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#455 | 9 décembre
 
 
 
lundimatin 10 ans
 

Appel à dons



10 ans. Chaque lundi, souvent le matin [1]. Des milliers d’articles. Des centaines de vidéos. Des discussions au long cours. Une revue papier. Des livres. Des fêtes. Des rencontres. Des centaines de contributeurs. Des reportages. Des voyages. Des enquêtes. La plus haute densité de fichés S de toutes les rédactions de France. Le seul endroit où s’entrecroisent une exégèse d’un stratège chinois du 3e siècle, le récit d’un soulèvement au Sri-Lanka, un poème anonyme qui déchire le cœur, un semestre de séminaire sur les nouvelles formes de la fascisation.

 
 
 
 
 
Syrie : la chute du régime, enfin !
 

Discussion improvisée avec deux révolutionnaires syriens en (ex)exil



L’édition de cette semaine se trouve chamboulée par la chute du régime syrien. Nous avons improvisé, dimanche soir, cette discussion avec deux amis révolutionnaires en (ex)exil et préparons plusieurs articles sur cet évènement majeur. On publie le live tel quel, le son est un peu ric-rac par moment, si c’est trop pénible à suivre, on le refera au propre dans la journée. Ce qui s’y dit nous semble néanmoins crucial pour comprendre cette séquence historique et s’y repérer, sans bafouiller.

 
 
 
 
 
Se replonger dans la révolution syrienne
 

Parce que ce qui a été écrasé dans le sang résiste et persiste



Depuis ses tous débuts [2], lundimatin a beaucoup couvert les révolutions arabes et plus particulièrement la révolution syrienne. Cette séquence éminemment politique ayant été récupérée, détournée ou écrasé dans le sang, elle semblait avoir disparu de nos imaginaires, recouverte par de vagues lectures géopolitiques bon marché. Nous pensons au contraire que ce qui s’est vécu et a été expérimenté en Tunisie, en Egypte, en Libye, en Syrie et dans tant d’autres endroits résiste et persiste à son écrasement, en tant qu’expérience à tout le moins. Alors que le régime de Bachar Al-Assad vient de tomber et du fait même des incertitudes quant à l’avenir de la Syrie, il nous semble plus important que jamais de nous replonger dans l’histoire de cette révolution : ses victoires, ses échos et ses échecs. Parmi la centaine d’articles que nous avons publié au fil des ans sur le sujet, nous en avons sélectionné une petite vingtaine qui méritent particulièrement d’être lus ou relus [3].

 
 
 
 
 
Djihad et/ou révolution
 

Comprendre politiquement Hayat Tahrir Al-Cham
Entretien avec le chercheur Montassir Sakhi



De 2015 à 2023, l’anthropologue Montassir Sakhi a mené une enquête au long cours auprès des engagés dans le conflit armé syrien, locaux et internationaux. A rebours de la vulgate qui se répand sur les plateaux télé, ses travaux déplacent les repères à partir desquels nous décryptons habituellement les engagements politiques comme les soulèvements ; il en a fait un livre passionnant, La révolution et le Djihad aux éditions La Découverte. Pour mieux comprendre la composition éthique, religieuse et politique de Hayat Tahrir Al-Cham, nous lui avons envoyé quelques questions.

 
 
 
 
 
Sauvons la cathédrale du cœur
 

Pour un autre usage de Notre-Dame-de-Paris



Il y a cinq ans, au lendemain de l’incendie qui ravageait Notre-Dame-de-Paris, nous recevions cet appel d’un curé de campagne de passage dans la capitale. Bouleversé, il proposait que l’édifice soit laissé en l’état, c’est-à-dire arrachée aux mains des prédateurs par les flammes de l’incendie et enfin rendue au peuple et à son libre usage. Comme il n’a de toute évidence pas été entendu, nous en profitons pour le republier.

