« Du Fric ou on vous tue ! »

Alèssi Dell’Umbria

paru dans lundimatin#405, le 27 novembre 2023

« Du fric ou on vous tue ! » Au début des années 1980, sur un mur de Marseille, ce tag résonne comme le cri d’une génération qui, dans le sillage de mai 1968, n’a jamais voulu retourner au chagrin. Le groupe Os Cangaceiros s’inscrit dans cette dissidence, avec l’interprétation qui lui est propre : il rançonne les banques en douceur. Lié aux luttes dans les prisons mutinées, les usines vouées à la fermeture et les banlieues révoltées, il poursuivra dans la décennie suivante le refus d’un monde dont toutes les promesses se révèlent alors empoisonnées. Dans un récit incarné et sensible, Alèssi Dell’Umbria raconte la fondation du groupe, son organisation, les luttes auxquelles il a pris part, des interstices clandestins de Paris et de Nantes à ceux de Marseille, de Brixton ou du Chiapas. « Du fric ou on vous tue ! » vient de paraître aux éditions des mondes à faire, nous en publions ici quelques bonnes feuilles. C’est un livre incontournable, pour l’histoire trop peu connue qu’il raconte évidemment mais aussi et surtout pour la manière dont celle-ci se mêle à des réflexions politiques et stratégiques. Comment, loin des milieux militants, depuis la vie quotidienne fusse-t-elle celle de voyous, se donner les moyens de bouleverser le monde.

Depuis une dizaine d’années, en divers endroits, des jeunes révoltés qui s’organisent et participent aux luttes de ce temps me disent leur curiosité pour l’expérience du groupe Os Cangaceiros, qui s’est pourtant conclue voilà trente ans. Il en sera ici livré un récit à la première personne, où tout ne sera peut-être pas dit, mais où tout ce qui sera dit sera vrai.

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Du fric ou on vous tue ! : j’ignore qui avait pu écrire ça sur un mur, au début des années 1980 à Marseille, mais j’avais bien aimé cette menace de braqueur qui résonnait là comme une injonction plus générale à ceux qui tiennent les cordons de la Bourse. Puis un jour de 1984, à Rennes, un chômeur anonyme rendu fou furieux par les tracasseries de l’administration, qui lui avait supprimé ses maigres allocations, avait méthodiquement saccagé les locaux de l’Assédic à coup de masse. Un geste dans lequel, sans aucun doute, de nombreux chômeurs et chômeuses avaient dû se reconnaître. Nous avions alors fait une affiche de soutien à cet inconnu, incarcéré pour son acte de vandalisme exemplaire, et le titre était sorti comme une évidence : Du fric ou on vous tue !

S’il fallait désigner un commencement à cette révolte qui nous portait, ce serait l’année 1968. La plupart d’entre nous étaient un peu trop jeunes pour y avoir participé, mais l’onde de choc se fit sentir longtemps après. On pourrait démarrer alors par la scène terrible filmée lors de la reprise du travail aux usines Wonder de Saint-Ouen le 9 juin 1968. Une jeune ouvrière pleure de rage à l’idée de reprendre le travail, tandis qu’un délégué syndical essaie de la convaincre qu’ils ont quand même gagné quelque chose. « Je ne rentrerai pas, non je ne rentrerai pas. Je ne veux plus refoutre les pieds dans cette taule dégueulasse. » Quelques mots qui illustraient de la façon la plus littérale cette vieille expression ouvrière, « aller au chagrin ».

