Comment l’Ukraine et l’Europe ont échappé à un désastre nucléaire

Carnets de guerre #13
Jean-Marc Royer

Jean-Marc Royer - paru dans lundimatin#416, le 21 février 2024

« Un accident majeur, en comparaison duquel Tchernobyl et Fukushima pouvaient n’être que des jeux d’enfants, tant en termes d’ampleur que de conséquences », ce sont les mots d’Oleg Dudar, ingénieur en chef de la centrale de Zaporijia, où il y a travaillé comme responsable de la division opérationnelle avec plus de 650 personnes jusqu’en septembre 2022. C’est grâce à leurs actions courageuses que l’Ukraine et le monde ont réussi à éviter à plusieurs reprises – lors des bombardements de l’armée russe et plus tard sous son occupation – un accident radionucléaire hors norme. Extraits de son interview réalisée en mars 2023 [1].

Revenons en arrière... À la fin du mois de février 2022, les unités mécanisées de l’armée russe rôdaient autour d’Energodar [cité proche de la centrale où logent ses employés], s’approchant des barricades, négociant avec quelqu’un, partant puis revenant... Que se passait-il ?
Oleg Dudar : La ville puis la centrale ont été attaquées par des unités des forces spéciales venues du Caucase du Nord, équipées de chars, de véhicules blindés de transport de troupes modernes, dotés de dispositifs de vision nocturne et d’imagerie thermique, ainsi que de systèmes de communication de haut niveau. Dès les premiers jours, les habitants de la ville d’Energodar ont fait preuve d’un grand courage civique et organisationnel car nous savions qu’il n’y aurait personne pour nous défendre : les forces armées ukrainiennes n’étaient plus sur la rive gauche du Dniepr et l’unité qui assurait la sécurité de la centrale, n’avait ni les forces, ni les moyens appropriés, ni les compétences nécessaires pour la protéger de l’armée ennemie.

En manifestation d’au moins 10 000 personnes non armées, avec des drapeaux et des pancartes, les habitants d’Energodar se sont organisés pour affronter les envahisseurs […]. Ces personnes courageuses ont fait obstacle aux chars et aux véhicules blindés, maintenant la défense et empêchant l’ennemi d’entrer dans la ville pendant plusieurs journées…

Au moment de la prise d’assaut et du premier bombardement de la ville et de la centrale nucléaire [le 4 mars 2022], étiez-vous chez vous ou sur site, et à quoi tout cela ressemblait-il ?
Avant même l’assaut ennemi, tous les dirigeants de la centrale avaient compris que l’occupation de la ville et du site ne prendraient que quelques jours […] Il n’y avait tout simplement plus d’aide à attendre. Nous avons alors commencé à nous préparer mais aucun plan ne prévoyait de tels événements.

Mon quart de travail s’est terminé le 3 mars 2022 à 8h00. J’ai passé le relais à mon collègue et je suis rentré chez nous. La situation était très tendue. L’ennemi était à 10 km de la ville, des milliers d’habitants se tenaient près de notre barrage routier à l’entrée, mais on nous avait déjà fait comprendre que l’armée russe allait percer. Vers le soir, une longue colonne ennemie, ouverte par plusieurs chars, se dirigea vers les défenseurs d’Energodar. Ils ont tiré au-dessus de nous, les habitants ont été dispersés puis la barricade a été prise. Il y avait des blessés. Les coups de feu, les tirs d’obus et de roquettes retentissaient partout. Au crépuscule, les premiers chars et engins blindés entrèrent dans la ville. […] Il n’y avait aucune communication avec la centrale, les opérateurs de téléphonie mobile étaient réduits au silence. Vers 23 heures, le 3 mars, la fusillade s’est déplacée vers la centrale.

Une route droite de 5 kilomètres entourée d’une petite forêt de pins mène de la ville jusqu’au site nucléaire. Plusieurs groupes de résistance de notre Garde nationale y avaient été installés. Les tirs se sont intensifiés. À une heure du matin, un collègue a réussi à m’appeler et m’a dit que les caméras de surveillance externes de la centrale diffusaient ce qui se passait en ligne.

J’ai réussi à m’y connecter et, en direct, j’ai été témoin d’une attaque qui n’avait pas encore jamais été vue dans l’histoire de l’humanité : le bombardement des bâtiments, des structures et des unités électriques d’une centrale nucléaire civile avec toutes sortes d’armes, y compris des roquettes.

J’ai commencé à envoyer cette vidéo à tous mes proches, mes connaissances, mes amis à l’étranger, les responsables des organismes en charge du nucléaire ukrainien, afin d’alerter le plus de personnes possible via les images enregistrées de ces attaques. Les bombardements se sont poursuivis presque jusqu’à 5 heures du matin, le 4 mars. J’imaginais avec horreur ce que je verrais sur le site, puis j’ai réussi à contacter les cadres et à avoir les premières nouvelles de l’état de la centrale. Le plus important était que tous soient en vie et que les réacteurs soient dans un état contrôlé et sûr.

