m’appelle pour annuler le cours de français à 14h00
a obtenu
un rendez-vous
avec refugees welcome
il passera plus tard
dans la journée
pour récupérer ses papiers, ses diplômes
pour
son entretien de demande d’asile à l’ofpra
office
français
de protection des réfugiés
et apatrides
son entretien c’est dans deux jours
une heure plus tard
on va à la caf tous les cinq pour une demande de rsa
il a le statut de réfugié
pendant que tous les trois sont reçu,e,s par un conseiller puis une conseillère
on improvise tous les deux une leçon de français
il aimerait bien venir vivre à nantes, une grosse ville
il s’ennuie dans la petite ville où il réside actuellement
il vit dans un foyer
il ne vit pas dans un squatt à nantes avec risque d’expulsion grandissant ces jours-ci
vers 18h il faut vingt policiers de la bac pour arrêter un seul manifestant
aujourd’hui je crois qu’il y a autant de crs et de gardes mobiles que de manifestants
les crs
et les gardes mobiles
ont des conditions de travail de merde comme un maximum de personnes qui travaillent
il y a la violence que les crs et les gardes mobiles exercent à l’égard des manifestants
il y a la violence que les crs et les gardes mobiles subissent dans la tenaille hiérarchique de leur travail
si on descend dans la rue contre la loi travail, c’est pas parce qu’elle concerne le travail
c’est parce que la question du travail, c’est la question de l’emploi de la vie
et que le travail, tel que nous le voyons autour de nous, c’est juste la négation de la vie
la vie en version merde
si les crs et les gardes mobiles cessaient leur travail
si les crs et les gardes mobiles et combien d’autres d’entre nous au rang desquels parfois je me compte
si les crs et les gardes mobiles et combien d’autres d’entre nous cessaient de vivre une vie
en version merde
il y a de la joie du côté des manifestants
il y a de la joie et du jeu du côté de celles et ceux qui caillassent et détallent et reviennent
il y a des coups et des blessés et un danger réel
il n’y a aucune joie je pense du côté des crs et des gardes mobiles
il y a je le crains de la jouissance à l’œuvre dans les corps des vingt policiers de la bac qui interpellent
un manifestant
il y a je crois une jouissance de la meute
il y a joie ou jouissance je ne sais pas du côté de l’émeute
il y a je pense une tristesse incalculable chez les crs et les gardes mobiles
et chez combien d’entre nous
une joie ingouvernable est une réponse à cette tristesse incalculable
une jouissance aux ordres, aussi, peut répondre
du côté des crs et des gardes mobiles on entend une voix relayée par un mégaphone :
au nom de la police nationale, nous vous demandons de vous disperser
il y a une joie à détaller, marcher, en nombre, à se disperser, se retrouver, seuls, ou en nombre
par hasard, à tel moment, intentionnellement à tel autre
dans les rues de la ville
il y a une joie à parler à une ou un avec qui jamais on avait parlé
il y a une joie à se rencontrer, se reconnaître sans se connaître, sentir les alliances
il y a des femmes et des hommes que je ne connaissais pas hier et que je connais aujourd’hui
cette joie-là, également, est incalculable
elle grandit, et moi et nous avec