Vie de Pasquale Abatangelo, beatnik, braqueur, communiste combattant

« C’est dans ces années-là que je remportai mon premier tournoi de danse »

paru dans lundimatin#361, le 28 novembre 2022

L’Histoire a bousculé la vie de Pasquale Abatangelo avant même sa naissance puisque ses parents, émigrés italiens vivant en Grèce au début du 20e siècle, ont dû après la deuxième guerre mondiale retourner dans la mère patrie sur des barques de fortune ressemblant beaucoup à celles d’autres exilés venus d’autres horizons au 21e siècle. C’est pourquoi il vécut ses premières années dans l’extrême misère d’un centre d’accueil à Florence, avant d’être envoyé par sa mère restée veuve dans un institut où voisinaient orphelins, pensionnaires comme lui et vieillards mourants, dans la rue des Pas Contents, ainsi dénommée parce que c’était celle qu’empruntaient autrefois les condamnés à mort. Avec des débuts pareils, on peut comprendre qu’il ait eu quelques coups à rendre à la société italienne des années 60 et 70.

« J’ai volé », écrit-il, « je me suis drogué, j’ai craché sur les règles. On pourrait aussi dire que j’ai été un produit statistique de mon temps ; je n’en tire aucune honte. À un moment de ma vie, j’ai réalisé que je pouvais comprendre qui j’étais. Je ne suis jamais revenu en arrière. Je suis devenu un voyou politisé, un voyou communiste. » Tout comme son compagnon de lutte qu’il ne rencontrerait qu’au bout de leurs propres et interminables parcours carcéraux, Sante Notarnicola, Abatelo sait raconter ces années de prime jeunesse où le bouillonnement de la vie prend aussi bien la forme d’une virée à 14 ans dans un concert des Rolling Stones et un campement de beatnik, que les premiers larcins, à la suite de quoi, il fera connaissance d’un milieu où il a mené l’essentiel de ses luttes et de sa vie : la prison. Mais c’était à une époque bien particulière : « l’Italie était en train de se transformer jusque dans les cellules et les cours des prisons. La composition sociale s’était modifiée. Il entrait dorénavant dans les prisons des jeunes dont l’horizon de vie se trouvait dans les grandes métropoles industrielles des années soixante. Contrairement aux générations précédentes, eux saisissaient immédiatement la contradiction aiguë entre l’arriération du monde clos où ils avaient été relégués et le développement tumultueux de la société. Ils venaient généralement de familles ouvrières. Ils avaient refusé la discipline à l’usine et entraient d’autant plus fortement en collision avec l’autoritarisme médiéval du circuit pénitentiaire. » 

A la suite d’une manifestation de prisonniers, il se retrouve avec deux autres révoltés, nus dans le froid glacial sur des lits de contention, dans des liens si serrés que le sang circule à peine « L’unique soulagement était de se pisser dessus pour ressentir un peu de chaleur, avant que l’urine ne s’écoule par le trou creusé dans le plateau du lit au-dessus d’un seau. » Ils sont libérés au bout de quelques jours grâce au refus des autres prisonniers de rentrer en cellule pour exiger leur libération. « En prison, on ne gagne que lorsqu’on s’évade. Mais on marque tout de même des points quand un acte de rébellion ne se conclut pas par l’anéantissement des rebelles. » Non contents de n’être pas anéantis, les rebelles, au contact des militants de Lotta Continua emprisonnés vont se politiser à grande vitesse. « Les forçats s’appropriaient la culture et l’expérience politique des soixante-huitards, indispensables pour donner sens à un sursaut collectif qui aurait sinon été destiné à se brûler les ailes dans une sorte de jacquerie. Les extraparlementaires, pour la plupart des étudiants d’extraction petite-bourgeoise, avalaient à grandes louches le savoir concret des détenus, fruit des amères expériences faites aux marges de la société. »

De cette rencontre vont naître les NAP, Noyaux armés prolétaires, l’organisation des prisonniers politisés qui affirmera sa puissance dans les prisons contre les mafias, et déclenchera une série d’immenses révoltes de prison réprimées par les gaz, les matraques et les balles. Plus tard encore, les NAP s’intègreront dans les Brigades rouges. Abatangelo raconte aussi la suite, l’écrasement de la lutte armée par le recours aux repentis et à la torture. Il ne cache pas non plus les amers développements des dissensions internes jusqu’à l’assassinat en prison, par leurs camarades, de militants qui n’avaient parlé que sous la torture…

