#40], la mise en garde initiale n’est que prétérition. Le lecteur sympathise avec le fils frivole, dès la ligne suivante et jusqu’à la fin du récit – lequel prend un sens tout autre que celui annoncé au début. (La morale, chez Hebel, n’est pas une maxime, une phrase qu’on isole ; elle est invisibilisée, installée dans le récit lui-même – comme un nez au milieu d’une figure.)

[11{{}}« Das Diebsorgan ? ». Cf. Walter Benjamin, « Johann Peter Hebel », in WB-Heb4-29b, p. 639 [trad. fr. Rainer Rochlitz, in Œuvres, Gallimard, coll. Folio, 2000, t. II, p. 167-168]. / La première histoire d’almanach où apparaissent les voyous hébéliens – Fredo et Riton l’Allumette, et leur acolyte Thierry le Rouge – date de 1809 : elle est décalquée de fort près dans son déroulement sur un long récit donné en vers par Johann Heinrich Voß (1791, rééd. 1802). Hebel ne s’en cache pas : dans les premières lignes, à l’envers d’une attestation à l’antique, il fait même de l’existence de ce texte précédant le sien la garantie, à l’adresse des censeurs nerveux, que tout cela n’est jamais que fiction, ou copie de fiction – littérature (cf. « Les Trois voleurs », [Kolportage#56]).

[12C’est-à-dire, sans doute, sur le voyage de retour d’Erlangen, une fois ses études achevées. [Hebel étudia la théologie à l’Université d’Erlangen entre 1778 et 1780. Tôt orphelin, sans ressources familiales, ses études ne furent permises que par une notification testamentaire de l’ancien maître de ses parents, qui réservait pour l’éducation du jeune enfant un pécule ; puis par l’entremise d’un de ses anciens professeurs de latin, qui l’avait pris sous sa protection, et qui fit qu’on l’autorisât, l’heure venue, à entrer comme élève au lycée de Carlsruhe (cf. Mar-Siegman, p. 7 ; GW6, p. 430-432).]

[13Principauté d’Ansbach-Bayreuth, cédée à la Prusse en 1791.

[14Il s’agit du « péage corporel » auquel les Juifs, juridiquement considérés comme placés sous la protection d’une couronne, étaient astreints à l’endroit du souverain. Cette pratique établie au Moyen Âge dans le Saint-Empire ne fut abolie que dans le cours du XIXe siècle.

[15Christoph Friedrich Kölle, « Zu Hebel’s Ehrengedächtnis. Vom Adjunkten des Rheinländ. Hausfreundes » [1842], publié in Werke Hebels, C. F. Müller, 1843 (reproduit in Kalendergeschichten, p. 735-747 ; ici, p. 738-739). / Kölle fut un proche ami de Hebel à Carlsruhe ; il est celui qu’il nomme « l’adjoint » dans l’almanach ; et dont il regrette le départ, quand celui-ci survient, en 1812 : Kölle est envoyé en ambassade à Dresde (cf. « Mise à l’épreuve » [#42]).

[16Mais il y a plus d’histoires encore où apparaissent des Juifs – moteurs et inventeurs de ruses admirables, ou bien lamentables victimes de celles-ci : « Einträglicher Rätselhandel » (1810, KG, p. 234), « Der falsche Edelstein » (1810, p. 261), « Drei Worte » (1811, p. 333), « Les deux postillons » (1811, [#7]), « L’indulgence l’emporte sur l’outrage » (1813, [#17]), « Kurze Station » (1813, p. 463), « Der gläserne Jude » (1814, p. 499), « Wie einmal ein schönes Roß um fünf Prügel feil gewesen ist » (1814, p. 480), « List gegen List » (1815, p. 551), « Gleiches mit gleichem  » (1815, p. 579), « Le gibet de Thalhausen » (1815, [#36]), etc.

[17Nous avons parlé ailleurs à ce propos d’un procédé d’umstülpe  : porté sur la surface extérieure d’un volume, le message ne peut être vu depuis l’intérieur – ceux situés à l’intérieur et malgré eux le portant étant même les seuls à qui il est rigoureusement impossible de le voir. Cf. « Au sujet d’un certain mouvement dans l’espace : »umstülpen« », in Pontcerq, Rennes, n° 1, p. 157-170.