 
 
 
 
 
La paix impériale est une pluie de printemps
 

Quand l’idéologie se change en utopie
Position, Structure et Stratagèmes
Tao du Prince de Han Fei-tse



Les dominations que nous décrivons dependent des théories qui en définissent le sens et la nature. Ou bien nous voyons des structures de domination, ou bien des institutions droites et déviées, ou bien des mécanismes oppressifs, ou bien des processus objectifs anonymes, ou bien des stratégies associées à des tactiques. Avec ce texte, à partir de la théorie impériale d’un légiste taoïste du IIIe siècle, Han Fei, nous posons les jalons d’une compréhension des servitudes humaines à partir du concept de stratagème. L’exploitation économique ou la domination politique doivent être conçues à partir de la manipulation éthique qui toujours l’entretient et la fonde.

 
 
 
 
 
Gaza : accomplissement du libéral-fascisme & contre-coup identitaire en France
 

Josep Rafanell i Orra, Pierre Tenne



Les choses sont devenues limpides : nous vivons la fin d’une ère. Celle de la prétention à l’universalité des valeurs d’un « camp occidental » censées être ratifiées par le formalisme démocratique et l’architecture du droit. La phase terminale de son irrésistible déclin se joue dans la scène des horreurs perpétrées par le fascisme israélien avec la bienveillante complicité de la planète libérale.
Non pas que depuis la Deuxième guerre mondiale du siècle dernier d’autres massacres et processus d’extermination n’aient pas eu lieu. En faire la recension serait une tâche éprouvante. Mais la destruction totale en cours de Gaza – dans laquelle se conjuguent un génocide, un « urbanicide », un « écocide » et un « mémoricide » simultanés [4], c’est-à-dire, l’entreprise méthodique d’anéantissement des humains, des êtres non humains, de la possibilité d’habiter une terre et enfin de la tentative de destruction des rapports à la mémoire aux lieux – laisse le monde stupéfait.
Contre cette politique qui nous fige dans l’horreur et dans un présentisme glaçant, il est plus que jamais indispensable de procéder à un travail généalogique pour caractériser le présent.
Les quelques notes qui suivent se contenteront de soulever quelques interrogations à ce propos. Elles se concluront avec les résonances en France du génocide en cours. En ce qui concerne celles-ci, s’y mêlent d’une part la complicité de l’État français, de la plupart des partis politiques et des médias dominants avec la barbarie israélienne, et, d’autre part, une réaction identitaire au sein de certains espaces d’extrême gauche qui prend une place de plus en plus tapageuse, secrétant un binarisme d’adhésion qui se déplace partout. Réaction identitaire aux effets paralysants, fondée dans une matrice coloniale censée tout expliquer et en référence à un anti-impérialisme suranné issu tout droit des années 70.

 
 
 
 
 
La fable du renard et du poisson
 

deux cas de poètes incurables et un besoin de révolution
Pierre-Aurélien Delabre



Préambule péremptoire
L’antiintellectualisme est toujours une pulsion petit-bourgeoise [5]. Lorsqu’on tente de comprendre (en vue de les transformer) le capitalisme et ses structurations raciales et patriarcales, on mobilise de la théorie. Précisément pour ne pas être tout seul face au système. Car être tout seul face au système, ça conduit inévitablement à une forme de critique-artiste [6], individualiste, esthétisante du système. Ça débouche toujours sur des façons artistes, individualistes, esthétisantes de le combattre. Bref, sur de la pureté. Et la pureté c’est ridicule et c’est dangereux.

 
 
 
 
 
Esthétique et esthétisation de la pédophilie
 

1. la photographie de Bernard Faucon
Baptiste Thery-Guilbert



Ça commence par un article, une enquête d’Emmanuelle Lequeux. Le portrait de trois hommes qui ont déposé plainte en mars 2024 contre le photographe Bernard Faucon pour des violences sexuelles qui se seraient déroulées dans les années 1980. Le portrait d’un milieu, aussi, un milieu artistique et intellectuel où la prédation de jeunes garçons semblait plutôt… naturelle. L’enquête d’Emmanuelle Lequeux réveille un vieux désir en moi, celui d’écrire à propos d’artistes et écrivains qui ont alimenté une certaine esthétisation de la prédation de corps jeunes, de corps fragiles, de corps “innocents” — de corps d’enfants —, et de ceux qui l’alimentent toujours, en toute connaissance de cause.