Le premier jour ouvrable après la prise de la centrale, vous êtes venu travailler, vous avez vu le centre de formation détruit, le bâtiment administratif endommagé. Quelles impressions tout cela vous a-t-il fait ?
Je m’y suis rendu le lundi matin 7 mars. Tous les personnels qui se trouvaient à la centrale au moment de l’assaut n’ont réussi à être relevés que 2 à 3 jours après leur dernière prise de quart. Il s’agit de la relève la plus longue de l’histoire de l’énergie nucléaire mondiale en activité.

Je peux le dire avec fierté, les collègues ont accompli un exploit sans précédent : ils ont assuré la sécurité nucléaire et radiologique de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, sous des bombardements de tous types d’armes pendant cinq heures, le 4 mars à l’aube.

Le site lui-même était dans un état épouvantable et le bâtiment du centre d’enseignement et de formation fumait et brûlait encore. La grande place et les parkings étaient jonchés de voitures d’employés calcinées. Le bâtiment administratif n’avait plus une seule fenêtre intacte. Au poste de contrôle de l’entrée se tenaient des hommes masqués et armés de fusils d’assaut. Il y avait des traces de balles et d’obus tout autour. Sous nos pieds il y avait des douilles de cartouches, des monceaux de pierres et de briques éclatées. Je suis monté au deuxième où se trouvent les bureaux de mon unité ; toutes les portes de l’étage étaient défoncées. J’ai découvert que des imprimantes, plusieurs unités centrales, quelques bouilloires et d’autres petites choses, avaient été volées par les envahisseurs.

Toutes les fenêtres à double vitrage, dans tous les bureaux sans exception, présentaient des trous béants et quelques unes étaient tombées suite au souffle des explosions. Les bureaux du directeur général et de l’ingénieur en chef au 4e étage, ont été complètement détruits. Il y avait plusieurs trous traversants provenant de roquettes. Les bâtiments et les viaducs des locaux spéciaux ont été détruits. Il y avait de nombreux impacts sur l’enceinte de plusieurs réacteurs et sur celles des groupes diesel de secours. Heureusement et par hasard, rien d’important pour la sécurité n’a été perdu malgré l’intensité des bombardements ennemis durant la nuit de l’assaut, du 3 au 4 mars. [… Le bâtiment] des simulateurs grandeur nature n’a pratiquement pas été endommagé ; sa destruction aurait entraîné l’impossibilité de maintenir la préparation du personnel opérationnel et par conséquence l’arrêt des réacteurs...

Il y a toujours eu un régime d’accès très strict à la centrale. Je le sais car je l’ai visitée plus d’une fois. Qui contrôlait l’entrée le premier jour et comment ? Où sont passés les gardes armés, les soldats de la Garde nationale ukrainienne ?
L’ennemi avait perdu un char lors de l’assaut et l’on rapporte que deux de nos soldats ont été tués et plusieurs autres blessés. Les combattants de la Garde nationale ont été désarmés, arrêtés, puis enfermés. Quelques jours plus tard, tous les détenus civils ont été libérés avec l’engagement de ne pas entrer dans des actions hostiles contre l’armée russe. Le périmètre était gardé par les forces spéciales, les spetsnaz, qui ont pris d’assaut la centrale, puis ils ont été remplacés par ceux qui, semble-t-il, étaient en charge de la protection des installations nucléaires en Russie ; il fut alors possible de restaurer une partie des normes d’accès habituelles. Cela a été fait par nos spécialistes sous le contrôle des ennemis par la suite assistés des personnels de la multinationale russe Rosatom.

Les soldats ont installé des postes de mitrailleuses sur les toits des immeubles, aux entrées et à l’intérieur des postes électriques, sur les viaducs et dans un certain nombre de couloirs de passage. Le périmètre a été miné et les abords sont toujours patrouillés.

Comment se comportaient les envahisseurs au début ?
De différentes manières. Cela dépendait en grande partie de la composition des forces armées, lesquelles étaient relevées environ une fois par mois. Les Caucasiens étaient calmes et plus stables dans les premiers mois et nous n’avons constaté aucune atrocité particulière de leur part. Puis sont apparu les « Vanky », comme nous les appelions : méchants, lâches et grossiers. Ils portaient tous des cagoules. À plusieurs reprises nos personnels furent battus au poste de contrôle si quelque chose déplaisait aux gardes ; ils disaient : « pourquoi nous regardes-tu ? Est-ce tu fais une liste ? », puis ils les emmenaient dans l’arrière salle pour les frapper. Il y eut aussi des soldats des territoires occupés, ladite LDNR ; il n’y eut pas de conflit particulier avec eux.
La centrale est un objet technologique complexe avec une verticale de gestion rigoureuse, des instructions et des réglementations qui doivent toujours être scrupuleusement suivis. Or, deux directions sont apparues, l’une contrôlée par téléphone depuis Kiev, l’autre se tenant aux ordres de l’envahisseur (avec un fusil dans le dos). En tant que responsable direct de tous les employés opérationnels de la station, quelle attitude avez-vous adoptée ?
Il n’y avait aucune communication informelle entre le personnel et les occupants ou les employés de Rosatom, à mon époque. Toutes les consignes étaient données par nos responsables, le directeur général ou l’ingénieur en chef. S’il était nécessaire d’effectuer des travaux à l’extérieur, sur les toits des bâtiments ou dans la zone protégée, une demande était déposée la veille et transmise à l’envahisseur pour qu’aucun malheur ne se produise Tout le personnel avait été informé de la procédure à suivre.