[18Martin Heidegger, « Hebel. L’Ami de la maison », in Questions III et IV, trad. Julien Hervier, Gallimard, coll. Tel, 1976. / L’Ami de la maison est le nom de l’almanach, mais aussi le terme par lequel Hebel se désigne à ses lectrices et lecteurs dans les textes. / « Aucune situation n’est si désespérée et si infâme que la vertu renonce à y prendre pied, mais il y faut des masques. C’est pourquoi la morale ne surgit jamais ici à l’endroit où on l’attendrait conventionnellement. » (WB-Heb4-29b, p. 639-640, trad. fr., op. cit., p. 168)

[19Benjamin, „Johann Peter Hebel. Ein Bilderrätsel zum 100. Todestage des Dichters“, in Literarische Welt, 24 septembre 1926 ; repris dans GS, II, 1, p. 280 [= WB-Heb2-26b].

[20Ibid., p. 280-281.

[21Walter Benjamin, „Hebel gegen einen neuen Bewunderer verteidigt“ [« Hebel défendu contre un nouvel admirateur »], in Literaturblatt der Frankfurter Zeitung, 6 octobre 1929 ; noté ici WB-Heb3-29a, p. 203-206) / Bürgisser était un élève de Ermatinger, professeur que Benjamin avait eu à l’Université de Berne, et dont il faisait peu de cas (cf. WuN, tome XIII, 2, p. 227-228). « Ce dont aurait besoin [Hebel], ce ne n’est pas qu’on adjoigne des zéros à la queue leu-leu, mais d’un “un”, qui une fois pour toutes fixe la première place, en des traits un peu nets. Ce qui a été initié en ce sens, le nouvel admirateur l’ignore. » (ibid., p. 203) On sait que Benjamin, durant cette période, projeta alors, en parallèle de ses autres travaux, l’écriture d’un livre sur Hebel (cf. Ms 842, ici WB-Heb6-Ms, p. 1445).

[22Forêt des environs immédiats de Carlsruhe ; elle commence aux abords mêmes du château.

[23Christoph Friedrich Kölle, « Zu Hebel’s Ehrengedächtnis. Vom Adjunkten des Rheinländ. Hausfreundes », op. cit. [Texte reproduit in KG, p. 740].

[24« Kasuist » (WB-Heb3-29a, p. 205) ; « angewandte Gerechtigkeit » (WB-Heb5-33, p. 628).

[25C’est la morale comme « élément étranger », « corps étranger » (Fremdkörper) (WB-Heb4-29b, p. 640 / trad. fr., p. 169), c’est-à-dire comme principe s’abattant abstraitement (brutalement) sur un ici et maintenant, sur une réalité donnée à laquelle elle ne peut que faire violence.

[26« Seine Moral ist die Fortführung der Erzählung mit anderen Mitteln. » (WB-Heb5-33, p. 628)

[27Cf. WB-Heb4-29b, p. 635 (cf. trad. fr., p. 163).

[28« Daher das kräftige ‘Hier’ seiner Schauplätze. » (WB-Heb4-29b, p. 638 ; trad. fr., p. 166)

[29WB-Heb4-29b, p. 635 ; trad. fr. p. 163. / On lit exactement en ce sens, dans une lettre (qu’il n’est pas sûr pourtant que Benjamin ait eue sous les yeux), au sujet du conteur d’histoires d’almanach : « [...] dass er während er quasi aliud agendo seine Leser belehrt, so viel als möglich zwischen ihren bekannten und ansprechenden Gegenständen sie herumführe, sie öfters an Bekanntes erinnere und sich ihnen gleiche. » / « ... que pendant qu’il instruit ses lecteurs quasi aliud agendo il les promène auprès des choses qu’eux-mêmes connaissent et qui leur parlent, les rappelle très fréquemment à ce qui leur est connu et se rend semblable à eux... » (Hebel, à Kerner, 20 juillet 1817, GW, t. VI, p. 179).

[30« angewandte Gerechtigkeit, welche jenen mit ganz anderem Maße mißt als die übrigen  » ; « une justice appliquée, qui mesure celui-ci à une aune toute différente que les autres » (WB-Heb5-33, p. 628).

