« Quand d’autres personnes brulent Banque de France c’est reconnaissance de mon travail »
Le 15 octobre 2017, l’artiste russe Piotr Pavlenski présente sa dernière œuvre, « Éclairage », au public français : il met le feu à la porte d’entrée de la Banque de France avant de se faire arrêter par la police.
Pavlenski revendique un art politique. En 2012, il se cout les lèvres en soutien aux Pussy Riot, en 2013, il s’enroule nu dans du fil barbelé devant l’assemblée de Saint-Pétersbourg afin de protester contre une loi interdisant la « propagande de l’homosexualité » et se cloue le scrotum devant le Mausolée de Lénine une « métaphore de l’apathie, de l’indifférence et du fatalisme politique dans la société contemporaine, habituée à rester le cul assis devant la télé », explique-t-il alors.
En octobre 2014, il escalade, nu, un mur de l’enceinte du centre Serbski et se coupe un bout de l’oreille droite pour protester contre ce qu’il affirme être une utilisation politique des centres de psychiatrie. En novembre 2015, il met le feux aux portes du FSB, les services secrets russes et déclare : « le FSB opère par la terreur et détient le pouvoir sur 146 millions de personnes. La peur transforme les gens en masse agglutinée de corps disparates ». Accusé d’agression sexuelle contre une comédienne, il se réfugie en France en janvier 2017 et demande l’asile politique en assurant que ces accusations sont un coup monté des services russes.
Le photographe Yann Merlin a rencontré Piotr Pavlenski à de nombreuses reprises. De leurs discussions est ressortie ce texte singulier, mélange d’extraits d’interviews, d’éléments biographiques et de montages visuels. On y croise Walter Benjamin, des gilets jaunes et des performances artistiques comme autant d’assauts contre la société.
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