Lyon : Du rififi sur les pentes...

La reconversion de l’ancienne école des Beaux-Arts sur les pentes de la Croix-Rousse sera-t-elle le casus belli du début mandat de Gregory Doucet ?

paru dans lundimatin#288, le 17 mai 2021

Propriété de la ville de Lyon, située dans le 1er arrondissement sur les pentes de la Croix-Rousse l’ancienne École nationale des Beaux-Arts est l’objet depuis plusieurs années maintenant d’un ensemble réflexions et de concertations entre plusieurs collectifs d’habitants et d’artistes du quartier. Ceux-ci revendiquant la légitimité d’une proposition local comme solution à la reconversion du bâtiment pour en faire un « lieu d’expérimentation de l’autonomie à travers une écologie social radical et ses communs. » [1]

Construite à partir de 1953 par l’architecte Paul Bellemain, massive, un poil austère, mais pas sans majesté avec ses trois rangées de fenêtres et sa partie centrale vitrée, l’ancienne Ecole, rue Neyret, dans le 1er arrondissement de Lyon, domine l’amphithéâtre des Trois Gaules.

Après le déménagement de l’ENSBA (École Nationale Supérieure des Beaux-Arts) aux Subsistances en 2007, le bâtiment n’est occupé que partiellement par le Service Archéologique de la Ville de Lyon et par les réserves de l’Opéra National de Lyon.

Un projet de démolition, puis un projet de vente au Crédit Agricole, avaient mobilisé les habitantes et les habitants souhaitant conserver le lieu. C’est grâce à cette mobilisation que le site n’a pas été vendu au privé.

Première assemblée de la commune libre de la Croix-Rousse dimanche 20 septembre 2015, réunissant entre 300 et 400 personnes.
« Autonomie politique déclarée, liberté d’afficher sur les murs, transformation de l’église du bon pasteur en maison du peuple, une école alternative dans le collège Truffaut, une coopérative culturelle dans les anciens locaux de l’école des Beaux-Arts... » Autant d’idées et de projets plébiscités par l’assemblée. Le progrès 22 septembre 2015

L’Université désintégrée... [2] , [3]... !?.

En septembre 2020, l’annonce par voie de presse de l’installation d’une université de la mutation écologique dans le bâtiment avait mis le feu au poudre. La méthode rappelait les pratiques peu démocratiques de la précédente mandature. Il n’est pas inutile de préciser que EELV, à la tête de la ville depuis juin 2020, faisait déjà partie dès 2001 de la coalition de gauche, qui était représentée jusqu’ici par Gérard Collomb [4].

En réponse à ce qu’ils considèrent déjà comme un nouveau départ pour 6 années de « mauvaises bouffonneries politiques » [5], quelques artistes installés depuis de nombreuses années sur les pentes de la Croix-Rousse écrivent une longue lettre ouverte, gentiment irrévérencieuse, un peu cynique, avec quelques envolées lyriques qui m’a interpelé.

« Nous n’étions pas anxieux en découvrant l’article annonçant la vente du bâtiment au Crédit Agricole nous savions qu’il s’agissait d’un FAKE. Une technique de ”manageur lobbyiste” réalisée probablement avec la duplicité de la ville de Lyon. En 2016, par mesure de précaution, les habitants du quartier déposent une pétition regroupant plus de 5700 signatures pour rappeler que nous avons plébiscité l’idée de la création d’un lieu coopératif à vocation culturelle, social et écologique dans les bâtiments de l’ancienne école des beaux arts, celle-ci est toujours en ligne [6].

Nous ne sommes pas plus inquiets aujourd’hui à la lecture de l’article de l’Arrière-Cour, annonçant le parachutage d’une « Université de la Mutation. (...) Un projet ambitieux, qui mêle des universitaires qui veulent réinventer l’université, des entrepreneurs et lever 1 milliard pour sauver la planète (avec le soutien de Jean Jouzel [7] et Jean-Michel Aulas [8]...), des artistes... Le tout dans les bâtiments de l’ancienne école des beaux-arts...(...) » L’article nous à gentiment fait sourire, nous avons décidé d’en faire parler, mais peut-être pas dans le sens ou l’entendait Raphaël Ruffier. [9] »

(…) Nous comprenons que le site de l’ancienne École des Beaux-Arts attise aujourd’hui toutes les convoitises, mais nous sommes au regret d’annoncer par la présente, que ce projet « d’universitaire de la mutation » ne nous semble pas avoir sa place dans les bâtiments de l’Ex-ENSBA.