« À nous ! Romanesques amis : ça va nous plaire. / Jamais nous ne travaillerons, ô flots de feux ! » On avait beau nous objecter qu’il serait vain de partir « à l’assaut du ciel » à partir d’une attitude aussi délibérément marginale, nous savions que notre refus du travail faisait écho à la puissance explosive et révolutionnaire qui se manifestait alors dans certaines luttes ouvrières. Pour des milliers de gens, une éclaircie s’était soudain ouverte en mai-juin 1968 dans une existence assignée au travail, à la pure reproduction, soumise à la nécessité de l’argent. Et dans les années suivantes, nul ne put ignorer l’intensité des gestes d’insubordination sur les lieux de travail, ainsi que le rapport fuyant assumé alors par beaucoup de jeunes travailleurs. Chômage volontaire à répétition, choix de boulots temporaires, sans parler de l’absentéisme dans les entreprises, autant de comportements qui brouillaient les lignes de séparation entre la vie quotidienne et la lutte sociale. Ces attitudes ne pouvaient s’inscrire dans les agendas syndicaux, et les groupes d’extrême gauche, toujours à la traîne de la gauche, ne pouvaient davantage les comprendre. Ils nourrissaient pourtant un véritable horizon d’attente diffus dans la France de ces années 1970.

À la différence des militants qui ont tendance à se croire indispensables, nous pensions qu’une grande part du négatif à l’œuvre dans les entrailles de ce monde agit d’abord sous forme d’abstention. Celle-ci a l’avantage de préserver une ouverture à l’inattendu que la fuite dans un activisme toujours trop prévisible tend à refermer. Nous ne nous sentions aucunement obligés de répondre aux sollicitations sans fin de l’actualité spectaculaire qui occupe le terrain de façon préventive, conduisant d’ailleurs nombre de militants à se retirer usés avant l’âge. La résistance par inertie conserve en elle, intacte, la faculté de prendre l’ennemi par surprise précisément par ce qu’elle contient d’indécidable et donc d’ingouvernable. C’est une part de l’expérience intime sur laquelle le pouvoir n’a pas de prise directe, qui ne se communique que dans les angles morts de la société. Le fait que l’immense majorité des prolétaires reste inactive, et même indifférente aux injonctions de l’activisme, la rend d’autant plus menaçante. Toujours prendre l’ennemi par surprise, tel est le principe, comme l’histoire récente l’a montré en France à l’automne 2005, puis à l’automne 2018.

Car c’est un fait que la puissance en acte en mai-juin 1968 s’était traduite d’abord par une désertion massive : des millions de travailleurs en grève sans aucun plan concerté, simplement parce que les affrontements du Quartier latin, auxquels avaient participé étudiants et lycéens, ouvriers et blousons noirs, avaient fait entrevoir le possible. Le sens de cette désertion n’apparaissait certes pas dans les discours tenus à la tribune. Il était perceptible dans la multiplication des échanges impromptus et inattendus qui animaient les rues en ce beau printemps. Chacun pouvait se promener dans les rues libérées du trafic automobile et entrer dans la controverse sans jamais perdre l’avantage de l’anonymat. À l’inverse, les figures qui prétendaient représenter le mouvement étaient insignifiantes. Comment s’étonner qu’elles se soient ensuite si facilement recyclées dans les antichambres du pouvoir ?

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Une sensibilité s’était donc développée, irréductible à celle de l’individu ou du collectif. Elle flottait, impalpable pour qui n’était pas saisi dans ce mouvement. Elle apparaissait sous le sceau de l’évidence à ceux et celles qui avaient vécu l’événement de la révolte de mai 1968 dans toute son intensité, ou qui s’étaient trouvés aspirés par l’esprit de cette nouvelle époque dans les années suivantes. Car le monde s’ouvre à partir de l’événement. Présents à la situation, nous cessons d’être spectateurs – comme l’avait chanté un poète rock’n’roll qui avait vécu vite et était mort jeune : « We want the world and we want it… / Now / Now ? / NOOOOOOW ! » Dans cette interruption soudaine, il se révélait que le travail n’était pas seulement une occupation contrainte dont l’objet nous échappait et donc du temps perdu qui ne reviendrait jamais, mais la totalité de la vie ainsi conditionnée, réduisant chacun à n’être que le spectateur angoissé du monde qu’il a contribué à engendrer en tant que travailleur. Il ne s’agissait même plus de ce refus bohème qui avait caractérisé tout au long du siècle certaines avant-gardes poétiques, mais d’une désertion généralisée comme style de vie, quand bien même celle-ci devait demeurer marginale à l’échelle de la société française.