[31« Le Juste – le mot étant pris en son sens biblique – tient le rôle principal sur son theatrum mundi. Mais comme personne n’est en fait apte à assumer pareil rôle, on le fait jouer à l’un puis à l’autre : tantôt c’est le juif trafiquant [Schacherjude], tantôt le chemineau, tantôt le simplet [Beschränkte], qui saute en scène pour endosser le rôle. Et c’est chaque fois un acteur invité pour une situation ou une autre, chaque fois une improvisation morale. » (WB-Heb3-29a, p. 204-205) / Benjamin voit dans cette manière de faire la « morale » une manière éminemment « talmudique » (cf. WB-Heb1-26a, p. 279-280)

[32Ce que nous avons montré sur plusieurs exemples dans : « Suites de Hebel [1, 2,…, 11]. Une circulation », in Revue Incise, n° 4, septembre 2017, p. 160-169. La ruse est tentative d’interruption d’une « suite » (malheureuse) (qui répète, voire accroît le malheur) ; les conditions initiales de la suite sont les conditions matérielles au point de départ.

[33Voir « Le hussard rusé » [#10], « Le petit mendiant [#4] », « Deux histoires » [#48].

[34WB-Heb4-29b, p. 640, trad. fr., p. 169. / Il n’est pas rare par conséquent que la morale que semble donner Hebel ici ou là au début ou à la fin d’une histoire (comme Phèdre ou La Fontaine, d’une fable) puisse se trouver entièrement renversée par le récit auquel elle fait suite (ou qu’elle précède et en apparence introduit) : ces morales vides – ou leurres – ne sont que citations de maximes générales qui, comme le remarquait très bien Auerbach, « le plus souvent arrive[nt] comme un cheveu sur la soupe » ; où l’allemand dit, un peu plus brutalement : « comme un poing dans un œil...  » (« die aber meist paßt wie eine Faust auf’s Aug »). Cette phrase d’Auerbach sur Hebel est relevée par Benjamin : cf. Manuscrit 841v, WB-Heb6-Ms, p. 1444. / Voir par exemple les maximes, à la fin de « La Tabatière » [#57] (quand Fredo l’Allumette se pique de faire lui-même la morale). Benjamin relève aussi le renversement de la morale dans « Mise à l’épreuve » [#42] par exemple : cf. WB-Heb1-26a, p. 280.

[35Heide Helwig, J. P. Hebel, Munich, Carl Hanser Verlag, 2010, p. 17. / Le Rigi est une montagne suisse des environs de Lucerne, qui fut dès le XVIIIe siècle un lieu d’excursions prisé.

[36Friedrich August Nüßlin, in Briefe von J. P. Hebel an einen Freund mit Erläuterungen, Mannheim, Heinrich Hogrefe, 1860, p. 24-25.

[37B. Auerbach, Schrift und Volk, Grundzüge der volksthümlichen Literatur, angeschlossen an eine Charakeristik J. P. Hebels, Leipzig, F. A. Brockhaus, 1846, p. 342-343, n. t. / Extrait recopié par Benjamin, in Manuscrit Ms 841v, WB-Heb6-Ms, p. 1444. Benjamin y voit une remarque « très belle » (ibid.). La même idée qu’en 6 ? Quand le message est délivré par qui n’en sachant encore le chiffre ne peut le comprendre – et que son sens n’en apparaît que mieux aux destinataires : comme révélé à l’encre magique, sur une surface qui l’ignore...

[38Il est remarquable que la Flora Badensis de Gmelin, ouvrage qui pour les presque mille espèces (956 exactement) ne donne que dix planches d’illustrations, sur feuilles adjointes et pliées, en fin de volume, en donne une de chacune des deux hébélies [« tom. II, in tab. 1 »].

[39C’est l’hypothèse que fait Erdmunt Wizisla : voir „Zu Johann Peter Hebel“, in Benjamin-Handbuch, dir. B. Lindner, Stuttgart et Weimar, J. B. Metzler, 2006, p. 496 (noté dans ce qui suit Wizisla-WBHeb).

[40Ms 843, WB-Heb6-Ms, p. 1447, n. t.

[41Voir par exemple : « Des Œufs cher payés » [#20] ; « Douce croisière pour qui le veut bien » [#21] ; « Deux honorables marchands » [#29], etc.

[42Pour la monétisation de la gifle, voir « Le Ferronnier » [#16] ; pour celle de l’insulte, voir « L’indulgence l’emporte sur l’outrage » [#17].

[43Cf. WB-Heb1-26a, p. 279 ; et à l’identique in WB-Heb4-29b, p. 639, voir trad. fr., p. 168 (ici très légèrement modifiée).

[44« ... eben weil er sich auf Geschäftsmoral versteht », écrit Benjamin (cf. WB-Heb2-26b, p. 281 : « précisément parce que la morale des affaires est un terrain où il s’y connaît... »).