Après des décennies derrière les barreaux, il a travaillé comme gardien de parking jusqu’à la retraite et aujourd’hui encore, il écrit : « Je pense que c’est ça, le communisme. Je pense aux hommes et aux femmes qui aujourd’hui, en Italie, font la manche à chaque coin de rue. Je pense à ceux qui arrivent par bateau et travaillent douze heures par jour pour ramasser des tomates dont on se plaindra du manque de goût. Je pense à ceux qui n’ont pas de toit, aux ouvriers abandonnés par les syndicats, à ceux qui habitent loin des centre-villes, qui détestent les flics et quelques fois aussi les étrangers. Il est évident qu’il n’existe aucune perspective d’amélioration réformiste pour ces gens-là. Tout ce que le système peut faire, c’est leur faire bouffer de l’éducation civique et des assistantes sociales. Quand ça ne suffit pas, il y a toujours les portes de la prison grandes ouvertes. Voilà à quoi servent les communistes. À leur faire payer cher. À rassembler nos forces. À donner des armes à la rage et à avoir une ligne de conduite à même de construire une alternative au monde des riches et des puissants. » 

S.Q.

Je courais en pensant à Anna, traduit de l’italien pr Marjolaine Bonnin, Premiers Matins de Novembre Ed.

Le mouvement des prolétaires prisonniers

Le 24 février au soir, à la fin de l’émission de télévision, les détenus de la première section refusèrent de rentrer en cellule. Ils se barricadèrent dans le bâtiment et ouvrirent un passage vers les toits de la prison, comme il était d’usage à l’époque, pour manifester contre le code fasciste [1]] et pour la réforme du règlement pénitentiaire. Rien ne laissait présager ce qui allait arriver.

À peine les révoltés eurent-ils atteint le toit que les gardiens se mirent à leur tirer dessus, dans l’évidente intention de tuer. Ce n’était jamais arrivé pour aucune des manifestations précédentes, et un détenu, Giancarlo Del Padrone, perdit la vie, tandis que onze autres prisonniers furent gravement blessés. Les matons avaient tiré à la mitraillette sur des hommes qu’ils savaient désarmés et voulaient remettre dans le droit chemin quel qu’en soit le prix. Ce fut une des réponses les plus sanglantes de l’État italien aux luttes du mouvement des détenus.
Je me trouvais alors dans la troisième section. Quand nous comprîmes qu’une mutinerie éclatait dans la première, beaucoup d’entre nous étaient déjà enfermés en cellule.

Nous étions encore une trentaine à circuler dans les couloirs de l’aile et tentâmes immédiatement de défoncer les grilles de séparation pour rejoindre la première section. Mais nous fûmes écrasés par les matons, qui débarquèrent en masse et réussirent à tous nous remettre en cellule à coups de matraque. Je me souviens que je dus assister impuissant, sonné par les coups reçus, à ce qui était en train de se passer sur les toits. Il faisait déjà nuit, mais je réussissais à entrevoir les silhouettes de nos frères et à communiquer avec eux. Je reconnaissais quelques jeunes anarchistes et communistes avec lesquels nous avions organisé des actions de protestation la semaine d’avant. Et il apparut très vite qu’il y avait eu beaucoup de blessés et que Giancarlo Del Padrone était mort, à tout juste vingt ans. Notre fureur n’avait d’égale que notre impuissance. Je restai accroché aux grilles, comme tous mes camarades, en hurlant des slogans contre les matons assassins jusqu’à l’aube.

Mais pendant ce temps, ayant appris pour la révolte et la fusillade, quelques centaines de camarades s’étaient réunis autour de la prison. Il y eut des affrontements violents avec les forces de l’ordre qui s’étaient postées tout autour des Murate, occupant militairement le quartier. À cette époque, Santa Croce était encore peuplée de prolétaires, de marginaux et de beaucoup de familles de détenus. Il y avait aussi quelques locaux de la gauche extraparlementaire, et en particulier celui du collectif George Jackson, qui avait été aux avant-postes pour soutenir les luttes des prisonniers pendant toute cette période. Aux Murate, il y eut des affrontements, des coups de feu et beaucoup de résistance, exactement comme à Santa Croce. Dans le quartier, les émeutes et la guérilla urbaine se prolongèrent toute la nuit, jusqu’à ce que la situation dans la prison arrive à un point de bascule.
En effet, lorsque les surveillants arrêtèrent de tirer, les détenus rassemblés sur les toits demandèrent un médecin.

