... que ma seule rage l’emporte
Si je ne veux pas que ma rage, que ma seule rage l’emporte, si je ne veux pas que le monde entier, que toutes les manifestations de ce monde se concentrent en un point de rage, se mesurent à ma rage immesurée, incommensurable à l’ordre des raisons, si je ne veux pas sur la digue essuyer les déferlantes de ma rage, du plus profond milieu de l’océan souffler, monstre marin, les remous effrayants de ma rage, si je ne veux pas engloutir la barque, les quelques âmes fugitives, fuyardes, embarquées vers nulle part, vers partout ailleurs que dans ce monde, vers l’ailleurs introuvable, si je ne veux pas renoncer à la chance de survie, au suspens de toute vie vouée à l’englouti, si je ne veux pas noircir la nuit, manger le cadavre des noyés, crier plus fort que la tempête, hurler avec les fous, agir en dément,
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