Notre tâche principale fut de réduire autant que possible les effectifs du personnel afin de ne pas les exposer au danger. Seuls ceux qui étaient directement liés au fonctionnement des réacteurs et à leur réparation, ainsi que le personnel médical et de la cantine ont été autorisés à se rendre sur place. Afin d’assurer un soutien administratif et technique continu à tous les travaux de la centrale, ses responsables ont commencé à travailler selon la cadence « d’un jour sur deux ». Ainsi, une trentaine de cadres furent présents en permanence sur site.

Parlez-nous des conditions de vie quotidiennes.
Au début, c’était très inhabituel et difficile. Dans les premiers jours qui ont suivi le début de la guerre, entre le 24 février et le 5 mars 2022, lorsqu’il n’y avait pas encore d’occupation établie, tous les magasins de la ville étaient vides, les marchandises n’étaient pas livrées et il n’y eut plus de pain pendant plusieurs semaines. Presque tout le monde vivait sur de vieux stocks. Les médicaments étaient épuisés, les marchés étaient quasiment inactifs.

Les gens s’entraidaient beaucoup. Ils sont devenus sensiblement plus civils et tolérants. Ce fut une découverte inattendue pour moi. Puis, d’une manière ou d’une autre, la vie a commencé à reprendre.

Même s’il fallait faire un voyage à la préfecture via Vasylivka, on pouvait encore trouver des produits ukrainiens ou les marques de cigarettes auxquelles nous étions habitués. Mais en août 2022, ce fut terminé : les saucisses et les produits carnés, les médicaments, le bon alcool, les cosmétiques, les cigarettes ont disparu et ont été remplacés par de la franche ordure venue de Crimée et de la région de Krasnodar à des prix exorbitants. Les banques ont fermé presque immédiatement. Il n’y avait plus de billets dans les distributeurs automatiques. Pendant un moment, lorsqu’il y avait une connexion, il fut encore possible de payer les marchandises par carte, mais un taux de change de la monnaie ukrainienne inférieur de 10 à 15 % au cours officiel avait été immédiatement introduit pour les transactions. […] Puis, à partir du 1er janvier 2023 les autorités russes ont complètement interdit toute circulation de la monnaie ukrainienne. Tous les bureaux de change furent fermés et tout échange était interdit sous la menace d’être emmené « dans les caves ». Bien sûr, les gens trouvaient la possibilité de changer, mais c’était terriblement risqué et ils y perdaient un tiers de leurs économies. Les prix n’ont pas été abaissés, au contraire, ils étaient 2 à 3 fois plus élevés que les prix ukrainiens.

Comment fonctionnent les hôpitaux ? Les pharmacies ? Est-ce qu’ils ont des médicaments ?
Concernant les pharmacies et les hôpitaux, je parlais hier avec un ami qui m’a dit : « Il est absolument impossible de tomber malade ! Il n’y a pratiquement plus de médecins en ville ; il reste trois à quatre thérapeutes à l’hôpital, mais il est rempli de 300 soldats russes blessés qui sont soignés par des médecins venus de Russie. Si un citoyen a besoin de soins médicaux plus ou moins sérieux ou d’une opération, il doit se rendre à Melitopol occupée. Et il n’y a plus de médicaments de base en pharmacie. […]
Les crèches et les écoles fonctionnent-elles ?
Elles fonctionnent partiellement et uniquement avec des programmes russes. Très peu d’enseignants et d’éducateurs ont signé des contrats avec l’occupant, c’est pourquoi de nouveaux personnels sont progressivement recrutés. […]
Les centrales nucléaire et thermique étaient, en mars 2023, hors service. À Energodar dans les appartements, qui fournissait l’électricité et à qui les habitants payaient-ils leurs factures ?
Toutes les lignes qui permettaient d’alimenter la ville ont été détruites. Par conséquent, l’approvisionnement en énergie d’Energodar est organisé depuis la Crimée via de petites lignes locales depuis la sous-station de Melitopol. Depuis, toutes les factures des habitants de la ville sont payables uniquement en roubles.
De nombreux habitants ont-ils quitté Energodar ? Des spécialistes de la centrale nucléaire sont-ils partis en territoire russe ?
Quand j’étais encore à Energodar, il y avait, à mon avis, 25 000 habitants, soit moins de la moitié de sa population initiale. Maintenant, il reste environ 10 à 15 000 personnes. La plupart des gens sont partis pour l’Ukraine non occupée. C’était très triste de voir, sur le chemin du travail, les files de voitures qui se formaient chaque matin à la sortie de la ville. À mon avis, le nombre de ceux qui ont déménagé en Russie est minime, mais avec l’annexion de ce territoire, ce flux va augmenter.
Il y a quelques temps, parler du « facteur humain » dans une centrale nucléaire sous occupation militaire était complètement surréaliste, mais aujourd’hui, malheureusement, c’est un sujet bien réel, extrêmement complexe et sensible. Parlez-nous des employés de votre division ; quel genre de personne est responsable à chaque minute de la sécurité du fonctionnement des six réacteurs de la centrale nucléaire la plus puissante d’Europe ?
La division opérationnelle de la centrale est une équipe unique et excellente de plus de 650 personnes, dont environ 200 sont des spécialistes agréés qui ont le droit d’exploiter un réacteur nucléaire. La formation de chacun d’eux est un processus long et minutieux […]. Pendant 11 ans, j’y ai investi une partie de moi-même, donné toutes mes connaissances et mon expérience à chacun de mes subordonnés. Et comme la vie l’a prouvé, tout cela n’a pas été vain.

