Andreas Malm et les ambiguïtés de l’antisionisme « vert »

D’un désaccord mineur entre deux universitaires marxiens relativement obscurs
Matthew Bolton

paru dans lundimatin#408, le 18 décembre 2023

Il y a deux gauches radicales : la gauche-qui-est-antisémite et la gauche-qui-n’est-pas-antisémite. Le problème est qu’on n’est pas bien sûr de savoir laquelle c’est - puisque chacune juge que c’est l’autre. Nous publions ce lundi, avec une certaine distance critique par rapport à son contenu, la traduction d’un texte de Matthew Bolton qui revient sur un bref clash politique entre Andreas Malm (grande « star » de l’écomarxisme) et Anselm Jappe (critique de la valeur et spécialiste de Debord). On ne sait pas exactement s’il faut ranger ce texte parmi les pièces à conviction du perpétuel procès d’intention fait à la gauche décoloniale, ou parmi les documents éclairants les ruses et stratagèmes de la raison antisémite. À dire vrai, les propositions critiques de Bolton - qu’on ne peut pas s’empêcher de vous résumer au cas où vous auriez d’autres chats à fouetter - nous semblent flotter dans les limbes quantiques de l’indécidable : cette dénonciation de l’antisémitisme décolonial ne reprend-elle pas elle-même certains amalgames jugés « antisémites » par ceux-là qui sont supposés l’être ? Cette micro-polémique peut aider les amateur•ices d’embrouilles à clarifier les ressorts de la mésentente à gauche au sujet de l’antisémitisme et de l’antisionisme.


Résumé du propos pour la foule affairée :

1° Bolton a pour ambition de partir d’un micro-événement anecdotique lors d’un débat quasi-confidentiel entre deux intellectuels parfaitement obscurs pour élucider les postulats théoriques et politiques qui se cachent sous leurs réactions antagonistes viscérales.

2° Cet antagonisme viscéral exprimerait des visions antagonistes à gauche du rôle et de la fonction de l’État dans la réponse aux crises systémiques contemporaines : crise du covid, crise écologique. Pour Malm, l’État doit rendre possible une "mobilisation générale" pour la planète comme il l’a fait contre le Covid. Pour Jappe, cette position met de l’eau dans le gaz, et revient à demander du feu à un pyromane. Bon, soit, mais quel rapport avec l’antisémitisme ?

3° Eh bien les premiers points de l’argumentation de Bolton sont les suivants :

a) Selon Bolton, s’appuyant sur des déclarations de Malm, celui-ci ferait de la résistance palestinienne menée par le Hamas un modèle exemplaire pour les luttes écomarxistes et élèverait le conflit israël/palestine au rang de métonymie de celles-ci. Ce conflit géopolitique local serait la partie nationale représentant la totalité impériale qu’est la guerre entre les écologistes radicaux et le capitalisme fossile.

b) Seulement voilà, cela ferait de l’État israélien le seul État qui n’aurait pas le droit, la légitimité ou la capacité de déclarer la "mobilisation générale" - de mettre en œuvre un "communisme de guerre" pour la planète sur le modèle de la mobilisation générale anticovid puisque, par le biais de l’analogie et du rapport de la partie au tout, l’État d’Israël est identique au Capital fossile. Bref : défendre les arbres contre le Capital et défendre les arabes contre Israël, même combat. "Pour Malm, la destruction de l’État d’Israël et le salut de la planète, et donc de l’humanité, constituent un seul et même processus." écrit Bolton.

c) En faisant cela, Malm réactiverait un geste antisémite ancien. Celui qui consiste à faire de l’État juif un État pas comme les autres, un État logiquement impossible et, plus encore, un État qui ne peut pas exister. Ce geste, c’est celui de l’idéologue nazi Alfred Rosenberg dans son pamphlet de 1922 intitulé Der Staatsfeindliche Zionismus, ou « Le sionisme, l’ennemi de l’État ». L’idée est qu’un État est fondé sur la race, le sang et la terre - sur l’enracinement racial du sang dans la terre - et, par conséquent, que les nomades diasporiques en perpétuel exil et inassimilables que sont les juifs ne peuvent pas - selon la logique race, terre, sang - avoir d’État sans que celui-ci ne soit en pratique qu’un anti-État monstrueux. Bolton n’évoque pas à quel point cette idée est omniprésente dans l’idéologie occidentale de l’État, mais on peut rappeler que l’exigence de la raison morale pure pratique de Kant devait en passer par une "euthanasie du judaïsme" (Conflit des Facultés) ou que, pour Hegel, dans sa Vie de Jésus, l’orgueil des juifs revendiquant un État devait déclencher le processus de leur annihilation et aboutir à leur ensevelissement sous les ruines de leur monde. [1] On peut ajouter à cela que dans La Question juive, Marx avait identifié le suppression du problème juif à la suppression du capitalisme : la religion juive n’étant que l’expression idéologique de la pratique capitaliste, c’est en abolissant et supprimant le trafic et la finance qu’on supprimerait l’archaïsme prémoderne de l’idéologie religieuse juive. Il semble que, malgré l’analyse de Bolton, Malm fait un geste plutôt proche de celui du Marx de la Question juive que de celui de Rosenberg.

d) Par ailleurs, on constate que l’antisémitisme de gauche, nous dit Bolton, ne fait pas que dénier toute existence à l’État juif, il dénie aussi le fait que les juifs soient majoritairement sionistes (Bolton amalgame donc, de fait, juif et sioniste). Et Bolton note par ailleurs que le juif de gauche décolonial renverse la légitimité critique du statut de juif : au lieu de tirer de sa position de juif dans le monde un point de vue critique sur les mécanismes de l’antisémitisme qui en fait des victimes d’un racisme structurel ; le juif de gauche décolonial utilise sa position de juif pour légitimer un point de vue critique sur le sionisme, les autres juifs et l’État d’Israël.