[45Par exemple repasse dans le champ des Orionides, tous les ans, autour du 21 octobre : alors des étoiles filantes, dans la nuit, tombent en pluie sur la Terre.

[46L’identification entre astronomes et faiseurs d’almanachs est explicite dans les « Considérations sur l’édifice de l’univers » de l’année 1809 (#52) : « wir Sternseher und Calendermacher... » (KG, p. 158)

[47Pour cette raison, le lien que Robert Minder chercha à établir entre Hebel et l’Heimatliteratur, y compris en France, n’est à notre avis pas très convaincant. Cf. « J. P. Hebel und die französische Heimatliteratur », in Dichter in der Gesellschaft. Erfahrungen mit deutscher und französischer Literatur, Darmstadt, Modern-Buch-Club, 1968, p. 108-139.

[48Voir « Suite des considérations sur l’édifice de l’univers » (#52) : « ... si partant du Soleil et allant jusqu’à la planète Saturne, que jusque là on tenait pour la dernière, on se figure placés en ligne droite cents petits points, à égale distance les uns des autres, alors on trouve sur le quatrième, en partant du Soleil, la planète Mercure, et personne n’y peut mais : elle est là, et n’est pas autre part. Si maintenant on compte derechef trois, on tombe sur Vénus. Si l’on continue à compter derechef deux fois trois, soit six, on a notre Terre, etc. ». / « ... un de ces humoristes qui, tel[s] Lichtenberg ou Jean Paul, ne semblent jamais oublier que la terre est un astre » (Benjamin, « Sur Scheerbart » [en français], in GS II, p. 632 ; ou : Écrits français, Gallimard, coll. Folio, p. 254 ; Benjamin parle ici de Scheerbart, non de Hebel.)

[49Voir la célèbre énumération : « Napoléon conquit la Prusse, les Anglais bombardèrent Copenhague, et les paysans semaient et moissonnaient, etc. » (On relève une phrase semblable dans « Veronika Hakman »).

[50« ... die öde Kluft verschüttet, die für jeden Spießer Geschichte und Privatleben trennt  » (WB-Heb2-26b, p. 283)

[51« Der Chronist, welcher die Ereignisse hererzählt, ohne große und kleine zu unterscheiden, trägt damit der Wahrheit Rechnung, daß nichts was sich jemals ereignet hat, für die Geschichte verloren zu geben ist. » (Walter Benjamin, « Über den Begriff der Geschichte », thèse n° 3, GS I, p. 694 ; traduction de M. de Gandillac : « Le chroniqueur qui narre les événements, sans distinction entre les grands et les petits, tient compte, ce faisant, de la vérité que voici : de tout ce qui jamais advint, rien ne doit être considéré comme perdu pour l’Histoire. ») / « C’est là le principe des histoires, que ramasse l’almanach : raconter ce qui a eu lieu, non pas du point de vue du cortège triomphal au cours duquel les “biens culturels” sont exposés avec le reste. Il s’agit de faire s’effondrer les monuments de l’historiographie traditionnelle, et ainsi de “brosser l’histoire à rebrousse-poil” (thèse VII, GS, I, p. 697). » (Wizisla-WBHeb, p. 499, n. t.) / Dans le sens de cette thèse de Benjamin parle par exemple le détournement du texte biblique, opéré par Hebel dans « Suite des considérations sur l’édifice de l’univers » (1809, #52) : par ce détournement, c’est l’almanach lui-même qui se trouve identifié, année après année, à un Livre des Chroniques. / « Alors que l’historien écrit l’Histoire, le chroniqueur raconte des histoires  » (Marc Berdet, Walter Benjamin. Une passion dialectique, Armand Colin, 2014, p. 260).