Nombre de petites bandes s’étaient ainsi formées à partir d’un décalage volontaire et méthodique par rapport au mode de vie dominant. En dehors d’un héritage théorico-pratique assimilé sur le tas, nous n’avions que notre expérience sensible sur laquelle nous appuyer. Celle-ci restait enfouie dans une clandestinité sociale d’où elle surgissait aussi bien par des gestes isolés et incompréhensibles que par des formes de luttes sociales incontrôlées. Cela flottait dans l’air du temps, et prenait corps dans des rencontres de rue et dans leurs complicités d’un instant, dans les cafés qui étaient encore de véritables lieux de sociabilité populaire, dans des situations dont l’intensité échappait à toute rationalisation, en fin de manifs agitées ou autour de concerts de rock’n’roll. Il n’est pas fortuit que beaucoup d’entre nous soient venus au monde en désertant l’institution scolaire. Sa fonction première n’est-elle pas de discipliner corps et âmes, en les conditionnant à ce rapport au temps propre au salariat ? Ce fut pour beaucoup le premier acte de ce refus du travail, animé d’un pressant désir d’enchanter la vie.

Les êtres humains ne vivent pas seulement dans le réel, ils vivent aussi dans l’imaginaire. Tout ce qui agit comme un poids mort, auquel on se heurte et sur lequel on se casse les dents, inévitablement, c’est ce réel dont la seule consistance est d’être donné comme une évidence ; tandis que la réalité ne consiste que dans le mouvement, comme devenir, action, autrement dit tout ce à quoi le désir, le rêve, l’idée prennent part. Dans la réalité, le négatif est à l’œuvre en tant que désir. Qu’il ait été finalement court-circuité, et que le rêve ait tourné parfois au cauchemar, cette quête hallucinée et hallucinante se terminant alors dans la décomposition et la mort, ne change rien à la richesse de ces années. Il faudrait ensuite, dans la décennie 1980, une fois la vague de 1968 retombée, trouver la force de s’organiser pour que le rêve dure plus longtemps que la nuit. Comme nous l’avons écrit dans l’éditorial du nº 2 de notre revue, détournant une célèbre formule, « nous sommes faits de la matière dont sont faits nos rêves et en cela nous sommes révolutionnaires ».

Au cours de ces années, ce rêve prit principalement deux formes. D’une part, des communautés se constituèrent dans une sorte d’exode urbain vers différentes régions désertées, où des fermes abandonnées étaient rachetées à bas prix ou occupées « sans droit ni titre ». En vérité, très rares sont les expériences de ce type qui auront passé le cap des années 1980. D’autre part, une délinquance urbaine anarchisante, par nature encore plus éphémère, se répandit, vivant des braquages de banque et des chéquiers volés. Dans un pays riche comme la France, les ressources ne manquaient pas.

La révolte avait traversé la classe ouvrière comme la classe moyenne, brouillant les appartenances sociales auxquelles chacun se trouvait assigné. Mais, à l’encontre des diverses calomnies gauchistes et staliniennes, qui n’y voyaient que déviance de petits bourgeois ou délinquance de lumpenprolétaires, il faut rappeler que ce refus du travail traversait d’abord le monde ouvrier. En témoignent les figures tragiques de Jean Bilski et de Pierre Conti, deux ouvriers anarchisants qui passèrent aux hold-up et connurent une fin brutale (suicide pour le premier après avoir abattu un banquier à Paris, disparition dans la nature pour le second après un braquo sanglant en Ardèche). Nombre de jeunes dans les années 1970 se disaient « anar » sans avoir rien de commun avec les groupes politiques se réclamant de l’idéologie anarchiste, lesquels étaient aussi pénibles que les autres groupuscules. L’anarchisme constituait une sorte de métaréférence tout à la fois culturelle et politique, spécialement parmi les jeunes ouvriers et les élèves des lycées techniques, à une époque où la bande à Bonnot et Ravachol constituaient des figures relativement familières, à défaut d’être vraiment connues.

