Plus tard, j’ai écrit, un ou deux poèmes ; peut-être pour m’approcher de ce que ce serait de dire en vrai, après des années à dire, pour faire plaisir, que je m’en remettrai.
M’enfuis
cette histoire-là
Courir encore
cette course sans fin
m’épuise le corps
Les larmes ont fait
leur nid
au creux du cou
un océan tapi
toujours déjà m’embrouille la vue
me donne nue
dans le grand jeu grand ring
des vies et rues.
Sanglots idiots quand je devine
la peur en moi
la reconnaît si cette amie me court après :
« ce n’est que moi »
mais les sanglots …
j’ai cru mourir encore une fois.
Tant de fois j’ai couru
j’ai cru
qu’en me voyant on me devinait
nue
soumise
et morcelée.
J’ai l’océan au fond des yeux quand je souris
encore un peu m’enfuir
rien qu’avec ce sourire
échapper à l’histoire océan, l’histoire de peur et de peau
l’histoire où tout s’arrête
un jour un seul
J’ai son regard sur moi quand je me veux debout
regard qui me fouille
me fantôme et me verrouille.
J’aurai 17 ans toute ma vie.
J.