[52« Ce qu’il y avait de démoniaque dans ces farces de Hebel, nul ne l’a mieux compris que Dambacher qui a illustré en 1842 une édition des Farces de l’Ami de la maison du pays rhénan par ses lithographies. Ces puissantes illustrations sont pour ainsi dire des marques sur le sentier de contrebande où les escrocs plus riants de Hebel trafiquent avec les petits-bourgeois sombres et effrayants du Wozzeck de Büchner. » (WB-Heb4-29b, p. 639, trad. fr., p. 168) / On peut noter qu’en allemand le « genre littéraire » du « schwank » [traduit ici par « farce »] dans lequel ces historiettes de Hebel se rangent désigne d’abord et étymologiquement le tour (voire le coup), avant de désigner le récit de ce tour (de ce coup). Cf. « Schwank (m. 1u) derb-komische Erzählung, derb-komisches Bühnenstück [mhd. < swanc “Schlag, Hieb ; lustiger Streich ; Erzählung davon”] » (Deutsches Wörterbuch Wahrig, 1994, p. 1408) « Schwank n. m. (pluriel : Schwänke) : histoire, ou pièce pour les planches, comique ou grossière. [du moyen-haut-allemand swanc : “coup, horion ; tour amusant ; récit qu’on en fait” »].

[53Des objections ne tardèrent pas à s’élever contre cette manière de s’y prendre, nouvelle dans la longue tradition des auteurs d’almanachs en Allemagne. « Tous les faiseurs d’almanachs ressentent de plus en plus d’hostilité à l’égard de L’Ami de la maison du pays rhénan. C’est qu’ils disent qu’il gâte les gens et les rend indépendants-meisterlos, parce qu’il rend compte à ses lecteurs de tout ce qu’il fait et ne fait pas, et qu’il parle avec eux » (Hebel, « Prologue à l’Almanach de 1819 », KG, p. 623) / Début 1815, une historiette de l’almanach, « Le pieux conseil », s’était attirée la colère des autorités catholiques ; l’almanach avait été confisqué, censuré après-coup ; Hebel dut démissionner de son poste de rédacteur, comme aussi de son poste de proviseur du lycée (l’Almanach était officiellement publié par le lycée de Carlsruhe).

[54Maria Lypp, « ‘Der geneigte Leser verstehts’. Zu J. P. Hebels Kalendergeschichten » (1970), repris in Rainer Kawa (éd.), Zu Johann Peter Hebel, Stuttgart, Ernst Klett, 1981, p. 93-109. [Car la germanistique au temps de la République de Bonn et des chanceliers économistes avait une énergie, ou vigueur, qu’il n’est pas sûr qu’elle ait encore aujourd’hui (à l’Université Libre de Berlin-Ouest, Ulrike Marie Meinhof, au semestre 1969-1970, enseignait justement aux étudiantes et étudiants ; le séminaire était intitulé : « Möglichkeiten von Agitation und Aufklärung im Hörfunk-Feature »). Hebel n’a-t-il pas aujourd’hui presque entièrement disparu d’Allemagne ? Essayez voir d’y prononcer son nom. (« Hebel ? Meinen Sie etwa Hebbel ? ») (On vous corrige, gentiment ; supposant qu’étranger vous avez mal prononcé.) Ou bien le Hebel de l’ère Merkel ressemble au Hebel weimarien de Bürgisser : la porcelaine blanche et lisse, le biscuit... (On peut imaginer que dans une des nombreuses planques, en RFA, entre 1970 et le mois de juin 1972, elle a pu trouver, sur une étagère, parmi d’autres livres, ceux de ses hôtes, un petit exemplaire du Schatzkästlein, et qu’elle l’a ouvert...). Pour un exemple de Bürgisser actuel (cent ans après), voir les quelques pages, confondantes, que consacre tout récemment à Hebel Michael Maars dans son livre bestseller : Die Schlange im Wolfspelz. Das Geheimnis großer Literatur, 2020, p. 189-193 : Hebel en styliste, Hebel en pédagogue...]

[55Maria Lypp, art. cit., p. 98.

[56« Verkauf von Gedrucktem ». Gravure d’après une toile de Johann Conrad Seekatz (Bâle, 1766). D’après : Als die Post noch Zeitung machte. Eine Pressegeschichte, Francfort-sur-le-Main, 1994, p. 17. (Nous empruntons la citation de ce tableau à Maren Siegmann ; cf. Mar-Siegman, p. 64.)

[57Il s’agit ici de l’Oberland badois, région située au sud de cette province, d’où Hebel est originaire. (Hebel y est né, à Lörrach exactement ; et c’est à Bâle qu’il a passé une partie de son enfance.)

[58Photographie [détail] pris à : Wolfgang Schivelbusch, Intellektuellendämmerung. Zur Lage der Frankfurter Intelligenz in den zwanziger Jahren, Francfort-sur-le-Main, Insel Verlag, « Die Hessen-Bibliothek », 1982.