Des bandes de jeunes révoltés, qu’ils se disent anarchistes, puis autonomes ou, le plus souvent, sans identification, s’organisaient pour répondre à la nécessité de l’argent, aux dépens des banques principalement. Alors que toute une génération passa à la délinquance, deux affaires qui défrayèrent la chronique devaient illustrer l’entière décennie de cette révolte dans ce qu’elle put avoir de tragique : la bande dite des Tables-Claudiennes, à Lyon en 1971 et les braqueurs de la rue Lafayette, à Paris en 1980.

La bande de la rue des Tables-Claudiennes, dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, rassemblait des anars qui avaient activement participé au mouvement en mai-juin 1968 et qui, devant le retour à la normale, étaient partis à l’aventure à coups d’hallucinogènes et en multipliant les braquages dans la région. Comme beaucoup dans cette décennie, ils s’y étaient brûlé les ailes et leur équipée avait tourné court un soir de trip à l’acide, quand l’un d’entre eux avait défouraillé sur les flics. Grièvement blessé, Didier Gelineau mourra en prison peu avant le procès, en 1973, dans des conditions pour le moins suspectes. Ses compagnons furent lourdement condamnés, jusqu’à neuf ans de prison. À l’occasion du procès, des gens avaient fait circuler un tract pour les soutenir, alors même que toute l’extrême gauche lyonnaise leur crachait dessus. Ce texte disait (je cite de mémoire) : « Nous affirmons que ces camarades ont eu recours à la manière la plus rationnelle d’organiser sa survie matérielle sous la domination du capital. » Je me souviens d’avoir lu ce tract à l’époque, alors qu’avec mes compagnons nous commencions à commettre nos premiers délits. Le braquage de la rue Lafayette, en mai 1980, fut mené par une bande d’Autonomes habitués des affrontements de rue qui avaient tenus des squats réputés durs, rue Lahire puis passage Hébrard. Ils braquaient depuis quelque temps en région parisienne, et une BNP rue Lafayette leur fut fatale, les flics arrivant sur leurs talons ; une fusillade laissa sur le carreau Lionel Lemare, 23 ans, tandis qu’une partie de la bande réussit à s’arracher.

Des gestes si extrêmes ne peuvent se comprendre que sur fond d’une désertion plus diffuse. Nombre de jeunes choisissaient de bosser six mois pour vivre le reste de l’année sur l’argent ainsi gagné, qu’ils combinaient avec le vol dans les magasins (fringues, nourriture, alcools, etc.). La figure du travailleur intérimaire, qui fait quelques casses par-ci par-là entre deux jobs sur des plates-formes pétrolières ou comme saisonnier agricole, nous l’avons rencontrée plus d’une fois. Au début des années 1980, nous avions ainsi un ami qui était couvreur de métier : il bossait pour des petits patrons qui l’envoyaient sur les toits refaire le zinc. C’était un gars de la banlieue rouge de Paris, avec ses trois points tatoués sur la main droite et son bracelet de cuir clouté. Il bossait quelques mois, puis il lâchait et se mettait à faire des casses, et s’il n’avait aucun casse en vue, il reprenait le taf. Un de nous avait même fait un coup avec lui une fois. En 1982, nous étions allés plusieurs fois ensemble dans sa DS 21 aux samedis de Vireux participer aux affrontements, à l’appel d’une coalition de sidérurgistes et d’antinucléaires en lutte dans cette pointe des Ardennes. Un gars à la coule avec qui on se marrait bien. Il aurait eu toute sa place dans Os Cangaceiros, mais n’en eut pas le temps. Un jour, sur un chantier, il perdit l’équilibre et tomba du toit. C’était en 1984. Il avait 24 ans et venait d’avoir un enfant. On a tous eu des proches qui sont morts jeunes, avec nos vies de chien forcément. Mais mourir au boulot, c’est vraiment ce qui peut arriver de pire.