Leurs actions resteront à jamais dans l’histoire de l’énergie atomique mondiale. Ils ont fait obstacle à une catastrophe nucléaire lors de l’assaut de la centrale et du bombardement des postes électriques. Plus tard, lorsque les conditions étaient réunies, ils ont pu mettre en œuvre avec succès et à plusieurs reprises un mode de transition du réacteur vers ses propres besoins électriques, lorsque toute connexion et alimentation externe ont été perdues. Ce régime n’avait jamais été mis en œuvre auparavant par aucune centrale nucléaire au monde. Il y a eu d’autres actions véritablement héroïques. Je suis fier d’eux et je leur en suis reconnaissant. Je suis sûr que leur exploit recevra un jour une reconnaissance digne de ce nom.

[…] À travailler dans de telles conditions, avec des fusils dans le dos puis supervisés par les agents de Rosatom, ce devait être dur pour les personnels de la centrale ?
C’était incroyablement difficile. La vie a radicalement changé. La qualité de vie est tombée à zéro. […] Vous ne pouvez même pas utiliser l’argent qui reste sur votre compte en banque ukrainien. Concernant la sécurité personnelle et des proches, il n’y en a plus : les pilonnages sont quotidiens. Il est arrivé qu’en route, le bus d’une équipe soit pris par un bombardement et secoué par son onde de choc. La nuit également, les tirs des lance-roquettes multiples ou de l’artillerie lourde ne laissent pas de repos. Aux check-points, les exigences russes sont arbitraires. Les objets et les documents sont vérifiés : si le passeport est ukrainien et que des messages en ukrainien ont été publiés ou que des sites Web patriotiques ont été consultés par Smartphone, alors les personnes contrôlées peuvent être battues ou « jetées au sous-sol ». Le cambriolage des garages et des maisons sous couvert de recherche d’armes et de drogue est en réalité devenu un pillage banal. Une idéologie étrangère, des drapeaux étrangers, des placards étrangers sont affichés et avec quels slogans ! Des écoles enseignent une autre histoire, une autre littérature et les valeurs d’un d’autre temps. C’est dur, très dur...
Quelle a été la journée la plus difficile pour vous, professionnellement et personnellement parlant ?
Sur le plan personnel, c’est lorsque j’ai passé des heures à persuader ma fille par téléphone de quitter Kiev avec sa famille pour l’ouest de l’Ukraine. C’était durant les premiers jours de mars 2022. L’ennemi était près de Gostomel et reculait sous le feu de notre artillerie. Les miens descendaient presque constamment au sous-sol de leur maison, où se trouvait un débarras. S’inquiéter pour eux et ne pas pouvoir les aider ou améliorer leur situation de quelque manière que ce soit, ont été mes pires journées de l’année écoulée depuis le 24 février 2022. Professionnellement parlant, toutes les journées ont été insupportablement difficiles car elles étaient basées sur la perspective quotidienne réelle d’un accident nucléaire et radiologique. C’était une période critique en continu, 24 heures sur 24. […]
Il existe un sujet excessivement controversé, difficile et ambigu : un employé d’une centrale nucléaire mis sous pression par du harcèlement et des menaces envers sa famille, a accepté de coopérer, puis signé une demande de transfert vers la société d’exploitation russe, filiale de Rosatom [2] ou a reçu un passeport avec un « aigle à deux têtes »... Qui est cet employé ? Un traître et un collaborateur qui sera inévitablement puni après la libération, ou un spécialiste du nucléaire hautement responsable qui a ainsi sauvé la vie de millions de personnes dans le monde et celle de son pays en étant resté, dans les conditions les plus difficiles, aux commandes des réacteurs de la centrale ?
À mon avis, il faut partir du principe que seule la préservation de la collectivité – précisément par ceux qui sont les seuls capables d’en assurer la sûreté nucléaire et radiologique dans des conditions inhumaines – est une nécessité à laquelle on ne peut pas déroger. […] Il n’y a tout simplement pas d’autre option. Ils n’avaient tout simplement pas d’autre possibilité que de signer ; je suis malheureusement obligé d’affirmer avec certitude que l’Ukraine a irrévocablement perdu des personnes compétentes, uniques, celles de la plus grande centrale nucléaire d’Europe. […]

