Écologie trop tard. Soulèvements maintenant.

#5mars #CiaoMonsanto

paru dans lundimatin#329, le 7 mars 2022

Un cortège sauvage s’en est pris samedi 5 mars à l’usine de production de pesticides et fongicides de Bayer à Villefranche sur Saône dans le cadre de la journée d’action appelée par les Soulèvements de la terre. La détermination était belle, le cortège audacieux. Les tags qui ont recouvert les murs, comme ceux pendant la manifestation de l’aprem à Lyon, étaient nombreux et inspirés.

Illustration ci-dessus : Laury-Anne Cholez/ Reporterre
Malgré quelques trous, l’enceinte du site Seveso a tenu. Certes. Mais sauter à pied joints dessus restera un geste qui accroche le sourire aux visages dans ces temps moroses. 200 personnes qui s’aident à grimper un mur ça fait chaud au cœur, comme le ravalement de façade des deux stations essence et la mise au rebus d’une camionnette de police.

Seveso est le nom de cette ville italienne meurtrie par l’explosion d’une usine de pesticides en 1976. C’est le nom du désastre industriel qui, des explosions d’AZF au port de Beyrouth, n’a de cesse de marquer le mépris des puissants pour les populations et le vivant en général. ’On reviendra pour l’usine’, tracé au retour, marque aussi bien la sensation d’inachevé que la détermination à poursuivre ensemble contre ces sites dont plus grand monde ne veut.

La veille, les faucheurs volontaires avaient réussi a rentrer dans un autre site Seveso, celui de BASF à Genay. Leur inspection citoyenne a peut être un goût de trop peu, mais leur opacité organisationnelle est opérante. On trouve un récit plus détaillé sur le site de Rebellyon

La victoire réelle s’écrira dans notre capacité à prendre notes de nos réussites et de nos manquements et à affiner nos stratégies. To be continued !

Samedi matin, plusieurs centaines de personnes prennent la route direction Villefranche pour tenter de pénétrer dans une usine de pesticides et fongicides Bayer et d’en arrêter la production. Classé seveso, le site est à deux pas du centre ville et produit 35 000 tonnes de chimie agricole par an. Il présente un risque particulièrement élevé d’incendie. Son patron se vante à qui veut l’entendre du système de sécurité anti effraction qui le protège.

L’observation matinale faisait état d’un dispositif policier assez conséquent, mais nous restions bien déterminé.es à rejoindre la centaine de faucheureuses volontaires déjà présent.es devant l’usine. Malgré quelques contrôles routiers,la plupart des véhicules arrivent à destination. D’autres personnes déboulent en train.

Après nous être regroupé.es sur la place de la mairie et avoir revêtu nos combinaisons blanches et nos masques, c’est au trot que nous partons rejoindre l’entrée du site au son de slogans comme ’ Bayer, casse-toi, on arrive’, ’ Tout le monde déteste Monsanto’ mais aussi ’Niquer Bayer, ça me fait pas peur...’, sur l’air bien connu d’Amel Bent. L’ambiance est joyeuse, on sent le plaisir de bouger ensemble. Les badauds témoignent leur soutien au cortège et c’est une bonne surprise. Les tags fleurissent le long du parcours. Coup de cœur pour ’Bayer, bande de nazis drogués’, belle synthèse des 70 dernières années d’activité de la firme, du zyklon B à l’héroïne en passant par l’Agent Orange. 

Le cortège se scinde en deux et une partie arrive à l’entrée de l’usine. Des groupes parviennent à arracher une section du grillage d’enceinte des parkings. L’ambiance se tend, lacrymos, LBD mais nous persistons et d’autres tentatives alternent avec des replis. 

Pendant ce temps, l’autre moitié de la manif a suivi les rails et s’en prend aux grilles d’enceintes sur le côté nord ouest. Une grille tombe, les gens font bloc sur les voies.

Certains groupes de l’entrée décident de rejoindre les rails, débordent les flics et y parviennent.

Après 1h de harcèlement du site, l’escalade rocambolesque du talus et du mur de la voie ferrée pour certain.es et diverses moments de création picturale, les groupes remontent vers le centre ville. Une fourgonnette ramasse. 


Esso et son petit Amazon lock n’a échappé à personne. La station Total suivante subira le même sort.

Tout le monde se disperse en centre ville, en jouant à cache cache avec les gendarmes et la bac assistés de leur fidèle hélico. Nous apprenons que la production a bien été interrompue,’en amont’ selon le directeur de l’usine.

La plupart des personnes repartent sans encombre mais 11 d’entre elles ont, sur la matinée, été placées en garde à vue quelques heures, majoritairement pour vérifs d’identité. Ce lundi matin, la dernière personne est sortie. Deux compositions pénales et quelques rappels à la loi. Big up à celles et ceux qui, samedi, dimanche et lundi ont attendu les personnes au commissariat.

La journée se poursuit à Lyon près du siège de Bayer situé dans le 9e arrondissement. Un rassemblement et une manifestation regroupent 2000 personnes venues de la France entière dire leur refus de l’agro-industrie.






Récit exhaustif en son et en image sur Rebellyon.

lundimatin c'est tous les lundi matin, et si vous le voulez,
Vous avez aimé? Ces articles pourraient vous plaire :