Bref, nous publions ce texte avec des pincettes tout en considérant que l’on ne divisera pas la division - l’antagonisme apparent des gauches radicales cristallisé autour de l’antisémitisme, tant que les argumentaires sentimentaux des uns et des autres ne retrouveront pas un peu de la magie de cet "art de la conversation entre les mondes" qui a parfois la grâce de convertir les schismes en alliances. C’est peut-être là qu’il se joue l’amour révolutionnaire - l’amour inconditionnel qui précède l’alliance - l’allégeance allégée du poids infernal des conditions.


En mai 2021, un différend juridique de longue date (et, à l’heure où nous écrivons ces lignes, toujours non résolu) concernant la propriété d’un certain nombre de biens immobiliers dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, adonné lieu à une explosion de violence. Suite à des affrontements entre la police israélienne et des manifestants près de la mosquée Al-Aqsa, des milliers de roquettes ont été tirées sans discrimination sur les villes israéliennes par les militants du Hamas à Gaza. En réponse, les forces israéliennes ont bombardé des cibles à Gaza, provoquant de nombreuses victimes civiles. Des violences intercommunautaires ont éclaté dans les rues d’Israël entre Juifs et Arabes. De grandes manifestations ont été organisées contre les actions israéliennes à Gaza dans de nombreuses villes d’Europe et des États-Unis [2]. De nombreuses attaques violentes et verbales contre des Juifs, contre des magasins appartenant à des Juifs et des synagogues ont été enregistrées dans le sillage des manifestations [3]. Les réseaux sociaux ont été inondés de messages, d’images et de mèmes, qui utilisaient souvent des concepts antisémites, et exprimaient leur opposition à Israël et la condamnation morale de cet État [4]. Les comparaisons entre Israël et l’Afrique du Sud sous l’apartheid et les violences policières aux États-Unis étaient très répandues [5].

Au milieu de cette période fébrile, un panel de discussion en ligne a été organisé par le collectif « Red May » à Seattle. Le débat (« Covid, climat, urgence chronique : les antinomies de l’État ») visait à débattre de différentes approches de l’État, alors que celui-ci était intervenu de façon inédite durant la Covid [6]. Trois intervenants étaient prévus : le sociologue Alberto Toscano dont un article avait inspiré le thème du débat, et les deux théoriciens évoqués dans son texte : Andreas Malm et Anselm Jappe. Dans son pamphlet – « Corona, Climate, Chronic Emergency » [cf. le recueil La chauve-souris et le Capital, La Fabrique, 2020,NdT] – Malm soutenait que la démarche de « mobilisation générale » adoptée par l’État pour lutter contre la pandémie devait être étendue à la lutte contre la crise climatique. Quant à Anslem Jappe, dans De Virus lllustribus. Crise du cororavirus et épuisement structurel du capital (Crise et critique, 2020), coécrit avec Gabriel Zacarias, il soutenait que les interventions de l’État visant à « protéger » une population – de la Covid, du changement climatique ou de la crise économique – étaient vouées à l’échec, parce que l’État faisait inextricablement partie de la totalité sociale capitaliste à l’origine de ces problèmes.

Le panel s’ouvrit sur la présentation de Toscano, avant que Andreas Malm ne soit invité à apporter sa contribution. Exhibant des biceps musclés, et apparemment coiffé d’un bonnet de prière Taqqiyah, Malm annonça immédiatement qu’il venait de s’« extirper » contre son gré d’une manifestation de solidarité avec la Palestine à Malmö afin de participer à la discussion ; il « avoua » qu’il était trop emporté par l’« émotion », trop « bouillonnant » et « bouillant », pour se concentrer sur le thème prévu. Malm ne voulait discuter que d’un sujet ; il ne pouvait « s’empêcher » de se demander : « Comment évaluer la conjoncture actuelle de la lutte de libération palestinienne ? Comment exprimer notre admiration aux héros de la résistance à Gaza, dirigés par Mohammed Deif ? Comment comprendre la dérive de l’entité sioniste vers l’extrême droite proto-génocidaire ?  » Il ne put pas non plus se retenir de poser d’autres questions : « Comment cela s’inscrit-il dans les tendances générales à la fascisation dans le Nord ? Comment tirer les leçons de la résistance palestinienne et les appliquer comme modèle sur d’autres fronts [en particulier la crise écologique] ? »

Anselm Jappe lui répondit qu’il « n’était pas venu ici pour entendre des discours de haine contre l’État juif », et que, si la discussion ne revenait pas au sujet proposé – à savoir la Covid, le climat et l’État –, lui et ses co-auteurs quitteraient le panel Zoom. Malm lui lança alors « Ah oui, t’es un Allemand, n’est-ce pas ? » avant de demander au modérateur, Ajay Singh Chaudhary, de déterminer si ses propos relevaient d’un discours de la haine. Invoquant son héritage personnel de « Juif indien », Chaudhary déclara qu’il n’avait « rien trouvé de haineux » dans les commentaires de Malm, et que l’accent mis par ce dernier sur le conflit israélo-palestinien était parfaitement « en rapport » avec le sujet de la table ronde. Gesticulant et pointant le doigt vers l’écran, Malm affirma ensuite que les slogans de « Mort aux Arabes » criés dans « les rues de la Palestine, dans les zones de 1948 » démontraient qu’Israël était sur le point de commettre un génocide, et que « si toi, camarade Jappe, en tant qu’Allemand, tu ne supportes pas ma critique, alors c’est ton problème ».

