« Il n’est pas indifférent que le premier grand procès du management moderne se tienne alors que persiste le mouvement des gilets jaunes, qui en défie le représentant accompli, parvenu à la tête de l’État. »
C’est le premier procès du management moderne. Du 6 mai au au 12 juillet, France Telecom et ses dirigeants de la période 2005-2009 passent devant le juge pour le harcèlement moral de leur propres salariés. Sous couvert de modernisation de l’entreprise, Didier Lombard et son gang s’étaient jurés de faire partir « d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte » 22 000 employés, soit un employé sur cinq, entre 2007 et 2009. Et cela sans les licencier, par la seule grâce de techniques de management aussi innovantes que meurtrières. La mise en place de la « nouvelle organisation » a entraîné des dizaines de suicides, des centaines de dépression et, en effet, plus de 22 000 départs. Tout au long du procès, le syndicat Solidaires, qui est à l’origine de la plainte contre les patrons, publie des compte-rendus d’audience réalisés, jour après jour, par divers intervenants. Voici celui du 6e jour du procès. Ce jour-là, c’est un rescapé de l’antiterrorisme qui avait été sollicité pour retourner au TGI de Paris. Dans l’ambiance inhumainement feutrée de la salle d’audience, c’est à un gros coup de pression qu’il a assisté. La Justice peut-elle quelque chose contre le management ?
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