Cauchemars et facéties : 15 septembre.

Récits piochés sur l’internet, et sans commentaire, des manifestations du 15 septembre un peu partout en France.

Cauchemardos - paru dans lundimatin#73, le 20 septembre 2016

RENNES

Un récit qui nous a été envoyé par mail.

"Il est tôt et déjà les étudiants s’affairent à rendre le blocage efficace. Barrières, poubelles sont joyeusement empilées et commencent à former de belles sculptures. Sur le parking de l’université, des flics contrôlent des étudiantes qui transportaient des poubelles. La voiture de police partira quelques minutes plus tard sous les insultes de l’ensemble des étudiants présents. A 8h, l’université est bloquée, les quelques étudiants venus en pensant qu’ils auraient cours écoutent ceux qui les informent qu’il y a une manif aujourd’hui.

9h30, le nombre d’étudiant sur le campus commence à grossir. Certains n’ont pas compris que la fac était fermée et regardent un peu interloqués les groupes de manifestant en train de discuter. Quelques carnets de chants tournent, écris par la Chorale révolutionnaire du B8istan (liée à l’amphi B8, occupé au printemps dernier) et on entend monter les premières ritournelles. « Tout le monde déteste la Bac » sur l’air des aristochats résonne gentiment sur le parvis central.

On commence à se dire que les groupes partis débrayer les lycées VHB et Coëtlogon ne vont pas tarder à arriver. Las, ils arrivent effectivement : devant un lycée se trouvait un canon à eau, devant l’autre trois fourgons de bleus. On se regroupe, on se concerte rapidement. Petit tour de la fac en cortège pour se chauffer et on y va tous ensemble. Arrivés devant Coëtlogon on constate qu’effectivement, les CRS nous barrent la route. C’est la pause et de nombreux lycéens sortent de l’enceinte du bahut. Mais trop peu osent traverser la ligne de pandores pour nous rejoindre. On arrive quand même à leur faire passer des tracts sur le Service civique obligatoire, on leur donne rencard place Charles de Gaulle avec les syndicats et on continue. Habituellement le centre-ville nous est interdit et une ligne de flics nous empêche d’atteindre la rue Legraverend. Là ce n’est pas le cas. On s’engouffre et on prend visiblement de vitesse les casqués. La place Sainte Anne à 20m de la maison du peuple (occupée au mois de mai par les grévistes), est à notre portée mais la Bac arrive au dernier moment pour nous couper la route. Bloqués ici, bloqués là. On a l’impression d’être nassés entre trois rues. Première grenade lacrymo — « Attrapez les tous ! Lacrymos ! » comme dit la chanson de la chorale. On prend une venelle discrète et resserrée avec la peur de se retrouver pris dans un espace encore plus étroit. Mais ça passe.

On trottine pour retrouver rapidement le rassemblement syndical, alors que le centre ville s’offrait à nous à partir de la place des lices. C’est dire si on ne se sentait pas l’esprit insolents. Bloqués à droite, bloqués à gauche, on finit par passer quand même. Ça commence vraiment à ressembler à rien, comme au jeu du chat et de la souris. En descendant les quais, rebelotte, la Bac sort et charge. On file par un escalier avec les CRS au cul. Plusieurs d’entre nous sont matraqués par les CRS, puis encore par la Bac. Les flics leur ordonnent de s’asseoir, avec un flashball braqué à 50 cm à hauteur de tête. « Le premier qui bouge je lui brûle la gueule » menace aussitôt un baqueux, gazeuze familiale en main. Contrôle, photo, fouille de sac. Les flics éructent et insultent les camarades tout le long du contrôle. À quelques dizaines de mètres de là, trois civils chargés du renseignement, dont certains peuvent dire en aparté qu’ils ne cautionnent pas les agissements de la Bac (lors de leurs tentatives pathétiques de sous tirer des informations en mimant la bienveillance), regardent la scène avec satisfaction. Quand on a vécu ces moments, il faut avoir une certaine force pour garder son intelligence stratégique et ne pas réduire ses objectifs à celui (ô combien légitime) de niquer la police. Rapidement libérés, mais salement secoués quand même. L’œuf sur le front d’un copain est assez impressionnant. Matraqué au genou, il marchera difficilement les prochains jours. Les autres ne s’en sortent pas mieux.