Jappe reconnut que les actions d’Israël à Gaza pouvaient être critiquées comme étant indûment « cruelles » ; cependant, il ne voulait plus entendre « quelqu’un faire l’apologie des fous antisémites du Hamas » et il quitta la réunion. Reconnaissant que « l’Allemand » n’était plus là, Malm s’excusa auprès du reste du panel de l’avoir « effrayé », mais affirma qu’il ne pouvait pas « trahir ses sentiments les plus profonds » lorsqu’il s’agissait de la Palestine. Il aborda ensuite la question de l’État et du climat, mais ramena constamment la discussion à Israël. Selon Malm, « l’ignorance généralisée et l’indifférence à l’égard de ce que la science juge nécessaire » pour prévenir le changement climatique, et l’affirmation de la destruction de « la forêt tropicale mondiale », étaient « assez similaires » à l’ignorance de la « destruction qui a lieu en Palestine en ce moment même » et/ou à l’indifférence face à cette destruction.

La réaction au contretemps entre Malm et Jappe dans les cercles restreints, mais loin d’être insignifiants, de la gauche radicale « très connectée aux réseaux sociaux » pencha fortement en faveur de Malm, tout comme au sein du panel lui-même. Ni Toscano ni les autres intervenants ne mentionnèrent l’incident, et ils ne cherchèrent pas non plus à défendre « l’Allemand » contre l’attaque de Malm. Après l’événement, le modérateur Ajay Singh Chaudhary félicita Malm, dans un tweet, pour avoir montré comment « La lutte palestinienne fait partie intégrante de la politique écologique mondiale de ce moment du XXIe siècle […] il n’existe bel et bien que deux camps [...] et aucun moyen magique de dépasser une politique qui sera violente parce que les conditions sont déjà violentes ».

Chaudhary ajouta : « le véritable moment d’antisémitisme dans ce panel a été lorsque Jappe a identifié la solidarité avec la Palestine et la critique de “l’État juif” comme étant antisémites. Comme c’est le cas depuis longtemps, le sionisme lui-même est en fait antisémite ; il déteste les Juifs tels qu’ils existent réellement dans le monde, dans le cadre de l’extension du projet impérial européen, dans le cadre de la logique d’imitation des États-nations chrétiens. » (cf. @materialistjew, 16 mai 2021) [Pour situer politiquement Chaudhary, on pourra consulter son CV universitaire NdT.]

Pour leur part, Jappe et ses co-auteurs publièrent une courte réponse sur le site Palim Psao. Selon eux, l’événement avait permis de vérifier « une nouvelle fois – jusqu´à la caricature – que les soubresauts du Proche-Orient étaient pour le gauchisme une sorte de priorité atavique sur tout autre sujet. […] On voudrait bien que le discours sur “l’antisémitisme de gauche” fût l’exagération d’une droite désireuse de faire oublier son passé. Malheureusement, il n’en est pas ainsi. » [7]

Pourquoi ce désaccord entre Malm et Jappe mérite-t-il d’être raconté en détails ? Comparé au déluge d’antisémitisme en ligne (et hors ligne) qui a suivi la phase d’escalade [en Israël-Palestine, en avril-mai 2021,NdT], l’impact d’un désaccord mineur entre deux universitaires marxiens relativement obscurs – bien que Malm ait récemment gagné un lectorat de plus en plus large, au point d’être qualifié de « première star internationale de l’écomarxisme à l’ère de la crise climatique » – est sans doute d’une importance marginale [8]. Pourtant, la façon dont le débat se déroula, sa base conceptuelle, les modes d’argumentation, la terminologie utilisée et les réactions au débat éclairent la façon dont l’antisémitisme se manifeste dans l’arène intellectuelle, et dans les espaces de la gauche radicale en particulier. La divergence entre les positions de Malm et de Jappe n’est en aucun cas arbitraire ou contingente : elle résulte plutôt de divergences théoriques profondément ancrées dans des traditions distinctes de la pensée de gauche, traditions incarnées par ces deux intellectuels – même si je suis conscient qu’il s’agit évidemment d’une présentation schématique de leurs désaccords. Les divergences théoriques qui apparaissent au niveau de la relation entre le capitalisme et l’État – ici dans le débat initial sur le rôle de l’État dans la pandémie – se retrouvent dans leurs analyses respectives de l’antisémitisme, du sionisme et de l’État d’Israël.

Ce débat peut donc être considéré comme une cristallisation des formes contemporaines d’antisémitisme au sein de la gauche : en effet, la manière dont il se déroula et les réactions qu’il suscita seront sinistrement familières à nombre de ceux qui ont cherché à contester cet antisémitisme au cours des deux ou trois dernières décennies. Mais il nous alerte également sur un nouveau front du discours antisémite, à savoir l’intégration de l’image d’Israël au centre de ce qui devient rapidement (et à juste titre) un point central du militantisme de gauche aujourd’hui, à savoir le changement climatique et la critique du « Capitalocène ». En tant que tel, le débat Malm-Jappe illustre, en temps réel, la façon dont les visions antisémites du monde s’adaptent à un nouvel environnement. Dans ce texte, je décomposerai le débat Malm-Jappe en ses éléments constitutifs, pour chercher à découvrir la base conceptuelle du désaccord. Ce faisant, j’exposerai les nombreux éléments de l’antisémitisme contemporain qui apparaissent tout au long de ce bref échange.

