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#281 | 29 mars
 
 
 
Scène et Pathocène
 

Gil Bartholeyns



Ce texte est extrait du livre Le Hantement du Monde. Zoonoses et Pathocène, de Gil Bartholeyns, récemment paru aux éditions du Dehors. Il s’agit ici de qualifier notre époque de Pathocène pour désigner notre rapport obsessionel aux maladies mais également aux émotions qui nous affectent de manière globale. Dans ces extraits, plus historiques, le texte revient sur le début des grandes politiques sanitaires et vétérinaires au 18e et 19e siècles. À travers l’attention portée sur la question animale, on trouve dans ces lignes un autre point de vue pour aborder le concept de « biopolitique » cher à Michel Foucault : « On peut même se demander si le biopouvoir n’a pas son origine dans la police vétérinaire, du moins s’il n’existe pas déjà pleinement pour les animaux avant d’exister pour l’homme ». Puis, il se troune vers l’ensemble des « remèdes » qui, à l’échelle mondiale, ne font que perpétuer les maladies qu’ils prétendent guerrir (les engrais qui stérilisent les terres) afin de réfléchir, sur les traces de Canguilhem, au statut même de ce qu’on appelle une maladie.

 
 
 
 
 
Seul face à l’art, entre les ruines de la culture
 

Thibaud Croisy



Il y a plusieurs années, alors que je commençais à faire de la mise en scène et qu’un théâtre m’avait sollicité pour donner un workshop, j’avais imaginé un projet intitulé Réduire l’offre. Ironique, le titre était moins un mot d’ordre qu’une tentative éperdue pour enrayer une offre culturelle qui m’apparaissait comme exponentielle et porter un coup d’arrêt à cette inflation d’ateliers, de stages, dont l’objectif me semblait être de « faire faire quelque chose aux gens », c’est-à-dire de les occuper, les sensibiliser, les divertir au sens étymologique du terme (les détourner de l’ennui).

 
 
 
 
 
Internet, année zéro - De la Silicon Valley à la Chine
 

Entretien avec Jonathan Bourguignon



Les nouvelles technologies se sont imposées dans nos vies avec un extrême rapidité et nous serions bien incapables de prévoir le futur qu’elles nous réservent. Ce que l’on peut encore et en tous cas nous réappropier, c’est leur généalogie. C’est ce que propose Jonathan Bourguignon dans son premier livre, Internet, année zéro [1] qui vient de paraître aux éditions Divergences : de la naissance de l’internet à la gouvernementalité cybernétique chinoise en passant par l’épopée de la Silicon Valley, il s’agit dans ce livre de comprendre l’intrication entre idéologie et technologie. Ou comment la cybernétique dont la prétention première était l’émancipation individuelle constitue aujourd’hui le plus imparable outil de contrôle et de domination. Se pencher sur cette histoire, c’est comprendre la continuité épistémique, technique et philosophique qui nous amène du mouvement hyppie à l’évaluation et au traçage systématique de nos mouvements, de nos comportements et de nos affects. L’histoire de l’internet qui selon l’auteur, n’en est qu’à son année zéro.

 
 
 
 
 
Et puis un jour, j’ai perdu la foi
 

« Je suis rentrée dans ma classe et ai demandé à la cantonade comment ils allaient. Pas de réponse. J’ai répété. Pas de réponse. »



Se battre contre le temps, contre l’ennui, contre l’institution. Contre tout cela à la fois. S’accrocher à ce qui vibre encore, à ce qui vit encore, à ce qui nous tient debout. Se voir dans le miroir. Se manger le sol.

 
 
 
 
 
Ciao Bandito !
 

Sur la mort de Sante Notarnicola, révolutionnaire, bandit et poète



« Il est temps de se donner un projet pour qu’un jour la voûte du ciel ne s’écroule pas. Reste à voir comment soutenir tout l’azur. »
Sante Notarnicola

Il y a une semaine, des banderoles sont apparues en divers coins de l’Italie, à Rome : « Salut, Bandit ! A Sante, révolutionnaire et poète » à Turin, « Salut Sante, Bandit [du quartier de] de Barriera », ailleurs encore : « Maître incommensurable, ton exemple nous guide encore aujourd’hui. A Sante : Bandit, communiste, poète, révolutionnaire ! ». Sante Notarnicola est mort un 22 mars, ce qui pour nous prend une résonance particulière mais lui, le 22 mars 1968, il était en prison depuis déjà un an et demi, pour avoir pris le parti de la révolte bien avant les étudiants nanterrois et avec une radicalité toute autre, et il allait y rester 28 ans, sans jamais cesser de prouver en écrit et en actes sa détermination révolutionnaire.

