Sur l’approfondissement et la complémentarité de supposées divergences dans le mouvement des occupations en cours

Commune des désarteurs de l’économie et des destituants du spectacle

paru dans lundimatin#281, le 29 mars 2021

L’exposition des motivations plurielles des acteur.tri.ces du mouvement des occupations en cours et la discussion qui anime le mouvement à propos des occupants du grand théâtre de Bordeaux, évacués mercredi par la police sur l’ordre du maire Europe Écologie Les Verts Pierre Hurmic sont instructives. Elles révèlent en effet les différences et les contradictions dynamiques qui traversent, d’une manière plus générale, la conscience des acteurs de l’art, de la culture, des précaires et des citoyens mobilisés.

Revendication sectorielle des professionnels du spectacle ou volonté d’élargir le mouvement à d’autres populations, d’autres lieux, d’autres méthodes ?

L’exposition des motivations plurielles des acteur.tri.ces du mouvement des occupations en cours et la discussion qui anime le mouvement à propos des occupants du grand théâtre de Bordeaux, évacués mercredi par la police sur l’ordre du maire Europe Écologie Les Verts Pierre Hurmic sont instructives. Elles révèlent en effet les différences et les contradictions dynamiques qui traversent, d’une manière plus générale, la conscience des acteurs de l’art, de la culture, des précaires et des citoyens mobilisés.

Car à quoi assistons-nous ? Non pas uniquement à des divergences conjoncturelles au sein des intermittents comme cela a été relevé par le journal sud-ouest [1], non pas aux divergences locales entre un syndicat et de soi-disant « autonomes », mais bien plutôt au surgissement en pleine lumière de tendances, de discussions, de contradictions, de complémentarités, de prises de paroles plurielles et de tensions dynamiques qui font la richesse d’un mouvement dont il n’y a pas lieu de souhaiter en principe, et à fortiori quand les assemblées générales sont au diapason sur un socle de déclarations partagées, qu’il soit dirigé d’en haut par une direction autoritaire et monolithique, fût-elle celle de la CGT-spectacle et du réseau CIP (Coordination des Intermittents et Précaires).

Ces tendances potentielles, ces tensions dynamiques, ces complémentarités dialectiques étaient déjà en germe dans le premier communiqué des occupants pionniers de l’Odéon qui ont exprimé très clairement que la lutte ne se cantonnait pas dans les revendications sectorielles et corporatistes des professionnels du spectacle mais s’étendait et s’élargissait dès le début aux « intermittents de l’emploi » et au refus de la réforme de l’assurance chômage qui concerne l’ensemble des salariés, des chômeurs et des précaires [2].

Car ce qui est en question sur le fond, c’est la complémentarité ou l’opposition entre une revendication sectorielle des professionnels du spectacle et la volonté complémentaire d’élargir le mouvement à d’autres populations, d’autres lieux, d’autres méthodes.

Est-il préférable ici de faire valoir la tolérance et la complémentarité des positions et des expériences plutôt que l’exclusion, l’invisibilisation et la stigmatisation d’une partie des potentiels du mouvement des occupations en cours ?

Aussi est-il largement temps de prendre de la hauteur par rapport aux querelles bordelaises et de discuter enfin sur le fond en affirmant une solidarité sans faille avec toutes les tendances et expressions plurielles du mouvement, notamment quand elles subissent la répression policière.

Car la question qui se pose aujourd’hui pour tou.te.s les acteur.trice.s du mouvement des occupations en cours est de savoir si nous retournerons bien sagement dans notre confinement quand une des revendications sectorielles sera en partie accordée par le pouvoir (la reconduction de l’année blanche par exemple) ou si nous poursuivrons le mouvement jusqu’à la victoire de toutes ses revendications et notamment celles qui élargissent le mouvement aux intermittents de l’emploi et à l’ensemble des salariés, des chômeurs et des précaires.

On ne peut que se féliciter de ce point de vue du communiqué de mercredi matin des occupants pionniers du théâtre de l’Odéon qui condamnent toute tentative de division du mouvement et d’atteinte à la solidarité avec toutes les occupations en cours, qu’elles émanent des élus, de la force policière ou même d’acteurs au sein du mouvement : « Ce matin, les occupant.e.s du grand théâtre à Bordeaux ont été informés d’une possible évacuation dans la journée à la demande du maire.

Nous, occupant.e.s de l’Odéon ne saurions tolérer ni menace ni expulsion dans aucun des lieux occupés. Nous condamnons par avance toute intervention des forces de police.

Nous apportons aussi tout notre soutien à la ZAD du Carnet expulsée ce matin.

L’Odéon Occupé. » [3]

Solidarité sans failles dans la lutte de tous les occupants jusqu’à la victoire de nos revendications !

Commune des désarteurs de l’économie et des destituants du spectacle

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