[59Le colporteur (Hausierer) est aux côtés du mendiant (Bettler), dans l’univers de Hebel, une figure de prédilection. Voir « Pieve » [#41], l’un des plus beaux textes de Hebel. / Fritz Lang montre ce même écriteau dans M. le maudit, en 1931 (cf. 43min43s, affiché derrière un comptoir : « Betteln und Hausieren verboten »).

[60D’après Robert Minder, « Heidegger und Hebel oder die Sprache von Meßkirch », in Dichter in der Gesellschaft. Erfahrungen mit deutscher und französischer Literatur, Darmstadt, Modern-Buch-Club, 1968, p. 215. (Je remercie Henri-Alexis Baatsch d’avoir l’an passé attiré mon attention sur ce texte, dont il a fait une traduction française, encore inédite.)

[61«  Hebel ist unser Mann ! » (p. 24) / « Daß unsere Menschen am Rhein, / vom reinsten Feuer entzündet, / Achten als edelstes Gut / ihr alemannisches Blut ! » (p. 18) / « Und in den Adern des Stamms / singt das entzündete Blut » (p. 26) (Hermann Burte, « Alemannische Tagung »). Ce discours fut prononcé le 23 octobre [Weinmond !] 1936 à Fribourg-en-Brissau ; puis imprimé dans Alemannenland, Ein Buch von Volkstum und Sendung, Jahrbuch der Stadt Freiburg im Breisgau (vol. 1, éd. Kranz Kerber, Stuttgart, Engelhorns Nachf., 1937). Le volume contient en outre le texte de Heidegger (« Wege zur Aussprache »), un texte de Friedrich Metz (historien, membre du NSDAP), etc. L’introduction par Franz Kerber (éditeur du livre et maire de Fribourg) est ouvertement national-socialiste et raciste. Il met son espoir dans le réveil de la culture allemande, insufflé par la date du 31 janvier 1933 : « Eine rassistische überfremdete, unfreie Nation kann ein arteigenes, kulturell schöpferisches Leben nicht entwickeln » (p. 7).

[62Cf. Der Johann Peter-Hebel-Preis 1936-1988. [Catalogue d’exposition], dir. Manfred Bosch, publication du Oberrheinisches Museum Karlsruhe, Waldkircher Verlag, 1988 (noté dans la suite JPHeb-Preis36-88). / Burte était aussi l’auteur d’une ode à Hitler, publiée en 1931 : « Er kann Dich aus dem Nebel führen / In eine Landschaft voller Licht  » (« Der Führer », in Der Markgräfler, 15 mars 1931, cité in JPHeb-Preis36-88, p. 7).

[63Voir la lettre de Hebel à Cotta, du 9 juin 1810 : « Cette désignation d’ “ami allemand de la maison” ne se justifie aucunement, ni par le nom d’une publication antérieure à partir de laquelle les textes sont ici rassemblés, ni par le contenu. L’Ami de la maison d’une vaste nation, voilà qui en outre sonne fort mal : ça sonne ou trop étroit ou trop grand. Il faudrait plutôt nommer ça “L’ami du peuple allemand” [Deutscher Volksfreund] ». Et Hebel d’ajouter, en colère, ou en souriant : « ... ou alors encore “Le Conteur de bourdes” » (GW, t. VI, p. 21) : Der Bärenanbinder... / Que la plaisanterie de Hebel résonne quant à elle jusque dans les années 1930, c’est ce qui à relire ces lignes aujourd’hui est tellement bouleversant... [Publication de Hebel par Heinrich Herrmann : J. P. Hebel, Der deutsche Hausfreund, Breslau, Korn, 1939.]