 
 
 
 
 
Pour et autour de Sante Notarnicola (1938-2021)
 

« Me souvenir aussi des adieux
violents et féroces, de la colère. »



Sante est décédé le 22 mars 2021 suite à une infection post-Covid. Son livre l’Evasione impossibile dans ses premières éditions, Feltrinelli pour l’Italie en 1972 et les éditions d’en bas pour une version francophone en 1977 sous le titre La révolte à perpétuité, nous avait bouleversés, mais les retombées en France furent minces pour plusieurs raisons. La composition sociale des prisons s’avérait fort différente entre les deux pays, alors pourtant qu’ils formaient l’épicentre de la plus récente tentative d’insubordination prolétarienne, tout en n’étant pas limités par cette stricte dimension puisqu’elle revêtait déjà des caractères de ce qu’on pourrait appeler une révolution à titre humain.

 
 
 
 
 
Art et politique : destins croisés
 

Olivier Long



Dans ce texte, le corps est pensé comme le lieu de rencontre entre peinture et politique, l’un et l’autre exprimant cette réalité que « quelque chose doit être dit qui ne peut souffrir de ne pas l’être ». Suivant cette perspective, l’auteur retrace les luttes sociales récentes des Gilets jaunes en France puis montre la posture solipsiste de la conception politique du « grand débat ». L’article est accompagné de peintures d’Olivier Long s’inscrivant dans ces luttes.

 
 
 
 
 
La couleur des mots
 

Réponse à André Markowicz concernant l’affaire Amanda Gorman
Par Stéphane Zagdanski



 
 
 
 
 
Flora Bonfanti : planification des ruines
 

« Pour démolir, il faudrait autant de discipline, autant de persévérance que pour bâtir. »



« À l’enterrement, les larmes des vivants ne seraient pas l’expression de leur propre tristesse, mais de celle du mort, de toutes les larmes qu’il a retenues durant sa vie. » (32)
Flora Bonfanti, Lieux exemplaires, Éditions Unes, 2018

 
 
 
 
 
Culture (pré)occupée 15 :
 

quand le bassin d’Aurillac mouille… le maillot



Jeudi 4 mars 2021, plusieurs artistes, technicien.nes, intermittent.es du spectacle se rassemblement à midi, place de la République à Paris. D’autres s’introduisent dans le Théâtre de l’Odéon et décident de l’occuper. Ils demandent la réouverture des lieux de culture, la prolongation de leurs droits au chômage et la clarification des positions ambiguës de la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot concernant l’extension de l’année blanche pour les professionnel.les de la culture.
La semaine du 15 mars, Jaqui Max, 62 ans technicien du spectacle depuis 40 ans dans le Cantal en parle à un copain, Matthieu Bru et ils se disent : « il faut monter quelque chose. Il faut hurler. »

 
 
 
 
 
Sur l’approfondissement et la complémentarité de supposées divergences dans le mouvement des occupations en cours
 

Commune des désarteurs de l’économie et des destituants du spectacle



L’exposition des motivations plurielles des acteur.tri.ces du mouvement des occupations en cours et la discussion qui anime le mouvement à propos des occupants du grand théâtre de Bordeaux, évacués mercredi par la police sur l’ordre du maire Europe Écologie Les Verts Pierre Hurmic sont instructives. Elles révèlent en effet les différences et les contradictions dynamiques qui traversent, d’une manière plus générale, la conscience des acteurs de l’art, de la culture, des précaires et des citoyens mobilisés.

 
 
 
 
 
Le préfet qui voulait ré-instaurer...
 

le délit de solidarité.



Que ce soit avec la Culture, le Savoir ou la Solidarité, l’État montre aujourd’hui son vrai visage de Léviathan, s’attaquant à tout ce qui constitue l’essence de la vie, à tout ce qui n’est pas (encore complètement) marchandise, à tout ce qui nous est commun. Les cinémas, les théâtres, les musées, les universités, tous les lieux de divertissement et d’instruction collectifs restent fermés, condamnés au silence. Nous réunir en famille ou entre amis, échanger, faire la fête, s’organiser, accompagner nos morts, fraterniser, sont des activités désormais strictement encadrées et limitées, tandis que nous pouvons librement travailler et consommer. L’État nous veut confinés, isolés, sur-vaccinés, derrière nos écrans. Il s’en prend, au nom de notre santé, à tous les liens qui nous unissent. Et de nouveau, il criminalise la Solidarité.

