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#470 | 7 avril
 
 
 
Les lois et les nombres, une archéologie de la domination
 

ou comment la Chine inventa la gouvernance algorithmique il y a 2400 ans
Un lundisoir avec Romain Graziani



Romain Graziani, philosophe et sinologue, vient de publier Les lois et les Nombres (Gallimard), une enquête épatante qui nous permet de retracer le fil qui relie les formes les plus avancées de la domination contemporaine à ses premiers inventeurs : les stratèges chinois au IVe siècle av. J.-C.

 
 
 
 
 
Chiapas : Rencontres internationales de Résistances et Rébellion
 

À 31 ans du soulèvement zapatiste : un œil dans la longue-vue vers le passé, l’autre dans celle qui vise l’avenir
[Reportage]



Alors que le Mexique et les familles de disparues font face à une nouvelle vague d’horreur et de mensonges dépassant les pires scénarios avec la découverte d’un centre d’extermination et plusieurs fosses communes clandestines liées au narcotrafic et impliquant vraisemblablement l’appareil d’État à tous les niveaux, les collectifs poursuivent l’organisation de leurs résistances et leur volonté de lutter, corps et âmes, pour un autre monde. Il y a quelques mois, à l’appel de l’EZLN, se tenait au Chiapas, la première session des « Rencontres internationales de Résistances et Rébellions – la Tempête et le jour d’Après ». Retour sur cet événement qui a pris la forme d’un partage d’analyses puis d’un festival culturel et qui s’est annoncé comme étant la première étape d’une série de rencontres [1] auxquelles les communautés zapatistes nous invitent afin de faire face ensemble à la tempête, de préparer le jour d’après et de développer le Commun.

 
 
 
 
 
La nuit sera longue - Zerocalcare
 

Une bande dessinée pour comprendre l’affaire « Budapest » et libérer Gino
[Bonnes feuilles]



Les lectrices et lecteurs de lundimatin connaissent probablement déjà les enjeux qui entourent l’affaire "Budapest" et l’incarcération en France de Rexhino « Gino » Abazaj. Sinon, vous pouvez lire cet article, écouter ce qu’en dit Eric Vuillard, prix Goncourt ou encore lire la lettre de Maja devant ses juges hongrois. Mercredi 9 avril, la cour d’appel de Paris rendra son verdict quant à la demande d’extradition de Gino vers la Hongrie où il risque pas moins de 24 années de détention pour avoir secoué (selon la police) des néo-nazis hongrois. En attendant, nous publions cette semaine les bonnes feuilles de La nuit sera longue de la star de la Bande Dessinée Zerocalcare qui paraît ce vendredi 11 aux excellentes éditions Nada. Il s’agit du récit graphique et minutieux de toute cette affaire, restituée dans ses enjeux éminemment politiques et déterminant pour l’avenir.

 
 
 
 
 
Marseille : fin de la trêve hivernale pour un cabinet d’huissiers
 

« Considérant que, pour toutes ces bonnes raisons, tout le monde déteste les huissiers »



Comme chaque année, le 31 mars vient clore la trêve hivernale, mesure de grande humanité qui oblige à attendre les premiers beaux jours pour expulser les habitants de leurs logement. À Marseille, pour le 1er avril, les Commissaires de Justice du Peuple ont décidé de marquer le coup en prononçant l’expulsion d’un grand cabinet d’huissiers. Nous reproduisons ici le délibéré du jugement.

 
 
 
 
 
Massacres à Gaza : l’indécence des médias français
 

« Mardi 18 mars 2025, plus de 400 personnes, femmes, enfants et hommes gazaouis meurent »



Le terme de massacre pour qualifier les bombardements à Gaza n’est quasiment jamais utilisé par les médias français, hormis à gauche. Les Gazaouis ne meurent que dans des « ruptures de trêve » ou des « reprises de bombardements », toujours justifiées par l’armée israélienne. Et le vrai risque, c’est la mise en danger des otages. Israéliens, bien entendu.

 
 
 
 
 
Déchirer les images du pouvoir
 

Documenter le repli islamophobe en France
un lundisoir avec le cinéaste Joseph Paris



C’est avec quelques mois de retard que nous avons découvert Le Repli, formidable film documentaire du cinéaste Joseph Paris. Il y est question d’état d’urgence, de recul des libertés publiques et de l’histoire de l’islamophobie en France. Enthousiasmés, nous avons proposé à Joseph Paris de venir nous raconter son rapport aux archives, au cinéma et aux images du pouvoir. Comment les dévoiler sans s’en faire le relai, comment les réagencer pour les désactiver. Il nous parle aussi de son expérience au près des Femen, jusqu’à leur neutralisation depuis l’intérieur mais aussi de son travail en cours sur le front ukrainien. Comme il y a beaucoup de choses à raconter et de personnes à rencontrer en ce moment, nous passons pendant quelques semaines à un rythme de deux lundisoir par semaine. Celui-ci sera donc diffusé à partir de jeudi 10 avril à 20h.