 
 
 
 
 
Ghassan Salhab en revenant, métis inauthentique
 

Saad Chakali



Si les lectrices et lecteurs de lundimatin connaissent d’abord Ghassan Salhab pour ses nombreux textes publiés dans nos pages depuis et à propos du Liban ou de la Palestine, c’est de son oeuvre première dont il est question ici : le cinéma. Alors qu’une rétrospective de ses films commence ce mercredi 11 décembre à Paris (Le programme est accessible ici), Saad Chakali nous a transmis cet hommage en forme d’exégèse, passionnante et érudite, ainsi qu’un film, Combien de roses, Ghassan Salhab, à voir ci-dessous. En bonus et en sus, nous mettrons en ligne mercredi matin une longue interview de Ghassan Salhab pour l’épisode 1 de lundi bon sang de bonsoir cinéma.

 
 
 
 
 
Lundi Bon Sang de Bonsoir Cinéma
 

Épisode 1 : Ghassan Salhab



Jamais, depuis ses origines, le cinéma n’a été confronté à de tels bouleversements.
Séismes à l’échelle et à l’image du monde.
Et en même temps, jamais, il n’a été aussi formaté, soumis, comme shooté et vaincu par tout ce qui le détruit.
En discutant avec lundimatin, nous avons décidé d’ouvrir une petite brèche dans le béton médiatique.
Pour de semer de nouvelles pousses.
Avec des invité.es venu.es du cinéma, mais pas seulement.
Et dont les lianes plus végétales (pour citer le philosophe Denetem Touam Bona) que financières ou médiatiques, permettraient d’engager de nouvelles formes de solidarités avec les images, les sons.
Ça s’appelle Lundi Bon Sang de Bonsoir Cinéma, en hommage au magnifique cinéaste Jean Epstein, qui déjà dans les années 1920, avait recommencé le cinéma sur l’île d’Ouessant.
Cette semaine, le 1er épisode qui succède à l’épisode 0, Que peut le cinéma au XXe siècle avec Marie José Mondzain.

 
 
 
 
 
Non vous ne l’êtes pas
 

« Architecture, pouvoir, libéralisme et infrastructure »
Keller Easterling



L’année de parution d’À nos amis du comité invisible est aussi celle d’un livre entièrement consacré au pouvoir infrastructurel et encore non traduit en français, Extrastatecraft : the Power of Infrastructure Space, par l’architecte Keller Easterling, enseignante à Yale aux États-Unis. Dans l’ensemble de ses livres, d’Organization Space (1999) à Medium Design (2021), Easterling développe une critique des dispositifs de production de l’espace globalisé et des divers récits du libéralisme qui les accompagnent.

 
 
 
 
 
Introduction à l’analyse-critique des conceptions zapatistes de « l’hydre capitaliste » et de la « tempête »
 

Actualités du mouvement zapatiste au Chiapas



Le premier article, intitulé « Introduction à l’analyse-critique des conceptions zapatistes de la IVe Guerre Mondiale, de l’hydre capitaliste et de la tempête » est divisé en deux épisodes. La semaine dernière, nous avons introduit les objectifs de la seconde série et développé les conceptions zapatistes du Capitalisme néolibéral, qualifié de IVe Guerre Mondiale [7].

Pour continuer cette déambulation conceptuelle, nous proposons de nous concentrer sur les apports métaphoriques du séminaire de 2015 « La pensée critique face à l’hydre capitaliste » : l’hydre capitaliste et la tempête - ainsi que les brèches et le mur. Ces conceptions nous permettront d’interroger l’actualité de la configuration du triptyque Modernité-Capitalisme-Etat et des crises eco-systémiques qui en résultent, à partir de la récente littérature zapatiste (2023-2024).

