Une trace de suie gluante sur le goudron
collée sous les brosses des ouvriers après
un jeune feu vivant « ce que notre classe
dirigeante a décidé de considérer comme
normal » un frottement de brosses devant
les appareils du portail du bâtiment jeune
feu de muscles et de mains de ligaments
peau poumons et pétrifications du regard
qui ricoche entre les images du monde cri
qui crépite termine sur la terre battue roide
du trottoir tache qu’on s’entêtera à nettoyer
voilà voyez comment le corps d’un soldat
ainsi s’accordera au poème pour implorer
l’implosion des conglomérats des époques
car avant de quitter la caserne il avait écrit
« un acte de protestation extrême » et puis
« mais comparé à ce que les gens ont vécu »
« pas extrême du tout » ce sera la radicalité
du secret de la chair un acte qui au service
de la vie accroîtra la vie un officier le vise
lui ordonne de se coucher sur le sol c’est fait
et cette image même supprimée démangera
ce monde patrie de ses maladies un ouvrier
de l’entreprise de nettoyage peut-être appuyé
contre le lampadaire est accaparé par l’odeur
l’air l’écho de la suie gluante sur le goudron.
Tom nisse