 
 
 
 
 
Esthétique et esthétisation de la pédophilie
 

2. retours sur Bernard Faucon ; une méthode ; non-retour à Tony Duvert



Voilà maintenant plusieurs semaines que mon premier article consacré à l’esthétisation sexualisante du corps de l’enfant dans la photographie de Bernard Faucon a été publié. Les réactions ont été nombreuses, variées. Parfois agressives — souvent rassurantes — quant à la teneur de mes propos. J’en retiendrai une qu’il me semble importante de partager ici, la réaction d’une journaliste spécialisée sur les questions de sexualité et de représentation qui, pointant une photographie précise que j’évoque dans mon article, celle de l’enfant dans une grotte, les yeux fermés, nu et partiellement recouvert d’or, m’a interloqué en disant : quelqu’un a bien dû recouvrir cet enfant d’or, à un moment donné avant la prise de vue. Je posais déjà la question de la mise en scène dans la mise en image de Bernard Faucon ; mais ça, je reconnais ne l’avoir même pas envisagé. C’est vrai : quelqu’un a bien dû recouvrir cet enfant d’or pour réaliser cette photographie. [Cet article est la suite directe d’un texte publié en décembre 2024, qu’il convient donc de lire en premier. ]

 
 
 
 
 
Sur la nécessité de déserter – 2
 

A propos de Non mi sono fatto niente, de Maurizio Gibo Gibertini



L’un des grands plaisirs que nous offre ce récit d’un ancien et malicieux ludion des batailles sociales en Italie, c’est de démentir le récit officiel des années dites « de plomb », tel qu’il est repris à satiété par les médias et les politiques depuis des décennies, c’est bien celui-là. Créé par le Parti communiste italien et la Démocratie chrétienne, et devenu avec le temps une doxa intouchable, repris à satiété par les médias, il raconte la révolte pathologique de quelques cinglés dans une Italie démocratique en pleine modernisation. De cette image, il n’est pas de meilleur démenti, peut-être, que celle que nous offre Gibo d’un cortège de tête de jeunes prolétaires des Circoli giovanili des quartiers, ouvrant une marche de milliers d’autonomes ouvriers et étudiants, manches de pioches ou clé anglaise en main mais dont les chants et les slogans étaient bien loin des schèmes marxiste-léninistes ou syndicalistes-démocratiques dans lesquels on prétendait les enfermer :

 
 
 
 
 
Sortir du cercle
 

(place vide du pouvoir)
Natanaële Chatelain



L’Europe meurt de ses fruits, pluies acides
de lendemains qui chantent.
Les nouveaux propriétaires en veulent encore !
La privatisation envahit les rêves –
mots creux dans les chaumières.
Il faut quitter ce marché du silence,
ce mensonge de famille, cette arrogance sans-gêne
et son dépôt de plomb dans la croûte terrestre.

 
 
 
 
 
Pour la Palestine comme pour la Terre d’Andreas Malm
 

Un second avis



Ce livre est sorti il y a un peu plus d’un mois – peu de temps au rythme de ma province reculée, en bas à droite de l’hexagone, beaucoup à celui du monde politico-médiatique de la capitale… Mais. Je l’avais reçu avant sa mise en vente, parce que je l’avais demandé en SP (service de presse, dans l’édition) à l’excellente maison La Fabrique. Cela pour deux raisons : primo, j’avais déjà écrit voici quelques années une recension d’un précédent ouvrage du même auteur (chez le même éditeur) : L’Anthropocène contre l’histoire [2], ouvrage que j’avais beaucoup apprécié ; secundo, je sortais juste d’une série de lectures sur la Palestine, dont j’avais également rendu compte en janvier dernier sur Antiopées et lundimatin [3]. Et puis… d’autres travaux, et la flemme, peut-être aussi une certaine tristesse (l’hiver, les guerres, Trump & Cie) m’ont un peu découragé, je l’avoue : j’ai dans mon bureau plusieurs bouquins, dont certains déjà lus, d’autres à peine entamés ou même pas encore ouverts, reçus en SP et dont je devrais rendre compte… Ça me donne mauvaise conscience, ce qui, avec un minimum de recul, paraît idiot – après tout, un livre, c’est fait pour durer longtemps, pourquoi faudrait-il toujours se précipiter pour en parler ? Bref, Pour la Palestine comme pour la Terre aurait probablement attendu encore quelque part au milieu de ma pile de livres en souffrance si Ivan Segré ne l’avait méchamment démoli dans un papier paru la semaine dernière sur lundimatin.

 
 
 
 
 
CURER [ Du lieu à l’acte ]
 

« La poésie sénile qu’ils traînent égrène ce qui reste, par petites touches digérables »
Benoit Sudreau



« Méfiez-vous du rêve des autres. »
G. Deleuze

Les vieillards qui cherchent la présence ne trouveront rien s’ils perdent l’histoire en route. Elle n’a jamais autant imprégné. Toute chose dans les limites de la biosphère et un peu en-deçà, et un peu au-delà, pue l’humain, est malade de l’humain.

 
 
 
 
 
La sonate à Mondzain (mélanges 12)
 

Saad Chakali et Alexia Roux
[ciné-tract]



Chère Marie José,

Ta pensée nous fait danser, une philosophie asilaire de l’adoption et de l’égalité. Hospitalité des images et images de l’hospitalité - une antichambre pour s’étranger.
Les images qui donnent forme à l’informe sont l’exercice de notre indétermination originaire, notre liberté radicale à leur contact dont les forces saxifrages sont des puissances de liberté. Avec toi, la funambule, nous entrons dans la zone où mettre en rapport ce qui est sans rapport est la joie créatrice des hôtes d’une enfance retrouvée.

« Git morgen panié lejben »

Phraternellement.

Alexia Roux et Saad Chakali

 
 
 
 
 
 
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