À plusieurs reprises, les gens ont été pris dans le dilemme suivant : si vous quittez Energodar, vous ne pourrez certes pas retrouver du travail, mais alors vous serez un patriote ; mais si vous restez à la centrale et que vous évitez un accident nucléaire et radiologique – alors vous serez un collaborateur. Ceci dit, tout le monde peut comprendre qu’un contrat ou un document signé avec une arme à feu sur la tempe, c’est-à-dire sous la contrainte ou sous la menace, est juridiquement nul, il n’y a pas besoin d’un avocat pour le confirmer. De plus, il n’est pas nécessaire de convaincre qui que ce soit qu’une menace réelle existe pour tous ceux qui continuent à travailler sous contrat avec Rosatom.

Et pourtant, il y a de vrais collaborateurs et c’est un sujet douloureux... Je veux dire, travailler côte à côte avec une personne pendant trente ans et d’un seul coup voir qu’il se révèle être un traître... Avez-vous personnellement rencontré cela ?
Malheureusement, notre société, après son indépendance en 1991, fut trop tolérante à l’égard des sympathisants du pouvoir colonial russe. Reconnaissant le droit d’une personne à sa propre opinion, nous avons décidé à un moment donné qu’il était erroné d’exiger que tous les citoyens ukrainiens parlent Ukrainien. Les ennemis en profitèrent pleinement pour lever une cinquième colonne et s’emparer de l’est du pays et de la Crimée. Avant la guerre, j’ai vu chez de nombreuses personnes soit de l’hostilité, soit de l’indifférence à l’égard de l’Ukraine. Mais comme cela n’affectait pas les relations professionnelles, il n’y avait aucune raison de soulever cette question. Au début de l’occupation, tous ces gens, presque à 100%, ont montré leur soutien absolu à l’envahisseur. Parmi eux se trouvaient également de très bons spécialistes, malheureusement…
Igor Murashov, directeur général de la Centrale nucléaire, j’ai l’honneur de le connaître personnellement... Je sais que vous entreteniez de bonnes relations. Comment évaluez-vous son rôle dans l’organisation du travail de la centrale et son comportement dans les conditions difficiles de l’occupation ?
Au cours de ces mois difficiles, Igor s’est montré comme un véritable leader patriote. Je crois que sa présence nous a permis, dans les terribles conditions de l’occupation et d’une manière incroyable, d’exploiter la centrale de Zaporijia et de ressentir notre lien avec le pays tout entier. Après sa détention et son arrestation, la situation s’est considérablement dégradée.
Encore une question très douloureuse. Torture, abus, crimes des occupants contre les citoyens et employés de la centrale ?
On a déjà beaucoup écrit à ce sujet. C’est une terrible vérité. Mais la réalité est bien plus effrayante... [3]
Parlons des aspects techniques. On sait que les réacteurs de la centrale ont été conçus en tenant compte de l’impact d’une grenade ou de la chute d’un avion de tourisme. Il n’y avait pratiquement aucune défense prévue contre les bombardements massifs d’artillerie ou l’entrée sur le site de « combattants Bouriates » dans des chars et d’autres fous dans des camions chargés d’explosifs. Que dis-tu de ça ?
Tout d’abord, il faut bien comprendre que Poutine a commis un acte de terrorisme nucléaire tout à fait inattendu à l’échelle internationale. En effet, personne ne s’attendait à l’assaut de « Bouriates de combat » avec des chars ou d’autres fous sur des camions chargés d’explosifs. L’expérience de cette guerre a déjà fourni et fournira un matériel inestimable qui devra être analysé plus profondément et de manière complète. Une des conclusions à tirer, c’est que nous devons revoir l’ensemble de notre documentation et de nos réglementations en matière d’urgence.

La guerre a prouvé que les documents habituels utilisés en temps normal ne sont d’aucune aide dans ces circonstances. Et tenter de les utiliser peut même aggraver la situation. L’élaboration de règlements et instructions à observer en temps de guerre est absolument nécessaire. D’ailleurs, cela ne s’applique pas uniquement à l’industrie nucléaire.

Cela a-t-il été difficile pour vous personnellement ? En tant que gestionnaire hautement qualifié et informé, vous étiez bien sûr conscient de tous les problèmes et de ce qui se passait. Vous calculiez tous les scénarios possibles et l’évolution probable des événements dans cette situation totalement atypique, comprenant comme personne qu’en comparaison de ce qui pouvait se produire de pire, Tchernobyl n’aurait été qu’un amusement ?
Il était extrêmement difficile d’accepter qu’un terrible accident puisse se produire. Ma « paranoïa » ne m’a pas lâché pendant des mois. J’ai commencé à alerter mes superviseurs, insistant sur le fait que nous serions bientôt au bord de la panne de courant. La centrale disposait de 4 lignes de sortie d’une puissance de 750 kilovolts et de plusieurs autres lignes qui étaient utilisées pour fournir une alimentation de secours en cas d’accident avec perte totale de l’électricité.

