À Franchement parler, le travail ne nous intéresse pas

publié le 22 mars
Rennes 2 : Vidéo de l’occupation et des affrontements avec la police + brochure distribuée à l’université.

paru dans lundimatin#53, le 22 mars 2016

Des étudiants de l’université de Rennes 2 nous ont transmis ce 4 pages distribué ce 22 mars. On peut y lire divers textes, notamment le communiqué de l’assemblée générale de Rennes 2. Nous en reproduisons un extrait, l’intégralité peut être consultée ou téléchargée en bas de l’article.


Rennes 17.03.16 Manifestation contre la loi... par siropaillettes

ET LA GRÈVE EST À PEINE COMMENCÉE…

Il y a eu la loi Macron, la loi sur le renseignement, l’état d’urgence et sa constitutionnalisation, ou encore la déchéance de nationalité. Il y a aussi eu ce communiqué de Manuel Valls se vantant d’expulser plus de personnes sans papiers que le faisait Sarkozy, l’expulsion de la jungle à Calais, les expéditions
guerrières sur plusieurs continents, ou encore le meurtre d’un manifestant à Sivens et la répression de ceux qui se sont opposés à la COP21.

Il y a maintenant la menace de reprise des expulsions sur la ZAD et la loi El Khomri, qui poussent des dizaines de milliers de personnes à la révolte. S’il serait vain de tenter de savoir pourquoi la colère explose maintenant plutôt qu’à un autre moment contre d’autres mesures toutes aussi dégueulasses,
TOUTE PERSONNE UN MINIMUM ATTENTIVE CONSTATE QUE LA LUTTE EN COURS DÉPASSE DÉJÀ L’OPPOSITION À LA SEULE LOI EL KHOMRI.

Derrière le « refus de la précarité » ou celui d’être une « génération sacrifiée », c’est un refus de continuer à jouer le jeu de l’employabilité et de la disponibilité perpétuelle qui s’exprime maintenant dans chaque manifestation. Au delà de la légitime détestation du PS, l’absence totale de croyance des manifestants dans la politique classique et dans tout discours institutionnel est maintenant évidente.

Lorsque la détermination d’une manifestation permet de bloquer une gare ou d’empêcher des arrestations de manifestants par la BAC, quand les slogans proclament une détestation égale du travail, du PS et de la police, il faut toute la morgue des directions syndicales pour faire semblant de croire que la contestation concerne la seule loi El Khomri, et qu’il faudrait faire des propositions pour « une autre organisation du travail ».

PLUS QU’UN ARRÊT DU TRAVAIL, LA GRÈVE EST AUSSI LA CRÉATION
D’UN ESPACE-TEMPS QUI ÉCHAPPE AUX RÈGLES HABITUELLES.

Lors d’une grève, d’un blocage, d’une occupation, c’est l’abolition
d’une certaine normalité qui nous rend disponibles à la situation. Il ne s’agit donc pas d’être « crédibles » aux yeux d’une « opinion publique » créée de toute pièce par ceux qui entendent s’exprimer en son nom. Pas plus qu’il ne faut être « légitimes » aux yeux de ceux qui, de par leur positions (de patron, de flic, de proviseur d’un lycée ou de vigile d’une université) sont de fait hostiles à l’interruption de la normalité dans les lieux qu’ils entendent gérer.

Au contraire, il s’agit de continuer d’expérimenter et de prendre des risques ensemble tout en étant attentifs les uns aux autres, comme ce fut le cas le jeudi 17 mars lorsque plusieurs tentatives d’interpellations furent évitées grâce
à la réactivité des manifestants. Les manières de lutter sont nombreuses. En bloquant une gare, en défilant, en chansons et en slogans, en bloquant un lycée, en taguant une banque, en occupant une fac, en jetant des projectiles sur les flics pour les tenir à distance lorsqu’ils tentent d’attaquer la manifestation, etc. Ces méthodes ne sont pas incompatibles, ni contradictoires. L’ACCROISSEMENT DE NOTRE FORCE VIENDRA
DE LA DIVERSITÉ DE NOS PRATIQUES.

Harz Labour numéro 6

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