Après enquête, il s’avère que les auteurs de cette tribune avaient tapé juste.

Ce projet d’université écologique semble n’avoir jamais été rien d’autre qu’une opération d’esbrouffe, montée entre copains adeptes de l’écoblanchiment [10]. Un appel pour la création à Lyon d’une Université de la Mutation Écologique, publié en mars 2020, et signé par une centaines d’universitaires, dont Jean Ruffier le père de l’auteur de l’article et Yasmine Bouagga, la nouvelle mairesse du 1er arrondissement [11].

Le 7 Juillet 2020 Gregory Doucet
confirmais en direct sur BFM Lyon [12] son intention de créer ’une maison de la mutation écologique’. Un an après l’appel, l’Université de la Mutation Écologique semble être passée aux oubliettes.

Aujourd’hui, les élus évoquent timidement vouloir faire un lieu de la transition écologique sans donner plus de précision sur le contenu, ni évoquer les acteurs éventuels de ce projet dont les contours semble toujours aussi flous.

La seule certitude que l’on puisse se faire, c’est qu’on est à des années lumières de l’écologie sans transition proposée par désobéissance écolo Paris [13]. Visiblement EELV qui « s’évertue à maintenir ou à réanimer un modèle économique marchand qui est la cause de tous les maux » n’a toujours pas intégré le fait que « pour le climat les petits pas ça ne suffit pas [14] ».

Maintenir le service archéologique dans l’ancienne école des Beaux-Arts, Cela relève-t-il de l’intérêt générale ?

Ce lundi 10 mai 2021, La Mairie du 1er organisait, une réunion publique en ligne à laquelle je me suis connectée, sur invitation de Sylvain Godinot, 2e Adjoint au maire (transition écologique et le patrimoine), que j’avais interrogé par mail. Il s’agissait d’un temps d’information qui à laissé tout le monde perplexe.

N’ayant manifestement aucun projet solide, les nouveaux élus à la ville de Lyon semblent pourtant vouloir tout mettre en œuvre afin d’éviter autant que possible de rendre les clefs de l’école des Beaux-Arts aux artistes et aux habitants de la cité.

Ainsi, la visio-conférence du 10 mai annonce d’emblée la couleur, la concertation annoncée dans le programme électoral d’EELV sur l’ensemble du bâtiment avant sa réaffectation définitive n’aura pas lieu. Comme le rappel innocemment une intervenante : - Sur votre petit dépliant préélectoral intitulé : imaginez Lyon 1er dans une Métropole écologiste on pouvait lire : « Hébergement d’urgence, locaux associatifs et culturels, cantine solidaire et potager dans l’ancienne école des Beaux-Arts / église du bon pasteur par une convention d’occupation temporaire. Concertation citoyenne pour réaffectation définitive » [15]

Aujourd’hui, on est loin de ce doux rêve des habitants à disposer d’un lieu social et culturel imaginé comme une maison commune de 6000m2 sur 3 niveau administrée par les habitants eux mêmes.

C’est l’adjoint au patrimoine qui prend la parole à l’écran pendant les trente premières minutes pour annoncer le programme. Le service archéologique sera maintenu dans l’ancienne école des Beaux-Arts sur plus des deux tiers du bâtiment. Au final, il resterait seulement 1400 m2 pour les habitants, des locaux associatifs et culturels, éventuellement une cantine solidaire. Cette surface qui serait livrée en l’état devrait faire l’objet d’un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) [16] mais pas avant 2024, une fois réalisé les travaux de maintient du service archéologique.

Installé de façon provisoire dans ce bâtiment sous la mandature Gérard Collomb, probablement pour empêcher toute occupation illégale du bâtiment (le squat fait aussi partie des pratiques culturelles des pentes) [17], le Service Archéologique est là depuis maintenant 12 ans. Les habitants de la Croix-rousse héritent, sans le vouloir, d’une situation campée par les élus sortants dans l’attente de la vente du bâtiment au Crédit agricole.

Le service archéologique de la ville devait initialement déménager avec les ateliers de la Maison de la Danse au Musée Guimet, un autre site emblématique de la Ville, vide lui aussi depuis 12 ans, situé près du parc de la tête d’or dans le très chic 6e arrondissement. C’était l’un des projets phares lancés par la précédente mandature, sous Gérard Collomb. Retoqué par la nouvelle municipalité ce chantier ne verra pas le jour [18]. Une décision qui impacte l’avenir du Musée Guimet mais aussi de l’ancienne ENSBA. Maintenir le service archéologique dans l’ancienne école des Beaux-Arts, cela relève-t-il de l’intérêt générale ? La question à le mérite d’être posée.

