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Josep Rafanell i Orra, Pierre Tenne
Les choses sont devenues limpides : nous vivons la fin d’une ère. Celle de la prétention à l’universalité des valeurs d’un « camp occidental » censées être ratifiées par le formalisme démocratique et l’architecture du droit. La phase terminale de son irrésistible déclin se joue dans la scène des horreurs perpétrées par le fascisme israélien avec la bienveillante complicité de la planète libérale.
Non pas que depuis la Deuxième guerre mondiale du siècle dernier d’autres massacres et processus d’extermination n’aient pas eu lieu. En faire la recension serait une tâche éprouvante. Mais la destruction totale en cours de Gaza – dans laquelle se conjuguent un génocide, un « urbanicide », un « écocide » et un « mémoricide » simultanés [4], c’est-à-dire, l’entreprise méthodique d’anéantissement des humains, des êtres non humains, de la possibilité d’habiter une terre et enfin de la tentative de destruction des rapports à la mémoire aux lieux – laisse le monde stupéfait.
Contre cette politique qui nous fige dans l’horreur et dans un présentisme glaçant, il est plus que jamais indispensable de procéder à un travail généalogique pour caractériser le présent.
Les quelques notes qui suivent se contenteront de soulever quelques interrogations à ce propos. Elles se concluront avec les résonances en France du génocide en cours. En ce qui concerne celles-ci, s’y mêlent d’une part la complicité de l’État français, de la plupart des partis politiques et des médias dominants avec la barbarie israélienne, et, d’autre part, une réaction identitaire au sein de certains espaces d’extrême gauche qui prend une place de plus en plus tapageuse, secrétant un binarisme d’adhésion qui se déplace partout. Réaction identitaire aux effets paralysants, fondée dans une matrice coloniale censée tout expliquer et en référence à un anti-impérialisme suranné issu tout droit des années 70.
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