Entre temps on a fini par retrouver les syndicats. Nos banderoles classieuses prennent alors la tête du cortège : « À l’abordage », « 4 mois, des meutes, notre carrière est incroyable », « Interdit de manif, même pas peur ! ». De nombreuses personnes affichent un masque blanc barré de rouge pour afficher leur soutien aux interdits de manif. Dans le lot, certains le sont peut-être vraiment.

Ça démarre. À peine 50m après le début de la manifestation, la police se montre : une rue entière de fourgons sérigraphiés bordent la droite du cortège. Noms d’oiseaux et quolibets accueillent sympathiquement les nouveaux venus.

Rapidement le cortège se scinde en deux, et le cortège de tête part à droite quand les syndicats partent à gauche. Scission volontaire ou fruit d’une incompréhension, ? Quoi qu’il en soit elle participera à l’intérêt de cette manifestation. Les flics sembleront effectivement un peu perdus tout le long alors que les cortèges se rejoignent et se croisent à plusieurs reprises. Une première fois une bande de condés tentera d’empêcher la jonction des cortèges à coup de matraques, mais vite encerclés ils devront fuir piteusement sous les huées et les bourrades. Une arcade sourcilière a quand même été ouverte dans l’histoire.

On reprend un bout de cortège ensemble et puis ça rescinde. On se côtoie, on s’attend, on louvoie. Certaines brigades de flics n’ont plus trop l’air de savoir où donner de la tête et semblent être un peu perdues. Finalement on termine ensemble sur l’esplanade Charles de Gaulle. Après avoir dénoncé « des provocations, y compris du côté de la police » (sic), CGT et FO se dispersent. Solidaires et le cortège de tête tentent un second tour. Seulement, face à la BI, aux baqueux et CRS présents partout autour de la place, la seconde mi-temps est ajournée.

Manif au drôle de goût, avec une tension palpable générée par une police sur les dents et particulièrement présente, elle nous laisse sans doute un peu sur notre faim. Une chose était par contre particulièrement palpable : alors que plusieurs syndiqués énervés invectivaient des camarades masqués, d’autres, membres des mêmes syndicats, travaillaient à la cohésion des cortèges en encerclant la police ou en venant nous voir pour éviter les trous. Traversés par un sacré désaccord dans la posture à adopter, il semble que les syndiqués sont sur une drôle de brèche. Sans doute, certains constatent amèrement l’évidence de leur faiblesse pendant que d’autres se réjouissent de l’émergence d’une force créatrice, diverse et nombreuse."

LE HAVRE

12000 manifestants se sont retrouvés dans la rue ce jeudi 15 septembre 2016. Les dockers ont pris la tête de la manifestation selon France Info.

« Les militants ont brûlé des poubelles et bloqué les accès devant l’entreprise Saverglass, (rue de la Vallée, au Havre), « en solidarité avec les militants CGT confrontés à la discrimination syndicale ». Leur but : essayer de "bloquer l’économie ». 

ROUEN


Selon Normandie-actu :
« Vers 11h30, des manifestants ont pris pour cible la vitrine de la permanence du parti Les Républicains, place de la Haute-Vieille-Tour. La façade de la permanence du Parti socialiste a aussi été endommagée. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène.
[...]
Toujours à Rouen, des vitrines de commerces ont été taguées, ainsi que la façade la Banque de France. »

DIJON

Selon le Facebook "Soulèvement contre la loi travail" :

« Une fois les retrouvailles faites et les divers plans pour la manif discutés, les jeunes (mais pas que) prennent l’avant de la manif avec une grosse banderole "On est encore là prêt à foutre le souk et tout le monde est cor-da" référence au très connu morceau du groupe NTM.

