Nous, organisations syndicales réunies le 7 juin, actons que l’ensemble des salarié.e.s du pays va devoir turbiner deux années de plus. Pour beaucoup, cette réforme sera mortelle, au sens propre. Ce mouvement historique a pourtant été l’occasion de confirmer quelques vérités concernant le projet néolibéral autoritaire de notre suzerain fanatisé et sa clique de poulets sans têtes :
- leur seule fin est de satisfaire les marchés financiers, y compris lorsque cela s’accompagne de régressions sociales sans précédent qui anéantissent le contrat social, voire « décivilisent ». Les capitalistes sont bien de dangereux parasites. Nous laissons aux poubelles de l’Histoire ceux qui continuent à les excuser ou les défendre, eux et leur système mortifère.
- E. Macron et consorts poussent les hauts-cris pour 12 milliards de « déficit » (supposé), mais engagent, entre autres exemples, 418 milliards de dépenses militaires. Ces gens n’ont à promettre qu’un horizon de guerres et de pénuries. Ils souhaitent conditionner au pire pour faire supporter l’insupportable.
- Les « forces de l’ordre », nouvelles gardes prétoriennes, sont instrumentalisées voire privatisées à la solde d’une équipe gouvernementale de pleutres obsédés par la répression de la colère sociale (fruit de l’injustice) et de la défense du vivant. Les limites écologiques, si indéniables, sont niées.
- L’extrême-droite qui censure, menace, assassine est ménagée, voire courtisée. Celles et ceux qui lui résistent, en écho au passé mais aussi au présent et surtout à l’avenir, sont criminalisé.e.s.
- L’expression démocratique agonise. L’élection deviendrait, contresens de l’Histoire, le seul mode de décision légitime. Pour dégainer par la suite les 49,3, 47.1, 44.3, et autres articles 40. Bel exercice de préparation au totalitarisme. Ceci explique sans doute cela (voir point précédent).
- En dépit de ce qu’ils aimeraient faire croire, M. Macron et ses affidés sont tristes à pleurer. Convaincus de leur supériorité naturelle, ils manquent foncièrement d’humour. Ils matraquent la satire, punissent l’impertinence, verbalisent l’effronterie. Ils n‘en sortent jamais grandis, marqués à l’indélébile sceau du grotesque.
Mais balayons devant notre porte… Nous, organisations syndicales connaissons des vagues d’adhésions sans précédent. Comment profiter de ce regain d’énergie combative alors que nous venons de subir (d’organiser ?) une défaite ? Nous devrons sans doute cesser d’utiliser, comme nous le faisons encore trop souvent, les idiotismes de nos adversaires (orgueil, paresse intellectuelle, inculture, défiance, concurrence, compétition, calcul, cynisme, mauvaise foi, résignation). Il est urgent, pour nous mais aussi toutes celles et ceux qui ont une une réelle volonté de transformation sociale, d’apprendre à faire un pas de côté. Avec humilité, de nous efforcer de sortir de notre zone de confort : l’entre-soi militant, les modes d’organisation sclérosés, d’actions stériles. D’apprendre à connaître et accepter toutes celles et ceux qui ont en commun de vouloir rendre le monde plus supportable sur une Terre qui est si jolie.
Emmanuel Macron , faux sourire aux lèvres, entend continuer à faire subir au pays un choc thatchérien pour construire un « nouveau monde » avec 45 ans de retard et sans le moindre soutien populaire. L’enjeu n’est plus de convaincre que leur projet néolibéral et liberticide (en même temps) est mortifère, mais qu’il est à notre portée de le défaire collectivement. Nous ne sortirons pas de ce marasme si nous ne parvenons pas à construire des possibles. Pas des aubes mystiques ou des lendemains qui chantent faux. D’autres possibles qui (n’en déplaise aux grincheux.ses) sont fragiles, mais mondes. (Re)prendre du pouvoir sur nos vies est une condition première. Nous ne changerons pas ce vilain état des choses sans nous impliquer davantage pour enfin exercer notre puissance d’agir. Et pas pour faire style, mais bien parce que cela devient vital.
Fin des 100 jours ? Colère toujours ! (Re)Prenons (la) Bastille le 14 juillet à 14h
Paname, le 7 juin 2023