Quelques nouvelles sans tropiques

De Montreuil-sur-Mer à Lille, le combat contre Tropicalia continue

paru dans lundimatin#305, le 20 septembre 2021

Alors que la catastrophe écologique est déjà bien entamée, les projets inutiles, imposés et destructeurs continuent de se multiplier dans le Nord de la France, et plus largement sur l’ensemble du territoire français.

Faire transiter des papillons de l’Amazonie au Pas-de-Calais ; construire d’énièmes entrepôts logistiques gigantesques sur des terres agricoles ; bâtir des éco-quartiers et une piscine sur une friche à la bio-diversité riche ; continuer la course en avant de l’agro-industrialisation avec des usines à saumons, des poulaillers géants et des usines à frites surgelées. Tous ces projets ont en commun de répondre à la même logique mortifère du capitalisme, à grand coup d’accaparement, de bétonisation des terres et de marchandisation du vivant.

Nous, collectif lillois « Agir contre Tropicalia » avons répondu à l’appel d’agir contre l’intoxication du monde et contre ceux qui nous empoisonnent. Nous en partageons ici le récit.

* * *

Tropicalia (dont il avait déjà été question dans lundimatin) est un projet de construction de « la plus grande serre à énergie positive au monde » à Rang-du-Fliers, à quelques kilomètres de Berck et de la très belle baie d’Authie. Installée sur une dizaine d’hectares agricoles, cette serre tropicale sera chauffée à 28 degrés toute l’année et enfermera de nombreux reptiles, amphibiens et autres papillons.

Ce parc à vocation touristique a comme ultime ambition de sauver l’humanité de son tragique destin. En plus d’user de « green-tech » pour pouvoir chauffer la serre, de prôner un tourisme durable, d’avoir des papillons importés de circuits vertueux, Tropicalia assure avoir une mission pédagogique : sensibiliser au vivant et à la bio-diversité sur fond de dépaysement garanti.
On en oublierait presque qu’à quelques pas de là, la richesse de la baie d’Authie existe.

La mise sous cloche de toute une biodiversité importée, la destruction de terres agricoles si précieuses, le déplacement constant d’espèces et la mise au travail du vivant afin de vendre des billets d’entrées. Voilà en quelques mots ce qui pourrait résumer ce sinistre projet.
Tropicalia, ainsi que ses promoteurs, ne font que prolonger le désastre écologique.

À nous de les arrêter.

17 septembre à Lille

Au matin du 17 septembre flottait sur le périphérique lillois une banderole appelant à refuser Tropicalia ainsi que l’ensemble des projets destructeurs.




L’après-midi fut marquée par une action sur la Grand’Place, armée d’instruments à percussions et de textes informatifs à distribuer, appelant notamment à la manifestation du lendemain à Montreuil-sur-Mer. « Qu’attendons nous pour agir et défaire ceux qui nous empoisonnent ? » pouvions-nous lire sur ces tracts. Cette action fut notamment ponctuée par la présence surprise du ministre de l’Intérieur sur cette même place du centre-ville, amenant son lot d’hommes et de femmes des renseignements, agents de la BAC, etc.




18 septembre à Montreuil-sur-Mer

Nous étions plus d’une centaine rassemblé.e.s devant la mairie de Montreuil-sur-Mer pour participer à la manifestation organisée par le collectif « Non à Tropicalia ». Montreuil est une cité médiévale entourée de remparts, à quelques kilomètres de Rang-du-Fliers. Elle est connue principalement pour être la ville où se déroule une partie du récit des Misérables de Victor Hugo.


Sous un soleil de plomb et une chaleur assommante, plusieurs prises de paroles s’enchaînent. La même idée persiste : ce n’est pas juste contre Tropicalia que nous luttons, mais bel et bien contre son vieux monde et sa sinistre logique. Étaient présents de nombreux collectifs, dont plusieurs camarades de luttes voisines. Des amies d’XR Amiens venues nous parler du projet de Boréalia (La transformations de plusieurs dizaines d’hectares de terres agricoles en ZAC) ainsi que des membres du collectif « Non à la Méthanisation à Bailleul ».


La solidarité entre les luttes semble presque naturelle tant les projets d’accaparement et de saccage des terres agricoles viennent raconter la même histoire : celle du mépris des milieux vivants, de celles et ceux qui y habitent, et du désastre en cours.

Après ces prises de paroles, nous avons déambulé dans Montreuil. Avant de se quitter, nous nous sommes promis de nous revoir rapidement pour faire tomber une bonne fois pour toute ces promoteurs de malheur et fossoyeurs de tropiques.

Pour reprendre [l’appel des soulèvements de la terre-https://lessoulevementsdelaterre.org] : « entre la fin du monde et la fin de leur monde, il n’y a pas d’alternative ».

Collectif lillois « Agir Contre Tropicalia »

Pour plus d’informations : nonatropicalia.fr
collectifnonatropicalia at gmail.com
Pour nous rejoindre depuis Lille : contretropicalialille at riseup.net

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