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#320 | 3 janvier
 

L’édition de cette semaine, avec un léger retard et nos excuses. Nous attendions qu’un texte de Serge Quadruppani et Jérôme Floch sur le covid, sa gestion et sa contestation soit finalisé pour envoyer le journal. Malheureusement, ce dernier ayant préféré prolonger son week-end en thalasso plutôt que de tenir ses engagements, il sera publié dans l’édition prochaine. Bonne lecture et bonne année. lm.

 
 
Pass policier : d’une démission à gauche
 

Joseph Andras



L’aurait-on imaginé que personne n’y aurait cru.

Qu’un gouvernement instaurerait un code matriciel pour autoriser l’accès aux plus banales activités du quotidien. Qu’un gouvernement scinderait par la loi le corps social en deux parties : les citoyens légitimes et ceux qui ne le sont plus. Qu’un gouvernement foulerait aux pieds l’article premier de sa constitution et le ferait au devant d’un parterre d’applaudissements. Que ses forces armées – après avoir mobilisé des drones en vue d’ordonner à la population de rentrer chez elle sous peine de sanction – seraient mandatées pour contrôler le bon port du code-citoyen et pénétreraient, un flingue à la ceinture, jusque dans les cafés du commerce.

 
 
 
 
 
L’étrange et folle aventure de nos objets quotidiens
 

Jeanne Guien, Gil Bartholeyns et Manuel Charpy
[lundisoir]



Grilles-pains, machines à coudre, gobelets, déodorants, smartphones et tant d’autres objets disparates envahissent nos vies ordinaires, saturent nos espaces domestiques, transforment nos manières de faire et s’entassent dans les recoins les plus étroits de nos logements. Il y a sans doute intérêt à en faire leur histoire ; à saisir par quels processus ils se sont imposés dans la vie ordinaire jusqu’à devenir tout à fait banals. Alors qu’ils sont devenus souvent nécessaires à la vie, nous n’avons guère leur intelligence : nous n’en comprenons que peu leur fonctionnement et nous sommes généralement empêchés de les réparer si bien qu’ils nous placent dans des situations concrètes et ordinaires de dépossession.

 
 
 
 
 
Lyon : compte-rendu du procès de deux Daltons le 22 décembre
 

« Cette action était de nature à provoquer une certaine émotion »



Depuis quelques mois, les Daltons se sont hissés à la Une des chaînes d’info en continue. Collectif de rappeurs soucieux de s’engager dans la vie de la cité, ils multiplient happening et coups d’éclats afin d’informer le grand public de ce qu’ils vivent comme des discriminations ou des injustices : difficultés d’accès à l’emploi, incarcération à l’isolement de leur ami Many GT pour avoir fait une roue arrière à moto dans un clip, mépris des pouvoirs publics, harcèlement des forces de l’ordre, etc. Si les raisons de leur engagement politique sont extrêmement sérieuses, leur mode opératoire reste fondamentalement humoristique. À l’hilarité que chacune de leurs apparitions déclenche, répond l’acharnement pathétique de la police et des juges, voire du ministre de l’Intérieur lui-même qui est allé jusqu’à demander personnellement à la plateforme Instagram de les bannir des réseaux sociaux. Car c’est finalement ce qu’il y a d’inacceptable et d’impardonnable dans les actions des Daltons : ils ridiculisent le pouvoir dans un grand éclat de rire.

 
 
 
 
 
De la société de contrôle dans l’espace public
 

La mobilité et l’événement pacifères
Paul de Marliave



Cet article est tiré d’un travail de recherche intitulé Figures contemporaines de la gouvernance spatiale et qui questionne globalement les rapports entre espace public et contrôle sécuritaire. D’entendre sa sujétion à l’application d’un système est toujours un exercice déplaisant, il est pourtant hautement nécessaire en ce que l’appropriation des moyens - et donc des fins - ne peut se faire sans la conscience éclairée de ceux-là mêmes. Ce travail a souhaité entendre la traduction spatialisée des méthodes d’exercice du pouvoir dans l’espace public. D’aucuns pourront voir là une besogne paranoïaque : il ne s’agit pourtant pas de dresser une eschatologie de l’espace public mais bien de relever les processus d’organisation et de contrôle sous-jacents que la ville entend exercer sur celui qui l’habite. D’idéologie, cette recherche n’a prétendu qu’à une : l’espace public intéresse la vie.

 
 
 
 
 
et après ?
 

Généalogie et dépassement d’une tempête
Pierre Marie



Le mouvement féministe contemporain tel qu’il s’est cristallisé autour du mot d’ordre s’est notamment concentré autour du combat contre les violences sexuelles infligées aux femmes. Il est certes problématique de réduire chaque « vague » du féminisme à une cause paradigmatique (le droit de vote, l’avortement, maintenant les violences sexuelles), comme si la lutte s’arrêtait à des revendications identifiables alors qu’elle déborde souvent tous les cadres que la politique classique tente de lui assigner ; mais justement, dans cet article, Pierre Marie cherche à interroger historiquement la notion de violences sexuelles. Il montre ainsi que ces dernières n’ont pas toujours existé de la même façon, de même que les luttes pour les combattre. Il participe de la sorte à saper la vision progressiste de l’histoire selon laquelle nous progressons depuis toujours vers une émancipation tendanciellement toujours plus grande.

 
 
 
 
 
Mattarella et le passé opprimé
 

Paolo Virno



Cet article, qui fut proposé sans succès au quotidien Il Manifesto et a finalement paru sur le site de la revue en ligne Machina, est un exercice sarcastique sur le discours que Sergio Mattarella, Président de la république italienne, a tenu le 9 mai 2021, pour rappeler l’anniversaire de l’assassinat d’Aldo Moro, président de la Démocratie chrétienne, par les Brigades Rouges, perpétré le 9 mai 1978.

 
 
 
 
 
La gang des thriller poètes
 

[Le Sabot - Revue littéraire de sabotage]



Nous avons déjà parlé du Sabot dans nos pages. L’amicale de cette excellente revue de sabotage littéraire a eu la gentillesse de nous transmettre son dernier intégral (qui regroupe ses numéros 6 à 10).
Il n’est jamais trop tard pour écrire de bons textes, et c’est d’ailleurs un peu l’histoire de celui que nous publions ici, extrait du N°9 : saboter la ville. Nos oreilles ont cru comprendre que quatre mains se sont affolées quelques heures avant la deadline pour le penser, le raconter, l’écrire. Et il pleuvait dehors.

En littérature comme ailleurs, la qualité faisant rarement la fortune, il est possible de la précommander en participant à leur collecte de fonds par ici.

 
 
 
 
 
Appel à dons
 

Si vous souhaitez soutenir lundimatin, c’est maintenant !



2021 touche déjà à sa fin et tout semble indiquer que 2022 aura malheureusement bien lieu.
Les temps sont mauvais, la bêtise règne. En surface à tout le moins. Il nous faut trancher dans la confusion, produire de l’intelligence commune et tracer des chemins. C’est en tous cas le pari de cette étrange machine collective qu’est lundimatin. De moins en moins sidérant, le désastre s’épuise, pas nous.

 
 
 
 
 
 
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