Israël : l’ennemi de « l’État »

Dès le départ, l’intervention de Malm nous frappe par sa teneur émotionnelle et son sentiment frénétique de l’urgence. Il admet qu’il ne peut pas retenir ses sentiments ; il refuse que sa passion « la plus profonde » soit freinée par les formalités rigides de l’étiquette « professionnelle » ou par les exigences du sujet traité. Depuis les rues de Malmö, son amour pour les Palestiniens, à plus de quatre mille kilomètres de là, est tel qu’il l’emporte sur toute autre priorité, y compris celle du changement climatique, et annule toute tentative de débat rationnel – en fait, ceux qui insistent sur ces rituels abstraits ne font que perpétuer l’oppression dont souffrent les Palestiniens.

Si l’on pense, à l’instar de David Nirenberg (Antijudaïsme, Labor et Fides, 2023), que l’opposition entre le « sentiment » intérieur et l’« honnêteté » (tous deux chrétiens) et la froide formalité et la politesse déloyale de la loi (juive) a été un pilier de l’« antijudaïsme » occidental pendant des siècles, il est clair, dès le départ, que l’approche du conflit israélo-palestinien par Malm est motivée par un sentiment moral inépuisable qui ne peut tolérer aucun compromis ni aucune limitation [9].

En effet, il ne s’agit pas du tout d’un « conflit », si l’on entend par ce concept ce que Susie Linfield décrit comme une « lutte non résolue, frustrante, complexe et douloureuse entre deux mouvements nationaux, chacun défendant une revendication justifiée sur la terre » [10]. Malm n’admet qu’une seule revendication légitime à une nation, à un État, à la terre et à la moralité elle-même, et elle appartient uniquement aux Palestiniens. Le nationalisme palestinien est ontologique, concret, éternel et ancré dans le sol. Le nationalisme juif est transitoire, abstrait, arbitraire, une concoction manifestement frelatée. Ce cadrage théorique est à nouveau souligné par le refus de Malm d’appeler Israël par son nom, et de se référer plutôt à l’« entité sioniste ». Israël est ainsi privé de son statut d’État : ce n’est pas un véritable État-nation, mais un usurpateur, une parodie, qui imite de manière clownesque ce que Chaudhary décrira plus tard comme les agissements des « États-nations chrétiens », la véritable forme de l’État. Les slogans anti-arabes qui annoncent, selon Malm, une violence génocidaire ne sont pas criés à l’intérieur d’Israël, cette « entité » fictive, mais plutôt dans « les rues de la Palestine, dans les zones de 1948 ». Peu importe ce que dit le droit international sur la légitimité de l’existence d’Israël, pour Malm, la « Palestine » qui perdure éternellement sous le palliatif de la structure politique israélienne artificielle représente le « véritable État » du véritable « peuple » de la région, un peuple destiné à être à nouveau réuni avec sa terre naturelle.

Sans doute inconsciemment, le contraste entre le véritable État et la fausse « entité » qui fonde ici l’argument de Malm reproduit celui établi par l’idéologue nazi Alfred Rosenberg dans son pamphlet de 1922 intitulé Der Staatsfeindliche Zionismus, ou « Le sionisme, l’ennemi de l’État » [11]. Pour Rosenberg, qui écrivait bien avant la création de l’État d’Israël, l’idée même d’un « État juif » sapait le concept d’« État » en tant que tel. L’objectif de l’État était d’unir un « peuple » national à la terre avec laquelle il avait un lien inné, naturel – on pourrait dire « autochtone » – et de protéger ce peuple contre des forces extérieures destructrices. Un « État juif » était, de ce point de vue, une contradiction dans les termes. Les Juifs ne pouvaient être considérés comme un « peuple national » – ils n’avaient aucun lien avec une aucune terre ; ils existaient plutôt comme une force mondiale et cosmopolite, une « anti-nation » dont la présence sapait l’unité intégrale de toute véritable nation qui avait le malheur de les accueillir. Si un « État juif » devait voir le jour, il serait nécessairement une exception méprisée, un paria dans la communauté des nations. Il servirait de quartier général pour orchestrer une conspiration mondiale visant à désintégrer le système des véritables États-nations dont il se déclarerait faussement membre. Pour Rosenberg, un tel « État » ne pouvait être sauvé par des moyens politiques, par ses actions : il était pourri de l’intérieur et ne pouvait être qu’intégralement rejeté.

On retrouve la même insistance sur le fait qu’Israël serait une « erreur historique » irrémédiable, un mal absolu, dans l’affirmation de Malm et Chaudhary selon laquelle la lutte des Palestiniens contre Israël serait une image réduite de la lutte pour sauver la planète d’un changement climatique catastrophique. Alors que, selon Malm, les « vrais » États peuvent et doivent agir comme la dernière ligne de défense contre la catastrophe climatique en adoptant une forme de « communisme de guerre », l’État israélien ne le peut pas [12]. L’« entité sioniste » est un outil politique totalement exploiteur et destructeur, au-delà même de la rédemption communiste. En effet, comme l’explique Malm dans un article détaillé publié en 2017 dans le magazine Salvage, « la relation entre la Palestine et le changement climatique[...]représente plus qu’une allégorie ou une analogie. Les combustibles fossiles font partie intégrante de la catastrophe depuis le tout début » [13]. L’existence du sionisme, et d’Israël lui-même, suggère-t-il, n’a rien à voir avec la théologie, l’antisémitisme, l’Holocauste ou la montée générale du nationalisme au cours du XIXesiècle.