Tous les équipements de commutation sont situés de manière très compacte, à un endroit qui est à proximité de la centrale et qui s’est révélé particulièrement vulnérable lors des bombardements. Il existait donc un grand danger de perdre à la fois la production électrique interne et son approvisionnement externe. Dans ce cas, nous n’aurions été qu’à quelques jours d’un accident radiologique lié à la fusion du « combustible » et au rejet de la matière fondue, le corium, dans l’environnement. Étant donné que les pompes, grâce auxquelles la chaleur est évacuée, doivent fonctionner en continu et qu’elles sont alimentées par des générateurs diesel de secours après la disparition de l’alimentation électrique, le temps jusqu’à l’accident est déterminé par la quantité de carburant diesel qui est dans les réservoirs de ces groupes de secours. Elle est prévue pour 10 jours.

Étant donné que l’Ukraine n’a pas la possibilité de reconstituer les réserves de diesel dans cette centrale, nous franchirions alors la ligne au-delà de laquelle pourrait se produire un accident majeur, en comparaison duquel Tchernobyl et Fukushima pourraient être des jeux d’enfants, tant en termes d’ampleur que de conséquences.

[…] La peur et la compréhension des conséquences catastrophiques possibles m’ont obligé à développer, rédiger et mettre en œuvre une procédure permettant de maintenir en fonctionnement une centrale nucléaire lors d’un effondrement complet du système électrique et en l’absence de toute autre alimentation. Ce mode permet d’alimenter les besoins propres de la centrale à partir d’un seul réacteur qui resterait en fonctionnement. Nous pourrions fournir toute l’énergie nécessaire aux équipements de sécurité sans utiliser de carburant diesel. Ces recherches ont débuté très rapidement, dès le 7 mars, c’est-à-dire trois jours après la prise de la centrale. Et fin mars, nous avons déjà commencé la première formation du personnel sur simulateurs dans ce but. Pendant 6 mois, le personnel était prêt à cent pour cent à un tel évènement, jusqu’à ce que, le 25 août, ma prévision négative se réalise et que la première panne de courant complète de la centrale ait lieu. Et quand ce jour est arrivé, les collègues ne m’ont pas déçu.

Je considère ceci comme le résumé le plus important de tout mon travail dans le domaine de l’énergie nucléaire depuis trente ans.

Pendant ce temps, la guerre se poursuivait et les lignes d’alimentation électrique de la centrale tombaient progressivement en panne à cause des bombardements... En conséquence, seule la dernière ligne électrique de 750 kV, celle de Dniprovska, subsistait. J’ai une fois encore écouté attentivement l’excellente interview, du célèbre expert en énergie nucléaire Mykhail Shuster [4] de janvier 2023. Je me souviens très bien de la situation tendue à ce moment-là... Il y avait des changements quotidiens de directives : « Allumez les blocs – éteignez les blocs »... Encore un bombardement, une autre ligne détruite, une autre réparation héroïque, puis un autre bombardement, un autre arrêt ; passer en secours grâce aux générateurs diesel, mais où se procurer du gasoil ?
Une règle simple s’applique dans l’industrie électronucléaire : s’il existe une menace pour la sécurité décrite dans les règlements et instructions, alors l’exploitation des réacteurs à pleine capacité est interdite ou strictement limitée. Mais le problème était différent ; en effet, des documents réglementent les actions du personnel et déterminent l’état de la centrale nucléaire lors d’un événement particulier, mais aucuns d’eux ne décrit les actions à effectuer en cas d’attaque militaire des unités de la centrale. […]

À ce moment-là, j’ai très clairement compris la chose suivante : une déconnexion complète et soudaine du réseau de tous les réacteurs de la centrale conduirait presque certainement à l’effondrement de l’ensemble du système électrique ukrainien [5].

De plus, personne ne savait comment transférer les réacteurs vers un état sûr, les refroidir, puis, si nécessaire, comment les redémarrer. Et j’étais tourmenté par l’idée que la procédure pour transférer chaque réacteur vers un mode de fonctionnement autonome, pour ses propres besoins électriques, et dans de telles conditions n’avait jamais été écrite ! Comment procéder ?

