un vieux couvre-feu à la bidasse,
qui sent bon son coup d’État,
son Pinochet, son Jaruzelski, son De Gaulle
(on a les modèles qu’on peut)
c’est vraiment la solution !
mais si je sors en solo le soir, très tard, après… 18h ou 20h
me voici tout de suite soupçonné de convivialité latente
comme si j’étais assez con pour avoir quelque chose à dire
à quelqu’un, comme si je ne savais pas que
c’est con, la convivialité
alors d’accord, allons-y, mais j’ajouterai qu’
il faut fermer la propagande, fermer la gueule
des préposés à l’instruction, à l’encadrement,
des gouvernants, des experts de micro, des rentiers de la moraline,
des sachants sans connaissances, des crétins cravatés,
et qu’au moins on ne les entende plus pendant ce temps de couvre-feu
et même après, ça nous fera des vacances
bien méritées.
à chaque fois que je sors à pas d’heure
pour humer le ciel noir et l’infini pascalien
j’ai l’impression de franchir le mur de Berlin
rideau de fer ou rideau de verre
c’est toujours fermé quelque part
la rue a des odeurs de flics
quant à la sacro-sainte liberté individuelle…
(celle des réfugiés, des égarés, des fantaisistes ?)
la vie n’est plus une œuvre d’art,
Jack Lang s’était trompé, je le croyais génial !
le macro-capitalisme prend son pied
c’est sa nuit de cristal
on connaît bien ses caporaux
qui sont aussi ses exécuteurs
on connaît la résignation qui est peut-être la nôtre
mais elle se lassera peut-être, elle aussi,
puisque « tout lasse, tout passe, tout casse »
et parce que c’est vraiment trop con
la résignation !