Il s’agit plutôt des résultats d’un stratagème de l’impérialisme britannique pour s’assurer l’accès aux réserves de combustibles fossiles au Moyen-Orient, et en particulier au pétrole, qui était en train de devenir rapidement « le combustible fossile de pointe » durant les premières décennies du XXe siècle. Le projet d’établissement d’un « foyer national pour le peuple juif » est présenté ici comme une condition préalable nécessaire au développement capitaliste du XXe siècle et à la destruction de l’environnement naturel provoquée par la production fondée sur les combustibles fossiles qui s’en est suivie. La trajectoire de la crise climatique suit donc celle d’Israël lui-même. Le changement climatique contraint des « millions » de personnes à travers le monde « à suivre l’axe palestinien », écrit-il. La planète entière est en train de devenir la Palestine.

Pour tenter de prouver cette affirmation, Malm invoque la création en 1932 d’un oléoduc transportant du pétrole de l’Irak à Haïfa. Malm fait l’éloge des attaques arabes contre l’oléoduc pendant le soulèvement anti-britannique et anti-juif de 1936 et le présente comme une sorte de militantisme climatique clairvoyant avant la lettre. Curieusement, il omet de mentionner que des militants sionistes attaquèrent également l’oléoduc dix ans plus tard, dans le cadre de leur propre lutte anticoloniale, et que l’oléoduc de Haïfa cessa complètement de fonctionner après la déclaration d’indépendance d’Israël et ne fut jamais rouvert. Malgré cet épilogue gênant pour son argumentation, Malm reprend son amalgame entre l’existence d’Israël et la catastrophe climatique quand il insiste sur le fait que, depuis sa création, Israël a facilité « la domination américaine sur le Moyen-Orient et l’accès illimité à son pétrole ». Là encore, il omet de mentionner qu’Israël ne produit pratiquement pas de pétrole, alors que les nations arabes responsables de la majeure partie de la production mondiale de pétrole étaient, jusqu’à très récemment, aussi implacablement opposées à l’existence d’Israël que ne l’est Malm.

Si l’État d’Israël personnifie la destruction rapace de la planète sous le « Capitalocène », alors la Palestine représente la terre blessée elle-même, l’Eden perdu, empoisonné par le développement sioniste-capitaliste. « Adopter la position palestinienne, suggère Malm,c’est, en fin de compte, choisir la nature comme son dernier et plus puissant allié ». L’essai paru dans Salvage conclut ainsi en établissant un parallèle direct entre la revendication palestinienne du « droit au retour » et celle du mouvement climatique pour un retour à une « concentration de C02 » de « 350 ppm ». Si ces deux revendications aboutissent ensemble, suggère Malm, « les Palestiniens vivront dans leur propre pays, comme avant 1948 » – au passage, il reconnaît que le « droit au retour » nécessite effectivement l’éradication d’Israël – et « la concentration de CO2 reviendra en dessous des niveaux atteints à la fin des années 1980. […] Du fleuve à la mer : les émissions de CO2 doivent d’abord être éradiquées, puis devenir négatives ». Pour Malm, la destruction de l’État d’Israël et le salut de la planète, et donc de l’humanité, constituent un seul et même processus.

Le « romantisme de la réaction »

Compte tenu de l’urgence de la situation, il n’est pas surprenant que, aux yeux de Malm, tout comme la crise climatique nécessite de multiples formes d’action directe, tout mode de résistance à l’« entité sioniste », d’où qu’elle vienne et sous quelque forme que ce soit, doit être indiscutablement soutenu. Ainsi, dans la discussion sur « Red May TV », Malm ne s’est pas contenté d’exprimer sa solidarité avec les Palestiniens de Gaza confrontés aux attaques israéliennes, ou aux habitants palestiniens du quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem, qui risquent d’être expulsés, mais il exalte explicitement « les héros de la résistance à Gaza, dirigés par Mohammed Deif ». Mohammed Deif est le « commandant suprême » des Brigades Izz ad-Din al-Qassam, l’aile militaire du Hamas, les dirigeants islamistes férocement réactionnaires et autoritaires de Gaza. Deif est considéré comme l’architecte de la campagne d’attentats-suicides visant les bus et les espaces publics israéliens au cours de la deuxième Intifada. Il a joué un rôle central dans le développement de l’artillerie du Hamas, des roquettes Qassam financées par l’Iran – celles qui étaient tirées sans discrimination sur les villes israéliennes au moment du discours d’Andreas Malm – ainsi que du réseau de tunnels destiné à permettre aux militants du Hamas de pénétrer en Israël pour y perpétrer des attentats.

Depuis qu’il a pris le pouvoir en utilisant la force à Gaza en 2007, le Hamas a impitoyablement réprimé l’opposition politique, les manifestations publiques et les organisations syndicales, tandis que les arrestations arbitraires, les enlèvements, la torture et les exécutions extrajudiciaires d’opposants constituent une menace constante [14]. Les droits des femmes ont été restreints, tandis que les homosexuels sont persécutés, voire tués [15]. Le contenu profondément antisémite de la charte fondatrice de l’organisation, qui s’inspire largement de la théorie du complot classique exposée dans Les Protocoles des sages de Sion, et du matériel diffusé quotidiennement sur ses chaînes de propagande, n’a pas besoin d’être expliqué ici [16].