Le docteur Modigliani, qui exerçait à la prison, rappliqua sur-le-champ, et les mutins lui lancèrent une petite échelle de tissu qu’ils avaient fabriquée avec des bandes de draps et des bouts de manches à balai. Le docteur dut grimper sur cette échelle de fortune pour ausculter et soigner au mieux les blessés. Il put voir de ses yeux le massacre commis par les matons avec leurs mitraillettes, et put aussi constater la détermination des prisonniers, qui n’avaient aucune intention de remettre leur mort et leurs blessés aux gardiens qui venaient de les massacrer.

Les tractations durèrent longtemps. Et les émeutes de quartier influèrent certainement sur la décision des bourreaux. À l’aube, les détenus obtinrent la garantie qu’il n’y aurait pas de représailles et que les blessés les plus graves seraient emmenés à l’hôpital. Ils décidèrent alors de se rendre, descendirent des toits et retournèrent en cellule.
Dès le lendemain, une nouvelle vague de mutineries en solidarité avec les détenus florentins déferla dans de nombreuses prisons italiennes. Et en moins d’un mois, le 13 mars, nous remontâmes de nouveau sur les toits des Murate, nous emparant de la section et menant à terme l’opération de dévastation de la prison esquissée trois semaines plus tôt.

Cette fois aussi, l’action fut déclenchée le soir, au moment de la fermeture des cellules, à la fin de l’émission télévisée. Sur les coups de vingt-deux heures trente, nous entendîmes distinctement des voix de l’extérieur nous inciter à la révolte. C’étaient les camarades du collectif George Jackson, qui, garés derrière le mur d’enceinte de la prison, dans la via Ghibellina, lançaient des mots d’ordre à travers un haut-parleur. À ce signal, nous bloquâmes les points d’accès à la première et à la troisième section avec des barricades faites de tables, de lits et de meubles en tous genres. Puis, après avoir arraché les grilles qui donnaient sur les toits, nous sortîmes à découvert en criant des slogans contre le gouvernement et la police et en scandant le nom de Giancarlo Del Padrone. Pendant ce temps, dans les sections, tout partait en éclats, jusqu’aux portes des cellules, aux lavabos et aux cuvettes de chiottes, qui volaient par-dessus la rambarde pour alimenter les barricades. Dehors, les carabiniers et les policiers avaient encerclé la prison, mais ils devaient faire face aux camarades accourus en masse pour soutenir les détenus, résistant aux charges des militaires avec les habitants de Santa Croce.

Cette fois-ci, les gardiens ne se hasardèrent pas à tirer.
Nous pouvions librement cavaler sur le toit, où nous retrouvâmes un certain nombre de projectiles tirés par les matons le 24 février. Le lien avec l’extérieur avait été l’élément décisif : face à la présence concertée des collectifs d’extrême gauche, et à leur capacité de s’allier tout le quartier, le pouvoir se trouva dans l’impossibilité de répondre de manière terroriste aux détenus.
Ce fut une sorte de victoire. Ils avaient tué l’un des nôtres, mais nous avions détruit leur maudite prison. Ils avaient pensé nous réprimer comme des rebuts isolés de la société, mais nous avions prouvé que la prison faisait partie intégrante de cette ville dont ils peinaient, dans les années soixante-dix, à maintenir le contrôle total.

C’est donc nous qui décidâmes du terme. Une fois achevée l’œuvre de dévastation, nous nous rendîmes aux carabiniers qui assumaient généralement la fonction de police militaire à l’intérieur des prisons. Le matin, nous fûmes massivement transférés dans d’autres prisons, mais ces transferts n’étaient plus les mêmes : ils avaient la saveur d’un coup asséné à un ennemi plus puissant, mis en difficulté par le choix des modes et de la temporalité d’action,comme dans la guérilla.

