Fragments

[Sumbolon]

paru dans lundimatin#266, le 7 décembre 2020

Les fragments de Sumbolon se murmurent depuis un futur déjà accompli. Ce sont quelques êtres songeurs qui les chuchotent aux oreilles du Temps, et qui brûlent d’impatience que l’on s’en saisisse. [1]

« Il y avait réellement là un mystère que je me sentais incapable de débrouiller ; mais dès ce moment même, il me sembla voir prématurément poindre une faible lueur dans les régions les plus profondes et les plus secrètes de mon entendement, une espèce de ver luisant intellectuel, une conception embryonnaire de la vérité »
Poe

Pendant des millénaires, des hommes ont dit « Dieu » ; nous disons Sumbolon

Sumbolon est Esprit absolu, absolument trinitaire

Atome de sens, Sumbolon est le principe actif du langage

Tissu de réalité, Sumbolon est issu du réel

L’architecture des rapports humains (rapport aux autres, à soi, au monde) reflète fidèlement sa forme — c’est là la trace de Sumbolon, son empreinte

Traduire Sumbolon, c’est tenter de le représenter par ce qu’il est déjà : représentation

Sumbolon est l’indicible rendant possible tout ce qui est dit

Sumbolon est un possible permanent, antidote à l’impossible permanence du temps égotique

Sumbolon est incontournable pour qui pense ; il est tout : horizon indépassable du temps et de l’espace

Seule et unique voie d’accès à la réalité, Sumbolon est aussi prison de l’espèce

À la fois un et multiple, Sumbolon réconcilie le particulier et l’universel

À la fois lien et liant, Sumbolon nous lie, en nous et entre nous, à lui

La technique et le langage n’expliquent pas Sumbolon ; c’est Sumbolon qui les explique

Haji C.

[1Miraculeuse, l’humanité jaillit d’une délicate alliance entre un vivant et son image. Depuis, l’humain symbolise comme il respire.
L’aube de la civilisation ressemble à l’aube de chaque vie humaine : on est entré dans la loi comme on entre dans le langage. D’un même élan, on franchit à jamais le seuil du devoir. Cette condition primale se reflète et s’actualise jusque dans nos conditions matérielles d’existence, qui peuvent se résumer ainsi : travailler pour expier — et expier quoi, sinon une dette ? En effet, une parenté étymologique révèle parfois un implacable déterminisme : en se parant du devoir, on se retrouve en dette.
La dette apparaît partout là où s’exprime la valeur — car elle la fonde ! C’est là la thèse que nous défendrons. Nous partirons de son acception la plus générale pour parvenir à celle, plus familière, qui la réduit au fric. Car si l’argent nous ramène effectivement à la question de la dette, celle-ci déborde en revanche largement la question de l’argent. Ainsi, avant d’étudier les ressorts de la dette économique et d’en saisir toutes les subtilités, il nous faudra d’abord approcher la forme immémoriale depuis laquelle elle puise son efficace : Sumbolon
Lire : Je viens et Suicide critique

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