La romantisation par Malm d’un mouvement politique réactionnaire comme le Hamas – dont on peut supposer que, s’il s’agissait d’un « peuple » différent, Malm n’hésiterait pas à l’associer aux « tendances générales à la fascisation » qu’il diagnostique par ailleurs – illustre parfaitement la forme manichéenne d’« anti-impérialisme » qui domine la gauche occidentale depuis les années 1960. Comme on le sait, cette vision de la géopolitique part du principe inébranlable que tout ce que font les États-Unis, le Royaume-Uni, Israël et leurs alliés – les impérialistes, une catégorie qui, pour Malm, est interchangeable avec le « Nord global », plus militant – doit être combattu a priori et que toute action de ceux qui prétendent s’opposer à eux doit être automatiquement soutenue, quels que soient les objectifs politiques ou les méthodes de ces opposants. Une fois qu’un État ou un mouvement a été admis dans le camp des « anti-impérialistes », tout est permis.

Les divisions qui, ailleurs, seraient considérées comme essentielles dans n’importe quelle autre analyse sociale – entre la gauche et la droite, les capitalistes et les travailleurs, les laïques et les partisans d’une théocratie, les militants écologistes et les négateurs du changement climatique – sont ici dissoutes dans la totalité homogène du « bon côté de l’Histoire ». Une fois le soutien de l’Histoire assuré, il n’y a plus de différence morale entre une théocratie autocratique et une démocratie laïque – ou une protestation non violente, une attaque contre un char, la destruction de biens ou l’explosion d’un bus rempli de civils à cause d’une bombe actionnée par un candidat au suicide.

Le soutien de Malm au Hamas et à la lutte armée n’est pas mécanique ou teinté de regrets ; au contraire, il célèbre avec enthousiasme ses actions. En effet, il va jusqu’à recommander aux militants du changement climatique de prendre les méthodes du Hamas comme modèle. Rappelons que ces méthodes de « résistance » incluent les attentats suicides, les tirs de roquettes aveugles et le fait de « couper la tête des Juifs » avec des « couteaux de cinq shekels » pour « humilier l’État juif » [17], selon la déclaration de Fathi Hammad, représentant du Hamas, une semaine avant l’apparition de Malm dans le programme de « Red May TV ». Loin de se distancier de ces actions, la seule fois où Malm critique le Hamas dans l’article de Salvage, c’est pour avoir brièvement envisagé d’abandonner la violence en faveur d’une « trêve à long terme » avec Israël en 2015.

Comme dans le cas d’un Jeremy Corbyn ou d’un Seumas Milne [journaliste et directeur de la stratégie et de la communication de Corbyn entre 2015 et 2020,NdT], l’expression d’un soutien public à la violence politique (antisémite) ciblant des civils (juifs) semble engendrer un frisson par procuration chez certains militants de gauche : un frisson d’émerveillement narcissique devant leur propre dureté révolutionnaire, la fierté d’avoir cultivé la sensibilité endurcie et la moralité « supérieure » nécessaires pour accepter la mort et la destruction requises dans la poursuite de la cause. Mais étant donné les instincts autoritaires manifestes de Malm – son État léniniste inspiré par la période du « communisme de guerre » imposerait même le végétalisme – et son engagement militant explicite, son admiration pour une telle résistance « héroïque », sans parler de la satisfaction qu’il éprouve d’avoir « effrayé » Jappe au point que ce dernier ait quitté le programme, prend une teinte bien plus menaçante que la pose vaine et finalement impuissante d’un Corbyn.

La réaction de Jappe a, bien entendu, été provoquée par le soutien explicite de Malm au Hamas et à Dief ainsi que par l’utilisation du terme « proto-génocidaire » pour décrire l’attitude d’Israël à l’égard des Palestiniens. Il n’a pas du tout été provoqué, comme l’a prétendu plus tard Chaudhary, par l’expression d’une simple « solidarité avec la Palestine ». Malgré la qualification de « proto », l’utilisation du concept de génocide dans ce contexte ne peut que porter en elle tout le poids de l’Holocauste ; elle crée implicitement une analogie entre les actions de l’État d’Israël (ou les espoirs de sa population) et l’extermination des Juifs d’Europe par les nazis. Cette expression ouvre la voie aux comparaisons grossières entre Gaza et Auschwitz ou le ghetto de Varsovie, comparaisons courantes dans certains espaces de gauche, ainsi qu’aux accusations de prétendue collaboration sioniste avec Hitler, ou à l’amalgame graphique du sionisme et du nazisme dans des images qui mêlent l’étoile de David à la croix gammée. Ces modes de relativisation de l’Holocauste, de minimisation et d’accusation des victimes s’associent à des notions antisémites plus anciennes sur la prétendue « amoralité » juive, l’idée selon laquelle, privés du pardon chrétien, les Juifs sont incapables de « tirer les bonnes leçons morales » des souffrances passées. La distinction entre la situation à Gaza, le racisme anti-Arabes (indéniable) en Israël et la violence annihilatrice de l’Holocauste est si grande que brandir le terme de « génocide » dans le contexte d’un débat « émotionnel » sur la situation à Gaza relève de l’incitation délibérée.