Première victoire pour cette manif : avoir réussi à s’éloigner suffisamment des camions sonos syndicaux pour pouvoir gueuler nos chants/slogans sans pour autant se séparer du reste de la manifestation. "Chant de la Commune", chants de supporters revisités, nombreux slogans contre la police et la BAC, les cordes vocales des insurgés se rappelleront longtemps de cette première manif de rentrée.
Après plusieurs charges symboliques en direction de ces pots d’colles de la BAC et de leur shérif, le cortège se retrouve rapidement au soi-disant lieu de dispersion, place du théâtre. Mais de dispersion, il n’en ai pas du tout question, le cortège de tête continue sa lancée, rue Chabot Charny, égaye quelques temps les rues du centre-ville avant de finir par un blocage rue Berbisey.
Pas mal de nouvelles têtes pour cette manif quasiment pas annoncée (gros black-out au niveau des médias). On attend vivement la prochaine et en attendant, on s’organise : occupations, blocages, actions ! »

NANTES

D’après Nantes révoltée :

« Des manifestant-e-s en chasubles rouges qui huent la police, les murs qui reprennent vie, une foule compacte le long de la préfecture, des détonations. Nantes est sortie de sa torpeur le 15 septembre. Pourtant, tout avait été mis en place pour empêcher la reprise des hostilités. Médias oscillant entre articles anxiogènes et séries d’annonces sur le « baroud d’honneur » de la lutte, interdictions de manifestations à la pelle, menaces policières explicites, arrêté préfectoral délirant. Et surtout, concentration hors norme de policiers.
Pourtant, dès l’aube, les portes du lycée Camus sont bloquées, alors que l’agitation reprend petit à petit à la fac. Au même moment, la Chambre de Commerce et d’Industrie est la cible d’une action de « On bloque tout ». Les braises couvent encore.

C’est à 10 heures que les choses sérieuses commencent. La foule s’agrège à la croisée des trams. Alors que les médias s’acharnent à siffler la fin du mouvement, plusieurs milliers de personnes sont encore dans la rue, pour cette manifestation de rentrée. Au plus fort de la matinée, 5 à 6000 personnes tiendront la rue, malgré la militarisation de l’espace. La colère est tenace.
C’est lorsque le cortège s’ébranle depuis Commerce, après quelques discours, que la police se déploie. Des dizaines de policier-e-s enserrent la manifestation, collé-e-s au défilé. C’est une mâchoire de boucliers et de matraques, prête à se refermer à tout moment, qui enserre la foule. Un essaim d’hommes de la BAC entièrement cagoulés, ouvre le bal, et comprime littéralement le cortège de tête. Des Lanceurs de Balles, prêts à faire feu seront braqués tout au long du défilé sur la manifestation. Il suffit qu’un fumigène crépite pour que des policier-e-s menacent ouvertement le cortège, jouissant de leur puissance d’intimidation. Le contrôle des corps est total. L’oppression sensorielle aussi : le bruit de l’hélicoptère, le contact des boucliers, la sensation d’étouffement, et bientôt, l’odeur des gaz. De vieux manifestants nantais discutent : « je n’ai jamais vu ça, on se croirait en Allemagne de l’Est ! » Les nuances de gris des plaques protégeant les vitrines doivent donner la tonalité du parcours.

Malgré cette pression inédite à Nantes, les plus téméraires se faufilent pour décorer les murs. D’autres tentent de repousser une ligne de gendarmes. Le cortège de tête est diffus, mêlant drapeaux syndicaux, banderoles renforcées, lycéen-ne-s déter’ et silhouettes noires. Le dispositif policier irrite particulièrement un groupe de syndicalistes de la CGT, qui acclamera bruyamment un tir bien ajusté, venu repeindre la visière d’un CRS. Arrivé à la préfecture, l’ambiance s’échauffe. Des vitres volent en éclat. Des lances à eaux arrosent le défilé pour le scinder en morceaux alors que la BAC se positionne devant les banderoles de tête. Avant d’être repoussée. Tirs de grenades. Pluie de projectiles. La sensation désagréable d’être coincé dans une cage. Après une charge et des interpellations, le cortège se recompose et repart. Un manifestant vient de recevoir un projectile policier qui lui a ouvert l’arcade. À quelques centimètres près, il perdait un œil. Chance que n’a pas eu un manifestant éborgné quelques heures plus tard par un éclat de grenade, à Paris.