Il semble difficile de répondre seule à cette question. Pourtant Nathalie Perrin-Gilbert, la nouvelle adjointe à la culture, n’hésite pas une seconde pour prendre cette décision et affirmer en accord avec elle-même que, bien entendu, le maintient du service archéologique de la ville dans l’ancienne école des Beaux-Arts, cela relève de l’intérêt générale. Décidément l’intérêt général à Lyon ne se discute pas.

« Le terme « Commons » désigne non pas une co-appartenance, ou une co-propriété ou une co-possession, mais un USAGE, une co-activité. » [19]

« La démocratie réelle, cela sous-entend une critique de la démocratie dite représentative. On en revient à l’idée du commun comme principe politique, c’est une manière de dire qu’il n’est pas permis à un petit nombre de décider pour tous. Il n’est pas permis à quelques-uns, sous prétexte que ce sont des représentants, de décider pour tous. Dans la mesure ou tous sont intéressés aux décisions ils doivent dans une certaine mesure y participer. La démocratie participative, la démocratie réelle, c’est quelque chose d’absolument décisif aujourd’hui et de très actuel. »

« Le commun s’expérimente d’abord localement. Il y a une revendication qui est assez fondamental qui rejoint l’expérience de la commune de Paris. L’expérience d’un contrôle des citoyens, sur les personnes qu’ils investissent du soin de gouverner. Ce qui est une exigence fondamentale de la démocratie. » [20]

Les habitants, qui ont sauvé l’école de la vente, espéraient ouvrir une grande réflexion sur le devenir du bâtiment dans sa globalité (6000m2). Ceux-ci avaient pris les devants en contactant des architectes [21] et un expert des droits culturels. Ils avaient lancé des séminaires/ateliers d’intelligence collective ouverts [22] pour tenter d’aider la ville à formuler ce que serait l’intérêt général du bâtiment école d’art avant sélection des candidats.

Leur réflexion portait bien au-delà de l’école avec un pont pour relier l’église du Bon pasteur, une vielle bâtisse désaffectée située juste en face de l’école. Elle se distingue par son inaccessibilité : sans parvis, la porte débouche sur la rue Neyret à plus de trois mètres du sol [23]. L’escalier prévu ne fut jamais construit, car il aurait fallu démolir la caserne située de l’autre côté de la rue, ce que les défenseurs de la laïcité sous la IIIe République ne pouvait tolérer.

Les habitants imaginent également une remise en service de l’amphithéâtre des trois Gaules dont les modestes vestiges qui subsistent sont intégrés au jardin des Plantes au sud de l’école [24]. Afin de soulager le complexe international de la ville de Lyon qui à perdu son statut de capital des Gaules depuis longtemps, ils ont pris contact avec les représentants autoproclamés de la république utopique d’Užupis [25] à Vilnius en Lituanie, et son centre d’art l’« l’Užupis Art Incubator ». L’idée étant de réaliser un jumelage entre la république Užupis et leur rêve de maison commune des arts excentriques afin d’ouvrir une ambassade d’Užupis dans les bâtiments de l’ancienne école des Beaux-Arts.

Les désirs ne manquent pas, pour imaginer une réutilisation écologique et intelligente des lieux et redonner à l’ancienne école sa vocation initiale. Une occupation en l’état des lieux libres (plateaux bruts à aménager) presque sans frais permettrait de donner libre court aux initiatives des personnes vivant dans la cité. Dans ce cadre là, une partie du bâtiment, pourrait facilement être ouverte et rendue accessible immédiatement aux habitants du quartier. Certains ont déjà une expertise en ce qui concerne la réutilisation d’édifices abandonnés. L’écologique sans transition, le changement pour répondre à l’urgence, ne se trouverait-il pas dans ces modes d’occupations inventives recyclant l’existant dans une sorte d’économie minimaliste [26] permettant ainsi d’inventer des lieux nouveaux [27] afin de pouvoir chanter et danser encore [28].

La mairie EELV va-t-elle rendre l’ancienne école des Beaux-arts aux artistes ou l’offrir aux startuppeu-r-e-s ?