D’une part, la situation exigeait à coup sûr l’arrêt et le refroidissement de toutes les unités. En revanche, les conséquences de cette décision étaient totalement inconnues. Lorsque tous les réacteurs, ont été arrêtés, cela fut immédiatement suivi d’un effondrement du réseau national. En outre, ils ont été « arrêtés à chaud », c’est-à-dire avec d’énormes émissions de chaleur résiduelle, sans pouvoir créer une sous-criticité fiable [6] et, surtout, sans approvisionnement en énergie externe ou interne sûre. Les groupes diesel de tous les réacteurs ont alors immédiatement été mis en route en commençant à consommer la réserve de carburant. Heureusement, le carburant diesel ne fut pas épuisé et le personnel ne fut pas confronté aux difficultés de devoir travailler dans de pires conditions…

La centrale nucléaire est un immense chantier, extrêmement complexe, qui nécessite l’approvisionnement quotidien d’un grand nombre de pièces de rechange, de composants, de produits chimiques et d’autres biens et matériaux. Comment et par qui cette fourniture fut effectuée ?
Aucune livraison effective de pièces de rechange, de carburant ou de produits chimiques, quotidiennement nécessaires pour garantir les normes opérationnelles, n’a été faite depuis l’Ukraine non occupée. Le fait que, par miracle, nous ayons réussi à obtenir plusieurs fois des fournitures ukrainiennes via des convois de caoutchouc nous a permis de résoudre uniquement les problèmes les plus critiques. C’était donc à moi de gérer la situation. Après les faux référendums, les décrets d’annexion de Poutine et mon départ, les russes ont organisé au moins quelques approvisionnements, via la Crimée, car à ce moment-là, ils considéraient la centrale comme la leur [7].
Ils discutent encore de la possibilité de transférer la production de la centrale vers la Crimée et la Russie. Quelle est votre opinion ? Les occupants recevront-ils de l’électricité de Zaporijia ?
Exclu. Il n’existe pas d’autre moyen de transporter l’électricité que via les sous-stations des lignes existantes. Tous ces équipements sont extrêmement vulnérables et constituent une cible facile pour nos forces armées. Toute tentative de restauration des anciens équipements de commutation existant avant l’annexion de la Crimée en 2014 afin d’organiser un tel transfert, provoquerait une réaction immédiate de l’armée ukrainienne.
Récemment, dans divers médias, de nombreux « experts » ont discuté de la question de l’abaissement du niveau d’eau par les occupants grâce aux vannes du barrage hydroélectrique de Kakhovka et des menaces qui en découlent pour le système de refroidissement des réacteurs nucléaires. Pouvez-vous expliquer objectivement et clairement quelle est réellement la situation et si nous sommes tous en danger... [L’interview a été faite avant la « rupture » de ce barrage occupé et miné par l’armée russe, le 6 juin 2023]
[...] Grâce aux vannes du barrage, les occupants ont procédé à une baisse régulière du niveau d’eau du réservoir de Kakhovka, au bord duquel se trouve la centrale nucléaire de Zaporijia. L’objectif était de créer une inondation artificielle dans le cours inférieur du Dniepr afin d’empêcher les forces armées ukrainiennes de passer sur la rive gauche pour y mener une contre-offensive. Il existe un seuil à partir duquel il ne sera plus possible de recharger le bassin de la centrale, dont la baisse de niveau entraînera des problèmes de refroidissement dans les réacteurs. Mais le danger ne concerne pas seulement la centrale. Une diminution du niveau d’eau dans le cours inférieur du Dniepr entraîne une diminution du niveau des eaux souterraines, l’assèchement des terres les plus fertiles d’Ukraine et d’Europe, la salinisation et l’érosion des sols, les tempêtes de poussière, jusqu’à des modifications climatiques régionales et à la perte de la production alimentaire du sud du pays. À mon avis, il s’agit d’un danger réel qui nous menace tous aujourd’hui.
Selon plusieurs médias, les Russes auraient tiré sur l’installation de stockage à l’air libre des « déchets » de Zaporijia [8], puis l’auraient recouvert d’une sorte d’auvent bâché. Ils disent que c’est pour éviter que les drones et les satellites ne surveillent d’en haut ce qu’ils font... Mais que font-ils exactement ? Est-ce qu’ils transbordent et exportent lentement du combustible nucléaire usé vers la Russie ?
Selon la législation nucléaire internationale, l’armée russe commet un crime supplémentaire. Tout changement dans la centrale – le site de stockage à l’air libre de 2 300 tonnes d’assemblages usés en fait partie – devait être convenu avec le régulateur national, qui, bien sûr, n’était pas d’accord ; donc cette modification du stockage à sec déroge à la législation internationale.

Concernant le combustible usé... Ils ne pourront rien emporter aussi facilement. Premièrement, il est nécessaire de construire une ligne ferroviaire, car les conteneurs sont trop lourds pour être transportés par des véhicules à moteur. Deuxièmement, il est très difficile d’extraire des assemblages d’un conteneur en béton. Troisièmement, ils sont très radioactifs. Et surtout, ni le monde, ni les forces armées, bien sûr, ne regarderont sans bouger ces folles actions. Cette bâche, avec laquelle ils ont recouvert ce site de stockage à sec, a pour but d’y dissimuler leurs véhicules blindés ou chargés d’armes.