Rapidement, le parcours officiel se termine au point de départ de la manifestation. La préfecture avait annoncé la répression brutale de toute tentative de continuer le défilé. Moment de flou. La foule ne se disperse pas tout de suite. Nouveaux tirs de lacrymogènes. Nouvelles charges de la BAC qui braque ses armes sur le rassemblement. Une jeune femme avec un drapeau CGT se fait insulter par un des flics cagoulés : « sale pouffiasse je vais te défoncer. » Finalement, les policiers en civil doivent se replier derrière une ligne de gendarmes. Une interpellation est empêchée par l’intervention de manifestant-e-s. Les derniers courageux-ses repartiront au compte goutte autour de 13H.

Deux heures plus tard, l’hélicoptère réapparaît dans le ciel de Nantes. Une centaine de lycéen-ne-s tente de partir en manifestation sauvage. Le tram est à nouveau bloqué. Vite encerclée par une marée de policiers, la tentative avorte. Ce n’est que partie remise.

Et si ce 15 septembre n’a pas forcément été à la hauteur des espoirs débordants suscités par l’agitation prolongée du printemps, la contestation est loin de s’éteindre à Nantes, Paris, Rennes et ailleurs, malgré une pression policière qui n’a jamais été aussi intense. Pour « continuer le début », il s’agira de rester insaisissables, imprévisibles, joyeux-ses et déterminé-e-s. À l’abordage ! »

BORDEAUX

Selon folkloreduquotidien.org :

« II est midi. Environ 500 personnes ont répondu à l’appel de la Coordination Jeunes (étudiant-e-s et lycéen-ne-s), et partent, d’un pas décidé, vers la place de la République, point de départ de la manifestation "traditionnelle" initiée par les syndicats CGT-FO-FSU-SOLIDAIRES. Ces derniers, malgré le fait que l’appel à la mobilisation de la Coordination Jeunes est antérieur au leur, ont décidé d’organiser leur propre marche, marginalisant ainsi les regroupements de jeunesse. La CNT, seul syndicat à se présenter au rassemblement de la Coordination s’était fendu d’un communiqué sans détours dans la semaine : "L’Intersyndicale n’a pas souhaité se solidariser de l’initiative lancée par la Coordination Jeune. C’est dommage, ces bureaucraties syndicales martèlent un message d’unité mais ne semblent pas vouloir l’appliquer."

L’arrivée de ce cortège jeune est presque héroïque. Ils sont accueillis par Solidaires, qui leur réserve une chaleureuse ovation. Déjà, les premiers slogans "Cortège de tête" sont lancés. En tête de la manifestation, la CGT, appuyée par son service d’ordre, n’entendent pas abandonner le premier rôle, et il faudra plusieurs dizaines de minutes pour que la situation se stabilise. Quelques noms d’oiseaux de part et d’autre, et un entêtement de la centrale syndicale majoritaire de tous les instants transformeront ce triste épisode en faiblesse collective. Il y a là-dedans, une question d’orgueil. La CGT n’accepte pas d’être relayé au second rang, qui plus est, au profit de jeunes autonomes qu’ils jugent désorganisés et anarchistes. Les autonomes, la Coordination Jeunes, eux, ne veulent plus se laisser faire, et comptent prendre les choses en main. Et il est vrai que cette jeunesse ne manque pas d’arguments face à une centrale syndicale qui organise tout au millimètre : « On n’est pas venus là pour poser pour les photographes, ni pour manger vos sandwichs merguez » lance l’un d’entre eux. L’incompréhension est totale, et deux mondes semblent s’affronter."