[64C’est l’argument de l’écrivain Hermann Eris Busse, à la réception du Prix Hebel en mai 1939 : « Hebel serait dans l’époque actuelle un esprit virilement éduqué, avec des convictions politiques, un esprit tel que notre temps en produit, de même qu’il fut jadis l’enfant de son époque [...]. » (Hermann Eris Busse, Bekenntnis zu Johann Peter Hebel, in Der Führer, Karlsruhe, n° 21, 21 mai 1939 ; cité in JPHeb-Preis36-88, p. 33, n. t.). Et c’est l’argument que dans sa postface reprend également W. H. Herrmann, la même année : « Le descendant spirituel de l’Ami de la maison, en notre temps, le récipiendaire du Prix-Hebel Hermann Eris Busse, insiste à ce titre avec raison sur le fait que “tout ce qui en lui était non politique, quiétiste, libéral et tolérant, n’était que des attributs soufflés par l’étranger, et était aussi étranger que les mots mêmes pour le dire”. » (op. cit., p. 270 ; allusion au fait que les mots « unpolitisch », « quietistisch », « liberalistisch » et « tolerant » sont tous en allemand des mots étrangers (Fremdwörter) que des écrivains comme Busse commençaient à remplacer par des équivalents germaniques (Verdeutschungen), ou plus sûrement encore à éviter d’employer (positivement)). Herrmann se défend de vouloir « réinterpréter » Hebel (« Umdeutung  ») ; pourtant son édition, par le choix des textes et leur présentation, fait une place démesurée à la figure du soldat (cf. titre des premières sections : « Soldatenmut siegt überall im Frieden und im Krieg » et « Es leben die Soldaten, der Bauer gibt den Braten »). Il écrit aussi : « Hebel ne fut pas non plus un antisémite mais malgré la tolérance qui était celle de son époque la plupart de ses historiettes avec des juifs trahissent un regard sûr et un sain instinct. » (p. 270) // Hebel fut aussi (et en apparence : surtout et d’abord) un théologien : c’est la théologie qu’il a étudiée à Erlangen ; c’est le latin, le grec et l’hébreu, qu’il enseigne au lycée de Carlsruhe ; toute sa vie, il est membre de commissions du clergé protestant ; c’est l’une d’elles qui le charge – contre son gré – de la rédaction de l’almanach. « Il apportait dans son bagage la formation du théologien. » (WB-Heb1-26a, p. 279) En Hebel se rencontre théologie et matérialisme et – pour la première fois dans la pensée de Benjamin – se formule l’idée de leur alliance possible. Ainsi lit-on dès 1926, dans l’un des deux articles sur Hebel : « Une crosse d’évêque dont on hérite au sein d’une famille peut un jour faire l’objet d’un cuisant reproche, aussi bien qu’un bonnet de jacobin. Mais non peut-être cette modeste broche sur laquelle la crosse de l’évêque et le bonnet jacobin sont représentés se croisant. » (WB-Heb2-26b, p. 283) « En plein trip, Benjamin perçoit une affinité cachée entre “l’intention du colportage” et “la plus profonde intention théologique”, révélant la vérité “fatiguée et fanée” de la seconde dans ce qu’il peut y avoir apparemment de plus “obtus et vulgaire” dans la première : le fait que le monde soit toujours le même. Autrement dit, la littérature de colportage, en faisant tourner autour du lecteur figures historiques et historiettes en tout genre, récupère une vérité théologique (à savoir : un désir plus qu’humain de justice sociale) que le philosophe aimerait mettre au service de la révolution : le monde se répète, et il faut en finir. » (Marc Berdet, préface à W. Benjamin, La Commune. Liasse ‘k’ du Livre des passages, Pontcerq, 2016, p. 33-34) Wizisla, qui a parfaitement vu et développé ce point, va jusqu’à suggérer la thèse – si tentante – que Hebel aurait été le lieu, le nom, où se serait pour Benjamin scellée l’alliance entre matérialisme et théologie – dont l’expression accomplie sera donnée dans les Thèses sur le concept d’histoire (Bekanntlich, usw.). « Enfin, qui le souhaite peut voir dans l’ “Ange de l’histoire” un salut caché à l’adresse de Hebel : “Ses yeux sont écarquillés” (Thèse IX, GS 1, p. 697), est-il dit de l’Angelus novus, et Benjamin nota de même au sujet de Hebel le chroniste “l’œil qui regarde, écarquillé” (GS II, p. 277) » (Wizisla-WBHeb, p. 499).

[65Ce que Tucholsky a dû lire dans un article de Kracauer paru le 16 décembre 1932 dans la Frankfurter Zeitung : « Straße ohne Erinnerung  ». / « Je puis le dire sans coquetterie : j’ai été appelé par Hebel. Ce n’est pas moi qui suis allé le chercher. Jamais je ne me suis abandonné à rêver (et moins encore lorsque je le lisais) que je “travaillerais” sur lui. Même maintenant, travailler sur lui ne m’apparaît jamais que comme une activité occasionnelle, décousue et provoquée par quelque cause extérieure [provoziert], et je vais rester fidèle au caractère farcesque de cette relation de disponibilité et de service à son égard, en écrivant un livre sur lui. » (Walter Benjamin, WB-HebMs, p. 1445)

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