Mais en quoi consistait donc la guérilla à l’intérieur des prisons ? Entre le début de l’année 1974 et le 25 avril, il y eut bien quatre-vingt-dix-sept mutineries. Et l’on peut affirmer à leur sujet sans risque de se tromper qu’elles furent la cause de la timide mais incontournable réforme pénitentiaire de 1975, de la même manière que le Statut des travailleurs de 1970 fut le produit modéré mais indispensable de l’« automne chaud » de 1969. Cependant, tout comme les ouvriers et étudiants payèrent le prix des massacres d’État des affrontements avec les fascistes et la répression de la police et de la justice, sur les toits et dans les cours des prisons, dans les cellules d’isolement et dans les tentatives d’évasion, les détenus comptèrent leurs morts. Le pouvoir était violent et armé. Les mouvements devaient en prendre acte, sous peine de servir de chair à canon pour de symptomatiques ajustements législatifs produits par la lutte des classes.

Cela apparut avec évidence dans les mois qui suivirent ces temps troublés. Alors que les Brigades rouges tenaient encore le juge Mario Sossi en otage [2]], et à deux jours du référendum sur le divorce, les 9 et 10 mai, la prison d’Alexandrie connut un massacre encore plus important que celui des Murate. Trois détenus armés prirent des otages à l’infirmerie et exigèrent qu’on leur fournisse des moyens de transport pour quitter la prison. Les carabiniers commandés par le général Dalla Chiesa firent deux percées : pendant la première, ils tuèrent deux otages, et pendant la seconde deux des détenus et trois autres otages, ajoutant à cela une quinzaine de blessés.
L’action armée des trois détenus, la mort de civils et la brutalité assumée de la réponse d’État portèrent un coup au mouvement d’opinion large et diversifié qui s’était rangé du côté des luttes de prisonniers. Mais c’était la situation italienne dans son ensemble qui se rigidifiait, parce que les forces réactionnaires répondaient par un surcroît de violence à la progression électorale des gauches anciennes et nouvelles. Le 28 mai, il y eut l’attentat de la piazza della Loggia à Brescia. Dans la nuit du 3 au 4 août, celui de l’Italicus Express, dans le tunnel de San Benedetto Val di Sambro [3]]. Au total, vingt morts et cent cinquante blessés. Ces massacres étaient perpétrés dans le but de peser sur l’évolution des affrontements dans le pays. Et de diviser les rangs de la contestation. Rendre les positionnements plus graves et clivants.

Dès la fin de l’année 1973, après le coup d’État du 11 septembre au Chili, le PCI avait entamé un processus qui le conduirait à la stratégie du « compromis historique ».
C’était une manière indirecte de reconnaître l’impossibilité du triomphe, à travers la concurrence électorale, de la « voie italienne vers le socialisme » imaginée par Togliatti.
Et pourtant, c’est au cours de cette année 1973 que Lotta Continua, qui commençait à lorgner vers un front des gauches, amorça son tournant vers la modération. Il n’était pas facile de trouver la manière juste de poser la question du pouvoir dans un pays au capitalisme avancé comme l’Italie, insérée sans grande marge de manœuvre dans un monde divisé en blocs. Mais les attentats fascistes, à commencer par de celui de la piazza Fontana, délimitèrent les colonnes d’Hercule de la démocratie bourgeoise. Et le parti de Berlinguer, après des années de débats stériles sur les réformes structurelles et les progrès de la guerre de position gramscienne, décida d’obscurcir l’horizon de la transformation en mendiant une alliance avec Moro et Andreotti et en légitimant l’OTAN et les alliances impérialistes.

Dans un tel contexte, la nouvelle voie électoraliste des chefs de Lotta Continua déboussola un certain nombre de militants. Ce fut un processus complexe, mais les premiers à ne plus s’y retrouver furent sans aucun doute les avant-gardes du mouvement des détenus et les militants comme Luca Mantini, qui avaient appris au sein de la Commission prisons à conférer à la rage des marginalisés un sens et un horizon idéologique qui ne toléraient pas les médiations.