Alors que la Coordination est clairement dans le viseur de la police, la tête de cortège de la CGT se comporte comme des alliés des forces de l’ordre. N’hésitant pas à « sortir » manu-militari des individus s’il le faut. Quoi qu’il en soit, le cortège reprend ses droits, avec 500 personnes à sa tête. De manière incessante, le cortège syndical qui suit s’arrête, afin d’isoler la tête de la manifestation. Dans les rangs des autonomes, ceci est clairement considéré comme une collaboration tacite avec les forces de l’ordre, afin de faciliter une éventuelle nasse. Arrivés sur la place de la Comédie, CGT/FO/FSU stoppent la manifestation et n’iront pas plus loin. La porte-parole de FSU avance ces arguments : « Les conditions pour poursuivre la manifestation ne sont pas réunies. Nous ne pouvons accepter que la tête de la manifestation soit ainsi prise en otage ». Dans les rangs des manifestants, c’est l’éclat de rire. Il est vrai que Bordeaux peut se targuer d’être aujourd’hui la seule ville au monde où des syndicalistes en grève se plaignent d’être « pris en otage ».

 La bronca s’élève, et les discours sont stoppés sous les quolibets de centaines de personnes qui n’acceptent pas cette décision. Le cortège repart, laissant sur ladite place de la « Comédie » CGT/FO/FSU ; la CNT et SOLIDAIRES poursuivent la marche jusqu’à la place de la Bourse, où elle sera dispersée par la police. Une nasse de plusieurs heures retiendra une centaine de personnes, bloquant ainsi le tramway ainsi que la circulation sur les quais.

Le bilan de ce 15 Septembre est assez difficile à encaisser pour les centrales syndicales. Totalement débordés par une jeunesse qu’ils n’ont pas su séduire, à fortiori à une heure où celle-ci est toujours plus désengagée, ils ont très mal géré cet épisode. La sanction est sans détours : jamais des leaders syndicaux n’avaient fini leurs discours sous les huées de la foule, un jour de manifestation. La Coordination Jeunes et le mouvement autonome, lui, est en train de prendre son essor. Mais seul, il n’est rien. L’alliance des « chasubles rouges » et des « k-ways noirs » est désormais une question de survie, à Bordeaux plus qu’ailleurs. »

LILLE

D’après le Facebook "AGloitravaillille".

« Tous ensemble en tête de cortège !
Grosse journée à Lille. Ca commence tôt. 6h à Villeneuve d’Ascq. On va soutenir les postiers de Villeneuve d’Ascq qui bloquent leur taule. L’affaire. Vous la connaissez surement. En février, Emeline fait un AVC. Ses racailles de chefs ne veulent rien entendre. Tu taffes ! Seb, délégué syndical de SUD appelle les secours. Emeline gardera de graves séquelles et Seb se prend 30 heures de GAV et est mis à pied. Il aurait « harcelé » ces chefs. Donc ça bloque la plateforme courrier de VdA…
Ensuite, un tour à Hellemmes, les cheminots sont rassemblés pour soutenir des camarades sanctionnés pour des piquets tenus au printemps avec des potos de l’AG de lutte. Idem au CHR, un camarade de la CGT est sacqué pour fait de grève. L’ambiance est combattive malgré l’odeur de débandade qui émane des bureaucraties syndicales. On bouge en manif.

On prend rapidement la tête du cortège, derrière les banderoles « Face au capital grève blocage et sabotage », « Soyons ingouvernables, auto-défense de classe », « Vive la commune ! ». Un chouette bloc… À la CGT, y en a qui débloquent. Les porteurs de la banderole intersyndicale boudent… C’est eux qui sont devant normalement… Oui mais non, pas aujourd’hui. Ca se bouscule vite fait, des mots volent, mais rien de sévère. Ils s’engueulent entre CGTistes. De fait, ça ne pose aucun problème à beaucoup de syndiqués. Normal, on était de tous les blocages. Ca crée des liens. On se connaît maintenant. On part direction la gare. Derrière la banderole intersyndicale s’arrête pour creuser l’écart, alors on s’arrête aussi. A vrai dire, nous, on s’en fout de l’horaire d’arrivée. On est pas si pressé. Puis tout au long de la manif, l’écart qu’ils essayent de créer est comblé par des syndiqués qui se mélangent au cortège de tête. Qui finit par faire un bon tiers de la manif…