La réaction dédaigneuse, voire méprisante, des autres membres du panel et du modérateur Chaudhary face à la protestation de Jappe est également instructive : quiconque a participé aux débats sur l’antisémitisme, Israël et le sionisme dans les milieux de gauche au cours des trois dernières décennies ne sera pas surpris par leur attitude. Chaudhary a immédiatement invoqué ses origines juives indiennes pour donner plus de poids moral à son rejet des préoccupations de Jappe. Dans un tweet ultérieur, posté probablement après une réflexion plus approfondie, Chaudhary a réitéré ce procédé ; étant donné qu’il était « la seule personne juive (je pense) impliquée dans cette discussion », il pouvait confirmer avec autorité que ni le Hamas ni son défenseur Malm n’étaient antisémites, mais que c’était plutôt le cas de Jappe et de la notion d’« État juif ». En outre, non seulement l’« entité sioniste » antisémite incarne, pour Malm, la destruction du monde naturel, mais, pour Chaudhary, son « ethnocratie néo-fasciste » est « LE modèle de l’extrême droite mondiale » d’aujourd’hui. Le « néofascisme » israélien n’est pas lié de manière contingente, comme certains apologistes aimeraient le prétendre, aux politiques particulières du gouvernement Netanyahou, mais « remonte à la fondation du pays ». Pour Chaudhary, le sionisme est un fascisme – par nature, par essence. Il n’est pas non plus une simple manifestation du fascisme d’aujourd’hui, mais constitue plutôt l’Ur-fascisme [le « fascisme primitif et éternel, selon Umberto Ecco, NdT], le terrain même sur lequel repose le fascisme.

Cet argument a une logique : ceux qui prétendent voir de l’antisémitisme dans certaines « critiques » d’Israël – comme, par exemple, l’affirmation selon laquelle Israël serait le seul État sur terre incapable de lutter contre le changement climatique et devrait donc être détruit pour sauver la planète – défendent le fascisme, le colonialisme, la destruction de l’environnement et l’antisémitisme lui-même. D’un point de vue de gauche, de telles personnes ne peuvent être considérées comme des camarades et devraient donc être exclues de la « communauté du bien » de la gauche [18]. Il est regrettable que la grande majorité de la population juive dans le monde fasse partie de cette catégorie de bannis, parce qu’elle considère qu’il existe une relation entre son identité juive et l’État d’Israël, même si elle désespère de sa trajectoire politique actuelle.

Mais ce n’est pas antisémite, selon cet argument, parce qu’une minorité de Juifs – comme Chaudhary lui-même, ou les membres de Jewish Voice for Labour [petit groupe de Juifs travaillistes très critiques vis-à-vis d’Israël et qui, comme LFI et Le Média en France, dénoncent surtout « l’instrumentalisation de l’antisémitisme », NdT] au Royaume-Uni – ont passé le test décisif de la gauche concernant Israël. Ils sont donc libres de mobiliser leur identité pour exonérer la gauche des fausses accusations d’antisémitisme portées par les Juifs qui ne réussissent pas ce test. Comme le dit David Hirsh, cela inverse le mantra classique des politiques identitaires. Au lieu de prétendre que leur identité juive leur donne « un aperçu spécial de la nature du racisme dont ils souffrent, aspect partiellement caché aux personnes extérieures », ici « l’appartenance au groupe ciblé leur procure [...] une connaissance spéciale, de l’intérieur, des affirmations égoïstes et malhonnêtes exprimées par la majorité des Juifs » [19].

Comme le montrent clairement ses écrits et interventions passionnés, pour Malm, la Palestine-à-venir, fondée sur la destruction de l’« entité sioniste », ne sera pas simplement un État de plus parmi d’autres, mais plutôt le symbole d’un monde émancipé, le signe avant-coureur d’une nature réconciliée et d’une humanité qui s’est rachetée. Comme tant de fois dans le passé, la particularité juive, têtue et récalcitrante, est ici présentée comme l’obstacle à la restauration de l’harmonie naturelle. Dans cette lutte pour le salut, en effet, « il n’existe que deux camps », les « sionistes » et les autres. Le fait que la plupart des Juifs de cette planète appartiennent à la première catégorie, à l’exception d’une infime fraction d’entre eux, et qu’ils soient donc une fois de plus présentés comme le malheur du monde [20] n’a, évidemment, rien à voir avec l’antisémitisme.

Je remercie Hagen Troschke et Andrew Apostolou pour leurs commentaires sur les premières versions de ce texte.

(Contribution extraite de The Rebirth of Antisemitism in the 21st Century, ouvrage collectif dirigé par David Hirsh, Routledge, 2023. Le titre de l’article en anglais, « Climate catastrophe, the “Zionist Entity” and “The German Guy” : An anatomy of the Malm-Jappe dispute » a été modifié avec l’autorisation de l’auteur.)

Matthew Bolton
Traduction : Yves Coleman

Texte complet ici


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[1"Votre orgueil, votre obstination dans les préjugés, votre intolérance inciteront contre vous vos ennemis et ils vous entoureront, vous tortureront dans tous les lieux, jusqu’à ce que votre État et votre constitution, objet de votre superbe, seront annihilés et vous serez enterrés sous les ruines de la ville, sans avoir le sentiment et la gloire d’être morts pour une noble défense d’une chose bonne et grande. » cf. [https://www.cairn.info/revue-pardes-2005-1-page-117.htm#no11] Note 6. Et : [https://ia600907.us.archive.org/0/items/viedejsusouexa01strauoft/viedejsusouexa01strauoft.pdf]

[2Durant la manifestation londonienne, l’ancien dirigeant du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn a pris la parole à côté d’une énorme caricature gonflable et « judéifiée » de Mohamed bin Zayed bin Sultan Al Nahyan, le cheikh des Émirats arabes unis, dotée d’un nez exagéré, de cornes et de griffes rouges. Ce dirigeant a joué un rôle central dans la normalisation des relations entre les Émirats arabes unis et Israël dans le cadre des « accords d’Abraham » de 2020. Cf. Georgia Gilholy, « The chilling scenes outside the Israeli embassy show the urgency of tackling anti-Semitism » (Les scènes effrayantes devant l’ambassade d’Israël montrent l’urgence de lutter contre l’antisémitisme). CapX, 18 mai 2021.

