Vous étiez où ce matin ? On ne vous a pas vus ! Ah c’était demain ? On s’est trompé.es de jour, désolé.es, on pensait être déjà demain. Merde, aujourd’hui c’est lundi, vendredi ou dimanche ? Ça faisait trop longtemps qu’on comptait les dodos jusqu’à vous retrouver. Il est bientôt 6 du matin quand Bordeaux se voit coupée en deux par quelques dizaines de personnes, décidées à agir dès à présent. Nous sommes allé.es, armé.es de pneux, de gilets, de triangles, de feux de détresse, bloquer la route du trafic ; une partie d’entre nous, tout au nord de la rocade, proche du lac, à Bruges ; les autres plein sud, aux environs de Gradignan.
Bloqués dans les bouchons ? Quittez cette ville, si vous n’aviez pas envie d’aller travailler, rentrez chez vous, c’est là notre invitation. Puis, rejoignez vos amis, amours, bandes organisées, conspirez, et venez allumer la mèche ! On essaye de gratter une journée de repos générale pour se retrouver demain matin, en pleine forme.
Sous les klaxons d’encouragement et les quelques hourras audibles à 90km/h, le premier radar du mouvement a été repeint, en même temps qu’on étalait des pneux en travers des voies, le soleil n’était pas encore levé que les flux de voitures étaient à l’arrêt. En arrêtant le trafic en direction de Paris d’une part et de l’Espagne de l’autre ; nous avons tenté de ralentir la ville pour quelques instants. On a voulu répondre à un appel, « Bloquons tout », on espère le voir déborder. A l’instar des GJs, on a voulu montrer que les manifestations syndicales ne suffisent pas et sont toujours trop policées. C’est dans leur débordement que réside l’étincelle qui embraserait le tout. Les occupations, les blocages, les grèves et tout ce qui nous libère du temps pour lutter, c’est ça qui donne la force d’un mouvement, la possibilité d’une révolte. Et vu la vitesse à laquelle avance la machine, chaque seconde de perdue nous donne du souffle pour continuer à s’organiser, à l’enrayer.
Comme on le voit dans les assemblées qui se réunissent partout, il n’est pas plus utile d’établir des revendications, que d’essayer d’être entendus pour convaincre un gouvernement de changer. Bayrou a chuté, son gouvernement va sûrement le suivre – quel comique de répétition – mais rien ne change, ce n’est pas dans l’hémicycle que tout se joue, mais dans la rue et surtout, dans nos vies ! La compétitivité, la croissance, le travail pour la vie, nous n’y avons jamais cru. Seul.es, submergé.es par les pierres de toutes ces bâtisses, on se demande si on serait pas mieux ensemble à faire résonner nos pas sur ces mêmes murs, c’est là qu’on trouve notre puissance ; seuls mais à plein.
Le 10, le 11, le 12 De quoi tu m’parles ? Tous les jours qui s’ensuivent ! On ne savait pas quand commencer alors comment savoir quand s’arrêter ? Le temps ne s’arrêtera pas, alors nous non plus.
Quelques heures après l’annonce du départ de François Bayrou mais avec 24 heures d’avance sur le reste de la France, un blocage de rocade a eu lieu ce mardi 9 septembre à Bordeaux.
Nous avons reçu ce communiqué accompagné de quelques images. Il s’agissait, selon les responsables, de « mettre un peu de confettis dans ce mardi. »