Les flics essayent d’être discrets, même s’il y a un paquet de contrôle en mode viril autour de porte de Paris, départ de la manif. Une copine finit en GAV. Sur le chemin, peu de robocops. Juste des dizaines de bacqueux et les agents de la police politique. Des pétards et des boules de peintures les font danser comme des guignols. Ils doivent être surpris par la tournure inédite que prend la manif. En fait, on les voit surtout défendre le nouveau local des fafs, « la citadelle » rue des arts. Des groupes de bacqueux, flashball à la main, des flics sur des bourrins d’une tonne bloquent toutes les rues à droite de faidherbes. On gueule « À bas la citadelle », « La police protège les fascistes ».

De la peinture vole. Apple, des banques, le printemps.! Rue nationale, on craint une intervention de la CDI comme le 12 mai. Mais rien. Quelques étoiles se dessinent sur les vitres de promoteurs immobiliers. C’est pas cher payé pour ces vautours qui transforment la ville en supermarché pour richards
Rue Solférino. Les bacqueux sont en retard. Trop de monde sur les trottoirs, pas facile d’avancer. Des camarades s’en prennent à la friterie de Claude Hermand, cet indic nazi qui vend des flingues à Daesh. Deux gaillards postés devant, sortent une gazeuse. Qui sont ces barbouzes ? Bonne question. Les bacqueux courent. Ca se chiffonne. Ils sortent la gazeuse familiale. Mais le vent est avec nous et ils s’aspergent entre collègues. Un de ces cadors fout même un coup de télesco dans la gueule d’un de ses acolytes. Les couillons ! Ils détalent. Les casqués rappliquent. La loose.

Arrivé devant le Sébasto. On est un bon paquet, autonomes et syndiqués, à décrocher du parcours traditionnel et à continuer sur solfé. On se disperse pas à république. On file vers Wzm, après avoir bloqué le carrefour solfé/jeanne d’arc. Si cette manif sauvage n’a pas d’objectif bien précis, le seul fait de refuser de se disperser à « République » est déjà un beau geste. Un paquet de robocops bloque solfé derrière nous, à bonne distance. On détourne la circulation sur eux et on file vers la place du marché, où la manif se disperse peu à peu. Les plus motivé.es retournent au Vacarme, magnifique squat vidé par les keufs durant l’été. Un promoteur de merde veut en faire un hôtel de luxe au cœur du quartier. Deux vigiles. Peuvent rien faire. Des affaires, dont une belle banderole renforcée « 49.3 2 1 Boom ! », sont récupérées…

Pour conclure, c’était bon de faire la course en tête. On a fait durer le plaisir. L’ambiance était nickel. Quelque chose s’est passé de nouveau. Face à une telle foule, joyeuse, déterminée, bigarrée, où se côtoie K-Way noirs, chasubles et quidams, impossible de mobiliser la rhétorique du « casseur » et de séparer les radicaux des « gentils manifestants ». Le cortège déborde sur les trottoirs gênant la progression policière. Tout le monde les mate mal.

On récolte les fruits de notre action sur les blocages. Tous les liens qui se sont alors tissés avec les syndiqués les plus déters rendent possibles ce cortège de tête. Cette diversité est notre force ! De plus les manifs sauvages sur le comico du 12 mai et du 28 juin, qui ressemblaient beaucoup à ce cortège de tête, ont participé à calmer les keufs qui n’ont pas osé sortir la grosse artillerie.
Dans les syndicats, si certains sont vexés de nous voir devant, ils ne sont pas bien nombreux. Les petites manœuvres pour creuser l’écart se sont toutes solder par des échecs. En nous arrêtant, on a obligé les boudeurs à avancer et surtout, une bonne partie de leur cortège, lassée de ce petit jeu, les a dépassés pour intégrer le cortège de tête ou faire le lien avec lui.
On remet ça tout bientôt ! »

PARIS

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