« Depuis un demi-siècle, la grande ville écrit un récit commun qui nous a délié du vivant, raison pour laquelle le ralentissement ou la relocalisation apparaissent de plus en plus réclamés, et pas seulement depuis la pandémie. D’un point de vue écologique et anthropologique, il faut maintenant démanteler les grandes concentrations urbaines.

Et, d’un point de vue politique, avec quelques centaines de milliers d’habitants, l’individu se retrouve dépossédé d’un pouvoir direct d’action. Le politique devient alors gestionnaire de l’existant, ou mène des actions cosmétiques.

La grandeur urbaine est donc aussi pour ne pas dire d’abord un problème démocratique, celui d’une dépossession, ce qui explique en retour ses impasses écologiques et sociales. » [29]

Plus on avance dans la réunion, plus l’opération de communication tourne au fiasco, les remarques dans le tchat fusent en tout sens. Si les avis sont parfois très divergents concernant le devenir de l’école une chose semble faire l’unanimité entre toutes les personnes intervenantes, leur désaccord profond avec le projet soumis par la ville.

Un personne intervient en suggérant de raser l’école pour agrandir le jardin des Plantes [30] logique puisque les verts sont aux commandes, rappelant toutefois que la coalition de gauche élue dans l’arrondissement manque de légitimité avec 60% d’abstention, 15 % de votes blancs et 5% de votes nuls [31].

On atteint l’apothéose lorsque, Chloé Vidal, la 3e adjointe à la démocratie locale et à la participation citoyenne ne comprend pas la question d’une intervenante qui lui demande simplement : « A partir de quand pensez-vous faire commun ouvrir un concertation commune... ». Grand blanc... Elle butte sur le mot et cherche à comprendre ce que cela peut bien être le « commun ». Elle fait un effort, secoue la tête, mais rien ne vient.

L’« urbanisme transitoire »« Un nouvel outil de gentrification enveloppé dans un commode emballage de valeurs culturelles, écologiques et solidaires à la mode. » [32]

Sur la question du fonctionnement d’un éventuel « tiers-lieu » réduit à peau de chagrin, dans le canevas proposé par la ville, c’est Sylvain Godinot, qui prend la parole en affirmant lui même faire des réponses de normand. Dans un vocabulaire apparenté le sentiment qu’a laissé cette soirée irréelle est bien celui de la langue de bois.

Plaider la réglementation sur le marché concurrentiel pour faire une politique de coopération inclusive, c’est trop drôle !

Nathalie Perrin-Gilbert ancienne mairesse de l’arrondissement avait fait de l’école des Beaux-Arts la priorité de son mandat précédent, un projet autour de la culture, pour disait-elle « revivifier les pentes [33] ». Questionnée par mail le 11 mars 2021 afin de savoir comment « la politique culturelle » de la ville va-t-elle « irriguer l’ensemble du projet municipal [34] » ? Je n’ai pas eu de réponse !

Interrogée ce lundi sur la question des droits culturels, l’adjointe à la culture, droite dans ses bottes, ne se laisse pas démonter. L’exercice est facile, on est sur zoom les intervenants sont nombreux, chacun ne peut intervenir qu’une seule fois en levant la main comme à l’école. Les questions doivent être courtes, impossible donc de recadrer l’élue qui semble ne rien comprendre au fond sur le droit culturel des personnes.

Le droit de chacun de prendre part à la vie culturelle, article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, est un droit humain qui est indissociable des autres, comme le droit au logement ou le droit de choisir sa religion. Dans une démocratie comme la nôtre, passer à côté des droits culturels, c’est passer à côté des droits humains fondamentaux de 1948. [35] »

Pour tenter de saisir le vide sidéral qui s’est installé dans cette rencontre virtuelle surréaliste, il faut réécouter l’émission de france culture du 1er avril [36]. L’édile local, de la culture à la sauce lyonnaise se retrouve alors face à Jean-Michel lucas alias doc Kasimir bisous [37].