Plusieurs réacteurs de la centrale utilisaient des assemblages Westinghouse, les logiciels appropriés à cela et d’autres technologies américaines sensibles. Qu’est-ce qui leur est arrivé ?
Je ne sais pas dans quelles conditions se trouvaient les assemblages Westinghouse. Mais de toute façon, les technologies américaines sont toujours protégées par leur État. Je sais de première main que ces assemblages sont supérieurs aux assemblages russes. Je n’exclus donc pas que les personnels de Rosatom puisse s’intéresser de très près à leurs secrets de conception, mais à leurs manières… J’espère qu’ils seront également poursuivis pour cela.
Les inspecteurs de l’AIEA sont à la centrale depuis le 2 septembre 2022... Est-ce que cela dissuade l’ennemi, augmente le niveau de sécurité ou s’agit-il d’un simple coup de com’ (cette opinion étant largement répandue) ?
Il s’agit d’une question très vaste et complexe qui mérite une discussion à part. D’une part, le monde a été confronté pour la première fois au terrorisme nucléaire international, perpétré par un État qui possède un grand arsenal atomique. D’autre part, certaines questions se sont posées quant à l’efficacité et à l’efficience du fonctionnement de diverses organisations internationales dans des conditions de guerre. Troisièmement, il faut partir du fait qu’il n’existe pas d’autres organisations à l’heure actuelle et que la question se pose de savoir quand elles apparaîtront et dans quelle mesure elles seront efficaces. La présence d’un groupe d’inspecteurs de l’AIEA à la centrale a certainement réduit le danger direct des bombardements qui ont visé le site. Mais mon opinion c’est que Poutine exploite les hésitations de l’AIEA.
Imaginez que nous nous réveillions un matin, et que l’ennemi se soit enfui, dissous... Sera-t-il réaliste de redémarrer la centrale ? Faudra-t-il tenir compte des indices inconnus ou des pièges à retardement préparés et même des mines possiblement enfouies ; des sous-stations, des transformateurs et des lignes électriques détruits, des équipements volés ou sciemment endommagés, du manque de personnel ?
Cela dépend de la distance à laquelle l’ennemi va reculer. La principale question est de savoir si nos lignes de transport d’électricité et nos sous-stations de distribution, dont j’ai déjà évoqué la vulnérabilité plus haut, resteront à la portée des artilleries ennemies. Connaissant beaucoup de choses sur l’armée de Poutine, nous pouvons prédire que, malheureusement, nous devrons désormais tous nous habituer à la vie dans les conditions d’une forteresse assiégée. […]

Certes, il faudra essayer de faire fonctionner la centrale. Mais de nombreuses questions se poseront en même temps ; il faudrait en préparer la solution dès maintenant. Mais... j’ai très peur que les questions n’aient même pas encore été posées... Par exemple : préparer la législation internationale qui établira un statut démilitarisé de 30 kilomètres autour d’une centrale nucléaire et pour les corridors des lignes de transport avec sous-stations ; prévoir le déminage du site de la centrale, de la zone industrielle, du territoire d’Energodar et de ses environs ; créer une commission d’inspection des bâtiments, des installations et des équipements de la centrale ; recruter une unité de la Garde nationale pour protéger la centrale sur la base de l’expérience acquise lors de l’occupation militaire et de l’examen de ces nouvelles menaces. Sans oublier un grand nombre d’autres questions et tâches à venir.

Merci, M. Oleg, pour nous avoir accordé votre temps et votre interview ; j’espère qu’elle ne laissera pas nos lecteurs indifférents. […]

[1Cette interview a été faite en mars 2023. Traduction personnelle issue de l’interview publiée par le site pro-nucléaire ICC d’Ukraine : https://rdcentre.com.ua/zaporizka-aes-rik-heroizmu-boliu-ta-vyprobuvan/

[2Multinationale nucléaire russe la plus importante au Monde.

[3L’ONG ukrainienne Truth Hounds (qui documente les crimes de guerre et s’est vue décerner le 9 mars 2023 le prix Sakharov pour la liberté) a mené des recherches approfondies et recueilli des témoignages oculaires vérifiables sur ce qui se passe dans la Centrale de Zaporijia. Ces récits ont été corroborés par des enquêtes médiatiques internationales, telles que celle du Wall Street Journal. Des extraits du rapport de cette ONG sont en cours de traduction. Lire également Stéphane Siohan, « Dans les geôles de la centrale de Zaporijia, la révélation d’atrocités systématisées », Libération, 5 oct. 2023. Victor de Thier, « Une ONG accuse la Russie d’avoir transformé la centrale nucléaire de Zaporijia en chambre de torture », RTBF, 8 octobre 2023.

[5En 2021 La centrale nucléaire de Zaporijia avait produit près d’un quart de l’électricité ukrainienne.

[6C’est-à-dire sans la certitude absolue d’éviter une réaction en chaîne…

[7Rosatom est impliquée dans l’accaparement de la centrale de Zaporijia : elle en a officiellement fait une de ses filiales le 5 octobre 2022, la « Joint-Stock Company Zaporozhye NPP Operating Organization ».

[8Voir la 3e illustration dans le carnet de guerre #3 intitulé « Un désastre nucléaire est d’actualité en Europe ».

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