 
 
 
 
 
Retour sur la pâte à mâcher des Transmusicales de Rennes
 

Ombline Desbassayns



Ce texte reçu d’une mystérieuse Ombline Desbassayns(*) vous permettra de lire avant l’heure un compte rendu sur le festival des « transmusicales » qui se déroule à Rennes (Bretagne/France) jusqu’au 8 décembre 2024. Il pourrait paraître surréaliste de relater un festival qui n’a pas encore eu lieu. Détrompez-vous. Il n’en est rien à suivre l’argumentation d’Ombline qui s’y connaît en divination et qui cite :
« Le caractère fondamentalement tautologique du spectacle découle du simple fait que ses moyens sont en même temps son but. Il est le soleil qui ne se couche jamais sur l’empire de la passivité moderne. Il recouvre toute la surface du monde et baigne indéfiniment dans sa propre gloire. » Guy Debord, la société du spectacle, thèse 13

 
 
 
 
 
La possibilité d’une vie non fasciste
 

« La langue jaillit de la corporéité »
Entretien avec Klaus Theweleit



La possibilité d’une vie non fasciste. Chroniques d’une Allemagne hantée, récemment paru aux éditions Météores, rassemble des textes de Klaus Theweleit écrits entre 1977 et 2021, traduits en français par Christophe Lucchese, et accompagnés d’un entretien inédit. Klaus Theweleit y pose la question qui a hanté toute une génération au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et n’a cessé de nous hanter depuis : comment vivre une vie non fasciste ? Question, pour Theweleit, moins idéologique qu’éminemment affective et corporelle. Mêlant littérature, essai théorique, chroniques d’époque et autobiographie, Klaus Theweleit raconte la recherche de formes de vie qui ne soient pas compatibles avec les désirs répressifs du fascisme. L’intime, la langue, la culture sont confrontés à leurs spectres comme à leur pouvoir parfois lumineux de transformation.

 
 
 
 
 
Pouvoir destituant : Thèmes, Figures, Généalogies
 

Recension d’une exploration



Qu’est-ce que le pouvoir destituant ? Le pouvoir destituant est une notion ouverte, fatalement ambiguë, insaisissable et destinée à se former au fur et à mesure des événements. Il défait la souveraineté, les hiérarchies, les formes de possession, les relations cimentées par la nécessité, il dynamite toutes les identités, même celles qui font de la différence, sans le savoir, leur identité.
À propos du livre collectif Pouvoir destituant. Thèmes, Figures, Généalogies, sous la direction de Pierandrea Amato, Melinda Palombi et Luca Salza, paru aux Éditions Mimesis, une recension.

 
 
 
 
 
classemediocre.com
 

Introduction à la majorité vulgaire



En recevant cette proposition de relayer classemediocre.com, nous avons d’abord ri jaune. Ne roulons-nous pas à lundimatin en Dyson et en Touran ? N’avons nous pas plus 20 cartes clients enregistrées dans le wallet de notre Iphone ? Et si les Thermomix étaient moins onéreux et volumineux, n’y en aurait-il pas un à trôner dans nos cuisines depuis belle lurette ?
Et puis finalement, nous nous sommes dits qu’on ne pouvait pas mal prendre une oeuvre collective qui vise à décrire le réel éthiquement. Et puis on a acheté un ticket de millionnaire au tabac, même si on a jamais gagné plus de 50 euros et qu’on ne tente pas notre chance très souvent.

 
 
 
 
 
Une semaine de bonté
 

Le 3e « roman » surréaliste de Max Ernst



Après avoir publié, en 2016, La Femme 100 têtes (1929), puis, trois ans plus tard, Rêve d’une petite fille qui voulut entrer au Carmel (sorti originellement en 1930), les éditions Prairial nous offre, avec Une semaine de bonté ou Les sept éléments capitaux (1934), le troisième et dernier « roman-collage » réalisé par Max Ernst (1891-1976). Artiste allemand issu du mouvement dadaïste à Cologne, Ernst est, dans l’entre-deux-guerres en France, où il a rejoint le groupe surréaliste. Ces trois ouvrages inventent pratiquement un genre basé sur le détournement du roman feuilleton. [8]

 
 
 
 
 
 
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