« On part de la personne, on part de sa capacité à être en humanité, et on négocie avec elle ce qui va être important pour elle de faire comme chemin. On est pas institutions contre va nu pied du quartier, on est sur des personnes qui négocient des parcours. L’enjeu c’est de négocier avec d’autres dans la société ce qui est le mieux pour les uns et les autres. Temps de négociation de la relation d’humanité. »

Ironie du sort, il se trouve que ce même jeudi 1er avril à Lyon un petit groupe d’habitants, organisaient une rencontre publique, regroupant 45 à 50 personnes, en haut du jardin des plantes face à l’école. Une partie d’entre eux réfléchissaient autour du texte d’un appel à projet « idéal » pour l’ancienne école des Beaux-Arts proposé par Jean-Michel Lucas. Extrait : « Le projet devra faire écho à l’histoire du quartier dans sa dimension de conquêtes d’autonomie et de libertés nouvelles. C’est là que naissent les premières initiatives mutualistes, les boutiques coopératives, le premier conseil des prud’hommes… » [38]

Il s’agissait d’une réflexion sur ce qui aurait du sens pour la vie collective au sein d’une politique écologique ! Envisager ensemble comment la ville souhaite poser le problème de la réutilisation de l’école des Beaux-Arts. Cette réflexion collective en ateliers voilà qu’elle est refusée au collectif d’habitants, comme si la dite concertation signifiait que les habitants ne pouvaient énoncer que leur intérêt particulier dans un cadre public défini sans eux par la seule administration municipale.

« […] Le confinement a précipité les éléments d’une confrontation fondamentale qu’il faut parvenir à nommer. La politique actuelle ne la comprend pas puisqu’elle sert des intérêts très immédiats qui masquent, voire nient, ce changement, qui se traduit pourtant dans la vie de tous.[…]

la diversité culturelle (faire s’entrechoquer les arts de toutes natures et de tous horizons en multipliant les occasions de découverte et de rencontre), qui a besoin de la présence, est de plus en plus difficile à défendre. Là est, je crois, la confrontation à laquelle nous assistons, entre des propositions mainstream, dominantes et simplificatrices, et la diversité des propositions, pour laquelle nous nous battons et que les politiques ne défendent pas, alors qu’elle fonde la société.

[…] Si on ne se pense pas la culture hors de la marchandisation et de la mesure sordide de sa contribution au PIB, on est foutu ! » [39]

Un appel à imaginer les geste barrières  [40] pour que le monde d’après ne soit plus jamais comme avant.

Historiquement, les Pentes ont toujours été un véritable « laboratoire social » : squats, restaurants autogérés, crèches parentales, imprimeries parallèles, collectifs militants, associations en tous genres. Ce quartier est profondément marqué par son passé de haut-lieu de l’industrie de la soie, par la révolte des Canuts et la grève des Ovalistes [41], réputée première grande grève de femmes ouvrières en France. Insurrections ouvrières tout à fait insolites pour l’époque qui inspireront les grands mouvements de pensée sociale du XIXe siècle (Proudhon, Charles Fourier, Karl Marx, Mikhaïl Bakounine, Pierre Kropotkine) [42].

Il reste à savoir si l’appel lancé par quelques habitants, marginaux, un peu rebelle, va trouver aujourd’hui encore un écho suffisant pour arriver à contrarier les plans des nouveaux élus à la ville ou si la chose est déjà entendue.

Il s’agissait d’« Un appel au retour à la folle histoire du quartier et de ses luttes, un appel à son esprit dissident et insurrectionnel contre toute nouvelles opérations de polissage (’ poliçage [43] ’). « un appel non au retour massif de la discipline, mais de l’attention. Non à la fin de toute insouciance, mais de toute négligence. » [44] Un appel à imaginer les geste barrières pour que le monde d’après ne soit plus jamais comme avant. »

Anne Bonny,
Journaliste autodidacte, indépendante et impertinente.

[8Jean-Michel Aulas président de l’Olympique Lyonnais, Quand le foot-business fait son grand projet inutile et imposé : le cas d’OL Land https://www.cairn.info/revue-mouvements-2014-2-page-43.htm

[9Journaliste puis rédacteur en chef de Lyon Capitale depuis pendant 20 ans, Raphaël Ruffier est aujourd’hui rédacteur en chef du média l’arrière cour https://www.larrierecour.fr/2020/09/15/universite-de-la-mutation-gregory-doucet-pret-a-relever-le-defi/

[37Jean-Michel Lucas : Docteur d’État ès sciences économiques directeur régional des affaires culturelles, conseiller au cabinet du ministre de la Culture, Jack Lang...engagé aujourd’hui dans la défense des droits culturels des personnes.

[42Lyon capital de l’anarchisme, « L’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir » Proudhon https://lyonnais.hypotheses.org/3060

lundimatin c'est tous les lundi matin, et si vous le voulez,
Vous avez aimé? Ces articles pourraient vous plaire :