 
 
 
 
 
Les désarteurs sur le théâtre de la conflictualité dans l’art et au-delà de l’art
 

Il y a le théâtre de la conflictualité, l’histoire des luttes, les postures et les stratégies, et sous ces costumes de scène, de véritables enjeux, et des lignes de failles avant coureuses du tremblement de terre à venir, qu’il s’agit de ne pas dissimuler.
Car, qu’ils le sachent ou non, les artistes professionnels ont déjà perdu ce qu’ils voudraient défendre : la possibilité, pour une infime fraction de la population, de se consacrer à l’art, et pour le cas qui nous occupe, au spectacle vivant. Les coups (...)



Il y a le théâtre de la conflictualité, l’histoire des luttes, les postures et les stratégies, et sous ces costumes de scène, de véritables enjeux, et des lignes de failles avant coureuses du tremblement de terre à venir, qu’il s’agit de ne pas dissimuler.

Car, qu’ils le sachent ou non, les artistes professionnels ont déjà perdu ce qu’ils voudraient défendre : la possibilité, pour une infime fraction de la population, de se consacrer à l’art, et pour le cas qui nous occupe, au spectacle vivant. Les coups de poignard de l’offensive néo-libérale dans le contrat de mariage qui les liait, pour le meilleur et pour le pire, à l’Etat, la virtualisation de la vie sociale et la destruction non moins programmée de la protection sociale, sur fond de raréfaction des ressources, rendent illusoire toute tentative de retour à un état antérieur, à plus forte raison la perspective de son amélioration.

 
 
 
 
 
Répression des Gilets Jaunes
 

qui se revendiquent de l’héritage de la Commune et réoccupent les ronds-points.



Suivant un appel à célébrer les 150 ans de la Commune sur les ronds-points, et pour appuyer une dynamique globale d’appropriation des idéaux communards par les GJ, plusieurs groupes de Gilets jaunes ont indiqué avoir été importunés par la maréchaussée le 18 mars dernier.

Un groupe de Gilets Jaunes a recueilli certains témoignages concernant cette journée, et écrit le texte suivant.

 
 
 
 
 
L’onde
 

Arcadio Wang



L’Onde est une cité née lors de l’extinction de notre monde et les huit nouvelles qui seront ici publiées racontent les mille ans de son histoire et les menaces qui pèsent sur son modèle égalitaire. Vous retrouverez les Ondins et leurs aventures tous les quinze jours [2].

 
 
 
 
 
PUNK anarchism
 

Éléments de PUNK philosophie
Miettes N°3



Le pouvoir corrompt. Le pouvoir stable, durable, « parfait », supposé apporter « l’harmonie », ce pouvoir fixé transforme la corruption en architecture, pour un despotisme établi.
« La véritable démocratie » ne peut se suffire de se déployer contre l’État, ne saurait se suffire d’être anarchie.
« La véritable démocratie », non seulement doit déconstruire l’État, mais doit déconstruire tout état, toute position de stabilité ou toute institution installée, se prétend-elle « la plus parfaite ».
La véritable démocratie » est l’an-archie, le combat permanent contre toutes les institutions supposées « les meilleures » et posées irrévocables, le combat permanent contre les utopies merveilleuses et supposées éternelles. Y compris « les institutions anarchistes ».
Le seul chemin, pour éviter la dégradation de tout rêve en cauchemar, est d’empêcher tout « arrêt », toute stabilité établie, toute fantasmagorie d’une harmonie réalisable.
Le militant de l’an-archie ou du PUNK anarchisme est celui qui s’engage, sans effroi, dans le mouvement de la destitution des institutions, mouvement qu’il faudra, sans cesse, recommencer, sans halte ni fin.
NO FUTURE : tout Empire harmonieux de mille ans, que l’on tenterait de réaliser, puis de stabiliser, engage sur un chemin de corruption ; tout Empire sera désastré.

 
 
 
 
 
La pandomie de l’anus (2020-2021)
 

Cagliostro



 
 
 
 
 
 
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