Pour la plupart d’entre nous, dans les années 1970, ce refus du travail n’était pas séparé d’une délinquance plus diffuse et sporadique des bandes de jeunes, sur un terreau commun qui rendit possible nombre de belles rencontres. Le thème de la « délinquance juvénile » était régulièrement mis en avant dans le spectacle médiatico-politique, que ce soit par les affrontements autour des concerts et parfois même des matchs de foot, les actes de vandalisme contre le décor que la marchandise avait édifié dans les villes, les vols de voiture ou de moto pour partir en virée, les agressions contre les petits-bourgeois bon chic bon genre… Avec pour bande-son le rock’n’roll, qui était alors la musique de la jeunesse révoltée.

La bande est un mode assez universel de regroupement plus ou moins spontané dans les milieux prolétaires, mais il est notable que celui-ci se généralise dans des périodes historiques précises. Pour la France, on peut dire qu’après la grande vague des Apaches au début du siècle, ce fait social s’imposa dans les rues à partir des années 1960, faisant l’objet de commentaires angoissés de la part des flics, des journalistes et des sociologues. Le fait que ce fonctionnement ait été commun aux bandes de quartier comme aux bandes de déclassés facilita grandement les rencontres entre les uns et les autres dans l’après-1968. Dans les années 1980, cela devait évoluer vers des regroupements, tels les Ducky Boys, Del-Vikings, Black Dragons, moins spontanés, plus organisés et ciblés, affrontant les boneheads racistes qui prétendaient alors imposer leur domination dans les rues de Paris. Puis dans les années 1990, les jeunes prolétaires remuants se regrouperaient autour du foot ou du hip-hop, le club de supporters et le posse remplaçant alors les bandes traditionnelles. Pour le reste, l’héroïne avait largement décimé les quartiers prolétaires, enfermant de plus en plus de jeunes dans des trajectoires solitaires et asociales.

L’inquiétant phénomène des bandes, comme le qualifiait la presse, avait pris une dimension encore plus forte outre-Manche. Là-bas, de véritables subcultures prolétaires s’étaient construites dans les années 1960-1970, en affirmant dans le même geste une appartenance à la working class et une rupture avec ses valeurs dominantes. Ce furent d’abord les bandes de Teddy Boys qui, dès les années 1950, s’appropriaient les codes vestimentaires de l’époque edwardienne, puis l’éclectisme des Mods fringués à l’italienne dans les années 1960, avec leurs scooters surchargés de chromes étincelants. Ce à quoi s’opposaient les codes plus rudes des Rockers vêtus de cuir noir clouté ou des Skinheads qui exaspéraient les codes vestimentaires ouvriers en les rendant fonctionnels pour la baston. Tous s’inscrivaient à leur manière dans ce même détournement culturel collectif. Ces bandes subvertissaient ainsi l’éthique laborieuse de leurs parents, fondée sur l’épargne, qui commandait de rester à sa place et de coller à sa condition sociale sans jamais se faire remarquer. Cette jeunesse refusait d’intérioriser l’infériorité sociale et culturelle à laquelle se trouvait assignée la working class. Il n’était pas étonnant que ce fût en Grande-Bretagne, qui avait été le laboratoire avancé de la domestication industrielle, que cela s’exprimât de façon si exacerbée.

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Nous avions traversé toutes ces années, hantés par l’imminence d’une nouvelle insurrection. Mais l’élection de François Mitterrand en 1981 consommait la fin de ces espoirs messianiques. Le candidat socialiste avait même pu se permettre de faire campagne avec un mot d’ordre qui sonnait très 1968 : « Vivre ! »… À partir de 1983, plus aucun doute ne serait permis, mais l’effet de sidération aurait joué. C’était d’ailleurs la fonction historique de la social-démocratie, selon un scénario éprouvé et que l’on a vu se rejouer plus récemment dans plusieurs pays d’Amérique latine. Il fallait s’organiser pour traverser le désert qui s’étendait.

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