[3Community Security Trust, The Month of Hate : Antisemitism and extremism during the Israel-Gaza conflict, Research Briefing, juillet 2021,https://cst.org.uk/news/blog/2021/07/15/the-month-of-hate.

[4ADL, Antisemitism on Facebook, Instagram and TikTok in Response to Middle East Violence, 19 mai 2021.https://www.adl.org/blog/antisemitism-on-facebook-instagram-and-tiktok-in-response-to- middle-east-violence.

[5Cf. Susie Linfield, « Palestine Isn’t Ferguson », The Atlantic, 24 octobre 2021.

https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2021/10/israeli-palestinian-conflict-ferguson/620471.

[6Red May TV, « Covid, Climate, Chronic Emergency : Antinomies of the State » YouTube, 14 mai 2021,https://www.youtube.com/watch?v=p_pamp3oi78. La contribution de Malm commence à la 21eminute.

[7Anselm Jappe, Sandrine Aumercier et Gabriel Zacarias, « Israël, encore et toujours l’obsession numéro un », http://www.palim-psao.fr/2021/05/israel-encore-et-toujours-l-obsession-numero-un-par-anselm-jappe-gabriel-zacarias-et-sandrine-aumercier.html,Palim Psao, 17 mai 2021.

[8Bue Rübner Hansen, « The Kaleidoscope of Catastrophe : On the Clarities and Blind Spots of Andreas Malm »,Viewpoint Magazine, 14 avril 2021,https://viewpointmag.com/2021/04/14/the-kaleidoscope-of- catastrophe-on-the-clarities-and-blind-spots-of-andreas-malm.

[9Je remercie Marcel Stoetzler pour ce point. Cf. David Nirenberg, Antijudaïsme, [2013], Labor et Fides, 2023.

[10Linfield, « Palestine Isn’t Ferguson »,op. cit.

[11-#Cette discussion sur Rosenberg et l’État s’inspire de l’article de Marcel Stoetzler, « Capitalism, the Nation and Societal Corrosion : Notes on ‘Left-Wing Antisemitism’ »,Journal of Social Justice,9, 1-45, (2019).

[12Andreas Malm, La chauve-souris et le capital, La fabrique, 2020.

[13-#Andreas Malm, « The Walls of the Tank : On Palestinian Resistance »,Salvage, 1er mai 2017, https://salvage.zone/in-print/the-walls-of-the-tank-on-palestinian-resistance.

[14Jakob Erikkson, « Why Hamas Still Relies on Violent Repression to Control Gaza », The Conversation, 8 juin 2015.https://theconversation.com/why-hamas-still-relies-on-violent-repression-to-control- gaza-42461. Imogen Lambert, « Facing Years of Repression, Palestinians Continue to Flee Gaza », The New Arab,3 décembre 2019,https://english.alaraby.co.uk/ analysis/facing-years-repression-palestinians-continue-flee-gaza

[15AP News Wire, « Hamas ‘Guardian’ Law Keeps Gaza Woman from Studying Abroad », The Independent, 5 novembre 2021.https://www.independent.co.uk/news/world/americas/hamas-gaza- gaza-city-human-rights-watch-islamic-b1952015.html.Diaa Hadid et Majd Al Waheidi, « Un commandant du Hamas, accusé de vol et de relations sexuelles homosexuelles, est tué par les siens »,New York Times, 1er mars 2016.https://www.nytimes.com/2016/03/02/world/ middleeast/hamas- commander-mahmoud-ishtiwi-killed-palestine.html.

[16Meir Litvak, « The Anti-Semitism of Hamas », Palestine-Israel Journal of Politics, Economics, and Culture 12 (2-3), pp. 41-46, 2005. Bassam Tibi, « From Sayyid Qutb to Hamas : The Middle East Conflict and the Islamization of Antisemitism », in Charles A. Small (dir.), The Yale Papers : Antisemitism in Comparative Perspective, Createspace Independent Pub, pp. 457-483, 2015.

[18Cf. David Hirsh,Contemporary Left Antisemitism,Routledge, 2017, p. 52 et suivantes.

[19David Hirsh, « It Was the New Phenomenon of Israel-focused Antisemitism that Required the New Definition » (C’est le nouveau phénomène de l’antisémitisme centré sur Israël qui a nécessité la nouvelle définition),Fathom, janvier 2021.https://fathomjournal.org/it-was-the-new-phenomenon-of-israel- focused-antisemitism-that-required-the-new-definition-of-antisemitism-david-hirsh-responds-to-a- recent-call-to-reject-the-ihra

[20-#L’historien allemand réactionnaire Heinrich von Treitschke écrivit dans un article publié en 1879 « Les Juifs sont notre malheur ». Cette affirmation avec le temps, s’est transformée en « Les Juifs sont le malheur du monde » et sera reprise par les nazis (NdT).

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