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À propos d’un article paru dans lundimatin
Serge Quadruppani
En général, celles et ceux qui écrivent dans Lundimatin s’intéressent à ce que « le peuple veut », surtout quand « le peuple veut la chute du régime ». Le slogan des insurrections arabes restera l’emblème de la décennie ouverte à Sidi Bouzid en décembre 2010 et close en 2021 par le grand renfermement mondial sous couvert de Covid. De cette décennie d’agitation et de soulèvements qui, partis de l’aire arabo-musulmane, se sont étendus en plusieurs vagues à toute la planète – des États-Unis à l’Espagne, du Chili à Hong Kong en passant par la Turquie du parc Gezy à la France des Gilets jaunes et des grandes manifs contre les lois de destruction des droits sociaux –, de ce moment de craquement dans la gouvernance mondiale, subsiste une conviction solidement ancrée dans la pratique comme dans la théorie. La conviction – récemment ravivée par de nouveaux soulèvements, de l’Iran au Bangladesh – qu’il existe une conflictualité fondamentale entre les gouvernements de la planète et leurs « peuples », cette fraction majoritaire de la population principalement constituée par l’alliance des classes subalternes et d’une fraction de la bourgeoisie intellectuelle. C’est avec cette boussole, « le peuple veut la chute du régime », qu’il s’agit de penser, quand on veut s’opposer au cours catastrophique du monde.
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