En constatant le refus sans appel de l’organisation de faire un premier pas vers le dépassement de la légalité, beaucoup de camarade abandonnèrent Lotta Continua. Face à eux, il y avait l’exemple des Brigades rouges. Mais il y avait aussi le savoir concret acquis lors du soutien et de l’organisation du mouvement des prisonniers.

Les Brigades rouges avaient choisi la voie d’un contact privilégié avec les usines, une inclination qui avait donné corps à ce qu’elles appelaient dans leurs documents la « propagande armée ». Le 28 juin 1973, elles avaient séquestré à Milan le P-DG d’Alfa Romeo Michele Mincuzzi. Et le 10 décembre de la même année, elles étaient parvenues à enfermer dans une « prison du peuple » le chef du personnel de Fiat Ettore Amerio, le retenant prisonnier pendant huit longs jours, jusqu’au 18 décembre. Ces actions participaient à l’esquisse d’une troisième voie sur le terrain de jeu politique italien. L’alternative ne se situait pas seulement entre le compromis historique et un improbable gouvernement des gauches. Il n’y avait pas à choisir entre la pédagogie modérée du PCI et le mouvementisme généreux, mais stratégiquement inconsistant, de la gauche extraparlementaire.
Dans les tracts de revendication de la séquestration d’Amerio était écrit en toutes lettres : « Compromis historique ou pouvoir armé prolétarien : voilà le choix que les camarades doivent faire aujourd’hui, parce que les voies intermédiaires sont caduques [4]]. » Et avec la prise d’otage Sossi, les Brigades rouges lancèrent un nouveau mot d’ordre : « Porter l’attaque au cœur de l’État ! [5]] »

Tout cela revenait à revendiquer une perspective propre, un rôle autonome au sein de l’affrontement en acte dans le pays. Un tel horizon fut saisi sans regret par les avant-gardes internes et externes du mouvement des détenus, qui avaient appris sur le terrain à faire entendre la voix des exclus dans une vague de rébellion plus générale, et ne pouvaient que se retrouver face à la question de la lutte armée organisée. Le sang, la violence et les coups avaient été le pain quotidien des manifestants et des mutins. Il s’agissait alors de passer à l’offensive. C’est ainsi que naquirent les Noyaux armés prolétaires.

[1Édicté en 1930 par le Garde des sceaux du gouvernement mussolinien Alfredo Rocco, le Code pénal était le principal objet de contestation des luttes anticarcérales à partir de 1973. Il est toujours en vigueur aujourd’hui. [NdT

[2Le 18 avril 1974, à Gênes, les Brigades rouges enlèvent le juge Mario Sossi en charge de nombreux dossiers contre les organisations révolutionnaires. En 1973, il avait représenté le ministère public dans le premier procès contre les militants du Gruppo XXII Ottobre, l’une des premières organisations de lutte armée en Italie. Les BR exigent la libération des huit prisonniers du XXII Ottobre jugés en appel. Alors que la cour d’appel se dit prête à libérer les accusés, le procureur Francesco Coco s’y oppose en refusant de contresigner l’ordre de mise en liberté. Le juge Sossi est libéré le 23 mai. Le procureur Coco sera exécuté par les BR le 18 juin 1976. [NdE

[3Le 28 mai 1974, à Brescia, lors d’une manifestation syndicale contre le terrorisme fasciste, une bombe explose piazza della Loggia, causant huit morts et de nombreux blessés. Comme pour l’attentat de la piazza Fontana, des années plus tard l’enquête de la justice prouvera que cet attentat était l’œuvre de l’organisation d’extrême droite Ordine Nuovo, avec l’implication directe des services secrets. L’un des deux auteurs matériels, Maurizio Tramonte, était un agent des services secrets italiens infiltré dans l’organisation. Dans la nuit du 3 au 4 août 1974, une bombe explose à bord du train Italicus reliant Rome à Munich. Elle causera la mort de douze voyageurs. Aldo Moro, alors ministre des Affaires extérieures, aurait dû se trouver dans le train, mais un contretemps l’avait retenu à Rome. [NdE

[4Brigades Rouges, tract du 10 septembre 1973, in Soccorso Rosso, op. cit., p. 168. [NdA

[5Brigades Rouges, communiqué du 19 avril 1974, in Soccorso Rosso, op. cit., p. 195. [NdA

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